tenir de toutes les eaux Talées, dans lefqueîles la
nature a placé plus ou moins abondamment des Tels
magnéfiens. Après l'avoir précipitée à chaud &
dans beaucoup d’eau, on la lave avec foin dans
l’eau froide & chaude, pour la bien deffaler. On
la prépare auffi quelquefois, mais beaucoup moins
pure & jamais allez pour lès ufages chimiques, en
calcinant fortement quelques fels qui la contiennent.
Telle étoit celle qu’on a vendue long-tems
fous le nom de magnifie blanche ; elle contenoit de
la craie 8c des matières falines étrangères. Malgré
les foins des chimiftes, elle fe trouve fouvent mêlée
d’un peu de filice 8c de chaux. On verra dans
la feâion fuivante, comment on peut l’avoir parfaitement
pure 8c exempte de tout mélange.
y. La magnifie, fuppofée très-pure, eft fouvent
en pains blancs, légers, friables , femblables à de
l’amidon, ou en poudre blanche très-fine à l’oeil
8c au taét. Sa pefanteur eft d’environ 2,. $30 , l’eau
étant 1.000 fuivant Kirwan. Sans faveur bien fen-
fîble, elle eft comme douce au palais , 8c y fait
naître une fenfation particulière qui fert à la dif-
tinguer de toute autre fubftance 5 elle a une faveur
plus forte en quelque manière fur l’eftomac
8c les inteftins , puifqu’elle y produit une aétion .
purgative foible. Elle verdit légèrement les cou- ‘
leurs bleues les plus délicates, telles que celle des
fleurs de mauve. 6. Elle n’éprouve aucune aélion de la part de la
lumière, 8c s’échauffe peu par Ton contact, parce
qu’elle la réfléchit toute entière fous une couleur
blanche alfez brillante. Expofée à un feu violent
elle ne fe fond pas, fuivant M. Darcet. Macquer
l’a vue également infufible 8c inaltérable au foyer
de la grande lentille de l’Académie. M. Guyton a
eu le même réfultat en la tenant pendant deux
heures au feu le plus fort du fourneau de Macquer
5 il a remarqué qu’elle fe détachoit du creu-
let en fe retirant un peu fur elle-même. Par une
forte calcination, elle devient plus fine, plus friable
8c plus blanche. M. Butini a ©bfervé qu’elle pre-
noit un peu de retraite. M. Parker , en l’èxpofant
au foyer de fon verre ardent, a vu un cube fait
de magnifie réduite en pâte avec de l’eau, fe retirer
brufquement fur lui-même, 8c diminuer dans
toutes fes dimenfions; propriété analogue à celle
de l’alumine, mais beaucoup moins prononcée
que dans celle-ci. Chauffée dans une cornue de
grès , elle ne perd que le peu d’eau qu’elle contient,
& acquiert une propriété phofphorique ,
fuivant la remarque de M. Tingry de Genève :
frottée rapidement fur une plaque de fer bien
chaude dans l’obfcurité, elle répand une lueur,
phofphorique ; ce qui eft fréquent- dans les corps
blancs & peu altérables au feu. Traitée au chalumeau
fur un charbon, elle refte inaltérable, 8c
donne feulement à la flamme une légère couleur
jaunâtre. Ainfi la magnifie, eft une des terres les plus
apyres. “
7. Il n’y-a nulle a&ion 8c nulle attr^&ion-fenfible.
entre Poxigène, 1*azote 8c la magnifie; cette terre
ne produit aucun effet fur ces deux corps gazeux.
Elle n’attire qu’avec une extrême lenteur un peu
d’eau 8c d’acide carbonique de l’atmofphère. Dans
une expérience de M. Butini, un demi-gramme de
magnifie, expofé pendant deux ans à l’air dans une
taffe de porcelaine recouverte d’un fîmple papier,
nfa augmenté que de ^ de fon poids , 8c n a
point changé de nature.
8. On n’obferve qu’ une a&ion nulle entre la
magnifie 8c quelques corps combuftibles Amples ,
8c qu’une aétion très-foible avec quelques autres.
Il n’y a nulle attraction entr'elle 8c le gaz hydrogène,
non plus qu’avec le carbone, le diamant 8c
; les métaux. Le phofphore ne s’y combine que très-
difficilement, &en fi petite dofe qu’on neconnoît
pas de phofphure de magnifie. Il y a une aétion un
peu plus forte de la part de cette terre fur le foufre;
la magnifie s’y unit légèrement, foit par la
voie fèche, foit par la voie humide. En chauffant
dans un creufet deux parties de magnifie 8c une de
foufre, on en obtient une maffe jaune-orangée ,
aggrumelée fans être fondue, qui ne fe diffoutque
très-peu dans l’eau, qui répand tout à coup l’odeur
du gaz hydrogène fulfuré dès qu’elle touche
ce liquide, & qui fe décompofe très-facilement
par le feu. Auffi faut-il chauffer foiblement pour
obtenir ce fulfure de magnifie, fans quoi le foufre
s’en fépareroit. On ne le forme que difficilement
par la voie humide : fi l’on chauffe , fur un bain
de fable , deux parties de magnifie avec une partie
de foufre en poudre 8c vingt parties d'eau , la liqueur
devient d’un jaune-pâlë, jamais rouge ni
orangée, légèrement fétide, 8c très-éloignée de
répandre l’odeur forte qui cara&érife les fulfures
formés par les autres terres alcalines, comme on
le verra dans les articles fuivans. Il ne fe forme
ainfi que très-peu de fulfure de magnifie y la plus
grande partie du foufre 8c de la terre magnéfienne
refte fans combinaifon, 8c il ne s’en unit qu’une
très-foible portion à la fois. 11 fe produit également
très-peu d’hydrogène fulfuré, en forte que
l’eau qui en contient à peine, n’en exhale prefque
pas l’odeur. Le fulfure de magnifie folide fe décompofe
très-vîte par le contaét de l’air : on re-
connoît ainfi une très-foible attra&ion entre cette
terre 8c le foufre. Elle abforbe très-peu le gaz hydrogène
fulfuré, auffi l’hydrofulfure de magnifie
eft-il inconnu 8c incertain.
9. La magnifie eft fi peu diffoluble dans l’eau ,
qu’on ponrroit prefque ne pas admettre d’attraction
entre ces deux corps. Elle s’éloigne beaucoup
de l’autre terre alcaline par cette propriété.
M. Bütini a trouvé que l’eau bouillie avec cette
fubftance 8c laiffée plus de trois mois en contaél
avec elle, n’en avoir guère pris plus de tôIsô«
M. Kirw'an dit qu’il faut environ fept mille fix
cent quatre-vingt-douze fois fon poids d’eau à dix
degrés pour la diffoudre, Ella n’ eft donc pas plus
diffoluble que la filice 8c l'alumine. Malgré cette
indiflolubilité, la magnifie forme une efpèce de
pâte avec l ’eau, 8c 1 abforbe d’une manière fen-
îible : on diroit que, comme l’alumine, elle a
plus de tendance àfolidifier l’eau qu’à fe liquéfier
avec elle : il eft vrai que cette propriété y eft
bien moins marquée que dans l’alumine, 8c que
la pâte qu’on en fait avec l’eau eft caftante, maigre
8c fans duétilité. Suivant Bergman, centparties
de magnifie jetées dans l’eau, retirées 8c deflëchées
enfuite , augmentent de près d’un fixième ou de
dix-huit parties. On conçoit d’après cela pourquoi
l ’eau, qui ne contient que quelques atomes de magnifie
, n’a pas de faveur fenfible, ne change point
les couleurs bleues les plus délicates, ne dépofe
rien à l’air, 8c laiffe à peine quelques traces de
réfidu après fon évaporation.
10. Il y a peu d’attraéiion entre la magnifie 8c
les oxides métalliques. Quelques-uns cependant,
parmi les plus fufibles Sc les plus vitrifiables fpon-
tanément, traités au feu avec cette terre, l’entraînent
dans leur fufion , 8c prennent avec elle la
forme d’émaux colorés.
11. La magnifie fe combine facilement avec
tous les acides, 8c forme avec eux des fels particuliers
8c différens de ceux que donnent toutes
les autres bafes, foit par leur criftallifation, leur
faveur, leur diflblubilité, foit par les attrapions
de leurs principes. Les attrapions de la magnifie
pour les acides en général font plus foibles que
celles de toutes les bafes dontl’hiftoire va fuivre,
mais plus fortes que celles de la filice , de i’alu-
{nine, de la zircone 8c de la glucine. On verra
<ians la fepion prochaine, qu'elle-même fuit par
rapport aux différens acides le même ordre d’attraction
que les alcalis fixes.
12. Parfaitement réfraPaire 8c infufible par elle-
même , elle entre difficilement en fufion avec la
filice 8c l’alumine, l’une ou l’autre feule avec elle;
mais elle fe fond au contraire facilement quand
elle eft réunie avec ces deux terres, 8c furtout
uand on y ajoute de la chaux. C ’eft à ce mélange
e terres étrangères qu’il faut attribuer la forme
de verre que M. Guyton lui avoit vu prendre dans
fes premières expériences, où il employoit de la
magnifie impure, 8c les marques de rufibilité que
Bergman y avoit reconnues. Il n’y a pas lieu de
douter que la baryte 8c la ftrontiane ne produi-
fent , dans leur mélange avec la magnifie , la filice
8c l’alumine, le même effet que la chaux, 8c ne
favorifent ou ne décident la fufion vitreufe de ces
terres réunies. Mais il eft certain que, plus les
mélanges terreux dont la magnifie fait partie font
nombreux, 8c plus leur vitrifiabilité eft marquée;
qu'on ne doit pas compter la magnifie feule au rang
des terres capables de déterminer véritablement
la fufion des autres ; qu a cet égard elle eft très-
éloignée de h baryte, de la ftrontiane 8c de la
chaux, qu’on peut ranger parmi les véritables &
les plus aPifs fondant , comme on peut les placer
parmi les matières alcalines, tandis que la magnifie,
par cette propriété comme par toutes les autres,
s’en éloigne beaucoup, 8c que, fi elle entre eu
grande proportion dans des mélanges vitrifiables,
elle en diminue la vitrefcibilité, 8c dans des com-
pofés déjà vitreux elle en fait rétrograder la fu-
fîon, 8c les rapproche de l’état d’émaux où même
de porcelaine , comme on le dira dans les articles
fuivans.
13. On ignore auffi complètement la nature intime
de la magnifie y que celle des autres terres
précédentes. Aucune expérience ne prouve qu’elle
foit une modification de l’une ou de l'autre de ces
terres. On fait feulement que, très-abondante au
fein des mers, elle y eft fans doute formée , mais
on n'a aucune notion, ni fur les principes qui la
compofent, ni fur la manière dont ils font unis.
14. Laconnoiffance des propriétés de la magnifie
a beaucoup contribué aux progrès de la chimie.
On s’en fert fouvent pour les expériences de cette
fcience. En médecine elle eft employée pure comme
antacide ou abforbante, 8c comme légèrement
purgative. On la range auffi parmi les anti-fepti-
ques, parce qu’elle défend la chair 8c la bile de la
putréfaPion. Elle a furtout les plus grands fuccès
dans les empoifonnemens par les acides concentrés
: on la donne délayée dans de l’eau fuctée. En
pharmacie, elle peut feryir, fuivant Bergman , à
diffoudre ou fufpendre dans l’eau le camphre, l'opium
, les réfines 8c gommes réfines, ainfi qu’à
former des teintures très-recommandables avec les
matières végétales lèches. On l’emploie encore
dans la re&ification de l’éther. Elle eft quelquefois
fi abondante dans les compofés pierreux ,
qu’on les nomme pierres magnlfiennes. Elle forme
auffi, par fes compofés falins, un des minéralifa-
teurs des eaux.
M a g n é s i e b l a n c h e . Pour bien diftinguer la
.terre particulière nommée aujourd'hui Amplement
magnifie3 làns autre épithète, on l’appeloit autrefois
magnifie blanche y furtout parce qu’on nom*
moit l’oxide de manganèfe natif magnifie noire.
C ’étoit fous ce nom que l’ancienne Encyclopédie
traitoit fpécialement de la magnifie, quoique l’auteur
confondît cette terre avec un précipité des
eaux-mères du nitre, dont cependant il annonçoit
connoître l’état mélangé de terre calcaire proprement
dite, 8c de terre fedlitienne, nom fous lequel
il diftinguoit la véritable magnifie. Il connoiflbit.,
d’après Hoffman, la propriété diftinPive des terres
calcaires, de former un fel foluble & amer
avec l’acide fulfurique ; mais obligé d’être l’hifto-
rien exaP des procédés chimiques de fon tems ,
il a donné à cet article magnifie blanche trois préparations
différentes qui portoient ce nom; fa voir :
i°. la précipitation de l’eau-mère du nitre par l’alcali
; 2°. l’évaporation de cette eau-mère à ficcité,
8c leur lavage par l’eau ; 30. la précipitation de la
même eau par l’acide fulfurique. Il a bien remarp
p p a