
médicinales très-diftinguées > & fupérieures à
celles de la chaux commune ; en conséquence on
l ’avoit recommandée Surtout pour les maladies
des voies urinaires * 8c Spécialement pour la gra-
velle 8c les calculs de la veffie. On croit aujourd’hui
qu’elle ne peut rien avoir de particulier , à
moins qu’on ne compte pour quelque chofe une
petite quantité de gaz hydrogène Sulfuré qui Se
forme pendant la calcination des coquilles * & qui
imprègne l’eau de chaux qui en provient} mais on
fait que cet hydrogène Sulfuré ne peut pas avoir
de propriété diffolvante Sur aucun des matériaux
conitiruans des calculs urinaires. Cependant la
chaux des coquilles eft reconnue pour être très-
pure & très-forte ; elle eft beaucoup plus utile
pour la conflruCtion que pour la médecine.
C oquilles d’oeuf. La coquille des oeufs des oiseaux
eft formée de petits corps grenus* placés les
uns à côté des autres* toute perforée de petits trous
& creufée de petits canaux,que l’art de l’injeétion
& que la tranlTudation des liquides colorés y font
découvrir ; elle n’eft pas feulement compofée de
carbonate de chaux,mêlé de fubftance gélatineufe,
comme on l’a voit cru pendant long-tems ; elle
contient auffi une portion de phofphate de chaux,
que les acides* même foibles* diffolvent facilement
j parce qu’elle eft difféminée dans une grande
quantité de carbonate calcaire. La matière Saline
& Solide de la coquille eft dépofée à la fuite du
blanc * dans le canal de l’ovidu&e * fur le jaune
cbfcendu de l’ovaire., pendant le Séjour que ce
jaune fait dans le canal.
On emploie les coquilles d’oeuf pour nétoyer
les vafes, pour abforber les acides, pour préparer
de la chaux. Elles fervent d’engrais, comme les
coquilles des mollufques teftacés * dans quelques
lieux.
CORAIL. Le corail , corallium ojficinale , ifis
nobilis de Linné * efpèce de zoophyte très-carac-
térifé par fon axe * folide* pierreux * rouge, couleur
de rofe ou blanc, ftrié à fa furface, recouvert
d’une écorce d’un rouge-aurore * fur laquelle font
creufées des cavités d’où fortent des polypes à
huit tentacules dentelés, étoit autrefois , & redevient
encore aujourd’hui très-eftimé & précieux
à caufe de fa belle couleur, de fon tiffu denfe &
fufceptible d’un beau poli. On pêche le corail fur
beaucoup de plages maritimes & fous les avances
des rochers* furtout à l’aide de triangles ou barres
de fer placées en croix, qui détachent & enlèvent
les branches de cette production. On eftime moins
les coraux dont les polypes n’exifient plus, & qui
ont fervi d’attaches à plufîeurs autres animaux marins.
On dépouille le corail vivant de fon écorce
charnue , & on met à nu fon axe pierreux.
Le poli fin & doux qùe peut recevoir le corail *
la belle couleur rouge, incarnate ou rofée qu’il
préfente, la folidité de fon tiffu & fon inaltérabilité
à l’air, en ont fait une des matières qu’on
emploie le plus fréquemment à la fabrication des
bijoux. Les idées avantageufes qu'on s’étoit formées
en même tems de fes vertus , avoient conduit
à le tailler en amulettes, en polyèdres, en
olives * en fphères , en cylindres > à en faire des
bagues, des anneaux * des croix * des colliers aux
bras & aux doigts * &c.
Depuis que fon analyfe a prouvé qu’il ne conte
noie que du carbonate de chaux, un peu de fer
& une petite quantité de matière gélatineufe * on
ne l’a plus placé en médecine que parmi les matières
abforbantes. On a eu autrefois une très-
grande confiance dans l’union de l’acide acétique
ou du fuc de citron avec le corail* & dans le fel
qui réfulte de cette combinaifon. On le donnoit
comme anti-fpafmodique, calmant, apéritif &
fondant. Ce n’ eft que de l’acétate ou du citrate
calcaire. On le fait entrer dans la poudre de Gut-
tète, la confection de kermès * les trochifques de
carabé.
Aujourd’hui on ne l’emploie que dans les préparations
des poudres & des opiats dentifrices.
Il ne faut pas le confondre avec le vrai corail
qu’on nomme corail noir* & dont l’axé eft formé
par une fubftance cornée, qui fe deffèche à l’air &
qui reçoit un très-beau poli. CeLui-ci contient
beaucoup moins de carbonate de chaux & plus de
fubftance gélatineufe.
On fait avec ce corail une très-bonne chaux ,
très-utile.dans les lieux maritimes où le carbonate
de chaux manque.
CORALLINE. La coralline eft une efpèce*d’ha-
bitation de polypes, ayant la forme d’une plante *
compofée d’articulations recouvertes d’un enduit
calcaire, 8c dont l’axe corné envoie des fibres qui
traverfent la fubftance crétacée * & qui vont juf-
qu’à fa furface. Ses articulations font ovales * 8c
portent leurs pointes en bas j fes branches, difpo-
fées deux fois en barbes de plumes, font ferrées
les unes contre les autres* & imitent un petit
buiflon pierreux très-touffu. Il y a des quantités
immenfes de corallin.es fur les bords de la mer ;
elles varient dans les couleurs blanche* grife,
verdâtre & rougeâtre. On les diftingue par leur
forme 8c leur nature crétacée , de la coralline de
Corfe* qui n’eft qu’ une efpèce de conferve ou
de fucus filamenteux * fans articulation & fans
enduit calcaire* & qui forme avec'l’eau bouillante
* dans laquelle elle fe diffout en grande partie
* une gelée vifqueufe.
. La coralline a une faveur falée * âcre & défa-
gréable, une odeur de poiffon ou de marée très-
fenfible. Elle croque fous la dent ; elle fe brife
entre les doigts * & montre facilement fous fa
pouffière calcaire * fa tige cornée intérieure. Elle
fe diffout d?.ns les acides avec effervefcence * 8c
laifte des filamens gélatineux , ramollis 8c dila-
I tés. L’eau n’en tire par l’ébullition qu’une petite
quantité
quantité de matière gélatineufe ; cependant, à la
cornue,elle donne des produits très fenlibles d une
fubftance animale, 8c furtout du carbonate d am-
moniaque & deïhuile fétide. On, la compte parmi
les anthélmintiques & les aftringens., mais elle ne
jouit que très-foiblement dé Tune & de 1 autre de
çes propriétés1-: ‘elle entre dans la poudre contre
les vers- Les auteurs modernes la rangent avec
raifôn parmi les abforbans.
Coralline de Corse. La coralline de Corfe
étant une des matières les plus employées comme
vermifuge, & ayant été le fujet d’une analyfe
chimique très-détaillée, j'ai cru devoir en faire
un article de ce Didlionnaire., où l'enfemble des
connôilTancés chimiques doit être donné le pliis
complètement qu’il elt poffible.
Voici le Mémoire que M. Bouvier, pharmacien
de Paris, a configné dans le tome IX des Annales
de chimie.
• ce Cette coralline 3 iqui croît fur les rochers baignés
par la mer, dit M. Bouvier, ne doit pas être
confondue avec la corallina cfficinaiis de LinnæuS.
La couleur de cette dernière eft d’un blanc-fale,
quelquefois tirant fur le vert; elle eft en outre
très-fragile* & fert d’habitation,à uijie efpèce,de
polype. La coralline de Corfe au, contraire eft
une efpèce de végétal cryptogamé * que l’on vend
dans le commerce fous le nom de moufle deCorfe.
Cette fubftance eft très-impure * car une livre ne
contient pas deux onces de coralline auffi pure
que celle qu’on a employée pour faire l’analyfe
qui fait le fujet de cet article. Gonfidéré. phyfi-
quement dans le degré de pureté dont il vient
d’être queftion, ce fucus préfente les caractères
fuivans:
l’ eau diftillée froide , pour en enlever tous les feis
difiolubles ; j’ai filtré la liqueur * 8c je 1 ai traitée
par les réaCtifs fuivans : i° . Cette liqueur avoit
l’odeur marécageufe de la coralline de Corfe j
i° . elle étoit légèrement faline j 3°. elle n’altéroit
en aucune manière le. papier teint avec les fleurs
de violettes $ 40. l’ammoniaque en a féparé une
petite quantité de magnéfie ; 50. la liqueur qui
contenoit la magnéfie, a formé, avec l’ acide oxalique
m i°. Il eft d’ une couleur brune ou blanchâtre:
cette dernière variété n’eft pas employée par- les
pharmaciens. Il paroît que l’ufage leur a démontré
.qu’elle étoit d’une qualité inférieure à l’efpèce.
brune* & c ’eft fans doute d’après cela qu’ils en
ont rejeté l’emploi.
i° . Il a une odeur marécagetife défagréable.
m 3°. Sa faveur eft femblable à celle du fel
marin.
35 4°. Enfin * il varie finguliérement de pefanteur
en rai fon de fa porofité & de la facilité avec
laquelle il abforbe l’eau. Cette dernière propriété
le rend très-flexible ou très-caffant, fui vaut que
l’atmofphère eft humide ou fèche. »»
§. I. Traitement du fucus helminthocorton d Veau
froide.
«Pour faire l’ analyfe du fucus helminthocorton,
j’ai pris mille grains de cette fubftance, privée,
le plus exactement poffible, des pierres & coquillages
qui y font attachés. Je la i d’abord lavée dans
Chimie. Tom. IV '.
* de l’oxalate calcaire j 6°. le nitrate de
baryte y a auffi fait naître un précipité de fulfate
de baryte j 70. on a fait évaporer jufqu’à ficcité la
liqueur qui contenoit les différens réactifs j on en
a féparé , avec un peu d’alcool , le muriate ammoniacal
qui s’étoit formé lors de la précipitation
de la magnéfie par l’ammoniaque j il ne reftoit plus
que-du muriate de foude*dontla quantité excé-
doit de beaucoup celle des autres matières falines.
Ces expériences prouvent que les fels extraits du
1 fucus helminthocorton reffembient parfaitement
au fel marin. On a fait évaporer toute la Jiqueur
dont on avoit fournis une petite quantité aux
réaCtifs indiqués * 8c après l ’évaporation on a
obtenu une mâffe jaunâtre. Cette couleur jaune
étoit due à une certaine quantité de gélatine 8c
d’extrait. Pour obtenir avec plus de facilité le fel
matin, j’ai brûlé la matière jaunâtre, & j’ai ajouté
à la maffe reliante après la combuftion quelques
gouttes d’acide muriatique foible, pour faturer
les bâtes des muriates calcaire* & magné lien qui
avoient été décompofés par 1’aCtion du feu. J’ai
enfuite ajouté à cette.matière de l’eau diftillée*
j’ai filtré & évaporé* & j’ai obtenu du fel
marin. « .
§. II. Attion de Veau bouillante fur le fucus helmin-
thocorton.
« Le fucus helminthocorton , auquel on avoit
enlevé du muriate de foude 8c de la gélatine par
l’eau froide , a été enfuite traité par l’eau diftillée
bouillante : le nombre des décoctions a été affez
j multiplié pour employer trente-fix livres d’eau* 8c on n’en employoit à chaque décoCtion qu’une
livre & demie. Lorfque la décoCtion étoit rapprochée
au degré convenable * on la paffoit * &
on ajoutoit une nouvelle quantité d’eau fur la,
maffe reliante, que l’on foumettoit de nouveau à
l’ébullitîqn. On a fait évaporer féparément chaque
portion d’eau qui avoit eu contatt avec le fucus
helminthocorton 5 lorfqu-’ elîe Détoit affez pour
pouvoir fe prendre en gelée par le refroidifle-
ment, on la verfoit alors dans une capfulç. La
gélatine extraite par les trois premières décoctions
étoit de couleur brune, & retenoit de l’o-
I deur du fucus helminthocorton. Plus le nombre
j des décoctions avançoit, plus la gélatine dever.oit
tranfparente, blanche 8c fans odeur, & les der-
[ nières décodions ont fourni une gélatir.e auffi
. blanche & auffi tranfparente que la gomme ara