
docimafie, avoit donné un autre procédé plus expéditif,
& fujet à moins de déchet pour reliai des
mines à*étain : il choififfoit deux gros charbons de
tilleul ou de coudrier, bien égaux & fans trous ni
fentes 5 il pratiquoit dans l’un une cavité, defti-
née à fervir de creufet, & dans laquelle il mettait
•Amplement la mine d’ étain pulvérilee, mêlée d’un
peu de poix rélïne. Il perçoit l’autre d'un petit
trou deftiné à donner iffue aux vapeurs huileufes,
il l’appliquoit fur le premier auquel il fervoit de
couvercle, & il les lioit enfemble avec du fil de
Fer. Après avoir Iuté les jointures on plaçoit cet
appareil, en le foutenant par d’autres charbons qui
l’entouroient, vis-à-vis la tuyère du foufflet d’une
■ forge, & on allumoit promptement. Après quelques
minutes d’un bon coup de feu, on éteignoit
les charbons d’effai en les plongeant dans l ’eau, &
on trouvoit Yétain en culot dans le creufet.
i j . On a propofé encore un autre moyen de
faire le même effai. Après avoir pilé & lavé la
mine ainfi féparée des portions quartzeufes, fou-
vent plus abondantes & beaucoup' plus légères que
les parties d’oxide d’étain , on confeille de fondre
rapidement celles-ci dans un creufet brafqué &
bien recouvert, après les avoir mêlées avec le
double de leur poids d’un flux compofé de parties
.égales de poix réfine & de borax calciné. Bergman
a confeillé, dans fes Lefons de Schejfer, de mêler
une partie de mine lavée avec deux parties de
tartre, une de flux noir & une demi-partie de
poix réfine, de féparer ce mélange en trois parties
égales, de les projeter l’une après l’autre dans un
creufet chauffe a blanc, qu’on doit couvrir après
que chacune a ceflé de brûler. L’opération faite
de cette manière'ne dure, fuivant lu i, que fept,
& même cinq à fix minutes. M. Klaprôth , ayant
remarqué que les alcalis font perdre ou diflolvent
une partie de l’oxide, a réufli par un procédé plus
firSple. Il confifte à placer la mine en poudre dans
un creufet de charbon renfermé dans un creufet
d’argile brafqué, qu’il expofe au feu de forge pen-,
dant une demi-heure.
18. Quant à la docimafie humide des mines
d’étain 3 voici ce qui eft indiqué par Bergman.
L’étain natif eft très-facile à examiner : l'acide
nitrique, en l’oxidant promptement, le réduit en
poudre blanche, & s’il contient du fer & du
cuivre, ces deux métaux reftent en difiolution.
Cent parties d’étain donnent cent quarante parties
d’oxide blanc lavé & féché par cet acide. La mine
en oxide natif mêlé de quartz eft trop denfe pour
être attaqué par aucun acide en particulier. Bergman
eft cependant parvenu à l ’analyfer par le procède
fuivant : il a verfé fur la mine porphyrifée
de l’acide fulfurique concentré, & il a fait digérer
à grand feu pendant plufieurs heures. Ayant ajouté
enfuite, après l’avoir laiffé refroidir, un peu d’acide
muriatique en agitant le mélange, il fe pro-
duifît alors une forte chaleur & une vive effer-
vefçence dues à une portiop d’acide muriatique
privée de fon eau, & réduite en gaz par l’acide
fulfurique : les forces réunies de ces deux acides
ont opéré la difiolution, dont l’un & l’autre féparé
n’avoit point été capable.. Une heure après cette
addition d’acide muriatique, Bergman a verfé de
l’eau fur le mélange 5 il l’a laiffe deppfer, & a
décanté la liqueur furnageante qui tenoit de l’oxide
d’étain en diffolution. La même opération, répétée
jufqu’à. ce que les acides ne puiffent plus rien
enlever à la mine, lui a donné d’une part tout
l’oxide diffous, & de l ’autre toute la partie quart-
zeufe infoluble. Il a précipité l’oxide par le carbonate
de foude, & trouvé que cent trente-une
parties de ce précipité répondoient à cent parties
d’étain métallique. Si cet oxide contenoit de ceux
de fer & de cuivre, en le chauffant quelque tems
à l’air & en le traitant fucceflivement par l’acide
nitrique & l’acide muriatique, le premier diflou-
droit le fer, & le fécond le cuivre fans toucher à
l’oxide d’étain. Ce dernier procédé a été propofé
par M. Kirvan, & il doit remplir en effet le but
qu’il fe propofé d’atteindre pour une connoiffance
plus exa&e des mines d’étain.
19. M. Klaprôth, dans fon Analyfe des mines
d’étain, ayant obfervé qu’il ne pouvoit pas diffou-
dre, par le procédé de Bergman, tout l’oxide de ce
métal, & ayant penfé que cela pouvoit être dû à
fa grande oxidation, eut- recours à la fubftance
devenue entre fes mains, depuis plufieurs années,
un fi bon & fi puiffant moyen d'analyfe. Il a fondu
une partie de mine dé étain avec fix parties de
potaffe cauftique dans un creufet d’argent, en
tenant le mélange rouge pendant une demi-heure
( trois parties de potaffe peuvent fuffire )} il a
délayé la matière dans l’eau > qui en a opéré la
diffolution fans prendre de couleur 5 il y a verfé
de l’acide muriatique, qui y a formé un précipité
blanc, qu’il a redilfous par un excès de cet acide j
il a enfuite précipité de nouveau cet oxide d’étain
par le carbonate de foude. Après l’avoir fait re-
diffoudre une fécondé fois par l’acide muriatique,
il l’a féparé en étain par des lames de zinc. Ce
procédé réuflit en effet beaucoup mieux que celui
de Bergman, parce qu’il eft fondé fur la grande
diffolubilité de l’oxide d’étain dans'les alcalis fixes.
( Voye% L'article DociMASlE. )
20. Le travail en grand, des mines d’étain, ref-
femble affez aux effais par la voie fèche, qui vien-r
nerit d’être décrits. On affure que, dans l’exploitation
de ces mines, on eft fouvent obligé d'allumer
des feux fouterrains pour attendrir la gangue
, & que ces feux développent des vapeurs
très-dangereufes.On parle, dans tous les livres, de
l’arfenic qui s’en dégage quand on les grille , &
il eft difficile d’accorder ces affertions avec les ana-
lyfes exactes qui ne montrent point d’arfénic dans
les oxides natifs, à moins qu'on ne les applique
aux mélanges des minéraux divers qui accompagnent
ces oxides natifs , & qui contiennent, à
çe qu'il parole, beaucoup de fubftance arfenicale.
Quelquefois
Quelquefois les mines d ’étain fe trouvent peu profondément
fous du fable, comme on le voit à
Eibenftock. Cette’mine eft affez précieufe pour
être lavée fur des tables garnies de drap deftiné à
retenir les parties métalliques : on la grille dans
des fourneaux de réverbère , & l’on recueille ,
difent plufieurs auteurs de métallurgie , i’arfenic
en oxide qui s’en volatilife , dans des cheminées
horizontales, il eft évident que cette opération
n’eft relative qu’aux mélanges arfenicaux dont j’ai
parlé. On fond enfuite la mine ainfi grillée dans
des fourneaux, à manche, à travers les charbons,
& on coule Y étain qui en provient, dans des lingot-
tières où il prend la forme de faumons, fous laquelle
il eft livré au commerce.
Les grands travaux fur les mines d’ étain font
pratiqués en Angleterre, en Allemagne & dans les
Indes. Le plus pur de tous lès étains du commerce
eft celui qui vient de Banca & de Malaca. Celui-ci,
par lequel on défigne dans tous les livres Y étain
le meilleur, fous les dénominations corrompues
dé étain de Méélac ou de Malac , eft en effet le
plus pur de tous : il n’eft: altéré par aucune fubftance
métallique étrangère > il eft fous la forme
d’une pyramide quadrangulaire, courte & tronquée,
portant à fa bafe un rebord mince & faillant
fouvent replié, du poids d’environ un demi-kilogramme.
Celui de Banca, qui eft également très-
pur , eft en lingots de vingt-deux à vingt-cinq kilogrammes.
Tous deux font gris à leur extérieur,
& recouverts d’une efpèce de rouille provenante
fans doute de l’air humide & falé de la mer, &
des vapeurs dont ils ont été environnés dans les
vaiffeaux qui les ont apportés. L ’ étain d’Angleterre
, plus employé que celui de l’Inde, eft en
gros faumons d’environ cent cinquante kilogrammes.
Il eft allié de cuivre, foit naturellement,
foit artificiellement, car les lois anglaifes ordonnent
de n’en pas laiffer fortir du pays fans cet alliage
; aufli une efpèce dé étain en larmes ou en
ftala&ites, venant d’Angleterre, s’eft-il trouvé
contenir du cuivre, d’ après les expériences de
Bayen & de Charlard. Celui d’Allemagne ou de
Saxe eft également impur 5 mais il n’ett pas vrai
qu’il foit chargé d’arfenic, comme MargraffTavoit
dit. On verra bientôt que la quantité qu’ il en admettait
ne pourroit pas, à beaucoup près, y exif-
ter fans en changer toutes les propriétés , & fans
le rendre incapable de fervir aux ufages auxquels
il eft deftiné. Pour la facilité du débit, les potiers
d’étain le coulent en petits lingots ou en baguettes
de cinq décimètres de longueur environ, & de
quatre a fix centimètres d’épaiffeur.
1 1 . L ’ étain ne s’oxide que très-difficilement à
l’air froid, quoiqu’il y perde très - promptement
fon éclat & fa belle couleur blanche. Quand on le
coupe, il eft brillant & aufli beau que l’argent >
mais en quelques heures cette belle couleur s’altère
, devient terne, & en quelques jours elle eft
en quelque forte blafarde. Une longue expofition
Chimim, Tom, IV»
à l’air va toujours augmentant cette altération ,
quoiqu’elle n’ait lieu qu’à lafurface 5 en force qu’à
la fin Yétain devient d’un gris-fale, fans aucun
brillant, & fe recouvre d’une très-légère couche
d’ oxide gris 5 aufli eft-on obligé de nétoyer, de
frotter fouvent les vafes d 'é ta in , de renouveler
fouvent leur furface pour les entretenir brillans.
Jamais cette foible oxidation ne pénètre afDz profondément
pour qu’on puiffe dire , comme on le
dit d'autres métaux , qu’il fe ronge à l’air.
22. Quand on fond de Y étain avec le contaét de
l’air, à peine ce métal eft-il liquide , qu’il fe recouvre
d’une pellicule terne & grife , qui fe ride
& fe détache de la portion dé étain fondue qu’elle
fumage. En enlevant cette pellicule, il s’en forme
une autre, & l’on peut convertir ainfi tout Y étain
fondu en pellicules. Dans cette oxidation , Y étain
devient caffant, d’apparence terreufe, & cet oxide
formé à fa furface ne peut plus ni adhérer ni fe
combiner avec la portion métallique. Dans l’art de
fondre & de purifier les vafes d’ étain, on nommoit
crajfe cette matière oxidée qui fe forme à la furface
du métal en fufion, & il eft bien évident qu’il dé-
pendroit du fondeur de convertir tout Yétain en
craffe 5 aufli ne perd-il pas cette prétendue impureté
, & il fait bien la faire repàroître fous forme
métallique en la chauffant avec du fuif ou de la
réfine. Cette croûte eft donc un véritable oxide
d'étain gris : le métal y contient huit eu dix pour
cent d’oxigène 5 il eft très-facile à réduire > il eft:
poflible de confîdérer ce premier oxide comme un
mélange d’oxide blanc & d ’étain divifé. En continuant
à le chauffer avec le contaét de l’air, & fur-
tout en l’agitant, il fe divife, s’atténue, fe change
en une pouflière qui blanchit peu à peu, augmente
de poids, s’oxide davantage , & devient ce qu’on
appelle dans les arts potée d’étain. Ce dernier oxide
contient, fuivant les expériences comparées de
J. Rey, de Van-Helmont, de Boyle, de Walle-
rius, entre dix-fept & vingt parties d’oxigène pour
cent de métal. Lavoifier, en faifant cette expérience
dans une cornue de verre fermée hermétiquement
, a obtenu un oxide noirâtre en flocons
légers, & a prouvé que fon augmentation de poids
était exaétement proportionnelle à la perte qu’avoit
faite l’air contenu dans l'appareil.
23. L’oxidationque je viens de décrire n’eft que
la première & la plus foible combuftion de Y étain;
il eft fufceptible d’en éprouvet une plus forte
quand on élève beaucoup fa température, quand
on la pouffe, après fa fufion, jufqu’à le faire rougir
& le réduire en vapeur : alors il préfente une
véritable inflammation. Si on le chauffe ainfi en
petit fur un charbon & au feu du chalumeau, &
fi au moment où il commence à rougir on le jette
hors de fon creufet, de manière à ce qu’il tombe
fur le fol du lieu où l’on opère, Y étain fe riifperfe
en globules lumineux & vraiment enflammés, qui
fe meuvent & s’agitent quelque tems fur les carreaux
9 en lançant des étincelles ardentes qui font