
de l'autre , par le moyen du calorique accumulé,
quelquefois même de la lumière , ou de la matière
du feu fous ces deux formes.
41. Les phénomènes qui viennent d’être expo
(es relativement à la combuftion & à la dé-
combuflion , forment une claffe fi nombreufe
& fi multipliée parmi les faits qui appartiennent
à l r fcience , qu’ils femblent la renfermer
toute entière , & que, fous les titres de corps
combuftibles > de corps brûlés , d’influence de
l’ air dans la combuftion , d’oxigène abforbé &
dégagé , d’oxides , de lumière , on peut comprendre
véritablement tous les phénomènes de la
chimie , comme toutesJes bafes de fon étude &
tous les principes de fa doéïrine théorique.
43. Ce n’eft pas feulement dans, les laboratoires
de chimie & dans les ateliers des arts
que l’on peut fans ceffe obferver les phénomènes
de la combuftion & de ladécombuftion, ils
ont lieu aufti fouvent dans la même généralité, &
dans des inaffes infiniment plus grandes, au fein
même de la nature. La furface du globe offre dans
les filons métalliques & dans les mines décou- j
vertes des combustions nombreufes , & ce font
leurs produits que l’on trouve dans une foule de
matières minérales d’une origine fecondaire, ou
altérées depuis leur formation primitive. Les matériaux
ou les produits.de la végétation, verfés
.dans l’air , y fubiffent également une fuite de com-
bujîions qu’on rencontre encore dans la vie des
animaux & dans les progrès de l’animalifation
même.
Ainfi tout concourt à faire voir combien il
importe aux chimiftes d’ étudier la nature , les
caufes , les effets, les différences de la combuftion
, 8c quel degré d’attention mérite de leur
p ;rt l’étude de ce beau phénomène. ( Voye^ ,
pour tous les détails particuliers dont cet article n efi
âne le corollaire général, les mots Air, AXIOMES ,
Chimie , Calorique , Flamme , Inflammation,
Oxigène, Lumière , C arbone ,
Soufre , Huiles , Phosphores , -Métaux1,
Oxides , &c. )
COMPOSÉS. On nomme compofés les combi-
naifons naturelles ou artificielles de plufieurs fubf-
tar.ces entr’elles. Ces corps font oppofés à ceux
qu’on nomme (impies, & qui n’ ont pas pu être
décompofés jufqu’ici.
Il y a donc deux genres de compofés , les naturels
& les factices ; ceux-ci imitent parfaitement
les premiers. En comparant le nombre,des uns &
des autres, on croit qu’il y en a plus parmi ceux
qui font dus 2 l’art, que parmi ceux que forme la
nature*: il exifte cependant, parmi ces derniers,
des compofés qui ne peuvent être imités par l’art:
telles font toutes les pierres & beaucoup de
mines. .
Pour bien connoître les différens genres de
compofés, l’art de les former, de les connoître ,
de les claffer, il faut lire les articles affinités, attrapions
& analyfes. Tout ce qu’on peut dire à
cet égard eft compris dans ces articles.
Je me fuis fervi de la nature comparée des divers
compofés pour claffer les corps naturels. {Voye^
les mots Ordre chimique. )
CONCENTRATION. La concentration eft, ou
l’état d’une liqueur épaiffe, ou l’opération par
laquelle on l’épàiflit. C’eft par le feu & par les
progrès de l’évaporation qu’on parvient à concentrer
les liqueurs >,ou à augmenter leur confif-
tance, leur pefanteur ; à rendre leur faveur plus
forte, pius piquante j à les difpofer à la criftalli-
fation. ( Voyei^ les mots Evaporat ion , Fourneaux,
Chaudières.)
CONCRET. On nomme concret l’état d’un corps
folide, dont les particules fe font rapprochées par
la force d’attraêlion. ( Voye\ les mots Attraction
, Cohérence & Cohésion ; voye^ aujfi
C article Etat des corps. )
CONCRÉTIONS ANIMALES. J’ai donné à
l’article calculs tout ce qu’on favoit en 1792 fur
les principales efpèces de ces concrétions animales.
La fcience a beaucoup acquis, depuis cette époque
, par les recherches auxquelles nous nous
fommes livrés, M.Vauquelin '6c moi, pendant
plufieurs années. Les calculs humains nous ont
offert beaucoup de faits nouveaux ; ceux des animaux
nous en ont aufti préfenté de très-importans.
On trouvera les premiers à l’article uri/ze ; les
féconds, moins utiles, feront en grande partie
expofés pour leurs réfultats dans cet article.
Au lieu d’un feul acide que Schéèle avoit cru
former les calculs urinaires de l’homme , nous y
avons trouvé , outre l’acide urique ( c’eft: ainfi
qu’on nomme aujourd’hui ce qui avoit été nommé
dans les volumes précédens , acide bé^oardique ou
acide Ethique) , i°. le phofphate de chaux, 20. le
phofphate ammoniaco-magnéfien, qui forment les
calculs blancs ou les couches blanches des calculs
mélangés; 30’. l'urate d’ammoniaque, qui conftitue
beaucoup de petits calculs grifâtres ou des couches
de quelques calculs mêlés ; 40. l’oxalate de
chaux , qui exifte dans les calculs muraux ou mo-
riformes. ( Voye^ , pour les caractères de ces fubf-
tances , les articles OxALATES, PHOSPHATES &
U r a t e s . ) Souvent deux & même trois de ces
compofés font interpofés, ou fe fuccèdent par di-
verfes couches, dans les calculs de la veftie, &
celas’obferve furtout dans les calculs volumineux.
Toutes les autres concrétions du corps humain
font prefque toujours du phofphate de chaux, mêlé
d’une matière animale qui en agglutine des molécules
: telles font les concrétions pinéales, lacrymales
, falivaires, thymiques, bronchiques, intef-
tinales & mufculaires. Celles du foie & de la
véficule du fiel font formées de bile épaifiie, &
prefque toujours d'adipocire ou matière grade,
concrète & criftal'line.- Les concrétions arthritiques
font de l’urate de foude, mêlé de matière
animale. . ,, ,
Quant aux concrétions des animaux, celles des
inteftins font prefque toujours du phofphate ammoniaco
magnéfien , mêlé de matière animale & de
fubftances végétales : on y trouve des poils , des
agarics, des graines, des noyaux, qui font fou-
vent le centre & font l’origine de ces concrétions.
Leurs calculs urinaires font prefque toujours du
carbonate de chaux ou du phofphate de chaux :
nous avons au moins trouvé ces fels dans le cheval,
le boeuf, le cochon , le mouton, les lapins. Il
y aura fans doute une exception pour les oifeaux,
qui nous ont offert l’acide urique très-abondant &
tout pur dans leurs urines, acide que nous n’avons
encore trouvé dans aucun mammifère.
Les bézoards orientaux font formés de réfines
vertes ou brunes, dépofées par couches très-fines
8c très-régulières. Voilà pourquoi on les- imitoit
par des mélanges réfineux & gras ; mais les factices
n’ont point les couches concentriques des naturels.
Voici au refte les réfultats principaux de nos
recherches fur les concrétions animales.
i°. L’acide urique n’eft pas la feule matière qui
conftitue les calculs urinaires de l’homme : fouvent
ils font formés de l’une ou de l’autre des fubftances
fuivantes, d’urate d’ammoniaque , de phofphate
de chaux, de phofphate ammoniaco-magnéfien
, d’oxalate de chaux.
20. L’acide urique, reconnoi(Table à fes couches
fines & nombreufes, à fa couleur de bois,
depuis le jaune-pâle jufqu’au rouge de rhubarbe,
eft bien caraétérifé par fa diffolution complète
dans une leftive de potaffe, & fans donner d’odeur
ammoniacale.
3°. L’ urate d’ammoniaque, en couches grifes
ou en petits filets poreux , fe reconnoît en ce
qu’il fe diffout dans la potaffe avec une odeur vive,
d’ammoniaque.
4°. Le phofphate de .chaux eft4en couches blanches
, opaques, friables, folubles dans les acides,
où. ils laiffent des flocons membraneux, d’où il eft
précipité par l’ammoniaque, & c’eft le plus tôt
formé des'dépôts calculeux; il fe dépofe fur les
corps étrangers introduits dans la veftie. Il recouvre
fouvent les noyaux d’acide urique ou d’oxalate
de chaux; il eft fouvent mêlé du fel fuivant.
50. Le phofphate ammoniaco-magnéfien , inconnu
avant nos recherches dans les calculs humains,
eft caraélérifé par une demi-tranfparence
fpathique, par une faveur fade , une légère folu-
bilitë, l’odeur ammoniacale qu’il donne par les
alcalis fans s’y diffoudre ; il eft très-foluble dans les
acides. Il eft quelquefois bien criftallifé dans les
calculs urinaires humains ; il recouvre fouvent
d aùtres matériaux calculeux, dont il augmente
beaucoup & promptement le volume.
6°. L’oxalate de chaux, fel abfolument inconnu
avant nous dans les concrétions animales, formant
les calculs muraux ou moriformes , bruns, tuberculeux
ou raboteux à leur furface, durs & fe
poliffant comme l’ivoire , répandant, quand on
les fcie , une odeur animale fade, folubles dans
l’acide nitrique un peu fort.
70. Les calculs, formés chez l’homme ailleurs
que dans la veftie ou les reins , font prefque toujours
du phofphate de chaux mêlé de fubfiance
animale. Telles font les pierres de la glande pi-
néale , les pierres falivaires, lacrymales, bronchiques
, &c.
8°. Les calculs biliaires humains font le plus
fouvent compofés d’une matière graffe , folide,
criftalline , lamelleufe, plus ou moins pure , ou
mêlée d’extrait de bile.
90. .Les concrétions tophacées de la goutte ne
font ni de la craie, ni du phofphate de chaux ,
comme on l’avoit cru , mais de l’urate de foude ;
ce qui éclaire le rapport déjà indiqué depuis long-
tems entre la pierre ou lithiafie & la goutte.
io0. L’acide urique paroiffoit être une matière
particulière à l’homme 6c à l’urine humaine : depuis
dix-huit ans de travaux & de recherches il
n’avoit été trouvé dans aucune concrétion 8c dans
aucune liqueur des animaux. L’urine des oifeaux,
qui fort avec leurs excrémens, vient de préfenter
cet acide (thermidor an 12) : il y eft deux fois
plus abondant que chez l’homme; il forme la
portion blanche de leurs excrémens.
H°. Quant aux calculs des animaux ou béqoardsy
il eft reconnu que ceux des reins & de la veftie
des mammifères font lè plus fouvent compofés de
carbonate de chaux, comme le dépôt fpontarré
de leurs urines , rarement de phofphate ou
' d’oxalate ; que les concrétions inteftinales font ou
de phofphate acide dé chaux, ou , ce qui eft le
plus fréquent, de phofphate ammoniaco-magnéfien
, ou enfin des réfines brunes ou vertes , à
couches très-fines & très-liftes à leur furface
extérieure ou dans leur caffure. Ces derniers
conftitueht les bézoards orientaux ; les premiers,
les bézoards occidentaux.
12°. Enfin , il eft très-fréquent que des corps
étrangers , les branches', les fruits, les poils,
féjournant dans les eftomacs ou les inteftins des
animaux , y donnent naiffance à des concrétions ,
foit comme noyaux des précédens calculs , foit
comme matière entière de ce qu’on nomme les
égagropiles, qui ne font que des poils feutrés &
collés par un gluten animal, quelquefois nus „
quelquefois recouverts d’un enduit brun ou noir,
^apparence réfineufe.
CONE. C ’eft un infiniment qui fervoit autrefois
en chimie pour couler des métaux fondus:aujourd’hui
il n’eft plus guère en ufage, dans les pharmacies,
pour couler les alliages métalliques employés
à la préparation du fameux lilium de Paracelfe.