
facilement l’acide fulfurique un peu concentré &
à raide du feu ; qu’il en dégage beaucoup de gaz
acide fulfureux; qu’en s’oxidant fortement il eft
iulceptible enfuite d'en être fépare ou précipité
par 1 eau dans 1 état d’un fulfate d’étain avec excès
d oxide j qu étendu & un peu affoibli , cet acide
agit également fur Y étain, & même à froid 5 que
dans ce cas de moindre oxidation , fa diffolution
elt un peu plus permanente, & ne le trouble pas
par 1 eau 5 mais que par la concentration à l’aide~
du feu, fon oxide s’en précipite ; qu’on ne peut
point obtenir de véritable fulfate à3étain criftallifé
permanent; qu’il le dépofe du foufre pendant
cette a&ion ; que quelquefois cette dilfolution
prend la forme épaiffe & l’apparence d’une gelée
blanche & opaque, & qu’ainfi il n’y a pas de vé-
ritable union folide entre l’oxide d3étain l’aeidé
lulfurique. Cependant cette dilfolution , quand
elle eft faite a froid , qu’elle n’eft pas concentrée
ri furchargee d3étain, qu’elle ne fe trouble pas
par 1 eau , précipite par les alcalis & les terres
un oxide blanc au maximum d’oxidation. Les
hydrofulfures & les fulfures alcalins la précipitent
en brun noirâtre & perdent leur odeur; &
ce précipité , chauffé légèrement dans un appareil
fermé, donne de l’or muflif ou de l’ oxide
& étain fulfuré.
43* L aéfion de l’acide fulfureux fur Y étain n’a
été indiquée jufau’ici par aucun chimifre. Dans le
travail fur les fui fi tes métalliques , qui m’efi commun
avec M. Vauquelin , cette combinalfon a
préfenté quelques faits remarquables: je na les
décrirai ici que fommairement, parce qu’ils ref-
•femblent à ceux qu’offre le fer , & qui, bien plus
intéreffans encore , feront traités avec beaucoup
plus de développement à fon article. Dès que
Y étain eft mis en contaéf avec l’acide fulfureux liquide
, il prend une couleur jaunâtre analogue à
celle de 1 or muflif. Quelques jours après, il de-
viènt noir comme du charbon, & il fe dépofe
dans la liqueur une poudre de la même couleur.
Alors 1 aétion ceffe entre ces deux corps. La poudre
blanchie donne du gaz acide fulfureux par l’acide
fulfurique, & du gaz hydrogène fulfuré par
1 acide muriatique : celui-ci fépare du foufre de
cette poudre en diflolvant Y étain. Au chalumeau,
cette même poudre fe fond en une maffe noire,
après avoir exhalé de l’acide fulfureux, & répand
fur les bords de la cuillère une pouflière jaune de
foufre. La portion à!étain noirci au fond de l’acide
fulfureux, frottée entre les doigts, donne une
forte odeur de gaz hydrogène fulfuré; au chalumeau
, elle exhale de l’acide fulfureux , & biffe
du foufre fur les bords du fupport. La liqueur fur-
nageant la poudre blanche & noire, ayant une
forte odeur d’acide fulfureux qu’elle perd à l’air ,
dépofe du fourre prefque pur par l’addition de
l’acide fulfurique concentré.
11 eft prouvé par ces faits , que Y étain décom-
pcfe une partie de l’acide fulfure-qx qui lui fourmt
de Foxigène, & qu’il s’ unit, une fois oxi-fé, à
une autre partie de cet acide; qu’une portion
du foufre fe dépofe avec le fulfite d3étain blanc
peu difloblubles ; qu’un autre refte en difolution
dans la liqueur avec un peu de fulfite d'étain, qui,
comme on voit , eft un fulfite fulfuré ; enfin
qu’une troifième partie du foufre le combine à
une portion de Yétain métallique , & forme un
fulfuré noir fur lequel l’acide fulfureux r/a point
daétionj ce qui arrête ou limite la diffolution,
comme on l’a obfervé.
44: L’acide nitrique eft attaqué avec une violente
énergie par Y étain. Ce métal eft changé en
un oxide du plus beau blanc , qui donne à la liqueur
la forme de lait caillé ou de fromage. Il y
à long-tems que les chimifles connoiffent cette
vive action, & qu’ils la préfentent, avec raifon,
comme une forte d’inflammation. Mais cherchant
toujours à obtenir*des diffolutions dans les acides,
fans voir au delà de cette fufpenfion ce qui pou-
voit arriver au métal, ils ont long-tems été occupés
à rendre permanente celle de \ étain dans
I acide nitrique. Baume a conclu de ces expériences
, que cela etoit impoffible. Wafferbefg
pretendoit néanmoins y être parvenu en mettant
peu d étain dans l’acide nitrique très-pur, étendu,
d'eau; il avertit cependant que cette diffolution ,
qu’il dit avoir gardée long-tems fans qu’elle fe foit
troublée, ne lui a point fourni deçriftaux, &
que , par une douce évaporation , tout l’oxide
d3étain s eft précipité en laifiant la liqueur pure &
acide. -
Ce fait ayoit depuis long-tems été vu par Rouelle
Famé. H eft certain qu^en mettant un petit fragment
a étain folide !dans une grande quantité d’acide
nitrique foi b le , on en opère la diffolution
complète & que l’acide retient long-tems fon
oxide, qui fe fépare conftamrneot, foit par addition
d’une grande quantité d’eau , foit quand on
évapore la liqueur, foit quand on ajoute du nouvel
étain comme pour en faturer l’acide : mais ce
n’eft pas là ce que cherchent a obtenir les chi-
miftes modernes ; ils ont eu d’autres vues en examinant
avec plus de foin cette aétion réciproque
de Y étain & de l'acide nitrique, dans laquelle il
fe paffe des phénomènes importans.
5 Jpf|| Perftiadés, par tous les faits connus, que
Y étain eft fortement oxidé par cet acide qu’il dé-
compofé avec une violente rapidité, & qu’il ne
peut pas refter combiné en nitrate avec cet acids
dont il tend fans ceffe à fe fépater , fis ont porté
leur attention fur l’oxîde déétain -qui provient de
cette a dion, convaincus, avec Macquer, qu’il eft
devenu prefqu’irrédudible , ayant trouvé depuis
la mort de ce célèbre chi mille la caufe de ,ce phénomène
dans la folidité que prend Foxigène, &
dans la forte adhérence qu’il çontrade avec Y.étain
à mefure qu'il eft enlevé à Facidé ni fri que par ce
métal ; quelques-uns ont penfé de. plus que cet
oxide prenoit les caractères d’un acide , & que
c’étoit pour cela qu’il ne pouvoit pas refter uni à
Facide nitrique, lis fè font fondés encore fur la
diffolubilité de cet oxide dans les alcalis & c’eft
ainfi que M. Guyton conçoit que M. Klaproth a
reufli à traiter & à analyier les oxides d'étain natifs'
par b potaiffe il regarde-' cette diffolution de
mine d’étain dans l’eau; par l’ alcali, coptme un
ftannate ou un ftannite de potaffe ; mais malgré b
vraifemblance & l’accord de cette opinion avec
les bafes de b dodrine françaife, il manque en--
core des- preuves directes pour l’adopter , & on
ne peut pas comparer les propriétés ac quif es par
l’oxide dé étain avec celles des acides àrfenique,
tungftique, molybdique & chromique.
M1. Guy ton a fait une précieufe découverte fur
la force avec laquelle Y étain abforbe Foxigène
dans fa dilfolution nitrique:. Une partie d’acide
•nitrique pur 8c une: partie & demie d'étain , traitées
à1 la cornue, ne lui ont fourni aucun g a z ,
quoiqu’il y eut une adion très-marquée entre les
deux corps. Ayant examiné avec foin le réfidu de
cette opération il a trouvé de l’ammoniaque fai-
fan t à peu près le vingtième du poids total de
Facide & de Y étain employés. Cette ammoniaque
n’a pu être formée que par l’ azote de Facide uni à
Fhydrogène de l’eau fdonc Y étainy très--avide d’oxi-
gène, avoit non-feulement décompofé l’acide nitrique
, mais encore l’eau , 8c il jne s’étoit dégagé
aucun gaz à caufe de cette union de Fhydrogène
avec l’azote. Il faut, pour réulSr à cette Opération-,
que l’acide foit très-foi b le. Alors il n’y a point de
gaz dégagé , & b . diffolution très-claire contient
du nitrate d’ammoniaque.
44. L’oxide d’étain;préparé, ou fait par Facide
nitrique, traité à b dofe de trois parties avec deux-
parties de foufre , dans une cornue de verre , a
fourni à Pelletier de l’acide fulfureux & de Y or
mujfif ^ tandis que l’oxide d3étain moins' oxidé ,- tel
que le gris ou la potée y traité avec le foufre ne
lui a donné que du fulfuré d'étain , à caufe du peu
d’ oxigène qu’il contient dans cet état de foible
oxidation. Trois parties de fulfuré d’étain , traitées
au feu & jufqu’d ficcité par l’acide nitrique
( traitement dont la néceflité pour opérer l’oxida-
tion prouve que le foufre Uni à. Y étain modère
beaucoup fa propriété d’agir , comme décompo-
fant, fur cet acide ) , puis chauffées dans une cornue
avec deux parties de foufre, ont également
donné à cet habile chimifte de Y or mujfifou oxide
d'étain fulfuré de couleur dorée. Le même fulfuré
d'étain-, mêlé de deux parties de foufre fur trois ,
& diftillé avec l’acide fulfurique concentré, lui a
donné de Facide fulfureux pour produit, & de
F oxide, d'étain fulfuré & doré pour réfidu. Ainfi
Pelletier s’eft fervi de la propriété oxidante des
acides- fulfurique & nitrique fur Y étain pour fa-
vorifer l’union de cet oxide avec le foufre, &
préparer ce compofé brillant & auriforme, conuu
depuis long-tems fous le nom d’or niujfif.-
46.. L ’acide muriatiqueconcentré & fumant,
agit bien fur F étain, & e’ eft, de tous les acides,
■ celui qui le diftout le mieux. Cette diffolution
s opère même à froid ou à l’aide d’une douce
i chaleur : l’acide perd fur le champ fa propriété de
' fumer & la couleur jaune qu'il a fi fouvent, &
i Fon verra bientôt que cette décoloration par IV-
I tain 3 comme par d’autres corps avides d’oxigène,
; fournit une nouvelle preuve que la couleur de cet
; acide dépend d’un peu d’acide muriarique oxi-
; géné. L’effervefcence légère, qui a lieu pendant
j cette diffolution, eft due à? la déeompofîtion de
; Feau & au dégagement d’un gaz fétide, accom-
; pagne de quelques gouttes d’huile brune égale-
1 ment fétide. Ce gaz , dont 3a nature étoit incon-'
nue il y a quelques- années-, pa-roît être du gaz
hydrogène tenant en diffolution une huile &r peut-
être un peu de foufre 6c d’arfenic. Gette huile,
qui fe forme dans l’opération , provient du charbon
contenu dans Y étain, qui s’unit avec Fhydro-
| gène de l’eau décorapofée, & vràifemolablement
à un peu d’ oxigènev
L’acide muriatique peut prendre* ainfi plus de b
moitié de fon poids d'étain. La diffolution eft jaunâtre:
il ne s’ y forme point de dépôt ni de précipité,
comme dans- celles par l’acide fulfurique
& par l’ acide nitrique. Evaporée-, elle fournit drs
prifmes aiguillés, brillans &■ réguliers, un peu dé-
liquefcens , q u i, après avoir attiré' l’humidité de
l ’air, s’y deffèchênt. Baume, qui a fait l’un des
premiers cette combinaîfon très en grand peur les
; teinturiers , a obfervé qu’il reftoit environ tuf
foixante- fixieme du poids de Yêcdiiïd'xitie poudre
grife indiffoluble ,• qu’il n’a point examinée, fl cr
comparé l’odeur fétide qu’exhale cette diffolution
à celle des terres noires fortant des vieilles la-
trines, & il a remarqué qu’elle adhère aux mains
pendant plus de vingt-quatre heures. D’après lu i,
ce fel criftallifé diverfement /fuivaut l’état de Fa-
eide, ou en aiguilles blanches, ou en criftaux
rofés,. analogues à ceux Éi fulfate de fonde, ou en
petites écailles d’un blanc de perle. M. Monnet
affure que cette' diffolution’ diftillée paffe en vapeur
, & donne une liqueur- fumante : il refte beaucoup
d’ oxide & étain dans la cornue. Marquer a vu
une diffolution muriatique à!étain- criftaïlifer èn
hiver fè fondre en-été , & dépofer à la longue
un oxide blanc. Les alcalis précipitent du muriate'
d'étain un oxide blanc très-abondant, qu’ils re-
diffolvent lorfqu’on les ajoute en excès. Le fulfuré
d’ammoniaque précipite ce fel en pouffère lie-
de-vin , qui devient noire en fëchant, & qui, par
b diftillation f donne de l’ammoniaque & de l’or
muflif. Le fulfuré de potaffe y forme un précipité
jaune, qui, par b diftillation , fournit de Facide
fulfureux & du foufre, en paffant dans fa partie-
fixe en oxide d'étain fulfuré ou en or muflif. Son
oxide , précipité par b fonde, diftillé avec Ton
poids de foufre, donne du gaz acide fulfureux,
du foufre, &'làiffe-un réfidu d’or muflif. Ces trois
derniers réfultats font dus à Pelletier, qui s’es#