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Dé BRULER. J’ai propofé & employé le mot
débrûler pour exprimer le phénomène que préfente
la nature ou que fait naître l’art toutes les fois
qu'il y a décompofition d’un corps brûlé 3 accompagnée
du dégagement ou dela.feparation de l’oxi-
gène que ce corps avoit abforbé en brûlant. C ’eft
l’oppofé du mot brûler. Cette expreflion eft-né-
ceffaire pour fe faire entendre exactement , 8c pour
éviter les périphrafes lorfqu’on décrit.la manière-
dont les-corps autrefois combuftibles, & qui ont
ceffé de l ’être eh brûlant j repaffent à leur premier
état. ( Voyei le mot Décombustion.)
DECANTATION. On nomme décantation une
opération de chimie , pratiquée fouvent dans tous
lès arts qui en dépendent, & qui eonfifte-à tirer à
clair les liqueurs pour les féparer de leursdépôts,
des corps etrangers qui s’en, font peu i\ peu détachés
, ou des.précipités qui fe font raffemblps-i avec
)e tems, dans-le.bas des vaiffeaux ou les.liqueurs-
font contenues. La pratiqué 8c le-mode de cette
opération varient fuivant la nature des. liqueurs ,
Jeur-quantité ^ & furtout fuivant la forme des vafes-
qui les renferment.
* Le' plus fouvent on penche les capfules ou les
terrines, & on fait écouler doqcement les1 liquides',
en prenant garde d’y mêler les dépéhsîou les-
précipités qui font- iw fond. On ell obligé^ dans
c e procédé fïmple &: qui- jréuflîtjGependantdtrès-
bien par l ’a dre (Te & l’habitude de ceux quile.pra-.
tiquent ,.de laiffer une portion du liquide mêlé aux
flocons ou à la pouffière. On décante quelquefois
à plufiqurs reprife.s fucceffives pour Iaiffer chaque
fois former le dépôt, furtout lorfque celui-ci eft
de nature àfe refferrer ou à fe condenfer : fouvent^
même , pour favorifer fon ifolement, on verfe, h i
dernière portion de liqueur, avec fon dépôt, daps.
un vafe plus étroit.&: conique.
Dans d’autres cas, au lieu de décanïer.les liqueurs
par le-moyen indiqué, on fe„ fert d’un
fyphon de cuivre, de fer-blanc, de bois,ou de
verre, fuivant la nature ou l’état de ces liqueurs.
On tranfvafe ainfi d’un tpnneau dans un a'utre, &
on tire à clair les vins & les vinaigres de deffuj
leur lie. Ce procédé eft mis en ufage dans les
ports, les caves, les ateliers de grandes fabriques
, &c.
On fuit un.troifième procédé dans les laboratoires
de chimie, .eu l’on fait des expériences
exactes. Lorfqu’il n’y a que de petites quantités,
quelques hectogrammes ou même quelques kilogrammes
de liquides à décanter, on fe fert d’un
fyphon de verre renflé vers le tiers de fa courbure
en une boule plus ou moins groffe, & qu’on
nomme communément pipette} on plonge la courte
branche dans la liqueur , on afpire par l ’extrémité
de l’autre branche placée dans la bouche > la liqueur
monte dans la boule, & lorfque celle-ci eft
pleine, on retire- le fyphon , on fait couler la liqueur
dans un vafe propre , & on continue ainfi
julqu’à ce que tout le liquide à enlever de deffus
un dépôt qu’on veut recueillir foit décanté. Lorfqu’on
a-intérêt de recueillir exactement la liqueur
pour examiner- ce qu’elle contient;, 8c en connoître.
avec précifion la quantité, on ajoute de l’eau dif-
tillée à plufieurs reprifes vers la fin de la décanta-,
don, pour obtenir tout ce qu’il y a de diffoluble,
pour-bien laver le dépôt ou le précipité , $£ pour
être bien fûr d’avoir toute la matière diffbute. En
recommençant plufieurs fois cette opération,on ne
laiffe que de l’eau diftillée^prefque pure à la fin.
La décantation demande à êtrer faite avec beau -
coup d’eXaCtitude dans les expériences deflinées
aux recherches & aux analÿfeS'qui exigent de la*
précifion. On doit la préférer, lorfqu’on yrmet
les foins fuffifans , aux filtrations qui ont l’inconvénient
de faire perdre une partie-de la liqueur
ou des dépôts, 8c qui d’ailleurs exigent beaucoup
de tems, fans donner un réfultat aufii utile que la
décantation. {^Voyles mots PIPETTE, SYPHON,
Fi l t r a t i o n .;) . "
DÉCAPER. G’eft un terme fort employé dani
les arts métalliques Sc-en chimie, pour uéfigner
1 ’.opéiation par-laquelle • on- nétoi.e les-furfaces des
métaux, de manière à les rendre très-pures & très-
brillantes. On la pratique pour faciliter l’union ou
la foudure, ou l’application en général des métaux
fur d’autres, furtout de l’étain fur le fer dans la
fabrication du fer-blanc, ou de l’étain fur le cuivre
dans le .procédé de l’étamage.
“ v-;On;décape, le fer avec des eaux acidulés, fur-
tout, avec quelques millièmes d’acide fulfurique
ajoutés à de l’eau commune,doit eq trempant
pendant quelque tems les plaques de tôle, foit en
les frottant avec des bouchons de paille & les
mêmes eaux.!
On fe fert le plus fouvent du fel ammoniaque
"ou mu ri a té d’ammoniaque pour décaper les fur-
faces du cuivre avant de les étamer. A ce procédé
, quj eft affez cher à caufe du prix du fel, on
pourroit, fubftituer J’aCiion de l’ acide fulfurique
étendu d’eau. On fait que le vinaigre & les acides
végétaux, ceux des fruits furtout, ont la propriété
de nétoyera chaud le cuivre } c’eft ce qu’on re-
connoît au fimple afpéCt lorfqu’on cuit les fucs de
groffeiües , &c. dans les baflins de cuivre pour
préparer les confitures. Les plus petites traces
d’oxide difparoiffent en fe diffolvant, & le métal
brille à l’inftant de l’éclat le plus vifi
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Quand on décape des métaux avec un acide, il
faut paffer à leur furface de l’eau pûre après l’action
de l’acide,les effuyer enfuite avec foin, ou
les fécher par la chaleur.
DÉCOCTION. Le mot décodion eft employé
en deux fens différens en chimie & dans les arts
qui y tiennent, furtout en pharmacie.Tl défigne,
8c l’opération par laquelle on fait bouillir de l’eau
fur des matières végétales ou animales quelconques
, 8c la liqueur qui réfulte de cette opération.
C’eft dans ce dernier feus qu’on dit une décodion
de rhubarbe, de féné , de quinquina, de patience,
des cinq racines apéritives , des bois fudorifi-
q*ies, &c.
Quoique cette dernière exprèflïon foit véritablement
défeCtueufe, elle eft cependant la plus
employée.
La décodions confidétée comme opération, fie
s’applique jamais -qu’à l’aCtion-dé faire bouillir de
l’eau fur des matières végétales ou -animales, encore
plus aux premières qu’aux fécondés. On fait
une décoction de racines, d’écorces, de bois, dê
feuilles , de- fruits, de femences , dans trente,
quarante ou plufieurs centaines dê fois leur poids
d’eau diftillée. On la pratique tantôt avec une feulé
de ces fubftances, tantôt avec plufieurs à la fois.
On ne la laiffe durer que quelques fécondés , quelques
minutes , ou pendant un tems plus ou moins
•long, plufieurs heures de fuite, par exemple.
Tantôt on recommande de la faire à petits bouillons
, 8c tantôt forte 8c à gros bouillons. Toutes
ces diverfités, tous ces modes de décodion , (ont
fondés, 8c fur la diffolubiljté plus ou moins grande
des matières à extraire, & fur la quantité de cé$
matières, & fur la nature plus ou moins chargée
du produit qu’ofi veut obtenir. Cela eft relatif
aux arts chimiques plutôt qu’à la chimie comme
fcience. Celle-ci ne préfente, comme réfultats
importans à retenir fur l’opération de la décodion,
que les deux faits fuivans:
i°. Par l’ébullirion de l’eau appliquée aux fubftances
végétales 8c -animales, ce liquide diffout
une quantité de matériaux immédiats de ces Corps
beaucoup plus abondante, 8c même des matériaux
d’une autre naturë, qu’ il ne le fait par lé feul
contaCt, par la macération & par l’infufion. En
comparant le produit d’une décoction de rhubarbe
ou de féné, ou l’eau qui a bô’uilli quelque tems
fur ces fubftances, au produit d’une fimple infu-
•fion, ou à l’eau qui â été jetée chaude & qui a
féjourné & s’eft refroidie fur Cés fubftances, on.
obferve que la première eft beaucoup plus colorée
, trouble, épaiffe, âcre, 8c qu’elle eft par
conféquent beaucoup:plus chargée de matière en
diffolution que l’infufion, laquelle eft moins colorée,
tranfparente, moins fapide3 & qui contient
moins de principe. On obferve aufli que la décodion
eft foüvènt recouverte d’une couche graffe
ou huileufe, 8c qu’elle laiffe dépofer > pat le ré-
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frôiditfement, line fubftance réfineufe que la chaleur
8c la durée de l’ébullition a voient liquéfiée.
2 La matière végétale Ou animale, traitée par
l’ébullition dans l’eau, change de nature en même
tems qu’elle cède à l’eau quelques-uns de fes’’principes:
elle abforbe du liquide s elle fe ramollit,-fe
gonfle, change de couleur, de faveur j devient
fapide & facile à digérer. C ’eft ce qu’on appelle
coétion ou cuiftbn dans les racines 8c les Viandes.
On eft bien loin de connoître la nature des aberrations
qu’éprouvent ces matières , quoique cé
foit l’opération la plus familière 8c la plus fréquente,.
Sous ce rapport, la pharmacie & la cuifinô
font encore très* peu avancées dans la théorie ,
quoique depuis long-tems elles foiênt perfection-4
nées dans la pratique.
DÉCOMBUSTION. J’ai nommé décombufilon
le phénomène par lequel les corps combuftibles
brûlés perdent l’Oxigèné qu’ils ont abforbé, reprennent
ainfi leur première combultibilité , 8c
préfentfent en effet un réfultat oppofé à celui qui
à lieu dans la combuftion. G’ëft ainfi, par exemple ,
que l’expolition d’un oxide d’ôr ou d’argent au
foleil, qui en dégagé le gaz oxigène,6u la dêcom-
pofitioii dè l’aêidè fulfurique par le carbone, l’hy-4
tlrogène, lé phofphôre chaud, font de véritable^
décornbufiions, pùïfque les deux métaux 8c le foufré
qui reprennent cet état dans lés cas cités, avoient
auparavant abforbé l’oxigèiie en brûlant.
Ces exemples me ferviront à diftingüer deux
genres de décombufiion, la décombuftion fpontanée^
ou par le feul côntaCt de la’ lumière -, 8c la décorn-
buftion par les réaCtifs j ou celle qui à liéü par l’ad-*-
dition d’utte matièrë éombuftibie qui enlève l’oxt*
gène à celle qui l’àvait abforbé. Je dois cepéndânÉ
faire obferver que quoique la première foit dif-
tinguée ici par le nom.de fpontanée, parce qu’elle
n’a pas befoin d’addition pour avoir lieu , la lumière
qui eh dégage l ’oxigèhê agit pâr une véritable.&
forte attraction pour le principe.
Il fe paffe un grand nombre de décomèüfiïôns
dans là nature , &• ce phénomène eft a'u-ffi fréqUerlfe
à là furface'de la terres que la combuftion elle-*
même. Beaucoup d’oxides métalliques, plufieurs
acides, expofés au foleil , l’éprouvent plus oü
moins rapidement. Là coloration des plantes pat
là lumière folaire tient à lïdécombufiion d e l’feaû*
&C. &C; C V'pye’l les mots CoMBUStIGN , Lü*
MîâRE , OXIGÈNÉ. )
DÉCOMPOSÉS DÉCOMPOSITION. Lè
mot décômp'ofés a déuX fignifications en chimie j là
première & la pluS généralement employée aujourd’hui
appartient à Celle- de■ décottipofidon, &
aux corps aont. lés principes Ont été fépares. par
l’anaîyfe. La fécondé étoit au contraire l’expref-
fion ancienne d’un ordre de combinaifons formées
par l’ühion de deux füreompofés. Ala véritê, cette
-dernière eft totalement abandonnée aujourd’hui,^
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