
fufibles, les métaux qui refroidiffent lentement
après la fufîon.
' LAMINAGE & LAMINOIR. Le laminage eft
l’opération par laquelle on étend en lames, par la
prefllon, les fubftances métalliques bien duétiles,
en les comprimant, foit à froid, foit à chaud,
telles que l’étain, le plomb, l'argent, le cuivre &
le fer. Le laminoir eft l’inftrument qui fert à cette
opération. Il eft compofé de deux cylindres d’acier
très-bien dreffés & polis , qui roulent horizontalement
l’un fur l’autre au moyen d’un engrenage de
roues mues avec une manivelle. Ces cylindres,
avec l’appareil de rouage deftiné à les tenir à di-
verfes diftances & à les mouvoir, font portés fur
un banc de bois très-épais, élevé fur quatre pieds
à la hauteur ordinaire d’un établi. Tel eft le laminoir
de quelques centimètres, qui fert ordinairement
dans les laboratoires de chimie. Quant à ceux
des grandes fabriques fur les métaux,.ils ont un
volume & une étendue beaucoup plus confidéra-
bles} ils font mus par des courans d’eau & par le,
même mécanifme'que des moulins,, ou par un manège,
à l’aide d'un cheval ou de plusieurs chevaux.
LAMPE. On s’eft beaucoup fervi autrefois, &on
fe fert encore aujourd’hui de lampes dans les laboratoires
pour faire une foule d’expériences qui exigent
un feu affez doux, mais long-tems continué. On
avoit pour cela des lampes à réfervoir élevé verticalement,
dont la mèche, fortant à l’extrémité de
la partie horizontale qui leur fervoitde fupport &
de bafe, étoit reçue ou placée fous une efpèce de
cheminée de tôle ou de fer-blanc, en haut de la- j
quelle on foutenoit un laboratoire'ou un bain de j
fable de la même matière. Ce laboratoire conte-
noit les capfules où s’opèrent les évaporations,
les cornues où l’on pratique les rectifications ou
les diftillations faciles. On y faifoit aufli autrefois
de longues digeftions dans lefquelles on avoit autrefois
une grande confiance pour le fuccèsde beaucoup
de compofitions chimiques.
On a beaucoup varié la forme de ces lampes,
leur force en raifon du nombre & de la groffeur
des mèches, du volume du réfervoir , &c.
Lampe a gaz inflammable. On appelle lampe
a ga% inflammable des vafes de verre ou decriftal,
d'une forme cylindrique ou de poire, portés fur
un pied de cuivre & lurmontés d’un réfervoir de
verre deftiné à contenir un volume d'eau égal à
celui du vafe. Aux deux embouchures de la lampe
il y a des robinets & des tubes de cuivre, par lef-
quels l’eau defcend du réfervoir dans la lampe :
le gaz eft chaffé de celle-ci par une tuyère, à l’extrémité
de laquelle on l’allume par une étincelle
éleétrique& il met lui-même le feu à une bougie
portée fur un petit fupport.
Quelquefois ces lampes font fimples, & ne fer-
Vent que de réfervoir à un mélange de gaz hydrogène
& de gaz oxigène, dont on remplit facilement
les piftolets ou canons de Volta.
Les efpèceS'de ces lampes les plus compliquées
font celles qui, deftinées à allumer une bougie
& a procurer de la lumière dans tous les tems,
contiennent, & un éleCtrophore, & des chaînes
excitantes, qui fe meuvent & produifent de la
flamme, &la bougie deftinée à être allumée'par
le gaz allumé lui-même par l’étincelle électrique.
Tous les mouvemens qui ouvrent des robinets
pour faire tomber l’eau, déplacer le gaz, le conduire
à la tuyère, porter l’éleCtrophore contrefon
plateau de réfîne , le foulever & tirer l’étincelle,
pencher la bougie pour la placer dans le courant du
gaz hydrogène enflammé $ tous les mouvemens ifo-
chrones font produits par un feulmécanifmedont le
premier mobile eft le tour donné au robinet.
Ces machines, trop délicates & trop chères pour
être d’un ufage habituel, ne font prefque que des
objets de curiolité dans quelques- cabinets précieux.
L a m p e d ’ e m a i l l e u r . La lampe <£emailleur eft
une lampe de fer-blanc portée fur une table, fie
dont la flamme, d’une mèche très-épaiffe & fituée
horizontalement, eft animée par l’air d’une tuyère
placée derrière elle. L’air de cette tuyère eft porté
avec rapidité par un fouffletfufpendu fous la table,
& qu’on fait mouvoir avec le pied.
En fe plaçant fur une chaife au devant de cette
table, on expofe au jet de la flamme les tubes de
verre qu’on veut courber , fouder, boucher, fou-
fler en boules, &ç. : on y fait en général une
foule de petits uftenfilès de verre , utiles dans les
expériences de chimie, tels que les tubes à diverfes
courbures pour les appareils deWoulfe, les tubes
à boules pour prévenir les abforptions dans les
| mêmes appareils, les fiphons à bouche ou pipettes,
les tubes bouchés aux deux bouts pour remuer
les liqueurs dans les vafes, les tubes de thermomètre
, de baromètre, d'aréomètre, de gravi-
mètre, &c. ( Voye% les articles T ubes & VERRE,
&c. )
LAPIDIFICATION, mot rarement employé en
hiftoire naturelle & eh chimie comme fynonyme
de pétrification, & quelquefois pour indiquer ou
defîgner le phénomène de la formation des pierres.
( Voye[ les mots PETRIFICATION & PIERRES.)
LAPIDIFIQUE. On a long-tems nommé en
hiftoire naturelle & en chimierfuc lapidifique, une
liqueur fouterraine à laquelle on attribuoit la propriété
de fe congéler , de fe concréter fpontané-
ment, de prendre la dureté & les propriétés des
pierres. C’eft furtout aux pierres filiceufes que l’on
attribuoit cette efpèce d’origine par la concré-,
tion d’un fuc particulier. On admettoit aufli fapré-
fence comme formant le gluten qui lioit entr’eux
es fragmens des différens com.pofés pierreux,
comme déterminant la pétrification de plufieurs
fofliles végétaux ou animaux. Mais l’exiftence de
ce fuc & ,fon influence dans la formation des pierres
font également hypothétiques, imaginaires, &
rangées aujourd’hui dans la claffe des fixions. On
peut feulement concevoir quelque eau fouterraine
affez chargée de filice pour la depofer rapidement,
& prendre, par fon féjour dans des cavités fouter-
raines, la dureté & l’état de pierre. Mais ce n’eft
point airifi qu’on concevoit le fuc lapidifique ; on y
admettoit la propriété de Te folidifier promptement
& de folidifier aufli toutes les fubftances
qu’il touchoit ou qu’il pénétroic.
LAPILLÔ. Le lapillo des Italiens eft une matière
terreufe, volcanique, offrant des indices de
cuiffon,, ou une variété de pouzzolane que
M. Haüy nomme thermanti de-cimentaire dans
fon Traité de minéralogie. C’eft fpécialement aux
fragmens les plus eonfidérables de cette variété ,
qu’on donne le nom de lapillo. On peut le regarder
comme une terre argilo-ferrugineufe” durcie par le
feu des volcans. ( Voytç l'article P o u z z o l a n e . )
LAPIS. Dans les arts on donne fouvent le nom
feul de lapis à la belle pierre bleue avec laquelle
on fait la pierre d’outre-mer, qu'on emploie en
plaques polies dans des ouvrages précieux de marqueterie
lapidaire , & qu’on nomme lapis, la^ulî
ou localité* ( Voye^ les mots L A Z U L I T E & O U T R E M
E R . )
LAQUE, v i e u x l a q u e , efpèce de vernis
folide, de compofition réfineufe , verte, rouge,
brune ou noire, que préparent les Chinois, &
qu’ils appliquent avec une grande induftrie fur les
bois de plufieurs meubles, furtout des paneaux
d’armoires. Ces ouvrages de laque font fouvent
garnis en même tems de dorures & de deflins colorés
de payfages, d’hommes ou d’animaux. Le
vieux laque, dont la refîne-laque paroît faire la bafe,
eft une des plus belles matières & des plus durables
que l’on puiffe employer pour les meubles
ornés. On prife beaucoup ce produit des arts
chinois.& japonais ; i! fait l’ornement-dés palais
& des mai Ions les plus fomptueufes. Sa dureté &
fon poli font affez beaux pour réfifter au tems &
au choc, ou au moins au frottement de beaucoup
de corps.
L a q u e , r é s i n e . i ° . On ViommQ gomme-laque,
& mieux réfine-laque , une matière inflammable ,
fèche & caftante, demi-tranfparente, d’un rouge
brun , dépofée fur des branchages autour defquels
elle formé une ruche ou amas d’alvéoles qui contiennent
les oeufs d’une efpèce -particulière d’in-
feéle'. On a cru autrefois qu’elle étoit due à une :
efpèce de fourmis : on fait que c’eft un coccus
dont la .piqûre.produit fur les jeunes tiges du ficus- j
Ch im ie . Tome IV .
indica , du ficus religiofa, & fur celles du croton
lacciferum , une exfudation réfineufe. On diftingue
la laque en grains, en bâton & en plaques, ou la
laque plate. Les deux premières font à l’état naturel
5 la dernière eft la réfine fondue & coulée en
lames.
i ° . C’eft à tort que quelques chimiftes ont autrefois
aflimilé la laque à de la cire : fa féchereffe, fon
odeur aromatique quand elle brûle ,*fa folubiliré
dans l’alcool, en font une véritable réfine 5 elle
appartient même véritablement aux fubftances végétales.
Je n’en parle ici que parce qu’elle eft Je
produit confiant de la piqûre d’un infeéte, Sc
qu’elle n’exifteroit pas pour nous fans cette piqûre.
3°. Il exifte dans la laque une matière colorante
qui paroît provenir de l’infeCte, à l’aétion duquel
fon écoulement eft dû, & dont on trouve les petits
enfermés dans les alvéoles. C’eft en raifon de cette
coloration & des cellules deftinées à loger les
petits dont cette concrétion eft formée, que Geoffroy
a comparé cette réfine à la cire. On affine que
cette.-réfine fert dans l’Inde pour la teinture des
toiles, & au Levant pour celle des peaux nommées
maroquins.
Son grand ufage eft de fervir à la préparation de
la cire à cacheter »dont elle fait la bafe. Elle entre
dans la fabrication des vernis épais de la Chine &
du Japon, & c’eft pour cela qu’on les nomme
laque ou vieux laque.
On en fait quelqu’ufage en médecinecomme
d’un tonique & d’un aftringent externes 5 elle
entre dans les trochifques dekarabé, dans les poudres
& les opiats dentifrices, dans les paftilles odorantes.
L’alcool, en la diffolvant, en tire une forte
teinture rouge.
C’eft d’après la dénomination de cette réfine que
l’on a nommé laques les préparations de couleurs
végétales & animales deftinées à la peinture.
Laque plate. On nomme laque plate la réfine-
laque fondue & coulée fur des plaques de marbre,
& ayant pris la forme de lames aplaties j elle fert
dans cet état, pour la fabrication de la cire à cacheter.
( Voyei l'article LAQUE.)
LARD. On nomme la rd , dans les uPages économiques
, l’efpèce de graiffe folide qui eft abondamment
ramaffée fous la peau ou couenne du cochon.
On ne l'a point encore examinée en particulier
, & on ne fait pas bien les différences qui le
diftinguent de la graiffe ordinaire, de l’axonge du
même animal. C’eft fans doute dans ta proportion
des principes conftiruans que confifte la caufe de
ces différences : il y a même lieu de croire qu’elle
exifte dans l’abondance de l’oxigène , qui, comme
on fait, eft la fource de la concrétion & de la fo-
lidité des’ grailles, & non pas dans un prétendu
acide qu’on y'admettoit autrefois fans en pouvoir
donner aucune preuve. ( Voyt^C article G r a i s s e . )
I k i i