
fait avec cette liqueur des écrans fort agréables, j
en deffinant des troncs & branches d’arbres en J
fauve ou en brun , dont les feuillages, tracés avec
la diffolution de cobalt, paroiffent & femblent fe
développer par la chaleur, de manière à -offrir
l ’image du printems au milieu de'l'hiver*
Voici quelques exemples de plufîeurs* autres
encres de Jympathie.
i°. On écrit avec de l’acide fulfurique affoiblij
on fait paroître en brun*noir les caractères par le
moyen d’une affez forte chaleur pour concentrer
l’acide, en opérer la décomposition par le papier
& la carbonifation de celui-ci.
' z Q. U encre ordinaire, affoiblie & décolorée par
l’acide nitrique, peut fervir'à: encre fÿmpathique..,
dont on fait paroître les cara&ères en paffant deffus
une diffolution de potaffe. <.
, 30. Si l’on écrit avec une diffolution aqueufe de ;
•fulfate de fer, & fi l’on mouille enfuite les ca-
taétères.-féchés & devenus invifibles avec une décoction
de noix de galle ou de pruflîate de potaffe
y les lettres paroiffent en. noir avec le premier
réaétif, & d’un très-beau blanc avec le fécond.
4°. L’acétate de plomb ou la diffolution nitrique I
d’argent, étendue d’eau,, ne laide point de traces ;
,vifibl.es fur le papier > mais ces traces deviennent
bientôt noirës fi on les frotte avec une diffolution
de fulfure alcalin ou calcaire;
5°, On a beaucoup parlé pour une encre analogue, à
de la diffolution nitrique de bifmuth. On a cru que
lavapeur d’hydrogènefulfurépouvoit traverfer les i
feuillets entiers, d’un livre, pour précipiter &
colorer ce fiel qui :en eft trèsrfufceptible en effet :
ce n’eft pas à'travers les pores du papier, comme
ion l’a dit dans beaucoup de livres-de phyfique-, \
que paffe la vapeur, c’eft au dehors de ces feuilles j !
ce qui fe prouve en les collant. ,
6°. La diffolution nitro-muriatique d’or affoi-
•blie donne une écriture fans couleur , & lesi ca- ■
-.raétères ne fe colorent que lorfqu’on paffe deffus
:une diffolution d’étain ou plufieurs autres réaétifs,
comme on le verrai plus bas^ft -
j 7?..L’acide benzoïque fournit,une encre de fym-
pathie.d’abord invifible , & qui prend une couleur
jaune par le contad du gaz nitreux & de l’acide
nitreux fumant*
8°. Beaucoup de fucs végétaux, celui d’oignon
a été.furtout choifî pour cela,, donnent des caractères
fans couleur, & bruniffentenfuite par
.l’action, de la chaleur. .
M. Brugnatelli, profeffeur de chimie à Pavie-,
.a fait des recherches affez curieufes fur les encres/
de fympathie. Je donnerai ici- les principaux réfui- i
,-tats qu’il a obtenus, d’après ce qui en eft dit dans-:
le Dictionnaire de Chimie de M. Cadet.
i% Les caractères invifibles, tracés fur du pa-j
pier avec une diffolution de nitrate de bifmuth i
.ou de mercure , blanchiffent, & relient opaques!
lorfqiie, trempant dans l’eau le papier, celui-ciI
devient tranfparens. Si l’çn fèche le, p apierIesf,
caractères difparoiffent : cette expérience peut
être répétée à plufietus reprifes avec le même
fuccès.
2°, On peut, faire paroître de couleur d?or les
caraCtères écrits avec du nitrate de mercure : i’s
paroiffent d’un beau jaune-pâle fi l’on plonge le
papier dans une diffolution de fulfate de potaffe ;
de couleur orangée fi l’on fe fert d’ une diffolution
de-potaffe j. enfin d’un brun foncé ft on paffe
deffus un peu de diffolution d’or.
3°. Dans l’acide muriatique oxigéné, on peut
faire difparoître des cara&ères- colorés avec des
fucs de végétaux , & faire prendre de la couleur
à ceux qui ne pouvoient s’appercevoir; Les caractères
tracés avec du blanc de plomb y deviennent
rouges. ,
4°. Le gaz hydrogène fulfuré donne une couleur
rouge foncée aux caractères écrits avec une
diffolution d’ or dans l’ acide nitro-muriatique $ &
aux folutions de mercure , de plomb & de bifmuth;
dans l'acide nitrique, une couleur noire comme
celle de Vencre; enfin à,la diffolution d’argent dans
le même acide, une couleur jaune-pâle.
Il faut faire l’expérience rapidement avec,la dif-
folution d’or, car les caractères jauniffent prompte-
men t à l’air & encore plus vîte au foleil. Expofés aux
vapeurs de l’alcool, ils prennent une très-belle
couleur pourpre, de même qu’avec la diffolution
d’étain. Si on brûle le papier, les caraCtères prennent
au feu une couleur très-vive de fang.
- A ces notions déjà affez multipliées, on pour-
roit facilement ajourer beaucoup d’autres détails :
il feroit facile de prefienter comme encres de Sympathie
toutes les diffolutions métalliques, blanches
ou peu colorées par les alcalis , les fulfures,. les
pruffiates & les aftringens, & qui font fufc.eptibles
de prendre .des couleurs plus ou moins foncées.
:Le nombre de ces encres feroit. alors très-confidé-
. râble , & fi le befoin.de correfpondarices fecrètes
I’exigeoit, lechoix de Y encre & du réaCtif devien-
; droit ou refteroit fecret entre les coriefpondans.
Cependant pn doit être prévenu: que la connoif-
fance des procédés chimiques, guide toujours pour
la- recherche d’une encre inconnue, & qu’on petit
avec quelques effais la faire reparoître, de manière
que ce fecret ne peut refter tel que pour des hommes
qui n’ont, pas fait une étude; de la feienee.
ENDUIT. On fé fert de quelques enduits pour
garnir, les vaiffeaux de verre ou de terre qui vont
au feu : ondes nomme luts ,. &. ils, feront.décrits ou
indiqués-à ce. mot,
ENFER DÉ BOYLE. On nommoit ainfi dans les
laboratoires une efpèce de flacon très-plat, donc
le bouchon de criftal, prolongé en tube de quinze
z. vingt pouces, étoit percé-d’un canal très-fin.
Boyle, qui avoit beaucoup travaillé fur l ’irifluence
du contaCt de l’air dans les opérations de .chimie,
avoit imaginé ce vaiffeau pour faire bouillir &
changer le mercure en précipité perfey ou pour I oxi-
der par l’oxigene atmofpheriquè qui touchoitde
métal fans que l’étroicêfle & la longueur du canal
de communication lui permiffent de fe répandre &
de fe volatilifer dans l’air.
Ces vaiffeaux de criftal avoient deux inconvé-
niens très-'graves 5- ils étoient très chers & ils caf-
foient très-fouvént à cauie de leur épaiffeur. On y
a fubftitué, depuis- quarante ans, de fimples ma-
tras de verre à fond plat, dans lefquels on met une
quantité^de mercure capable d’en bien couvrir le !
fond, & dont on tire enfuite à la lampe le co l,
haut de dix à quinze pouces, pour l’amincir beaucoup,
le réduire au diamètre d'une ligne ou d’une
demi-ligne, &: permettre par-là à l’air, de s’introduire
dans le matras pour y oxider le mercure,
fans permettre à ce métal de fe volatilifer par le
canal élevé & étroit.
U enfer de Boyle & le matras qu’on y a fubftitué,
font repréfentés clajfe VIIe. des inftrumens pour
la détonation & h combuftion, fig. VIENGÀLLAGE.
Uengallage eft une préparation
cteteinture, qui confifte à imprégner d'une décoction
de noix de galle , l’étoffe & fürtout la toile
qu’on fe propole de teindre en noir, & auxquelles
on veut donner une efpèce de pied qui doit modifier
ou améliorer la couleur qu’on applique en-
fuite fur ce premier enduit. On peut regarder l'en-
gallage comme une opération chimique qui dépend
d’une attraction entre les tiffus & le principe af-
tringent ,, tannin & gallin ( voyeç - ces mots )-, &
qui préfente une véritable combïnaifôn entre ces
fllbftances. ( Voye1 Y article T einture. )■
ENGRAIS. On nomme engrais, en agriculture,.
tout ce qui eft fufceptrble de donner aux terres un
caraCtère plus ou moins prononcé de fertilité, &
d’augmenter la quantité de leur produit-Tl y a des
rapports effentiels entre la connoiffance des engrais
■ & la théorie ou même la pratique de la chimie
: celles-ci éclairent fur le choix, la nature &
les effets des engrais.
La terre-pure, fiïicée ou alumineufe,- ne fuffit
f»as avec l’eau, le calorique & la lumière, pour
a production des végétaux. Ceux qui ne croiffent
que dans-un fol purement terreux &• humide,,
quoiqu’échauffé & éclairé par le foleil,.ne font ni
aufli vigoureux ni auffi abondans qu’il convient à
l’agrieukeur. Obtenir, dans le tems le plus court,
les plantes utiles les plus abondantes & les plus
fortes qu’il lui eft poffible, tèl eft le problème
qu’il fe propofe, & il ne peut le réfoudre qu’en
ajoutant à la terre les engrais qui lui manquent ou
qui s’épuifent par une végétation continue. La;
nature elle-même l’avertit de- la néceffité des en-‘
grafs; il voit le fol couvert de bois & de plantes
offrir, par le détritus des'feuilles ,:des tiges &
'desbranchages,des couches plus ou moins épaiffes
de terreau, dans lequel les végétaux croiffent- avecune
grande force. Il obferve que les vallées 'ou
les plaines baffes où ces détritus font tranfportés
des lieux élevés par les eaux , font plus riches en
terreau & en végétation, il remarque que les terrains
les plus fertiles, comme le fol de l’Amérique,
font les lieux 1-ong-tems couverts de forêts, en-
graiffés de leurs débris , qui, après le défriche-,
ment qu’il en opère, lui donnent fans addition &
prefque fans peine les récoltes & les moiffons les
plus riches, fl reconnoît que le terrain le plus
fertile s’épuife cependant au bout de quelques
années par les cultures fucceflives qu’on y pratique,
& qu’il tend àrepafferà faftérilité primitive
fi on ne lui rend pas ce qu’il perd. Il eft conduit
ainfi à imiter le procédé de la nature, & à jeter
fur un fol épuifé, ou même à enfouir dans la terre
trop aride & trop pauvre des débris de végétaux
qui s’y divifent, s’y atténuent, s’y décompofent,
& y reproduifent un terreau femblableà celui des
forêts ou des lieux anciennement boifés-
Telle eft la néceffité & l’utilité reconnue des
engrais. Us varient beaucoup fuivant les productions,
la richeffe des pays & la nature de la terre
qui le réclame. Les fumiers imprégnés des excré-
mens des animaux , les dépôts des ruiffeaux, des
marres,. des eaux croupies , les ordures & les débris
de tous les genres,. qui font fi- abondans au
fein des grandes villes , font les plus utiles & les
plus employés- : à leur défaut on profite des ex-
crémens des animaux qu’on fait parquer fuccef-
fivement fur les terrains qu’on veut fumer j 011
emploie les excrémens humains defféchés à l’air,
en poudrette ou poudre végétative , ou bien délayés
dans de l’eau avec laquelle on arrofe les
terres. On jette fur le fol les rapures de cornes,
d’os, les- fciures-. de bois, le vieux tan , les matières
animales apportées fur les rivages par la
mer, terreaux naturels eux-mêmes enlevés à- un
lieu où la culture ne peut pas être pratiquée, \ our
les tranfporter dans un autre où elle peut être
plus utile : tout, en un mot, ce qui a appartenu aux
corps des végétaux & des animaux peut fervir &
fert en effet à’engrais. Le rapport entre la furface
ou la nature du fol à cultiver, & le nombre d’animaux
qu’on doit nourrir fur ce fol , & par fes
produits artificiels , donne pour l’agriculteur qui
réfléchit i la véritable théorie des engrais.
Autrefois on penfoit que l’utilité des engrais
dépendoit d’uné matière graffe particulière, &
e’eft- ce qui leur a fait donner le nom d’ engrais.
On difoit auffi dans ce fens, engraijfer la terre; mais
cette opinion n’eft pas exaéte, car la graiffe pure,
loin de pouvoir fervir d’ engrais , arrête la végétation
ou la ralentit. L’opinion d’un fel végétatif
n’eft pas plus réelle 5. elle eft même véritablement
erronée , car il eft bien prouvé que le fel marin
trop abondant nuit à la végétation, comme on le
reconnoît dans les terrains falés ou en femant une
i trop grande quantité de fel fur les terres.
1 La chimie , en nous éclairant fur la véritable?