
moins remarquable de vémMe fécule, quoique les
éhimiftes ne l'aient prefque point fait remarquer
jufqu'ici, parce qu'ils favoient qu'on ne l'en extrait
point, & qu’elle ne peut pas être préparée
& employée comme les autres fécules. Et en effet-,
ces fruits font en même tems plus ou moins pulpeux
, fucrés, muqueux a mélangés d'une fi grande
quantité de mucilage fade ou fucré , auquel la
fécule adhère intimement, qu'il feroit trop difficile
de la retirer de ces mélanges intimes pour les
ufages économiques ; mais il n'en eft pas moins
vrai que quand on a féparé ces corps diffolubles
& vifqueux par des opérations chimiques , par
une expreffion & un lavage exaéts, il relie une
matière blanche, en pâte caftante , mélangée encore
de matière fibreufe & ligneufe , mais qui
contient de la fécule amylacée, plus dure , plus
rude à la vérité que celle qui eu: formée par lés
autres parties des plantes. 6. Les femences ou les graines femblent être
les organes végétaux où la nature a dépofé.la plus
grande quantité de fécule amylacée ; & comme
c eft dans ces corps que les anioyiux trouvent la
nourriture la plus abondante , on reconnoît auffi,
par l'obfervation , que cette matière eft deltinée
par la nature à fervir d'aliment à l'embryon végétal
11 y a même des femences, & fpécialement
celles des graminées, qui femblent être entièrement
formées de cette matière féculente; auffi
eft-ce de ce genre de parties que l'on extrait &
le plus pur & le plus abondant amidon. Dans beaucoup
((’autres graines la fécule amylacée eft mêlée
avec des parties colorantes, des extraits, du mucilage,
de l'huile , &c. C'eft en cela que confifte
la différence chimique qui exifte entre les ditférens
genres _de femences.
7. Enfin il y a quelques efpèces de végétaux
dont tout l'enfemble, toutes les parties femblent
être tiffues de matière féculente, ou en contenir
une fi grande abondance, qu’ils fervent tout entiers
à former de véritables farines. Tel paroît
. être fpécialement le genre du lichen , parmi les
efpèces duquel on diftingue fpécialement le lichen
ijlandicus , dont on forme une efpèce de pain dans i
l'Illrnde; le lichen rangiferinus, qui nourrir fi facilement
les rennes. Telles parodient être encore
quelques efpèces de fougères , dont la tige ou les
racines fourniffent aux habirans de plufieurs îles de
la mer du Sud Un aliment qui fe rapproche beaucoup
de nos farineux, & qui fe convertit, par fa
cmfforj , en Une forte de galette ou de pâte fa-,
voureufe, analogue à notre pain de fi ornent.
S. On extrait la fécule amylacée par le fimple
broiement des parties végétales qui la contiennent,
& 1 agitation de ces parties broyées dans l'eau.
Souvent la fecule fe trouve mêlee de deux genres
de fubftances : les unes, diffolubles dans l’eau; celles-
ci relient en diffolution dans la,liqueur furnageante ;
les autres, non diffolubles dans ce liquide ,• font'
parenchymateufes, fibreufes & Iigneufes. Ces dernières,
beaucoup plus lourdes que la fécule, &
beaucoup plus groflières qu'elle, fe dépofent les
premières en flocpns, & la j fient l’amidon fufpendu
en poudre blanche, très-fine & très-légère dans
l'eau , qui eft alors, trouble comme du lait.
9. Pour féparer cette matière parenchymateufe,
groflière & lourde d'avec la fécule pulvérulente,
& bien Ion g-tems fiifpenfible. dans l'eau , on ufe
d'un moyen très-fimple & très-commode. Après
avoir râpé la racine féculente, on met la pulpe
floconeufe qui en provient lur un tamis de crin
un peu ferre5 on jette de l'eau fur cette pulpe,
qu'on malaxe avec la main , ou qu’on frotte avec
une fpatule arrondie. L'eau, en s'interpofant entre,
les molécules de cette pulpe parenchymàteufe , en
détache f en 4a touchant de toutès parts , la fécule
qui l'enveloppe & l’entraîne avec elle à travers
les mailles du tamis. On continue ce lavage & cette
agitation jufqu’à ce que l’eau coule fans blancheur,
ceft-à-dire, qu’elle ait enlevé toute la fécule ; il
refte alors fur le filtre, une portion pareno^yma-
teufe grife ou derni-tranfparente. L'eau qui pafie à
travers le tamis tombe dans le vafe, où on la reçoit
trouble & blanche comme du lait ; elle dé-
pofe avec le tems toute la fécule qu’elle contient,
en une couche blanche qui occupe le fond du
vafe, qui diminue d’épaifleur à mefure que fes molécules
fe rapprochent, qui refte épailfe & comme
une pâte très-fine , à caufe de l'eau qu’elle retient
entre fes molécules. On décante l’eau éclaircie à
fa furface î on fait fécher la fécule après l’avoir
coupée en fragmens , qu'on étend fur des papiers
gris. Lorfqu’elle eft affez fèche pour fe divifer facilement
par la prefîîon du doigt en une pouflière
fine & douce, elle eft convenablement préparée.
10. Cette opération fe fait le plus fouvent en
grand pour les ufages de la vie , & alors on la
- pratiqué dans des moulins à râpes, mus par des
manivelles ou même par l’eau : c’eft ainfi qu’on
traite la pomme de terre. Quant aux graines céréales
, qui font prefqu'entiérement compofées de
fécule amylacée , on le' contente prëfque toujours
de les broyer fous des. meules mues par le veùt,
par l’eau ou par des pompes à feu. Cette mouture
donne la farine , & fépare plus ou moins bien le
fon ou les écorces broyées par la meule, fuivant
le genre de mouture qué l’on emploie. Cependant
on ne regarde pas cette farine comme de 'la fécule
pure: il faut la laver avec l’eau., & Iaifter dépofer
J’amidon que celle-ci délaie & entraîne pour la
féparer de la portion des matières1 diflblubles &
indiftblubles qu’elle contient, & dont je parlerai
plus bas.
11. Il eft aifé de voir que , fuivant la plus ou
moins grande pureté de la fécule, ou fuivant fon
mélange naturel avec diverfes. fubftances, telles
que les mucilages, les corps fucrés , les extraits
ou les parties colorantes qu’elle contient, il faut
la. traiter par un_ lavage plus ou moins exaft, plus
ou moins multiplié. L’eau diflouc ces. macièrés
étrangères,
étrangères, & les retient ainfi tout en laifiant précipiter
la fécule. On recueille ces fubftances difto-
lubles; on en reconnoît la nature ; on en détermine
la quantité en évaporant le liquide au feu.
Dans le procédé de purification de la fécule 3 on
poürfuit le lavage jufqu'à ce que l’eau employée
n'ait aucune couleur ni aucune odeur. Il n'y a pas
de partie féculente végétale, quèlqu’âcre, quel-
qu'amère, quelque colorée qu'elle fo it, qui ne
puifle donner par ce moyen de la fécule pure &
blanche. C’eft ainfi qu’on tire de l'amidon aflez
pur de toutes les farines des graines légumineufes,
jaunes, vertes ou fauves, & même du gland & du
marron d’Inde, qui font de toutes les femences
celles qui contiennent cependant le plus de matière
étrangère à ce principe végétal, & d’une faveur
âcre, acerbe, amère ou rebutante. Il y a une foule
de fubftances qui, traitées ainfi, peuvent devenir
utiles, & qu’on n'a point encore employées à cet
ufage.
12. Quand la fécule eft accompagnée de fubftance
huileufe, ce qui a lieu furtout dans les graines des
crucifères , clans les femences des compofés ou
plantes fyngénèfes, dans les amandes des arbres à
noyaux, dans les femences des cucurbitacées, &c.
on commence, pour pouvoir l'extraire, par en
exprimer l'huile, comme on le dira dans l’hiftoire
de ce dernier corps. Une fois l’huile féparee, on
traite la pâte ou le gâteau qui fort de la preffe par
lç lavage à l’eau, comme on le fait pour la pulpe
des racines, des tiges, pour les farines des graminées
; & en effet, une fois épuifé d’huile, le
parenchyme des graines appelées émulfives en général
, laifle précipiter fa fécule de l’eau, tandis
qu'avant l’extra&ion du corps huileux elle refte
fufpendue avec l'huile dans l'état d'émulfion ; cependant
il y en a une partie qui eft attachée à la
portion parenchymateufe de ces amandes, qui
»’entre pas dans la liqueur émulfive.
! 13. On concevra mieux encore toute l'influence
avantageufe de l'emploi de l’eau pour la féparation
& la purification delà fécule, lorsqu'on remarquera
qu’on peut même l’obtenir pure, faine, douce &
alimentaire du milieu des pulpes radicales ou fémi-
nales les plus âcres &r les plus vénéneufes, fans
qu’elle conferve rien de la propriété.délétère du
fuc ou de l’extrait deflrû&eur qui l’accompagne.
Dans la diftin&ion des efpèces, j’appliquerai fpécialement
cette remarque à la fécule de bryone, à
celle de manioque, &c.
14. La fécule ainfi extraite, préparée & purifiée,
eft en une poudre blanche, d’une faveur fade ou
nulle, très-peu ou très-légérement pâteufe dans
la bouche, collant plus ou moins la langue & le
palais , légère & douce fous le doigt, fe divifant
très-aifément, s’attachant fenfiblement fur la peau,
à laquelle elle adhère quand on l’y applique un peu
fortement.
1 f • Quand on la regarde de près avec attention,
lorsqu'elle eft lîmout frappée des rayons du fpleil,
Çnucie. Tomç IV ,
ou à l’aide d’une bonne loupe , on la voit formée
de petits globules tranfparens, brillans, argentés,
fatinés dans leur maffe, & imitant une forte de
matière criftalline. Lorsqu'on la comprime avec
force, elle fait entendre un petit bruit, une efpèce
de cri particulier que tout le monde connoît dans
la poudre fine & bien préparée.
16. Elle nage fur l’eau, femble ne pas fe mouiller
d’abord, & ne s’en laifle pénétrer que très-lentement
; elle jouit même, lorfqu’on la jette fur ce
liquide -, d’une efpèce de mouvement ofcillatoire
ou giratoire qui dure long-iems, & qui ne s’ arrête
que dans le cas où l’on ajoute de l'huile à la fur-
face de l ’eau, ou quand elle eft: imprégnée entièrement
de ce liquide.
17. Il faut obferver d'abord, pour bien concevoir
les propriétés chimiques de la fécule pure,
que, de quelques matières végétales qu’elle foit
extraite, quelque mélange colorant ou fapide qu’elle
ait eu d’abord 9 elle eft toujours la même pour fa
nature intime , & que c’eft abfolument un corps
identique, à quelque plante qu’il ait appartenu. Il
n’offre que quelques différences de blancheur,
de finefle, de tiflu apparent, de légérecé; mais'
fes qualités intimes ou fa nature n’en préfentent
point.
18. L’amidon bien pur, que je prendrai pour
exemple du genre, expofé au feu & à l’air fur un
charbon ardent, fe colore, paffe par les nuances
de jaune, d’orangé, de rouge & de brun avant
de devenir noir j fe ramollit, febourfoufle, exhale
une fumée blanche piquante, d’une odeur acide
non défagréable, analogue à celle du muqueux &
du fucre. Le charbon qu’il forme ainfi eft un peu
plus volumineux qu’il ne l’étoit lui-même, quoique
fenfiblement moins que celui.de la gomme. Quand
on le diftille avec un appareil pneumato-chimique,
on en obtient de l ’eau chargée d’acide pyromuqueux,
quelques gouttes d’ huile rouge ou brune,
beaucoup de gaz acide carbonique & hydrogène
carboné. Ce dernier brûle en bleu clair & d’une
manière rapide ; fa flamme, quand on l’allume dans
une cloche étroite & alongée, defeend horizon^,
talement dans ce vafe : il refte un charbon d’une
feule pièce , un peu fpongieux, facile à brûler,
qui ne laifle que quelques traces de potaffe & de
chaux : cette dernière y eft unie à l’acide phof-r
phorique. Cette analyfe refîemble à celle du muqueux.
19. L'amidon ne paroît pas éprouver une grande
altération à l’air j cependant il en attire l'humidité,
il fe pelotonne, il devient à la longue comme gras
& vifqueux, & contracte une faveur aigre, une
odeur comme rance j mais il lui faut beaucoup de
tems~pour éprouver cet effet. Il n'a aucune aétion
fur les c.orps cpmbuftibles fimpl.es, qui n'en ont
aucune fur lui.
20. Il fe délaie dans l’eau pure & froide à l’aide
du mouvement & de l’agit3tion j il forme aveç
elle une efpèce de pâte fans liaifon, non duétile *
P JP