
donne fon acide dans un état particulier dont il
fera queftion plus bas.
$2. L'acide acéteux difîbut l’oxide d’argent,
Toxide d’or & de platine, furtout par l’a&ion de
la chaleur. Ces di Ablutions âcres & cauftiques font
decompofées par le feu, par les alcalis, par les hy-
drofulfures & les fulfures hydrogénés. Bergman a
remarqué que cette diffolution acéteufe d’or don-
noit de l’ or fulminant par l’ammoniaque. Cet acide,
au refte, n’a pas d’aétion fur ces trois métaux, les
moins oxidables qui foient connus, quoi qu’en aient
pu dire les alchimiftes.
L f vinaigre peut s’unir à beaucoup de matériaux
immédiats de végétaux. Il diffont les extraits,
les mucilages, les.fels efîentiels; il touche
même un peu aux gommes-réfines & aux huiles:
on 1 aflocie facilement avec des matières extractives
& colorantes végétales, de manière à lui
communiquer leur faveur, leur odeur, leurs pro-
p iétés médicinales ou agréables. C ’eft fur cela
qu’eft fondé l’art de faire des vinaigres médicamenteux,
des vinaigres de table & de toilette, des j
vinaigres aromatiques , par la fimple infufion ou j
par la diflillation. La prétention qu’on avoit autrefois
de former des vinaigres médicinaux très-im-
portans, en failant fermenter des plantes médicamenteuses
avec du vin, eft reconnue depuis long-
tems pour une erreur.
•. Le vinaigre diffout très-facilement aufli le glu-
tineux de la farine de froment, & on peut féparer
de cette diAblution, meme après plufieurs années,
par le moyen des alcalis, ce corps avec fon élalti—
cité & fes propriétés cara&ériftiques.
§• V. Des diverfes modifications ou efpeces £ acides
formés par le vinaigre.
34. On a v u , par le détail des propriétés décrites
jufqu’ ic i, que l’acide du vinaigre étoit fuf-
ceptible de fe trouver dans quelques modifications
particulières, & qu’on pouvoit le diftinguer dans
chacune d’elles, fînon comme efpeces diftinétes,
au moins comme variétés méritant une dénomination
fpéciale & déterminée. C ’eft ainfi qu’au
mot de vinaigre on ajoute ceux concentré par la
gelée, pour difiinguer celui qui a été privé d’une
partie de fon eau par la congélation ; bouilli, pour
annoncer cet effet de confervation que quelques
minutes d’ébullition y produifent. C ’eft ainfi encore
que l’exprefiion d‘acide acéteux, fynonyme de
celle de vinaigre d ift illé le diftingue cependant,
&caraélérife allez fa nature un peu différente pour
ne laifler aucun fujet de confulion entr’eux.
_ 3j. Sans doute des obfervations nouvelles, &
faites avec beaucoup de foin, feront quelque jour
regarder comme une variété particulière de cet ;
acide, celui qu on obtient par la diftillation des
acétites terreux ou alcalins , & celui qui fie dégage
par le feu de J’acétite de plomb. Mais celle
de.toutes les modifications de cet acide ,- qui a.
été jufqu’ici le plus foigneufement difiinguée,
qu on a le plus étudiée, & qui a préfenté en
effet les différences les plus prononcées & les plus
remarquables aux obfervateurs, c’eft le pro >uit de
la décompofition de l’acétite de cuivre criftallifé
par l’aétion du feu.
36. Lorfqu’on diftille ce fel réduit en poudre,
dans un cornue de verre ou de terre avec un récipient
, on obtient un fluide d’abord blanc & un peu
acide, mais qui acquiert bientôt une acidité con-
fidérable, & telle qu’il femble égaler la concén-
tration des acides minéraux. On change de récipient
pour avoir à part ces deux produits : on a
donné au dernier le nom de vinaigre radical ou
vinaigre de Vénus. Cet acide eft coloré en vert
par une certaine quantité d’oxide de cuivre qu’il
entraîne dans fa diftillation. Lorfqu’ il ne paffe
plus rien, & que la cornue eft rouge, le réfidu
qu elle contient eft fous la forme d’une pouflière
brune de la couleur du cuivre, & qui donne
fouvent aux parois du vaiftèau le brillant de ce
métal. Le réfidu eft fortement pyrophorique j il
contient peu d’oxide & un peu de charbon.
On re&ifie le vinaigre de Vénus en le diftillant
à une chaleur douce ; alors il eft parfaitement
blanc, pour peu qu’on ne pouffe pas trop le f . u
vers la fin de l’opération, & qu’on ne deffèche
pas trop la portion d’oxide de cuivre qui refte
dans la cornue.
37. La réduction du cuivre , obfervée dans
cette expérience, éclaire fur la nature du vinaigte
! radical 3 on a d’abord remarqué que cet acide
étoit au vinaigre ordinaire ce qu’ eft l’acide muriatique
oxigérié à l’acide muriatique pur , ou
plutôt ce que l’acide fulfurique eft à d’acide fuL-
fureux , & ce que l’acide nitrique eft à l ’acide nitreux.
Dans; cette opération, l’acide acéteux pa-
roifloit s’unir à l’oxigène de l’oxide de cuivre,
qui paffoit en même tems à l’état métallique. Les
effets produits-par le vinaigre radical, allez différons
de ceux qui font oceafionnés par le vinaigre
ordinaire , fembloient donc dus à l ’excès d’oxi-
gène dont cet acide s’étoit emparé. Telle étoit
la théorie adoptée par M. Berthollet ; & c’étoit
pour cela que, Suivant les règles de nomenclature
tant de fois expofées dans cet ouvrage, on avoit
nommé cet acide acide acétique.
.Mais M. Perès, phirmacien, a commencé le
premier à élever publiquement des doutes fur
cette nature comparée de l’acide acétique, & à
énoncer , foit d apres plufieurs faits déjà connus
& rapproches plus exactement, foit d’après quelques
effais qui lui étoient particuliers , que la
feule différence qui exiftât entre cet acide & l’acide
acéteux pourroit bien confifter dans la proportion
du carbone , moindre dans le premier, &
plus forte dans le dernier.
Vers la fin de l’an 6 , M. Adet a lu à l’Inftitut,
fur la différence de ces deux acides, un Mémoire
où il a décrit plufieurs expériences nouvelles, foit
fur
fur la diftillation & les produits de l’acétite de
cuivre, foit fur le traitement de l’acide acéteux
par l’oxide de manganèfe, foit furies combinai-
lons comparées de l’acide acétique & de l’acide
acéteux. Après avoir fait voir qu’il fe forme de
l’eau & de l’acide carbonique , & qu’ il y a du
carbone mis à nu pendant la diftillation de l’acétite
de cuivre } que l’acide acéteux, diftille fur
de l’oxide de manganèfe, ne s’oxigène jamais j
que l’acide acétique, uni aux oxides métalliques,
ne le comporte pas différemment que l’acide acéteux;
que l’acide nitriqûe n’attaque pas plus les
métaux que l’acide acéteux; que les Tels formés
par l’un & l’autre avec les bafes terreufes & alcalines,
n’offrent que de légères différences, il a cru
pouvoir conclure de fon travail, i°. que l’acide
.du vinaigre n’abforbpit point d’oxigène dans fa
combinaifon avec l’oxide de cuivre, & ne fe pré-
fentoit pas dans deux états différens j i Q. qu’il
étoit çonftamment au plus haut-degré d’oxigéna-
tion, & toujours en état d’acide acétique, même
dans celui de viy aigre diftillé, nommé jufque-là
acide acéteux ; 30. qu’il n’exiftoit pas d’acide acéteux
proprement d it, à moins qu’on ne voulût
nommer ainfi les acides tartareux & malique, qui
par une addition d’oxigène devenoient acide acétique;
40. qu’il n’exiftoit que des acétates & non
des 'acétites; 50. enfin, que la différence entre ce
qu’on avoit nommé jufque-là acide acéteux & acide
acétique ne lui paroifloit dépendre, que de l’état
concentré du premier, & de fa quantité d’eau
beaucoup moindre que celle du fécond.
38. Mais cette concîufion de M. Adet paroît
être véritablement un peu forcée , & nou contenue
avec la précifioft énoncée dans les expériences
qui la précédent. En effet, on ne peut s’empêcher
de reconnaître des différences entre lès deux
acides énoncés par les expériences de M. Adet
Juî-même,; furtout dans les combinaifons ; diffé-
xences dont ce chimifte avoit annoncé qu’il s’oc-
cuperoit de chercher la raifon.
- M. Çhaptal s’eft occupé de cet objet en dernier
.lieu; & un mois environ après la publication çlu
travail de M. Adet, il a communiqué à la Société
philomathique des obfervations & des expériences
d’où il a cru devoir tirer des réfulcaçs un peu différens
de ceux de M. Adet. Des acides acéteux
& acétiques, amenés d’abord au même degré de
pefanteur & de concentration au moyen de l’eau,
lui ont préfenté des odeurs & des faveurs bien
différentes : l’acétique , bien plus âcre, a fait un
fel bien criftallifé avec l’oxide de cuivre; l’acé-
$eux s’eft à peine coloré en vert bleuâtre, & n’a
offert qu’une croûteSaline : celui-ci a exigé un
lixième de moins de potafîe pour être faturé, que
l’acétique. En diftillant tous les deux avec un quart
de leur poids d’acide fulfurique, le mélange de
Baçide acéteux s’eft coloré en rouge-foncé, celui
de l’acétique en jaune-paille ; Tacéteux , en biffant
du charbon dans la cornue , .s’eft rapproché
Ch im i e , Tome I V .
de l’acétique ; l’acétite & l’acétate de potaffe ,
tous deux évaporés à ficcité & diftillés également
à un feu gradué jufqu’à les décompofer complètement,
ontlaifle, le premier le treizième, & le
fécond le dix-feptième.de fon poids. En diftillant
de l’acétite de cuivre, une portion du carbone de
l ’acide acéteux fe porte fur i’oxigène de l’oxide
de cuivre, & s’échappe en acide carbonique; une
autre refte en nature avec le cuivre : ainii l’acide
acéteux paffe à l’état acétique en perdant uns partie
de fon carbone, qu’en féparent les acides ou
les oxides métalliques.
ù! M. Chaptal conclut de ces expériences, que l’acide
acéteux & l’acide acétique diffèrent réellement
entr’eux, en ce que le premier contient plus
de carbone que de foude, que l’acide acéteux ne
devient acétique qu’en fe aécarbonant ; que la
modification né dépertd que de la fôuftraéhon du
carbone ou de la diminution du radical, & non
pas de l’addition de l’oxigène ou de l’augmentation
de l’acidifiant, comme cela a lieu dans les
acides à radicaux fimples.
Il faut en effet remarquer ici que le radical binaire
hydrocarboné de cet acide doit éprouver un
changement quand la proportion du carbone y eft
diminuée ; qu’ il ne contient plus réellement enfuite
le même radical ; qu’ainfi il n’eft plus poffible de
le faire déformais repafifer à l’état d’acide acéteux,
mais que néanmoins on peut toujours confidérer
l’acide ainfi décarboné comme un acide plus oxigéné
que l’aeéteux, puifquè la proportion de l’acidifiant
y eft en effet augmentée par la diminution de
celle du carbone ; & qu’ainfi le nom d‘acide acétique
doit lui être confervé. Continuons à décrire
les propriétés qui le diftinguent.
39. L’acide acétique bien reélifiéeft d’une odeur
-fi vive & fi pénétrante , qu’il eft impoffible de la
foutenir quelque tems; il a une telle caufticité,
qu’appliqué fur la peau , il Ja ronge & la cauté-
rife ; il eft extrêmement volatil & même inflammable
: chauffé avec le contaôl de l ’air, il s’enflamme
& brûle d’autant plus rapidement qu’il eft
plus fee & plus reétifié. Cette expérience a porté
les chimiftes à croire que les produits du v.inaigre
contenoient de l'alcool, & fembloient être une
forte d’éther naturel. Cette idée s’accorde avec
l’odeur pénétrante & agréable que répandent les
premières portions de cet acide diftillé. L’acide
acétique s’évapore en entier à l'air; il s’unit à
l’eau avec beaucoup de chaleur; il forme avec les
terres, les alcalis & les métaux, des fels différens
de ceux du vinaigre ordinaire: nous les nommons
acétates de potajfe , de foude , de £inc & de mercure.
Laffone a fait voir que l’acétate ammoniacal eft
différent de l ’acétite ammoniacal ou efprit de Men-
dererus. Quoique nous n’ayions point encore une
connoiflance fuffifante de tous les acétates, leur
forme , leur faveur, leur diff dubilité , annoncent
allez qu’ils font réellement différens des acétites.
Courtanvaux a prouvé qu’il n'y avoit que la der