
logues par leur dureté & par leur ufage dans deux 1
parties du monde , eft une découverte très-cu- ;
rieufe. Comme, d’un autre côté, on reconnoît que
le coryndon eft une véritable téléfie , il en réfulte
que ces deux fubftances femblent n’être plus que
des variétés de ce dernier genre ou des gemmes
orientales.
On trouve Y émèril3 qui varie , pour la couleur 3
entre le gris , le rouge , le brun & le noir, dans
les îles de Jerfey & Guernefey, en Suède, en
Saxe , en Pologne, à I’ île de Naxos , à Almaden
en Perfe. Il fert à polir les glaces , les verres d’optique
, les pierres gemmes : on le broie dans des
moulins d’acier ; on le divife par l’ eau > pour le
débiter en poudre plus ou moins fine.
EMPIRÉE. Quelques chimiftes anglais avoient
propofé le nom Yempirée pour défigner l’oxigène ;
mais cette dernière dénomination ayant été généralement
adoptée dans toutes les écoles, la première
n’a reçu aucune fanCtion, & on ne la trouve
dans aucun des ouvrages confultés fur la fcience.
Elle auroit eu d’ailleurs, dans la langue françaife,
une tendance à la prétention qui l’auroit rendue
prefque ridicule.
EMPOIS. C ’eft une forte de colle faite avec
de l’amidon bouilli & cuit dans l’eau. On en fait
de blanc & de bleu : celui-ci eft coloré par l’oxide
vitreux de cobalt le plus fin, ou Ya^ur des quatre
feux. ( Voye% ce mot. ) L’ empois fert à coller des
papiers ou à donner une elpèce d’apprêt aux gafes
& à la mouffeline.
EMPYREUME. Voici un mot fort employé
par les chimiftes, pour défigner le goût de feu ou
de brûlé que contractent les matières végétales ou
animales chauffées trop fortement dans des vaif-
feaux fermés. Comme c’eft à l’huile exaltée, brûlée
ou décompofée par le feu qu’eft due cette
odeur, & comme il n’y a que les compofés végétaux
qui foient fufceptibles de donner de l’huile
par l’aCtion du calorique, Macquer obferve avec
raifon que le goût Y empyreume, contracté par une
matière, eft la preuve qu’elle eft végétale ou animale
; mais il n’étoit pas également bien fondé à
dire que çette odeur annonçoit fûrement la pré-
fence de l'huile dans la matière qui la préfentoit;
car les produits du fucre, de l’amidon , & c.
peuvent fentir l’empyreume, & cependant ces compofés
ne contiennent pas d’huile toute formée.
C ’eft l’aCtion du feu qui en développe chez eux.
EMULSION. On nomme émulfion une liqueur
artificielle, blanche, opaque, laCtiforme, douce,
onCtueufe , no unifiante , faite par le broiement
des femences huileufes dans l’eau : on la nomme
au Si lait d’amandes ou amandé. Elle doit fa couleur
, fon opacité, fa faveur douce à une huile
fixe fufpendue dans l’eau à la faveur d’un mucilage
; elle a plufieurs analogies avec le lait des femelles
des animaux vivipares, & fon nom même
vient du verbe emulgere, emulfus, qui exprime
l’aCtion de faire fortir le lait des mamelles de ces
animaux.
La propriété qu’ont certaines graines de former
une émulfion avec l ’eau , & qui leur a fait donner
le nom de graines ou femences émulfives i tient
à la préfence d’une huile douce te d’un mucilage
dans les cotylédons de ces femences. Lors de la
germination qui ne fe fait pas fans eau & qui exige
toujours une abforption de ce liquide par les femences
, la nature prépare dans ces femences une
forte de lait ou Y émulfion qui eft deftiné à nourrir
les premières feuilles de la plantate & à favorifer
le développement des racines ; ainfi les grains ont
été avec raifon comparés aux oeufs des animaux.
Ce font les amandes, les piftaches, les noifettes,
les avelines, les graines de concombre, de citrouille,
de pavot, de laitue, de chénevis, &c.
qui donnent des émulfions quand on les broie avec
de l’eau. Le procédé pour les obtenir eft fort
fîmple.
Après avoir enlevé l’écorce des grofles femences
par l ’eau bouillie, on lave celles qui font trop petites
pour fe prêter à cette opération ; on les pile
dans un mortier de marbre avec un pilon de buis;
on y ajoute peu à peu l’eau, en agitant le pilon
pour former une pâte bien homogène : alors on
ajoute de l’eau en remuant avec foin. On met des
quantités d’eaux différentes, fuiyant l’ufage auquel
on deftine Y émulfion. Si on doit la prendre tout
de fuite, on en met allez pour que la liqueur foit
bien fluide & d’un beau blanc mat : fi l’on veut la
réduire en firop , on y met moins d’eau , on la
laifîe forte & épaifle. On pafle Y émulfion à travers
une étoffe de laine ou une étamine fine, avec ex-
prefiion fi l’on veut extraire toute la matière émul-
fîve des femences : on pafle une fécondé eau fur le
marc , en broyant toujours de manière a l’épuifer
complètement.
Il y a quelques fubftances naturellement émulfives
qu’il ne s’agit que d’étendre d’ une fuffifante
quantité d’eau pour les réduire en émulfion. Tel eft
le jaune d’oeuf, dans lequel l’huile & le mucilage
font a fiez bien mélangés pour être dans un véritable
état émulfif concentré.
Comme on deftine les émulfions à fervir d’aliment
ou de médicament, on y diflout du fucre & on y
met un peu de fleurs d’ orange. Il eft très-eflentiel
de ne les préparer qu’avec des amandes très-
fraîches ; quelques amandes rancies en ôtent tout
l’agrément & fouvent la vertu.
On les emploie en général comme adouciflantes,
rafraîchiflantes, tempérantes dans les maladies
de l’eftomac, des iriteftins, & furtout dans celles
des voies urinaires. Les propriétés font fort analogues
à Celles du lait : fouvent cependant l'utilité
de Y émulfion l’emporte fur celle du lait, parce
qu’elle eft plus facile à digérer, ou pèfe moins
fur l’éftomac. Il faut aufli compter les émulfions
parmi les fubftances très - nutritives, & on fait
qu’elles entrent dans la clafle des alimens les plus
iains & les plus doux.
Ce n’eft pas feulement par une analogie de couleur,
de forme, de faveur, de confiftance,, de
propriétés & d’ufages que Y émulfion fe rapproche
du lait des animaux :; elle offre encore une analogie
très-marquée avec cette liqueur dans fa nature
intime.
Le lait d’amandes fe couvre d’une pellicule légère
, blanche , douce & opaque quand on lè
garde quelque tems, & il préfente une efpèce de
crème; il s’aigrit fpontanémënt & précipite des
flocons femblables au fromage , moins abondans
il eft vrai, & moins denfes que ceux de la matière
laiteufe. Les acides le caillent aufli ou le décom-
pofent à la vérité moins fortement que le lait,
mais aflez fenfiblement pour établir une compa-
raifon aflez exaCte entre les deux liquides , dont
la nature fe fert en effet pour des ufages analogues
dans les deux clafles d’êtres orgariifés.
ENCRE. Quoiqu’on puifle définir en générai
Y encre, une liqueur colorée ordinairèment en noir,
dont on fe fert pour écrire, on doit cependant
ajouter à cette définition , que le^ plus communément
Y encre eft formée par un précipité ferrugineux
dû à l’acide gallique contenu dans la plupart
des aftringens végétaux, où il eft mêlé au tannin,
& tenu en fufpenfion dans l’eau au moyen d’une
gomme qu’on y diflout, & de la légère vifeofité
que cette gomme communique à la liqueur.
Il y a un grand nombre de recettes employées
pour fabriquer Y encre. On donnera ici les principaux
procédés ou les méthodes les plus accréditées,
en obfervant qu’on peut fubftituer à la noix
de galle le brou de noix, la noix de cyprès, l’écorce
de chêne, le fumac & plufieurs autres aftringens
végétaux.
Encre de Lémery. .
Faites bouillir une livre de noix de galle con-
caflee dans fix livres d’eau de .pluie, jufqu’à réduction
des deux tiers ; jetez-y deux onces de
gomme arabique, préalablement difîoute dans fuffifante
quantité de vinaigre ; mettez dans la décoction
huitiOnces de, fulfate ‘ de- fer; donnez encore
quelques bouillons; laifîèz repofer & décantez.
C ’eft la recette qu’on trouvé dans le plus
grand nombre des livres, & qu’on pratique le plus
Communément.
Encre de Geoffroy.
t Prenez deux pintes d’eau de rivière, une pinte
dé vin blanc, fix onces de noix de galle. d’Alep
pilée ; laiflèzmacér'er pendant vingt-quatre heures,
en remuant de tems fen tems la liqueur j faites
■ Chimie, Tome IV»
bouillir en fuite, pendant une demi-heure ; retirez
le vaifleau du feu ; ajoutez à votre décoCtion ,
gomme arabique, deux onces; fulfate de fer, huit
onces; fulfate acide d’alumine, trois onces; faites
digérer de nouveau pendant vingt-quatre heures ;
donnez-y enfuite quelques bouillons, & paflez la
décoCtion refroidie au travers d’un linge. Cette
recette n’eft pas fi bonne que celle de Lémery: on
la fuit moins que cellé-ci, quoiqu’elle foit conft-
gnée dans plufieurs ouvrages.
Encre de Macquer.
On prend noix de galle, une. livre ; gomme
arabique, fix onces ; fulfate de fer , fix onces ;
bière, quatre pintes. On concafle la n.oix de galle ;
on la faitinfufer vingt-quatre heures fans bouillir;
on ajoute la gomme concaflee , & on la laifîe dif-
foudre ; enfin ôn met le fulfate de fer, qui donne
auflîtôt la couleur noire ; on pafle par un tamis de
crin. Cette recette eft tirée du Dictionnaire de
ckimie de Macquer ; elle eft très-bonne & très-
employée.
Encre du do Heur Lewis.
Lewis, médecin & chimifte anglais, à qui l’on
doit des recherches utiles fur les arts chimiques,
a fait beaucoup d’eflais fur Y encre. Il réfulte de
tous ces éflais , qu’il faut toujours en revenir à la
noix de galle, au fulfate de fer & à la gomme.
Y.oici la recette qu’il a trouvée la meilleure :.
Dans trois chopines de vin .blanc ou de bon vinaigre,
on fait bouillir pendant une demirheure
trois onces de noix de galle, une once de bois
d’Inde & une once de fulfate de fer : on y ajoute
une once & demie de gomme arabique qu’on
laifîe bien dfflbudre y après quoi on la pafle pat
un tamis , & Yencre eft faite.
Encre de Vogler.
M. Vogler a fait une belle encre noire ayant
Fodeur de rofe, en faifant bouillir dans un vafe de
terre une once & demie de racine de tormentille
( lormentilla erefta). Après la décoCtion il décanta
& verfa dans le liquide une diflolution de trois gros
de fulfate de fer, & un gros de gomme arabique ;
il remua le tout avec un bâton lorfque le refroU
diflement commença, & il employa avec fuccès
Y encre qu’il obtint. On ne donne point ce procédé
comme économique* mais,comme prouvant que
l’en peut faire de belle & bonne encre avec d’autres
matières que la noix' de galle,: celle-ci pafle
d’ailleurs pour être très-folide.
- La, théorie de tous, ces procédés eft la même,
puisqu’il y eft toujours queftion des<mêmes, fubftances,
fulfate de fe r , noix de galle & gomme.
Dans ces mélanges., l’acide gallique & le tannin
de la noix de galle décompoferu le fulfate de fer,
précipitent ce métal en un gall.ate de fer noir