
lequelj étant exactement fermé *par en haut, permet
à l'air de circuler tout autour, & d'entrer par
les, trois ouvertures dont on a parlé plus haut.
Ce fourneau eft fabriqué avec de l'argile très-
réfra&aire ; il eft couvert par Un dôme mobile.,
per<é au milieu, lequel eit defti.né à concentrer
la chaleur.
Comme le vent des foufflets excite fortement
& rapidement l'aCtion du feu, la forge eft très-
commode lorfqu’on veut appliquer promptement
un grand degré de chaleur; mais elle ne vaut rien
dans toutes les] opérations qui exigent que la chaleur
croilfe, & ne foit appliquée que par degrés.
On fe fert de la forge ou du vent des foufflets
pour certaines opérations en petit, dans les laboratoires
, comme pour fondre les fels, les métaux,
les minés, &c. : on en fait aufli beaucoup d'ufage
dans les travaux en grand qui exigent une grande
chaleur , fans qu'il foit néceiîaire que .cette chaleur
foit ménagée, & principalement dans les fontes
8c les travaux des mines & des matières métalliques.
(V..)
FORGES. (Métallurgie.} Ce ne font, à proprement
parler, que les ufùïes dans lefquellcs on
travaille la fonte dé fer, telle qu'elle eft fortie des
hauts fourneaux, pour la convertir en fer malléable
: ce travail, eonfifte à fondre la gueufe, à affiner
8c à marteler. Mais dans un fens plus étendu,
on appelle forges toutes les ufines ou l'on fabrique
& travaille le fer en grand, avant de le livrer au
commerce : ainfi, fous cette dénomination l'on
comprend les fonderies, les forges proprement dites,
les finderies, tôleries , &c. ( V^oye^ les détails
du travail des forges aux A rts et Metiers de
cet ouvrage.) (D . )
FORMIATES. On nommoit formiates un genre
de fels formés par l’union des bafes alcalines, ter-
reufes t$c métalliques , avec l’acide qu'on croyoit
particulier aux fourmis. Il eft aujourd’hui bien
reconnu que cet acide n'eft qu'un mélange d'acide
acétique & d’acide malique, & que les formiates
font eux-mêmes des mélanges d'acétates & de ma-
htes. ( Voyei les mots Acide formique, Formique
ht Fourmis.)
FORMIQUE (Acide). On a déjà traité de
Y acide formique dans le premier volume de cet ouvrage
; mais pour corriger l'article qui le concerne,
il faut lire l’article Fourmis , où font
expofées les nouvelles découvertes qui éclairent
fur la véritable; nature de cet acide* ( froye^ U mot
Foùrmls qui fuir*}
FÔURMISv L.es fourmis ïntéreftent h chimie
par les. travaux dont elles ont été le fujet, 8c par
tes découvertes que ces travaux ont fait naître. ;
Oh a reconnu d’abord que ces infeéïes étoient
, acides, 8c rougifloient quelques fleurs 'bleues.*
Plulieurs chimiftes s’ étoient occupés de rechercher
la nature de l’acide contenu dans les fourmis i
En 1670, Fifcher décrivit le premier plufieurs de
fes propriétés. Margraf, Arnviflon, (Êhrn, Berg-?
man, Afzelius & Fontana ont fait fuccceffivement
des recherches plus ou moins étendues , dep>. iî
1748 jufqu’en 1778, fur cet acide. Les uns conclurent
de leurs travaux , que l'acide des fourmis
avoit de l'analogie avec l’ acide acétite5 les autres,
que cet acide étoit d’une nature particulière y fui
generis. Thouvenel afliira (fans cependant que fort
opinion fût bien fondée fur l’expérience) que cet
acide n'étoit autre chofe que l'acide phofpho.ri-
que. M. Deyeux étoit celui de tous les chimiftes
qui avoit le plus infifté fur l'identité de l’acide
formique avec l’acide a;éteux, & qui i'avoit établie
par des expériences exâéles.
Tel étoit l’état des connoiffances fur cet objet,
Iorfque M. Vauquelin 8c moi, nous avons entrepris,
en 1803, de reprendre l’analyfe des fourmis ,
qui nous fembloit laiffer encore des doutes, & d’y
appliquer les moyens plus nombreux 8c plus fûrs
que l'analyfe animale avoit acquis depuis lés travaux
de M. Deyeux. Nos recherches n'ont point
été vaines, 8c nous ont préfenté quelques faits
intérefl’ans qui avoiént échappé à nos prédécef-
feurs. Nous avons configné notre travail dans les
Annales du hlufeum d‘ Hifoire naturelle•.
Des fourmis, de l’efpèce nommée formica rufi ^
écra'fées dans un mortier de marbre y ont exhalé
dans cette opération une odeur vive & piquante,
femblable à celle du vinaigre radical : leur macération
dans l’alcool a coloré ce liquide en jaune*.
L’infufion alcoolique, foumife à la diftiliation ,
s’eft féparée en trois fubftances bien diftinétest
i°. un liquide inflammable d’une légère acidité ±
qui a palfé dansée récipient, & qui.n'étoit que
de l’alcool mêlé d’un peu d'acide acétique igné
2°. un dépôt brunâtre, qui s'eft formé* dans la
cornue ; une liqueur acide furnageant ce dépôt :
cette liqueur, féparée par le filtre du dépôt qu'elle
furnageoit, & faturée avec la chaux,eft devenue
brune, épaiflè, d’une faveur piquante & nauféa-
bonde ; elle mouftbit comme l'eau de favôn , ex-
haloit l’odeur du vinaigre par l'acide fulfurique,.
donnoit un précipité blanc abondant avec le nitrate
de plomb, un précipité jaunâtre avec,le nitrate
d'argent, & un précipité filant 8c duéiile
avec l'alcool.
Une partie de la liqueur épaiffie, mêlée avec
une demi-partie d’acide fulfurique concentré , &
deux parties 8c demie d’eau, a- donné un magma
fort épais. Ce mélange a fourni, par la diftiliation,
un produit clair & incolore, d'une odeur 'ernpy-
reumatique & d'une faveur aigre a fiez? forte, dans
lequel on n'a découvert aucune trace d'acide ful-
furique, & qui , combiné à la potafiè, a offert
un véritable acétate de potafle : c'étoit donc del'acide
acétique. Le réfidu de la diftiliation du •
mélange avoit pris une couleur foncée 8c une
odeur de brûlé aéfagréable.
La combinaifon de l’acide des fourmis 8c de la
chaux nous a offert un fait remarquable j elle a
formé, dans la diffolution d’acétate de plomb , un
précipite redifioluble par l'acide acétique. Cette
expérience nous a appris que l'acide enlevé aux
fourmis par l’alcool, contenoit autre chofe que de
l'acide acétique, 8c que cette fubftance n'étoit pas
volatile. L’expérience fuivante nous a éclairés fur
fa nature.
Une partie de la combinaifon de l’acide des
fourmis avec la chaux, a été mêlée avec une diflfo-
iution de nitrate de plomb : il s'eft formé un précipité
abondant, de couleur jaunâtre, qui, mis
iur un charbon ardent, noirciffoit fur le champ,
exhaloic une odeur animale 8c ammoniacale, tandis
que le plomb fe réduifoit à l’état métallique.
De l’acide fulfurique, étendu de fix parties d’eau,
ayant été verfé fur ce précipité, il elt devenu plus-
blanc & plus lourd ; la liqueur avoit alors une légère
faveur acide & fucrée, qui s eft bientôt changée
en une faveur nauféeufe par Faddition d’acide
fulfurique.
Cette liqueur, examinée comparativement avec
de l'acide malique, par un grand nombre d'expériences,
nous a offert exactement les phénomènes
que préfente cet acide végétal, 8c nous avons conclu
de cet examen, que les fourmis contiennent j
donc, 8c forment cor;féquemment de l’acide malique
, comme les végétaux, 8c que c'eft fans doute
la préfence de cet acide qui en a impofé aux chimiftes
qui nous ont précédés dans ce travail.
Le dépôt brunâtre, formé dans la cornue où
l’on avoir mis en diftiliation Finfufion alcoolique
des fourmis, recueilli fur un filtre féché, eft devenu
caffant. Cette matière avoit alors une couleur
rouge foncée, tirant au noir; une caffure
;liffe, brillante 8c comme réfmeufe, une faveur
prefque nulle : infoluble dans l'eau, elle lui com-
muniquoit, par une longue macération , une légère
couleur fauve, due vraifemblablement au
mélange d'une petite quantité de matière ex-
tradive.
L'alcool l'a. diftoute, à l’exception d’une matière
brunâtre, que l’expérience a fait reconnoître
pour une fubftance albumineufe, coagulée par la
chaleur. La diffolution alcoolique avoit une couleur
rouge aflèz foncée ; elle devenoit laiteufe par
l'addition de l’eau : il s'en eft féparé, après quelques
jours, un dépôt réfiniforme, mou & filant,
.de couleur rougeâtre, d’une faveur nauféabonde,
peu foluble dans l'eau , qui eft une matière grafte,
d'une nature particulière.
Les fourmisy épuifées par l’alcool, ont fourni
.par la diftiliation une eau limpide, légèrement alcaline,
& fai Tant effervefcence avec les acides ;
une huile rouge-brune, épaiflè & aflèz. fétide. On
diftinguoit dans ce produit une odeur de vinaigre ;
il étoit évidemment formé d'huile empyreumatique
fétide , de carbonate & d’acétate d'ammoniaque,
le tout diflbus dans une grande quantité d'eau.
Ce qui reftoic dans la cornue étoit un charbon ,
qui a laifte, par une longue 8c difficile combnf-
ti.on, environ un fixième de (on poids’de cendres
de phofphate de chaux, & d’un peu de fable mêlé
d’abord avec .les fourmis.
Il réfulte de cette analyfe, que les fourmis font
compofées d’une grande quantité de carbone, uni
à une petite quantité d’hydrogène, & à un peu
d'oxigëne de phofphate de chaux, qui conftitue
la. partie folide de l’infeéle''; d'une atfez grande
quantité de refîne, & de quelques parties d’albu*
mine 8c de gélatine animale.
La préfence des acides acétique & malique, qui
y font,.à ce qu’il paraît, dans un état de concentration
& en grande quantité, a droit d'étonnet
lès chimiftes. Ii.feroit difficile de concevoir comment
ces petits animaux peuvent vivre au milieu
d'un liquidé aufli aigre, fi l’on n’admectoit que
cet acide eft féparé des autres humeurs par de$
vaifîeaux particuliers qui ne communiquent point
avec les organes eflentiels à la vie, & qui ne s’ouvrent
qu'au dehors de leur corps.
La préfence de l'acide malique dans les fourmis
nous fournit l’occafion de remarquer avec quelle
profufion il eft répandu dans les compofés animaux
& végétaux; profufion qui fans doute doit être
attribuée à la facilité avec laquelle il eft formée
foit par l'art, foie par la nature.
Quoiqu’il ne foit connu que depuis peu, on l’a
trouvé à l'état de pureté dans tous les fruits à pépins
, à noyau, dans un grand nombre de baies,
dans la liqueur féparée par les poils des pois chiches
; à l'état de combinaifon avec la chaux , 8ç
fans doute avec la potafle, dans le fuc des joubarbes
, des craflula, des mefembrianthemum, des
aloés, &c.
On fait que c’eft le premier acide qui fe Forme
par la réaêLon des acides nitrique & muriatique
oxigénés, fur toutes les fubftances végétales &
animales ; il fe trouve également tout formé dans
les plantes vivantes & les animaux vivans, particuliérement
dans la clafle des infedes.
On doit le confidérer comme l’ébauche de l’acidification
dans les procédés de la nature & de
l’art ; il précède la formation des acides oxalique
&acéteux. Il n'eft befoin, pour opérer cette con-
verfion, que de diminuer la quantité de fes radicaux
( le carbonate & l'hydrogène ) , en y ajoutant
de l'oxigène ; c'eft ainfi que1, dans les opérations
de la nature, il produit les acides tartareux,
citrique , oxalique & acéteux, en perdant une
partie de fes radicaux, qui fe convectiffent en eau
& en acide carbonique par l’oxigène atmofphé-
rique. ;
La nature tend donc, toutes les fois qu’elle peut
difpofer de principes néceftaires, à former d’abord
de l’acide malique, aux dépens duquel elle fabri-
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