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polie auparavant, non-feulement terne & obfcure, 1
mais encore inégale , raboteufe, ridée , caftante, I
& fufceptible de s’en détacher par la percuflion. 1
C ’eft ainfi qu’en frappant un morceau de cuivre
tenu rouge pendant quelque tems, il s’en détache
des croûtes d’un oxide brun, connues fous le nom
et écailles ou de batuures de cuivre, fous lefquelles
ce métal reparoît avec fa,belle couleur rofe. On
obtient aifément cette efpèce d’oxide pur en
plongeant dans l’eau froide un morceau de cuivre
bien rouge , un grand nombre de fois de fuite : à
chacune de fes opérations, l’eau froide condenfe
& reflerre fubitement la pellicule d’oxide formée
à fa furface, qui, pcuflee par ce refferrement lubit,
fe brife , fe détache en petits fragmens, & tombe
en poudre grofiière au fond de l’eau. En féchant
cette poudre, en la payant au porphyre, on a
une pouffière brune prefque veloutée. Le cuivre,
dans cette combuftion qu’on n’a crue que le premier
point de fon oxiaation, mais qui ne peut
jamais être pouffée plus loin , comme on le verra
bientôt, augmente de vingt-cinq parties 6c abforbe
cette proportion d’oxigène fur cent de métal. Cet
oxide brun ou noir fe réduit facilement en métal
par l’a#ion du carbone & de l’hidrogène des huiles,
à l’ aide de la chaleur. Auffi les fondeurs de cuivre
fe contentent-ils de jeter les batitures dans le
creufet ou ils ont- du métal en fufion, & furtout
du cuivre jaune, dans -lequel le zinc qui y eft
contenu , en s’emparant de la portion d’oxigène
de l’oxide brun , le ramène prefque fur le champ
à l’état métallique.
33. L’oxide de cuivre brun , qui varie du rouge
foncé ou marron au brun fombre, n’a cette couleur
que par une forte de fufion ou de vitrification.
Quand on 1e fait chauffer jufqu’à le faire légèrement
rougir avec le conta# de l’air, & en l’agitant
pour multiplier fes furfaces avec l’atmofphère , il
devient beaucoup plus foncé & prefque noir. On
a cru que , fous cette nuance noire , il étoit bleu
très intenfe : on a regardé cette nuance comme
un fécond degré d’oxidation de cuivre y où le métal
paraiffoit contenir de feize à vingt d’oxigène ,
tandis qu’on n’ en admettoit que huit ou dix dans
l’oxide brun 5 mais il eft reconnu maintenant ,
d’après lès dernières recherches de M. Prouft, que
ces deux couleurs appartiennent au même oxide
dans deux états ou dans deux modifications de
forme ; que l’un & l’autre font également un oxide
à ving-cinq d’oxigène pour cent, & qu’on ne peut
p?s pouffer plus loin l’ oxidation du cuivre, & que
jamais il ne paffe a un plus grand degré, puifque la
couleur verte, qu’on regardoit comme un maximum
d’oxidation, n’eft due qu’à une combinaifon acide,
& ne contient pas plus qu(e la proportion d’oxigène
indiquée , c’eft-à-dire , vingt-cinq pour cent.
34. Quoique l’oxide brun ou noir de cuivre foit
affez facile à réduire à l’état métallique , il entre
cependant, & fpéçialement le brun, dans plu-
ficurs combinaifons vitrifiées , & teint les verres
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en brun marron ou en rouge foncé. On peut fabriquer
très-promptement un oxide brun de cuivre
en chauffant deux ou trois parties de ce métal en
limaille, avec une partie d’oxide vert, dont l’acide
& l’eau qui y font contenus , opèrent avec une
grande promptitude l’oxidation de toute la maffe
du cuivre. Il faut noter encore que la couleur
rouge de fang ou brune brillante de1 l’oxide de
cuivre, couleur qu’affe#e Couvent le premier oxide
noir ou l’oxide brunâtre du cuivre quand on le
pouffe vivement au feu ,n ’eft que l’indice d’une
efpèce de fufion , d’une forte de vitrification , Sc
non celle d’une moindre oxigénation comme on
l’avoit cru. C ’eft ainfi que,dans les fourneaux où
l’on affine le cuivre, ce métal eft recouvert d’une
enveloppe vitreufe, rouge qui fe rencontre auffi
fur les baguettes avec .lefquelles on en retire de
tems en tems des effais.
35. Tous les faits que je viens de préfenter fur
l’oxidation du cuivre n’appartiennent qu’à fa combuftion
lente ou foible : il eh eft d’autres qui font
compris dans l’hiftoire de fa combuftion forte Sc
rapide, Sc qu’il eft auffi e fient tel de bien con-
noître. Quand on pouffe trop fortement J’a#ion
du feu fur le cuivre, quand on le jette, par exemple,
i en limaille très-fine dans un foyer bien ardent, ou
quand on le fait rougir à blanc dans un creufet
après l’avoir fait fondre, il brûle beaucoup plus
rapidemment que dans les premiers cas ; il éprouve
une véritable inflammation j il donne même une
flamme verte très brillante : auffi le fait-on entrer
dans la compofition des feux colorés dans les petits
artifices, furtout dans ceux qu’on appelle artifices
de table. On opère le même effet, qui eft fenfible
à la furface du creufet où l’on fond & où l’on
braffe le cuivre bien fondu Sc bien rouge, en
frappant ce métal en petite maffe , ou en fils ou
en feuilles minces par l’étincelle éleétriqué foudroyante.
Il donne tout à coup une flamme verdâtre
& fe brife en décrépirant’ Sc en s’éparpillant
en fumée ou en pouffière dans l’air : çn peut la
recueillir fur des papiers où l’on a un oxide brun
rougeâtre qui recouvre Sc enduit ceux-ci. C ’eft à
cette propriété que l’on doit auffi la couleur verte
que l’on voit prendre fi fouvent à la flamme des
diverfes matières combuftibles, mais furtout à l’alcool
lorfqu’ on y a mêlé ou diflous des fels cuivreux.
Malgré l’a#iyité & la différence de ce genre de
combuftion d’avec l’oxidation lente que j’ai' décrite
auparavant, l’oxide qui en eft le réfultat, n’offre
conftamment que vingt-cinq parties d’oxigène fur
cent de métal, Sc reffemble complètement à celui
que Ton obtient par la'première combuftion ; Sc
il eft bien prouvé qu’il n’y a qu’une efpèce d’oxide
cuivreux.
36. On ne connoît point encore l’union du
cuivre avec les premiers corps combuftibles, fur-
tout avec l’azore , l’hydrogène & le carbone *
auxquels on croit même qu’il n’eft pas fufceptible
de fe combiner. On ne fait autre chofe, finon que
Vhydrogène Sc le carbone décompofent l’ oxide
de ce métal, lui enlèvent l’oxigène, Sc le font
rèparoître à l’état métallique, à la Température
rouge. Cependant il faut remarquer que le gaz
hydrogène réduit 1? oxide Sc même quelques tels
de cuivre en métal, comme ceux de plufieurs autres
métaux , par le feul conta#, lorfqu’pn Es lui
préfente délayés dans l’eau ou dans l’état de dif-
folution, & qu’il n’opère pas le même changement
fur eux quand ils font expofés à fon adtion
fous la forme fèche. Je reviendrai fur cette réduction
des oxides & des fels métalliques humides
par le gaz hydrogène dans l’hiftoire de l’argent
& de l o r , dont les oxides en font beaucoup plus
fufcepdbles que celui de cuivre, ainfi que fur les
expériences & la théorie de madame Fulhàm ,
anglaife, qui s’eft beaucoup occupée de cet
objet.
37. Le phofphore fe combine facilement avec
le cuivre y 6c c’eft même un des phofphures métalliques
les plus connus, parce que c’eft celui
qu'on obtient le plus communément en raifon de
l’habitude où l’on eft d'évaporer l’acide phofphorique
dans des vaiffeaux de ce métal. Pelletier a
décrit avec beaucoup de foin les propriétés du
phofphure de cuivre, après avoir obfervé que ie
réfidu de la diftiiiation du phofphore, faite avec
de l’acide phofphorique évaporé dans des baflines
de cuivre, vaiffeaux d’ ailleurs très-convenables à
cette opération, contenoit une combinaifon de
phôlphore & de cuivre, fous la forme de petits
grains réparés ou de maffes un peu plus confidé-
rables. Pelletier a préparé ce phofphure en chauffant
dans un creufet parties égales de cuivre en
copeaux & d’acide phofphorique vitreux, avec
un feizième du tout de pouffière de charbon. Mar-
graff avoit déjà obtenu auparavant un phofphure
de cuivre en diftillant un oxide de ce métal avec
du phofphore. Le chimifte français a de plus découvert
qu’ on pouvoir auffi préparer ce compofé,
quoique moins complètement, par la fufion de
parties égales de cuivre en copeaux & de verre
d’acide phofphorique, & furtout en' jetant du
phofphore fur du cuivre rougi dans un creufet.
Dans ce dernier cas, le cuivre fe fond auffitôt que
le phofphore eft en conta# avec lui, Sc il abforbe
a peu près quinze à vingt parties de phofphore
fur cent. Le phofphure de cuivre faturé eft d’un
gris-blanchâtre brillant Sc métallique , fouvent
irifé , grenu, ferré Sc dur dans fon tiffu : il eft
beaucoup plus fufible que le cuivre 5 cependant
il ne coule point à la lumière d’une chandelle,
comme l’avoit dit Margraff. Expofé au feu fous une
mouffie, ou traité au chalumeau , il fe fond ; le
phofphore vient brûler avec éclat & déflagration
a fa fui face, & le cuivre refte en une efpèce de
feorie noirâtre. A l’ air il fe divife, change de
couleur, perd fon brillant, noircit, 6c fe convertit
par une èfpèce d’efflorefcence en phof-
paate de cuivre ; cependant on peut le conferver
des années entières fans altération dans des vaif-
feaùx fermés. Dans la fabrication de ce phofphure
avec le verre d’acide phofphorique, il y a toujours
un peu de feorie vitreufe, noire, Sc plus ou
moins bien fondue , qui recouvre ou enveloppe
le culot raffemblé au fond du creufet.
38. Il y a plufieurs manières d’obtenir la combinaifon
au foufre & du cuivre y 6c fuivant les cir-
conftances qui accompagnent l'opération on a
dïfferens genres de compofés. Si l’on mêle du foufre
en poudre 6c de la limaille de cuivre y Sc fi l’on
en fait une pâte avec de l’eau , cette pâte, expo-
fée à l ’air, fe gonfle légèrement, fe fendiile ,
augmente de volume, s’échauffe foiblemenc, 8c
finit par former une maffe- brune qui s’effleurit
lentement à l’air Sc s’y convertit en fulfate de
cuivre mais cette a#ion eft infiniment moins
marquée que celle du fer traite de la même maniéré.
Si Ton chauffe dans un creufet parties égales
de foufre & de cuivre en poudre, on obtient
par la fonte une maffe foncée en couleur, une
[efpèce de matte aigre, caftante, plus fufible que
le métal. Pour la teinture Sc la peinture des toiles
, on prépare cette combinaifon en ftratifiant
dins un creufet des lames de cuivre Sc du foufre.
Lorfque le tout eft fondu, on pulvérife la matière,
& elle eft employée fous le nom déjà ancien
dVr Veneris ; c’eft la même matière que la
précédente. Dans quelques ateliers on emploie ce
procédé pour préparer le fulfate de cuivre , en
chauffant fortement cette combinaifon dans un
• four.
La fociété des chirniftes d’Amfterdam a fait fur
le fulfure de cuivre de nouvelles obfervarions. En
chauffant doucement du cuivre en limaille fine 8c
du foufre dans un tube de verre bouché par un
:bout, & que l’on plonge dans un fourneau à
travers les charbons, le mélange fe fond en une
maffe brune, très-fufiblé, qui fe criftallife en
prifmès ou rayons très-alongés, d’un rouge fonce.
Si on le tient fondu ou feulement ramolli quel-,
que tems, il rougit, fembie fe pénétrer de feu
fans que cela^vienne du vafe même, Sc par la propre
réadtion de fes matériaux conftituans il exhale,
comme en s’enflammant, une lumière du plus
beau rouge Sc du plus v if éclat 5 de forte que les
chirniftes hollandais, qui ont cru rencontrer dans
ce phénomène une véritable combuftion fans que
:1e conta# de l’air y fût pour quelque chofe, en
avoient tiré quelques indu#ions oppofées à la
do#rine pneumatique $ mais il eft plus aifé & plus
naturel d’attribuer cet effet à la phofphorefcence
du compofé, ou bien à un peu d’air contenu dans
l’appareil, puifqu’il eft certain que l’expérience
n’a pas été faite avec les précautions néceffaires
pour affurer l’abfence totale de l’air , & pour
repouffer toute idée de la combuftion Dns oxi-
gène; car quand on fuppoferoit, fur la première
apparence, que ce compofé de fulfure de cuivre'
artificiel s’enflamutât en effet fans air, ne pour-
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