
qu'on nomme réfine ou poix réjice dans le commerce.
( Voye£ les mots RÉSINES , TÉRÉBENTHINE
[0 Poix. )
COMBINAISON. Le mot combinaifon eft fou-
vent employé pour défigner tantôt le phénomène
qui a lieu lorfque deux fubftances s’unifient^
chimiquement & forment un compofé}
tantôt, & a la vérité le moins ordinairement,
pour parler du compcfé lui-même une fois formé.
Sous le premier point de vue, tout ce qu'on peut
dire de la combinaifon a été compris dans les mots
affinité & attradion. Sous le fécond on trouvera
quelques détails particuliers aux mots compofés
& compofition. Il ne s'agit ici que de bien définir
Si de bien faire concevoir fa valeur du mot
combinaifon : quelques exemples de l'emploi de :
ce mot, fuivant fa double acception, fuffiront
pour ne lailfêr aucun louche lür cette valeur, &
pour tn faire bien fentir la vraie exprelfion.
On dit dans le premier fens : I l s'opère, une
combinaifon , il y a combinaifon , il n'y a pas
combinaifon , la combinaifon avance , retarde , fe
ralentit,- la combinaifon s'arrête, des corps entrent
en combinaifon. On obfervera , relativement à ce
premier fens , que le verbe combiner ne s’applique
jamais qu'aux opérations où il y a une
union chimique.
Dans le fécond fens du mot combinaifon , un
peu moins fréquemment 8c moins purement employé
, on dit : La combinaifon ejl dijfoluble , fu-
Jible , fapide , infipide , fixe , volatile , &c. Il
eif ici bien évidemment employé comme fyno-
nyme du mot compofé , mais il ne le remplace
pas véritablement ; 8c il feroit à defirer que tous
les chimiftes , d'aeçord avec ceux qui parlent &
écrivent le plus purement eh français dans leur
fcience, ne s'en Lryiflent que pour défigner
r.iéte même de l'union entre les corps.
COMBUSTIBILITÉ. On entend par comiuf-
tibilité, en chimie, la propriété par laquelle
les corps combuftibles tendent à brûler. Pour
la plupart des hommes , 8c long-tems pour Ls
chimiftes eux-mêmes , le mot combufiibilité ne
s’appliquoit qu'aux fubftances qui avoient pour
caraélère de donner de la flammemu de brûler
très-fenfiblement pour tous les * u x , quand
on élevoit plus ou moins fortement leur température
avec le contaél de l'air. Mais depuis
les brillantes expériences. & les fameufes découvertes
de Lavoifier 8c des autres chimiftes français,
qui ont fait une fi grande révolution dans
la fcience -, la combufiibilité fe montre par d'autres
caraétères , 8c on la reconnaît à d’autres
lignes. Il n'eft pas néceflfaire qu'un corps chauffé
dans l’air s'enflamme pour être rangé dans la I
claffe des combuftibles a. il fuflàt qu’il ait la pro- j
priété bien reconnue d’abforber plus ou moins I
promptement le gaz oXigène contenu dans l'air j
atmofphérique, ou de ie dénaturer 2c de iui en- 1
lever îa qualité d’entretenir la combuftion fen-
fîble, pour qu'il Toit par cela feul compris au
rang des matières combuftibles. Souvent même
les matières l^s plus inflammables brûlent lentement
, épuifent entièrement & complètement
leur propriété combuftible , fans produire aucune
flamme , aucun des phénomènes fenfibles
à la préfence defquels les hommes reconnoiifent
ordinairement la combufiibilité y & après cette
combuftion lente, fans flamme , fans ardeur, fans
mouvement vifible , ils n'en font pas moins des
corps brûlés. ( Voye^ U mot Combustion. )
COMBUSTIBLES. Ce que l’on vient de dire
au mot combuftibilité fait voir que les com-
hufiiblcs'ne font pas toujours , ou néceffairement
des corps qui brûlent avec flamme , ou au moins
qu'il n’eft pas indifpenfable de réunir l’idée dè
flamme & d’inflammation pour concevoir la nature
générale ou le caraélère prononcé des combuftibles.
Cependant il eft bon de faire obferver
ici qu’il n’y a pas un corps de ce genre qui,
chauffe fortement, ou élevé à des températures
plus ou moins grandes , ne devienne fulceptible
de produire de la flamme. Ainfi tous les com-
buftihUs font réellement inflammable s ; mais leur
inflammabilité , quoiqu’inhérente à leur nature ,
n’eft pas tellement liée à leur combuftibilité ,
qu’on foit obligé de concevoir celle-ci comme
toujours dépendante de celle-là. En un mot, la
combuftibilité des combustibles doit être regardée
comme beaucoup plus générale ,. comme
plus fréquente , comme plus propre à les caractériser
que l’inflammabilité , parce qu’il fufKt
qu’ il y air fixation ou abforption d’oxigène ,
ou combinaifon de leur propre fubftance avec
| l'oxigène, pour déterminer leur combuftibilité,
tandis qu’il n’eft pas du tout indifpenfàble qu’il
y ait en même tems dégagement rapide de lumière
& apparition de flamme pour fpécifier 1 exiftence de cette propriété. Ainfi l’on peut
définir d’une manière très-générale ou dans la
plus grande généralifation poffiblë les corps com-
bujlibles , en difant que ce font tous ceux qui
peuvent abforber l’oxigène ou fe combiner avec
lui, s’en faturer au point de ne pouvoir plus en
prendre une nouvelle quantité, Sc de perdre pat
cela même leur propriété combuftible.
Il réfulre de cette confidération , que le nombre
des corps combufiibles eft aujourd'hui beaucoup
plus multiplié qu'il ne l’étoit autrefois,
puifqu'avant rétabliffemênt de la do&rine pneumatique
, avant les bc.lies découvertes qui l'ont
fondée , on ne regardoit comme telles que les
fubftances fuCceptibles de brûler avec plus ou
moins de flamme. Quoique le nombre de. ces
fubftan e s , extrêmement multiplie aujourd'hui,
-femb’e autorifer à rechercher dans 1 enfemble &
les propriétés comparées de ces corps , des dif-
tinélions propres à les biew reconnoitre ôc à- les
bien claffer les uns par rapport aux autres, quoiqu’il
fût poffible de les divifer,Toit par les régnés
de la nature, auxquels ils appartiennent, en combufiibles
minéraux, végétaux & animaux , foit par
rapport à leurs propriétés phyfiques & chimiques;
en combufiibles folides, liquides & aériformes ; en
combufiibles fixes & volatiles ; en combufiibles fufi-
bles ou réfraétaires , foit d'après le mode même
de leur combuftibilité, en combufiibles avec flamme
& en combufiibles fans flamme , &c. On n'offrira
ici qu’un genre de claflification beaucoup plus général
& beaucoup plus important > c’eft celui qui
eft fondé fur la nature intime de ces. corps, & qui \
doit conféquemment porter la lumière la plus vive 1
fur leurs combinaifons : cette claflification eft relative
à leur état limple ou compofé.
Il y a des corps combufiibles dont l’art n’a
pas pu jufqu’ici féparer les principes primitifs ,
reconnoïtre les compofans , Se qui , de quelque
manière qu’on les traite, n’obéiflent jamais qu'à
des combinaifons, fans prêter ep aucun fens à
leur analyfe. Ceux-là, fe comportant dans toutes
les operations de l'art Se dans toutes, celles
qu'on a pu apprécier dans la nature , comme
des corps Amples , ou plutôt indécompofables
jufqu’ ici par nos moyens, ont été regardés en
effec comme Amples. On compte dans cet ordre
l ’hydrogène , bafe du gaz inflammable j le carbone,
bafe dit charbon; le phofphore, le fou-
fre , le diamant Se les métaux. Iis fe trouvent
tous dans le règne minéral : en les rencontre
fofliles , fouvent criftallifês , & le plus fouvent
encore unis à l’oxigène, & dans l’ état de corps
brûlés. Quelques auteurs modernes ont prétendu
avoir décompofé pluAeurs de ces combùftibies,
& y avoir trouvé l'union de deux autres^ Ce
n’eft là qu’une opinion qui n’eft appuyee par aucune
expérience concluante. .
D’autres corps combufiibles, formant une clarté
oppofée à la précédente , font manifeftement,
compofés, & on y trouve alors par l’analyfe
au moins deux des corps combuftibles Amples
dont on vient d’ offrir le dénombrement, Spécialement
l’hydrogène Se le carbone. Telles font
les matières végétales inflammables , contenues
dans les végétaux & les animaux, les huilés,
l’alcool, les graiffes,&c. Les bitumes, qui ont une
origine végétale ou animale, doivent aufli être
rangés dans cette claffe. Le caraélère tranché de
ces combuftibles compofés, c’eft de donner deux
produits diftinéls & Sépares par la combuftion :
l’hydrogène en effet forme de l’eau, & le carbone
de l'acide carbonique. PluAeurs encore, parmi
les compofés organiques , ont la propriété d'àb-
forber de l’ oxigène lans éprouver une Véritable
combuftion, ou au moins fans fe difiocier de manière
à former ou de l’eau ou de l’acide carbo- }
nique en s’ ifolant: c'eft ainft que les huiles Axes
deviennent des beurres , des graiffés ou des cires
en abforbant de l'oxigène, & que lçs huiles vola- 1
tiles partent à l’état de réAne. Il y a aufli un grand
nombre de corps combuftibles compofés de deux
autres qui appartiennent aux minéraux, tels que
le foufre phofphore & le phofphore fulfuré , les
fulphures, les phofphures, les carbures métalliques,
les alliages & les amalgames, le gaz hydrogène
fulfuré, phofphore & carboné.
On peut admettre encore, dans les compofés
animaux , des combuftibles plus compliqués dans
leur compofttion : il n’y a guère lieu de douter
que fouvent les liquides Se les folides de ces êtres
contiennent des combinaifons triples de carbone,
de phofphore , d'hydrogène Se de foufre. Mais
on n'a point encore examiné la nature de pareils
compofés combuftibles ternaires ou quaternaires.
Les corps combuftibles, outre leur ufa"ge général
dans les arts pour procurer de la lumière
i ou de la chaleur qu’ils dégagent de l'air, font
employés en chimie , foit pour les combiner
entr'eux deux à deux, foit pour les unir à des
matières non combuftibles, foit pour les brûler
& examiner leur effet fur l’air , fur le gaz oxi-
gène , ou le produit de leur combuftion j fc.it
enfin pour en débrûler quelques-uns , à l’aide
de la diverfité d’attraélion qui e'xifte entr’eux.
Ces differens ufages , comme les phénomènes
qui tiennent à leur combinaifon ou avec l’oxi-
gène, feront développés, foit à l’article particulier
à chacun d'eux, foit à l'article corhbuf-
tion qui fuit immédiatement celui-ci.
COMBUSTION. Voici un des articles dont
l’ancienne chimie n’avoit prefque rien à dire,
dont la phyfique expérimentale avoit commencé
à s’occuper à la fin du fiècle dernier, fous les
aufpices de Boyle, qu’on ne'croyoit pas devoir
être placé quelque jour fous le domaine de la
fcience de l'analvfe, & que Macquer a le premier
préfenté comme appartenant à la théorie,
de cette fcience , dans la. fécondé édition de
fon Dictionnaire de chimie en 1777 , époque
où l’on commençoit à appercevoir d’une part
l’ influence que la découverte des flu’des élafti-
ques devoit avoir fur la connoiflance de ce phénomène
; de l’ autre, la réaétion heureufe que
cette cojinoiffance une fois acqnîfe auroit bientôt
fur tou# la marche de la chimie.
Au tems de Stahl, l’hiftoire toute phyfique
encore de la combuftion n’avoit , ou plutôt ne
fembloir avoir d’autres rapports avec la chimie,
que celui du dégagement du feu, que ce grand
chimifie avoit attribué tout entier aux corps
qui éprouvoient la combuftion. La néceflîté de
l’air pour l'entretien de ce phénomène avoit
déjà été démontrée par Boyle, mieux fentie par
Mayow, confidérée avec un peu plus de foin
par Haies & par Boerrhaave, mais tellement
négligée par Stahl, qu’il fembioit en avoir oublié
ou méconnu les effets. C'eft à l’époque
ou Lavoifier a commencé fes belles & exactes