Cette efpèce de creufet a la forme d’un cône
renverfé , dont la pointe s’élargit en pied fembla-
ble à la patte d’un verre à vin, pour qu’il puifle
fe tenir dans la pofition verticale. Il y en a en
fer j en cuivre 3c en terre j les premiers font bons
lorfque les métaux qu’on y coule n’ont pas fur
eux une trop grande action , ou n’ exigent pas ,
pour fe fondre , une chaleur capable de ramollir
la fubftance des cônes3 & de les fouder enfemble.
Ceux de terre n’ont pas cet inconvénient ,
mais ils fe caftent facilement , & expofent l’artifte
à perdre fon métal.
Pour éviter que les cônes ne fe collent avec les
métaux qu’on y coule, on enduit leur furface
avec de la graiffe 3 de l’huile ou du favon 3 qui 3
en fe décompofant, laiflent une couche de charbon
fuffifante pour empêcher toute combinaifon.
Le peu d’ufage que l’on fait maintenant de ces
inftrumens, & le peu d’utilité dont ils font en
chimie, doit nous difpenfer d’en donner la
figure, (V . )
CONGÉLATION. Ce mot a différentes acceptions
dans les fciences phyfiques ; il eft d’abord
employé pour defigner le moment où l'eau fe
glace : on dit terme de la congélation 3 degrés au
deflùs ou au deffous de la congélation 3 en parlant
du thermomètre. On s’en fert encore pour défi-
gner l’état concret que prennent toutes les liqueurs
falines , muqueufes, gélatineufes 3 lorf-
qu’après les avoir épaiflies ou évaporées 3.on les
laiffe refroidir. ( Voÿei les mots Evaporation,
Cristallisation. )
CONTRE-POISONS. L’article des contre-poisons
appartient plutôt au Dictionnaire de Médecine3
qu’au Dictionnaire de Chimie ; aufli l’ai-je traité
dans le premier de ces ouvrages , auquel je renverrai
pour les détails. Mais il eft néceflaire , dans
un Traité de chimie , de ne pas entièrement paf-
fer fous filence un fujet qui en eft dépendant fous
quelques rapports : tels font les contre-poifons.
Si 3 traité médicalement , ce fujet préfente trois ;
parties qui ne font point du reflort de la chimie 3
lavoir : l’hiftoire des contre-poifons émétiques3 celle ;
des contre-poifons adouci flans & invifcans, celle des
contre-poifons fpécifiques , il eft une quatrième partie
, celle des contre-poifons chimiques 3 qu’il eft
néceflaire d’indiquer brièvement.
On nomme contre-poifons chimiques les fubftances
deftinées par leur nature & leur a&ion connue , à
détruire l’effet délétère des poifons en .les faturant ,
les neutralifant & les détruifanr. C ’eft ainlî que les
acides agiflent à l’égard des alcalis , & les alcalis ou
les terres alcalines à l’égard des acides, les fulfures
& les hidrofulfuresà l’égard des oxides & des fels
métalliques, le quinquina fur ceux-ci, & fpéciale- .
-ment fur le tartrite de potafle & d’antimoine. Il ;
n’eft pas de notre fujet de faire ici le dénombrement
de toutes les fubftances qui peuvent être
employées comme contre-poifons chimiques. Chaque
corps fimple ou compofé , vénéneux , fera traité
fous ce rapport à fon article. Trois réflexions qui
peuvent avoir une grande utilité , nous paroiflent
feulement ici indifpenfctbles. L’une eft relative à
: la néceflité de n’employer les contre-poifons chimiques
que lorfque les poifons font introduits depuis
peu de tems dans le corps, & que lorfqu’on
eft fûr qu’ils exiftent dans l’eftomac.
La fécondé a pour objet de ne confeiller l’emploi
de ces contre-poifons que très-divifés , très-
étendus d’eau ou d'un autre liquide, en telle
forte qu’on ne puifle pas faire au médecin chi-
mifte le reproche d’ajouter à l’adion d’ un poifon
celle d’une matière aufli âcre & aufli a&ive.
La troifième appartient à un fait chimique
d’une grande importance dans fes applications.
C’eft l’influence bien connue & bien expliquée de
l’acide muriatique oxigéné fur toutes les fubftances
ou fur tous les compofés organiques. Il réfùite
de là qu’on peut regarder cet acide comme fuf-
ceptible de détruire tous les virus, tous les poifons
végétaux & animaux. Il y a plus de quinze
ans que je l’ai propofé pour détruire les miafmes
infects & putrides, que je l’ai annoncé comn e
dénaturant les virus variolique, &c. & l’expérience
a bien confirmé depuis ma première afler-
tion. Je l’indique aujourd’hui avec la même aflu-
rance pour annuller l’aCtion 8c la nature des poifons
végétaux,tels que l’opium,le ftramonium,&c. 8cc.
Il n’ÿ a rien à redouter de fon ulage dans l ’eftomac
& les premières voies : une expérience déjà très-
répétée prouve qu’on peut l’âdminiftrer, faible à
la vérité , fans qu’il produife aucun mauvais effet.
Ce fera quelque jour pour les médecins inftruits
en chimie, un des plus pui flans fecours que l’art
ait mis à leur difpofîtion. ( Voye^ les mots Acides,
Acres , Alcalis , Poisons , Sels métalliques.
I
COPAL. Les na.turaliftes & les marchands ont
nommé gomme ou réfne copale, une matière réfir
neufe concrète, fort peu connue encore, quoique
très-employée pour les vernis, & fur la nature
comme fur l’origine de laquelle il y a beaucoup
d ’incertitudes. Bucquet la croyoit, d’après Car-
theufer, une refîne pure, & la nommoit animé
oriental ou copal vrai ; il la décrivoit comme
femblable au fuçcin , infipide, inodore 8c d’une
origine inconnue; il connoiffoit fon peu de diffb-
lubilité dans l’alcool; il annonçoitqu’elle l’y deve-
noi.t à l'aide-d’autres fucs réfineux.
Lehman a donné , fur cette matière, une Dif-
fertation dans laquelle il rapproche , par fes pror
priétés., la copale des bitumes. On trouve dans
l'Art du Peintre 3 par Watin, l’extrait de cette
Diflertation, 8c des détails intéreffans fur les propriétés
de ce corps réfineux.
Les artiftes & les ouvriers appellent cette refîne
l,e copal. Je confignerai ici fous ce nom l’ article
que M. Tingry, chirnifte de Genève, a donné fur
cette matière dans fon Traité des vernis. On y
trouvera les notions les plus exactes fur fes propriétés
ufuelles 8c fon emploi dans les arts. C ’eft
l’auteur le plus moderne & le plus inftruit fur cet
objet.
« Le copal, dit M. Tingry, eft une matière
» réfineufe qui découle naturellement d’an grand
« arbre, dont l’efpèce eft abondante dans la Nouas
velle-Efpagne. Les Indes orientales fourniffent
as aufli le copal; mais il y eft plus rare. Il pafle in-
a» fenliblement de laconfîftance huileufe à l’état de
aa réfîne folide. Les infeCtes, comme les mouches,
aa les fourmis , qüi y font renfermés, dénotent
aa aiïez que cette matière a été liquide , 8c qu’elle
aa ne doit la folidité qu’on lui reconnoît qu’à deux
aa caufes réunies, le contad de l’air qui en diflipe
aa les principes volatils, 8c l’aétion gu fluide fo-
aa laire.
aa Le copal, tel que le commerce nous le pré-
aa fente, répand une odeur forte quand on le brûle,
aa 11 eft dur, folide , luifant à fa furface, tranfpa-
aa rent, d’une couleur citrine, quelquefois cepen-
a» dant cette couleur pafle à l’orangé.
aa De toutes les personnes occupées par goût ou
»3 par état à la préparation des vernis, aucune n’a-
a> voit été frappée d’un des principaux caractères
aa du copal 3 celui de tracer une ligne intermé-
9a diaire entre les réfines ordinaires 8c le fuccin ,
aa relativement à leur propriété de folution dans
aa les liqueurs fpiritueufes. Il a donc, comme le
■ a fuccin, le privilège de préfenter une .fubftance
aa particulière. Il tient aux réfines les plus commu-
aa nément employées dans les vernis, en ce qu’ il
»3 fe laiffe entamer, dans quelques circonftances ,
33 par des liqueurs huileufes qui n’agiflent point
»3 fur le fuccin , & il fe rapproche de celui-ci par
as la réfîftance qu'il oppofe à l’adion des liqueurs
33 fpiritueufes, qui s’emparent facilement de toutes
33 les vraies réfines.
33 Lorfqu’on le deftine à la compofîtion des ver-
33 nis, il faut le choifîr net. J’ai apperçu que celui »3 qui porte une couleur très - ombrée préfente
33 moins d’obftacles à fa folution que le copal le plus
33 pur, & par conféquent le moins coloré : nous 3» en indiquerons les caufes dans la fuite des obfer-
» vations.
33 II a d’abord été connu fous le nom de gourme
sa copale ; mais la manière dont il fe comporte au >3 feu, ainfi que la réfiftance qu’il oppofe à l’aCtion 93 de l’eau , ont porté les naturaliftes à le défigner 33 fous la dénomination de réfine copale. Néanmoins
M cette dernière expreffion n’eft pas plus heureufe
33 que la première , parce que l’alcool (efprit-de-
■** vin ) n’agit pas fur le copal avec l’énergie qu’il
3ï développe, fur les réfines. Ces diftin étions, qui
»3 font plus ou moins exaétes, font fentir la nécef-
33 fite d’admettre le nom fpécifique de copal, en
M laiffant de côté toute expreflion tendante à fta-
as tuer fur fa nature particulière. Telles font fes
*> principales propriétés chimiques.
33 i®. Le copal eft foluble en partie dans l'alcool
>3 lorfque fon application eft directe, c’eft-à-dire ,
33 fans intermède.
as 2°. Il eft foluble en totalité dans l’alcool lorf-
33 qu’étant très-divifé on lui préfente un fluide
s? moins aqueux que l ’alcool, 8c qui devient un
33 intermède qui facilite fon union avec lui. Tel
>3 eft l’effet qu’on obtient en commençant la folu-
33 tion dans l’eflence de lavande.
»3 30. Il eft foluble dans l’eflence de tévében-
>3 thine, en totalité & fans intermède, lorfqu'eile
33 a acquis de la part de la lumière folaire un état
»3 de denfité, une modification particulière, qui
33 établiffent une efpèce d’homogénéité avec les
33 principes ôw copal 3 ou lorfque le copal a fubi une
33 modification particulière de la part du feu.
33 4°. Il eft foluble en totalité dans i’éther ful-
»3 furique 8c fans intermède , lorfque la pefanteur
93 fpécifique de cette liqueur conftate fon extrême
33 pureté j car il ne faut pas croire que toute li-
99 queür qui porte le nom d’éther convienne au
30 cas particulier que j’expofe.
9 3 1 1 eft donc reconnu que l’alcool ne peut pas
33 être regardé comme véhicule propre à la folu-
33 tion du copal. Sur ce point l’auteur du Parfait
33 Vernijfeur ne paroît pas partager la même opi-
33 nion, puifqu’il fait entrer le copal dans diverfes
33 formules de vernis à l’alcool. J’ai néanmoins
33 éclairci un fait qui démontre que l’addition du
3> copal à certaines réfines, contribuoit à la foli-
33 dité, & même à l’éclat 8c au brillant du vernis;
33 mais pour juftifier ce mélange , il convient de
os porphyrifer le copal en petite quantité avec de
33 fortes dofes de 'réfines très-foiublés dans l’ai—
»3 COol. >»
COQUILLES. Les coquilles, fi variées dans
leur forme, dans leur couleur, dans leur volume,
qui fervent, par ,1a diverfité de leur ftru&ure , à
caraêlérifer des genres, & , par leurs nuances ou
leurs appendices, à déterminer des efpèces très-
nombreufes, dont les collections forment un fpec-
tacle fi agréable à tous les yeux, & préfentenc
même, pour les favans, une fuite de données
intereflantes fur la nature & les fondions des
animaux qui les habitent, n’offrent aux chimiftes,
parmi les innombrables variétés de ces productions
, qu’une feule & unique fubftance, qu’un
compofé prefque parfaitement homogène de carbonate
de chaux, mélangé d’un peu de matière
gélatineufe, calcinable en chaux vive par la chaleur,
difîbluble avec effervefcence par tous les
acides, & contenant quelquefois une petite quantité
de muriate de foude.
Le plus grand & le plus utile emploi que l’on
ait fait des coquilles, eft relatif à la conftrudion
des édifices. Elles donnent une chaux très-bonne
& très-pure , dont on fe fert dans tous les lieux à
portée de la mer. On avoit cru autrefois que la
chaux d’ écailles d’huitre avoit des propriétés