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connoître avant de $*en fervir -, mais on les fépare
de l’eau, on les fait dépofer 8c s’attacher fur les
étoffes. A ce genre appartiennent les bois d Inde
& de Bréfil le fernambouc * le campeche oc le
bois jaune* la garance* la gaude, & la première
couleur du carthame ou fafran bâtard. Toutes ces
parties colorantes fe diffolvent dans 1 eau ,qu elles
teignent plus ou moins fortement* fuivant leur
nuance : mêlées avec de l’alun ou du muriate de-
tain 3 & précipitées enfuite par un alcali* elles
donnent des laques.
io. Je place dans le fécond genre de couleurs
extraftives oxighées celles qui ont éprouve * a ce
qu’il paroît * par l’effet.de la végétation * un changement
dans leur nature* dépendant de l abforp-
tion de l’oxigène* qui ont ceffe par-rla d etre ctil-
folubles dans l'eau comme elles 1 etoient primitivement*
ne font fufceptibles que d etre ramol les,
fondues 8c difféminées dans ce liquide bouillant
en pétits flocons qui s’en précipitent par le retroi-
diffement, & qui conîéquemment fe depofcnt
fpontanément fur les étoffes, y adhèrent oc les teignent
folidement : auffi le procède pour les extraire
& les employer en teinture eft-il tres-fimple. Les
teinturiers les nomment couleurs de racines, il lutnc
de tenir quelque tems les étoffes plongées dans leur
bain*pour qu’elles y prennent de la couleur fonde 5
celle-ci eft prefque toujours plus ou moins rauve.
La racine de patience, le bois & L’écorce d aulne*
Je chêne * le fumac * le brou de noix * la noix de
galle* font de ce genre. On peut y rapporter encore
prefque toutes les écorces, 8i les bois 8c 1 s
racines, d’où Ion fépare* dans l’art pharmaceutique,
des extraits folides * bruniffant a 1 air* 3c
dont les décoctions fe troublent & depofent par
Je conta# de l’atmofphère.
20. Dans le troifième genre je comprends les
couleurs que je nomme carbonées * parce que toutes
leurs propriétés annoncent quelles contiennent
une grande proportion de carbone auquel
elles doivent leur folidité & leur inaltérabilité.
Ce font celles fur lefquelles les découvertes modernes
ont commencé à jeter le plus grand jhur *
& dont M. Berthollet * dans fes Mémoires * ainii
que dans fes Elémens de l'art de la teinture , a fait
connoître la nature & les principales propriétés.
Les ehimiftes en avoient, avant lui, de tres-rauiies
idées, ou plutôt ils n?en avoient véritablement
aucune idée exa#e* aucune notion fatisfaifante.
Us les croyoient des matières huilçufes ou reli-
neufes* & elles ne font réellement ni l’une ni
l’autre. Malgré la belle analyfe de Lindigo* la plus
remarquable de ces couleurs, donnée par Berg-
mann * il n’y avoit rien d’exaft encore fur ces fin-
gulières matières,avant l’heureufe.application que J
yi. Benhollet a faite de la doftrine pneumatique
à la théorie des fubftances colorantes. Celles*-#,
q u i, dans leur genre * renferment le rocou, l’or-
feille, l’indigo & le paftel, ne font pas finalement
eÿtîraip6s par l’avion de l’eau * de fubftançes yége-
M A T
taies naturelles qui les contiennent toutes formées $
elles font le produit d’une altération plus ou moins
profonde * d’une décompofîtion plus ou moins
avancée, d’une véritable combuftion operée par
la putréfaClion* dans laquelle l ’hydrogène s en elt
exhalé plus ou moins promptement, 8c le carbone
a été mis à nu. On les difïout ou on les délaie dans
les alcalis ou les matières alcalines * 8c quelquefois
par des procédés très-particuliers, dont je dirai
un mot plus bas. Elles font toutes fufceptibles
d’un autre ordre de fermentation qui les brûle plus
fortement* & les réduit à l’état purement char-
boneux. .v
21. Je fais un quatrième genre des matières
colorantes végétales * que je nomme couleurs hydrogénées
ou réfineufes * parce qu’elles font véritablement
de cotte nature : on les reconnoit a leur
inflammabilité* à leur indiffolubilité. dans 1 eau ,
à leur diffolubilité dans les huiles & dans l’alcool.-
L’orcanette fournit une couleur rouge, brillante
aux huiles. Les réfines colorées * le fang-dragon *
la réfine de lierre * celle de gaïae * les gommes-
réfines * contiennent abondamment cette efpece
de principe colorant. Il eft peut-être un des plus
fréquens dans les végétaux* puifqu il n y en a
aucun qui ne donne de la couleur a 1 huile ou a
l’alcool. Mais ces couleurs * quoique tenant une
place très-remarquable parmi les faits chimiques*
n’en occupent qu’une bien petite dans l art qui
s’occupe de leur extraction 8c de leur application*
puifqu’elles ne font point ou prefque point employées
dans la teinture. La rofe elle-même, fleur
fi tendre & fi paffagère qu’elle a toujours ete ,pour
les poètes* l’image de la beauté, donne a 1 alcool
une teinture qui devient rougeâtre par un acide,
& verte par un alcali. C’ eft à cet ordre auffi qu il
faut rapporter la couleur verte * fi generalement
répandue dans les plantes* 8c qui eft cependant fi
altérable qu’on ne peut jamais la confervèr. Cette
partie colorante eft diffoluble dans les huiles &
l’alcool. 11 eft auffi quelques couleurs végétales qui
n’appartiennent à aucun des quatre genres prece-
dens * puifqu’elles n’en ont point les caractères *
& puifqu’il n’y a prefqu’aucun moyen de les dif-
foudre : tel eft le jaune des fleurs * & fpécialement
celui des pétales des renoncules* 8c de pluûeurs
autres fleurs inaltérables comme elles.
22. Cette diftin&ion générale des matières colorantes
en quatre genres ne fufïit pas pour en
confidérer les efpèces. Il eft néceffaire de les traiter
fous un autre point de vue, & * en defeendant
jufqu'à chacune d’elles, de les envifager par rapport
aux diverfes teintes générales dont elles font
décorées. Ici la bafe de l’art tinétorial doit nous
fervir de guide. 11 y a , fous ce rapport * quatre
genres très-diftin&s de confidérer chacune en particulier
* & de confulter* pour les connoître * les
articles qui les concernent. ( Voye\ en confequence
les mots Bois j a u n e * B o i s d e B r é s i l , B o i s
d ’ I n d e . B r q u d e n o i x , C a m p e c h e , Ç a r -
t h a m e ,
M A T M A T 7 2O1A /
THAME, CURCUMA* ÉcORCE D’AULNE , FeR-
nambouc, Galle ou Noix de galle * Garance
, Gaude * Indigo, Orcanette* Or-
seille* Pastel * Quercitron, Rocou* Sang-
dragon , Santal rouge * Sarrète, Suie*
Sumac , T ournesol.)
Le règne animal fournit quelques matières colorantes
précieufes ; mais la cochenille étant la feule
employée * je renverrai à ce mot.
Les expériences que M. de Rumford a faites
avec cet inftrument * le portent à conclure que les
corps froids , auffi bien que les corps chauds, envoient
continuellement de leurs furfaces * à l'aide d’une
fubftance éthérée* des rayons ou plutôt des ondulations
analogues à celles qui font produites dans
l’air par les corps fonores \ que l’inrenfité des
rayonriemens de différens. corps à la même température
eft moindre dans les corps polis* que
dans les corps non polis, & que les rayons qu’un
Matière de la chaleur. Avant qu’on eût
adopté le nom de calorique * les' ehimiftes em-
ployoient l’expreffion de matière de là chaleur *
pour défigner ce corps qui ceffe d’être chaud
ïorfqu'il entre dans des combinaifons,* 8c qui ne
le devient que dans l’état de liberté. On a traité
de fes propriétés aux mots Calorique 8c Chaleur
; cependant, comme plufieurs phyfîciens ont
fait des recherches fur cette matière depuis l’époque
déjà affez reculée où ces derniers articles
ont: été rédigés* nous ajouterons ici quelques détails
pour compléter l’hiftoire des connoiffances
acquifes donc cet ouvrage doit donner le tableau.
Dans un premier Mémoire' , M. de Rumford
décrit Un inftrument qu’il a imaginé, 8c auquel il-
donne le nom de thèrmofeope. Cet inftrument eft
formé d’un tube de verre recourbé, à angle droit
à fes deux bouts, 8c portant à fes extrémités deux
boules très-minces dë verre. La partie horizontale
de ce tube a quinze à feize pouces de longueur
, & celles qui font recourbées 8c qui s’élèvent
verticalement * ont fix à fept pouces. Le diamètre
du tube doit être d’environ une demi-ligne,
& le diamètre des boules d’un pouce & demi à
un pouce trois quarts. On introduit, par une ou-
Vëtuite pratiquée à une des extrémités de la partie
horizontale du tube* une quantité colorée d’ef-
prit-de-vin * fù&ûnte pour former dans le tube
un cylindre d’un poïiee 4e long j puis on Tcèle
hermétiquement cette ouvëftuCË; après toutefois
avoir conduit le liquide coloré* autant .que poffi-
ble * au milieu de la partie horizontale dif f«Lb&.>
ce qui demande beaucoup d’adreffe. L’inftrumenf
étant ainfi difpofé, on otè* par le moyen d’un
écran * toute communication entre les deux boules
* afin que LaCtion des corps fur l’une n’ait
aucune influence fur l’autre. Lorfqu’on prëfènte
à Lune de ces boules un corps d’une température
quelconque* mais différente de la température de
l’inftrument * l’air qu’elle contient fe dilate ou fe
condenfe, 8c fait marcher le petit cylindre de
liquide coloré d’un côté ou de l'autre du tube.
Cet inftrument eft délicat & fi fenfiblè * qu’à la
température de 15 à 16 degrés de Réaumur, la
chaleur de ;la(main fait fur-le-champ marcher la
bule colorée j & un difque métallique noirci, de
quatre pouces de diamètre * de la température de
la glace fondante * préfenté à la diftance de dix-
huit pouces ,1e fait marcher en fens contraire très-
rapidement.
Chimiz. Tome IV,
.corps quelconque* à une température donnée*
envoie dans toutes les directions * font, ou calorifiques*
ou frigorifiques pour les autres corps,
fuivant la nature de ceux-ci.
Dans un fécond Mémoire* l’auteur continue*
par des expériences, à prouver les propofitions
qu’il a établies dans le Mémoire précédent. Pour
cet effet * il a conftruit un appareil compofé de
deux vafes.en forme de cylindres* de quatre pouces
de diamètre, 8c de quatre pouces de haut. Ces
vafes peuvent contenir un‘ thermomètre, & ils
font fupportés** fur un point très-petit de leur
fond* de manière à Ce que les corps extérieurs
influent le moins poffible fur les réfultats des expériences
auxquelles ces vafes.font fournis.
Les furfaces de ces vafes étoient polies ou couvertes
de noir de fumée * de vernis 8c d’autres
corps analogüés qui pouvoient changer leurs fur-
faces* & ils étoient remplis intérieurement d’eau
à un.degré de température déterminé* dê manière
qu’on pouvoit juger,.par le tems que le thermo-
mètre mettoit à parcourir un certain nombre de
degrés * foit en montant, foit en defeendant * de
l’influence qu’exerçoient les furfaces des vafes fur
les rayonnemens calorifiques ou frigorifiques. Il
réftilte des faits obfervés * que * dans tous les cas
où lés furfaces des vafes étoient polies, les mou-
vemens du thermomètre s’opéroient beaucoup
plus lentement que dans les cas contraires * d’où
l'auteur fuppofe que la furface réfléchiffante d’un
corps poli n’eft pas la vraie furface du coups* mais
une furface fituée à une certaine diftance de ce
corps.
Par ses faits* il eft conduit à expliquer plufieurs
phénomènes inexplicables jufqu’à préfent* comme
celui de la goutte d’eau qui ne s’évapore pa,s même
fur un fer rouge de feü* tant quelle conferye fa
forme ronde * &c. &c.
Dans un troifième Mémoire * M. de Rumford
fait connoître les expériences qu il a faites *'pbur
favoir fi les ^phénomènes qui. fe préfentënt dans
lechauffement 8c le refroidiffement des corps métalliques
expofés à l’air libre *.fe répéteroient dans* '
le refroidiffement & l’échauffement des mêmes
corps entoures d’une couche d’une certaine épaif-
feur d’air renfermé. Ces expériences ont été faites
au moyen d’un vafe cylindrique de cuivre jaune*
de trois pouces de diamètre * 8c de quatre pouces
dé hauteur , avec un goulot dé trois quarts de
pouce de diaipètre, & de quatre pouces de long.
Y y y y