
h glace qui n’eft que de l'eau douce. Ce moyen
iêroit bon pour fe procurer de l'eau douce en
mer fi la température éroit toujours favorable à.
cer effet. Mais fi ce moyen n'a pas été d'une
grande utilité pour les navigateurs , il a du moins
éclairci un point de théorie.
La diftiliation eft le procédé le plus efficace
pour rendre Veau de mer potable & falubre , & il
eft indiqué depuis long-tems par plufieurs phyfi-
ciens. Hauton, Tranfactions philofopkiqu.es (année
1670) ou CoIL51. acad., tome V I Ip a g e 60 y
paroît être le premier qui ait fait une attention
particulière à la diftiliation de Veau de mer à hord.
Il propofe d'ajouter à cette eau3 avant que de la
diftiiler, de l'alcali fixe, & de plonger dans la
mer le tuyau du chapiteau de l'alambic, qui porte'
Veau diftillée dans le récipient. La mer devient le
réfrigérant de cette diftiliation. Il recommande de
mêler enfuite Veau diftillée avec une certaine
terre qu’on fépareaprès par la décantation. L'effet
de cette terre , fuivant Hauton, eft d’émouffer &
d'envelopper l'efprit volatil de fel, dont il fup-
pofe apparemment que Veau de mer eft chargée.
En 1717 , M. Gauthier, médecin de Nantes,'
s ’occupa de cet objet : il a donné la defeription
d’une machine diftillatoire, inférée dans le troi-
fième volume des machines approuvées par l’Académie,
page 149, au moyen de laquelle on '
peut diftiiler avec économie de Veau de mer, en ;
quantité fuffifanta à la confommation de l'équipage
d’un navire. Ce vaiffeau diftillatoire, tout
excellent qu il peut être, ne peut fervir que fur
terre , comme un alambic ordinaire. Il eft arrivé
que Veau de la cucurbite étoit lancée dans le chapiteau
de l’alambic par le roulis du navire, 8c
gâtoit Veau qui étoit déjà diftillée 3 ce qui a obligé
d'abandonner cette machine..
Il étoit réfervé à M. PoifTonnier , confeiîîer
d’état, médecin de la faculté de Paris , & médecin
confultant du roi , d'imaginer une forme d’alambic
plus fimpte , & qui pût fe placer commodément
dans un navire. On peut, avec cet alambic,
diftiiler à bord même, pendant les plus grands
mouvemens du navire, fans qu'il foit .à craindre
que Veau de la cucurbite puiffe être lancée dans
le chapiteau,-comme celaarrivoit avec les alambics
ordinaires ou avec la machine de M. Gauthier,
que nous avons citée. M. PoifTonnier a encore
varié la forme de fon alambic de deux manières
différentes, afin qu’il devînt d'un fervice
plus commode 8c plus général. Le fourneau de
l’un eft renfermé dans la capacité de l'alambic
même. Cet alambic n'a d’autres ufages que pour ;
la diftiliation de Veau de mer à bord. La fécondé •
machine que M. PoifTonnier a propofée dès l’am I
née 1765, & qui a été adoptée feulement jufqu'à
préfent par M. de Grand-Olofmêlé , armateur de
Saint-Malo, pour diftiiler de Veau-de mer 2b ord, eft
compofée de deux cucurbites placées l'une à côté
de l’autre dans le même fourneau 8c dans remplacement
de la'cuifine dont elle fait partie. L’une
des deux cucurbites fert alternativement de vaiffeau
pour diftiiler de Veau de mer , & de marmite
pour faire le bouillon à l’équipage. Dans cette
conftruélron, le feu eft placé fous les alambics,
comme à l’ordinaire : il n’y a point de cylindre.
Comme l’eau potable eft importante en mer, 8c
que les machines inventées par M. PoifTonnier ne
font point encore publiées, cet habile phyficien
a bien voulu me communiquer le travail qu’il a
fait fur cet objet, pour le placer ici. Je vais donner
la defeription des deux appareils qu’il a imaginés
pour remplir les vues qu’ il s’étoit propofées.
Les figures LX1, LXII & LXIII clafife F l des
inftrumens pour la diftiliation, repréfentent l’alambic
, qui a fon fourneau renfermé dans fa capacité.
Cet alambic eft vu fous différentes faces. Il
peut être de grandeur arbitraire : nous le fuppo-
fêrons d’une grandeur déterminée d’après l’échelle
placée au bas de la gravure.
La figure LXI repréfente l’alambic en entier. La
figure LXU repréfente ce même alambic vu fous la
même face, mais coupé pour voir l’intérieur. ABD,
figure LX13 eft un coffre de cuivre étamé à la manière
des Orientaux ; mais pour pouvoir vider ce
vaiffeau commodément 8c entièrement, on donne
à fon fond la forme d’une coupe, au bas de laquelle
on foude en h un robinet de cuivre à l’extérieur.'
Dans le ventre de cet alambic, on a pratiqué
en B tin cylindre vertical qui eft le fourneau ,
comme on le voit en B , figures LXII Ù LXIII.
Ce cylindre fe prolonge horizontalement dans
toute la longueur de l’alambic D C , figure III y
au bout duquel on adapte un tuyau de poêle, qui
forme la cheminée pour porter au dehors'la fumée
des matières combuftibles. Cette cheminée
eft repréfentée, figures LXI & L X I I , par la
lettre C , & par la lettre E , figure LXIII. D , figure
L X I , eft l’ouverture du cylindre vertical,
lervant de fourneau , par où l’on introduit les matières
combuftibles. En B , figures L X I , LX II &
LXIII, on pbfe une grille de fér dans l ’intérieur
du cylindre vertical , fur un petit repos pratiqué
au bas. Cette grille eft amovible , & peut faire la
bafcule pour fupprimer tout le feu en un inftant
lorfque, cela eft néceffaire.
Z , figures L X I L X I I & LXIII3 repréfente une
caiffe carrée de tôle, remplie d’eau, qu’on place fous
la grille du fourneau pour recevoir la cendre &c
les étincelles dé la matière combuftihle. IL > figure
LX I & LXIIIy eft un robinet d’obfervation,
placé à trois pouces au deffus du cylindre horizontal
, pour s’affurer que ce cylindre eft toujours
couvert d une épaiffeur Veau de trois pouces.
Sans cette attention le cylindre feroit expofé à fe
diffoudre, 8c Veau qui diftilleroit, contraéleroit
une odeur empyreumatique, 8c pourroit contenir
un peu d’acide marin, provenant de la décom-
pofition du fel marin à bafe terreufe , que Veau de
mer tieht en diffohttion. U eau de mer diftillée , qui
a les défauts dont nous parlons, eft connue par
les marins fous le nom d‘eau grillée.
G , figures LXI & LX II , repréfente le chapiteau
de l’alambic. Le bec de ce chapiteau s’introduit
dans un ferpentin d’étain, plongé dans un tonneau
H , figures LXI & LXII. Ce ferpentin fait
plufieurs circonvolutions , comme on le voit en
H I , figure LXII. I , figures LXI & LX I I , repréfente
la fortie du ferpentin au travers du tonneau.
On place , à l’extrémité de ce tuyau, un
récipient pour recevoir Veau à mefure qu’elle dif-
îille. On remplit (Veau de mer le tonneau H par
le moyen d’une pompe, 8c on renouvelle cette
eau continuellement pour, tenir toujours froide
Veau qui diftille. Ce tonneau eft fermé pour empêcher
que Veau n’en puiffe point fortir pendant
les roulis du navire.
La figure LXIII repréfente ce ijiême alambic vu
dans le fens de fa longueur, étant plus long que
large. A B eft le coffre de cuivre étamé à la manière
des Orientaux ; il fait fonction de cucur-
bite. Ce vaiffeau a trois pieds & demi de longueur
, deux de largeur, & un pied 8c demi de
hauteur.
C D eft le cylindre horizontal qui traverfe la
cucurbite dans toute fa longueur. Il a dix-huit
pouces de largeur 8c fix de hauteur; il eft ouvert
«par les deux bouts, & foudé très-exa&ement par
Tes deux extrémités à la cucurbite, & a trois
pouces au deffus du fond de ce vaiffeau ; il laiffe
autour de lui un efpaee pour qu’il fe trouve enveloppé
Veau lorfque la cucurbite eft remplie. A
l’un des orifices de ce cylindre on adapte le tuyau
de poêle E , qui forme la cheminée, à laquelle on
donne une élévation fuffifante.
L’autre extrémité du cylindre eft échancrée par
le bas en D d’une ouverture propre à recevoir
un fécond cylindre B, placé verticalement dan* le
ventre de l’alambic , & qui eft foudé très-exaéle-
ment. Ce cylindre vertical eft carré : il a un pied
de large 8c un pied de haut ; il eft percé par le bas
en B , pour recevoir une grille de fer.
d A 3 figure L X I I , & d d , figure LX IIIy repréfentent
le fond de l’alambic en forme du cuvette,
8c font voir en même tems les efpaces libres qui
régnent autour du cylindre vertical. Ces efpaces
fe rempliffent Veau lorfqu’on en remplit l’alamb
ic , 8c le contaél de Veau empêche que la chaleur
fonde les foudures du cylindre 8c de l’alambic.
b 3 figure L X I I I , eft le robinet foudé au bas de
l’alambic, pour vider ce vaiffeau lorfque cela eft
néceffaire.
La partie fupérieure de cette cucurbite eft un
.peu voûtée : le milieu eft de deux pouces,plus
relevé que vers les bords. Dans le milieu en K,
figure LX I I3 ôn a pratiqué une ouverture rende,
;dfenvito.n treize pouces de diamètre, autour de
laquelle on a foudé un collet d’étain tourné y de
deux pouces & demi de haut, 8c de fix lignes
d’épaiffeur.
Ce collet eft deftine a recevoir le chapiteau de
1 alambic : c eft une tete de mort en étain, fem-
blable à celle de l’alambic ordinaire, mais fans
réfrigérant, telle qu’elle eft repréfentée en C ,
figures LXI & LXII. L’emboîture de cette tête
de mort eft tournée, 8c fe joint très-exa&ement
au collet de la cucurbite.
En M , figure LXIII, on a pratiqué à la partie
fupérieure de la cucurbite une ouverture ronde,,
d un pouce de diamètre, pour introduire Veau
dans ce vaiffeau par le moyen d’une pompe. Juf-
qu ici nous ne voyons qu’un alambic ordinaire ,
qui n’en diffère què par la forme 8c par la difpo-
tion \du fourneau, 8c d’une portion de la cheminée
qu’on a pratiquée dans la partie fupérieure
de la capacité de la .cucurbite. Ces difpofitions
font relatives-à l’économie de la matière .combuftihle
, & à la facilité de pouvoir placer 8c déplacer
dans le navire cet.alambic , fuivant les .cir-
conftances; mais.ee vaiffeau diftillatoire ne feroit
point d’un fervice plus fur qu’un alambic ordinaire,
pour diftiiler de Veau de mer pendant les
mouvemens du navire , parce qu’un alambic ordinaire
ne pourroit empêcher que des flaques
A’eau de la cucurbite ne fuffent lancées dans le
chapiteau pendant les roulis, 8c ne gâtaffent par
conféquent Veau déjà diftillée , comme il eft arrivé
en effet avec les alambics ordinaires avec
lefquels on a voulu diftiiler à bord. Ce vaiffeau
diftillatoire, dis-je , ne feroit point d’un fervice
plus fûr fi M. PoifTonnier n’eût remédié à cet
inconvénient par le moyen d’une platine à tuyaux,
qu’il applique| dans le chapiteau de l ’alambic,
C ’eft cette pièce ingénieusement imaginée qui
rend la diftiliation praticable à bord.
La pièce dont nous parlons, eft repréfentée
en I K , figure LX III , dans le chapiteau de l’alambic.
. ^
. Elle eft particuliérement formée d’une platine
d’étain ronde, & du diamètre de l’ouverture du
chapiteau. Cette platine,eft percée de trente-fept
trous ronds de fix lignes de diamètre, femblable
à un crible fans rebords. Sur chacun de* trous on
foude un tuyau de même diamètre, & de fept pouces
de hauteur. Ces tuyaux font maintenus par leur
partie fupérieure dans leur fituation verticale par
une fécondé platine d’un moindre diamètre, percée
d’autant de trous que la première, qu’on
foude à l’extrémité des tuyaux.
Au moyen de cette pièce qu’on place dans le
chapiteau de l’alambic, les lamesd’ea& qui peuvent
être lancées dans le chapiteau, fe brifent contre
la platine, 8c il rie s’échappe jamais A'eau falée par
l ’extrémité des tuyaux. Si par hafard il s’en échappe
un peu, elle retombe le long des tuyaux dans le
ventre de l'alambic , 8c ne peut jamais enfiler le
canal de la diftiliation.
Cette pièce,efLreptéfèntée 3,figure.LXIF. vue
C e z