Les deux expériences nous ont fourni le même
réfultat : le gai employé n'a ftïbi aucun changement
: l'augmentation de la quantité eft due à un
ga^ nouvellement furvenu , & qui eft inflammable,
comme ces chimiftes l'ont aûfti trouvé.
11 eft facile de reconnu ttrs» ce gi\ inflammable
quand on a employé du gai acide carbonique, parce
qu il n'y a , pour le féparer de celui-ci , qu'à employer
Y ammoniaque ou Y eau de chaux qui i'àb-
forbe en entier, & à allumer le relie par la flamme
d’une bougie ou de tout autre corps. Mais, en
fs fervant de ga\ a^ote, il faut avoir la précaution
de n’en faire palier fur le charbon rougi qu'une
quantité allez petite pour ne pas empêcher le
ga% qu'on obtient de brûler.
Pour acquérir plus de'certitude, nous avons
répété ces expériences avec les deux fortes deguç
dans un tube de verre, & nous avons obtenu pour
chacune le même réfultat que dans les expériences
precedentes. Le gai acide carbonique n'a donc aucune
part à la produ&ion du gaç carboneux des
chimilles français , car s'il en avoir, ce même
gai ne fauroit être produit quand on emploie du
g-iiaiote.
Mais comment fe développe donc ce gai ? De
quelle nature eft-il? Ces deux queftions vont nous
occuper encore quelques momens.
Comme nous lavions d’ailleurs que le gai hydrogène
carSbné diffère beaucoup , à raifon des.matières
qui ont fervi à fort développement, nous
commençâmes à foupçonner fortement, en comparant
exactement entr'elies les éxpériences *de
Cruiflhanck & de Déformes & Cléftient 3 que ces phy-
ficiens pourroient bien avoir été trompés par la
différence apparence du ga? qu'ils avoient acquis,
& du gai hydrogène carbone. Ce foupçon nous engagea
à répéter leurs expériences avec le plus grand
foin, à lés comparer à d’autres, & à tirer, s'il
étoit poffible, de cette çomparaifon, une con-
clulion fixe.
Nous avons donc rougi, félon ce qu'ils prefcri-
vent, une certaine quantité de charbon & àYoxide
noir de fer, chacun féparément ; nous les avons ;
enfuite mêlés, & nous avons expofé ce mélange,
dans un appareil convenable, à une chaleur rouge.
En recevant l'air qui fe développoit, nous avons
trouvé qu’il y avoit de la différence dans les proportions
du gai acide-carbonique & du gai inflammable,
produits à différentes époques du dévelop- ;
pement : il fe dégage au commencement une plus
grande quantité de gai acide carbonique que par la
fuite, au lieu qu'il fe développe plus de gai in-
flammable vers la fin de l’opération qu'au commencement.
que puiffe paffer l’air d’ une veifie dans une autre, il nelaiffe
pas d’emporter par fon courânt le charbon ; ce qui fait que
le charbon s’éloigne de l’endroit où la chaleur eft là plus
forte , & même pafle continuellement d’une veifie dans
l’autre fi l’on n’ a pas foin d’y mettre obftacle.
| Ayant privé ce gai inflammable, au moyen de
l’ammoniaque, de tout^aç acide carbonique, nous
avons mêlé trois parties de ce gai à unè partie de
gai oxigène : nous avons allumé ce mélange dans
un ballon de verre bien fec, au moyen de l’étincelle
éleêlrique. Il fe forma tout de fuite une vapeur
qui couvrit les parois du ballon, & s'y appliqua
fous la forme d'une rofée humide. Ayant
ouvert le robinet fous l'eau, celle-ci s'élança avec
force dans le ballon , & remplit environ la moitié
de la capacité. Le réfidu du gai ayant été examiné,
nous avons trouvé qu'il précipitôit l'eau de chaux
& éteignoit la flamme.
Pour nous alfurer fi tout ce réfidu étoit du pur
gai acide carbonique, nous y avons placé de Y ammoniaque
; ce qui l'a fait diminuer des deux tiers :
le tiers reliant étoit inflammable, & , mêlé à 1 ‘ox:-
gène, il a produit lès mêmes effets que la quantité
primitive. Le gai m’eft donc autre chofe qn’u e
certaine quantité d’hydrogène, qui n'avoitpu s'enflammer
dans la première opération faute d’ure
quantité fuffifante de gai oxigène.
Perfonne ne s’aviferoit guère de douter que ce
ga^ n'eft rien autre que Y hydrogène carboné ordinaire,
& n’en difféieroit en aucune manière s'il
ne trouvoit, chez les chimiftes fufnommés, quelques
caractères qui femblent indiquer de la différence.
Un des principaux eft qu'ils n'ont pas vu
fe former de l'eau lorfque ce gai a été allumé par
l’étincelle éleClrique, au lieu que quand on allume
de cette manière du gai hydrogène carboné, cèlui-ci
produit manifeftement de l’humidité/ur les parois
du verre.
Quant à nous, nous ne décidons pas de l’exactitude
des expériences de ces chimiftes , mais nous
ofons affurer qu’en traitant avec de Y oxigène 3 'ainft
que nous venons de le dire, 1 e gai qui fe développe
de Y oxide noir de fer & du charbon, nous
avons acquis une quantité d'eau affez grande pour
ne pas nous biffer le moindre douté qu'en effet il
en a été produit.
De plus, dans la vue d'acquérir fur ce point
toute la certitude poffible, nous avons fait une
expérience qui pouvoir nous faire eonnoître d’une
manière inconteflable la préfence de Y hydrogène.
Nous avons fait fondre du foufre dans un tube de
verre, au deffus d'un feu de charbon, & , pendant
cette chaleur rouge, nous avons fait paffer
dans ce tube, au moyen de notre gazomètre ordinaire
fur lé foufre, le gai en quêftion, après
l'avoir , tout comme ci - deffus, préalablement
privé de tout gai acide carbonique. O r , fi le gai en
queflion eft un hydrogène carboné , il faut, à caufè
que l ’hydrogène a plus d'affinité avec le foufre
qu'avec le charbon, que le foufre produife avec
l’hydrogène un gai hydrogène J'ulfuré, & que le
carbone foit rendu libre ; & en effet, l'expérience
a parfaitement répondu à notre attente : le gai
produit étoit de Ykydrogène fulfuré, tandis qire lé
foufre, qui fe trouvoit dans le tube, avoit acquis
u.tas couleur noire par le carbone qui's’y étoit joint.
Il fuit donc de cette expérience, que la prétendue
nouvelle efpèee de gai n'eft autre chofe que fe
gài hydrogène carboné. Elle fe diftingue néanmoins
des autres fortes, en ce qu'elle ne contient q.u'un;e
petite quantité de carbone.
Développons davantage ce.tte différence. Nous
avons tiré, du gai hydrogène carboné 3 des fubl-
tances. animales : nous avons effayé de l'allumer
par lecincelle éleCtrique en employant la même
quantité d'oxigène que dans l’expérience ci-deffus,
mais inutilement j il a fallu, pour produire l'inflammation
, une quantité d'oxigène beaucoup
plus confidérable. Nous avons éprouvé la même
chofe en employant des. gai hydrogènes'carbonés3
produits par d’autres,moyens ; mais il n’en eft aucun
où la différence ait été plus fenfible, foit en
elle-même, foit à raifon des circonfiances qui l'ac-
compagnoient, que pour le gai hydrogène carboné
huileux, produit par Y alcool & Y acide fulfurique.
Pour déterminer quelle quantité de gai oxigène
il faut pour allumer cette efpèee de gai par l'étincelle
électrique, nous avons mêlé deux parties
de ce gai avec une partie de gai. oxigène,
& nous avons fait paffer l’étincelle électrique par
le mélange, mais fans effet fenfible. Nous avons
donc changé 1a proportion en la prenant comme
un & demi à deux, l'étincelle électrique alluma
tout de fuite le mélange, & ceci fut accompagné
d'un phénomène qui ne fauroit manquer de remplir
d'admiration tout pliyficien. Au moment même
que l'inflammation du gai hydrogène carboné huileux
a lieu, il s'applique une ii grande quantité de charbon
aux parois du verre, que celui-ci en eft entièrement
noirci, & perd toute fa tranfparence.
Nous ne nous attendions guère à la dilatation
fingulière que l'air éprouve par ce changement,
& nous penfions qu'en ouvrant le robinet fous
l'eau, celle-ci monteroit dans le ballon, comme
dans les expériences précédentes ; mais quel ne
fut pas notre étonnement de v o ir , après avoir
ouvert le.robinet, que i'air en fortoit avec violence,
& dans une quantité qui nous engagea à répéter
cette expérience avec encore plus de foin !
Nous jugeâmes devoir examiner le réfidu de
l’air qui remphffoit enco’re le ballon.
Nous examinâmes d'abord une partie de ce gai
par l’eau de chaux; mais nous ne nous apperçûmes
d’aucun effet, cette eau reftant parfaitement claire.
Le gai ne fut point abforbé par l'ammoniaque y la
chandelle y produifit une inflammation comme dans
le gai hydrogène carboné ordinaire tiré du charbon.
En foumettant ce gai à l'aCtion du gai acide muriatique
oxigéné, nous avons trouvé qu'il avoit perdu
fa propriété huileufe. Le gai hydrogène carboné huileux,
fuperfaturé pour ainft aire de carbone, redevient
donc hydrogène carboné ordinaire dès qu'il
trouve occafion de fe défaire de cette partie de
carbone à laquelle il doit fa propriété huileufe. O r ,
il trouve précifément cette occafton dans cette
] quantité de gai oxigène que nous avons fortuitement
employée dans nos expériences ; car, comme
il n'y a pas affez de gai oxigène pour attaquer tout
,1e volume tel qu'il eft alors, c'eft le cas d'une affinité
élective. Une partie de l'hydrogène du gai hydrogène
carboné huileux fe combine chimiquement
avec 1.'oxigène, & forme de l’eau , tandis que,
par cette privation partielle d’hydrogène, le gai entier
éprouve de grands-changemens qui ont pour
fuite le dépôt de carbone, & une prodigieufe augmentation
de fon volume.
Examinons ultérieurement ce nouveau ga^
Après l’avoir réduit à l'état de gai hydrogène carboné
3 fèmblable à celui qui elt produit par le
charbon, nous l ’avons mêlé à une partie de gai
oxigène : nous avons rempli de ce mélange un
ballon de verre bien fe c , & nous y avons fait
paffer l'étincelle électrique. Le mélange s'alluma
tout de fuite : les parois de verre furent couvertes
de vapeurs , mais il ne fe dépofa pas de charbon.
En ouvrant le robinet fous l'eau, on trouva, après
que celle-ci y étoit montée, que l'air étoit diminué
des deux tiers. L'air reftant précipitôit l’eau
de chaux, éteignoit la flamme, & étoit ab.fcibé
par Y ammoniaque 3 de manière qu'il n'en reftoit
qu'un tiers.
Nous avons examiné ce réfidu, & nous avons
trouvé qu'il poffède tous les caractères de gai hydrogène
carboné. Nous l'avons mêlé avec du gai oxigène.,
mais nous n'avons employé de celui-ci que
le fouftriple : nous avons allumé le mélange par
l'étincelle éleCtrique, & nous avons obtenu les
mêmes réfultats que dans l'expérience précédente,
à cette feule différence près que, dans celle-ci,
toute la quantité a été réduite en gai acide carbonique
& en eau, fans aucun réfidu de gai hydrogéné
carboné, comme l'a prouvé l'abforpuon costale
par Y ammoniaque.
Nous avons répété cette expérience dans le
deffein de déterminer exactement la dilatation que
cet air éprouve par le changement de proportion
dans fes parties conftituantes. Le réfultat a été le
même que dans l'expérience précédente : le charbon
dépofé a couvert le verre de manière à lui
ôter fa tranfparence la dilatation étoit fi confidérable,
que, quoiqu’une partie de Y hydrogène ait
dû former de l'eau avec l’oxigène, le volume eft
devenu à peu près le double du volume primitif.
C eg a in'a exercé aucune aCtion fur l'eau de chaux,
n'a pas été abforbé par Y ammoniaque, a produit
dans l'inflammation les mêmes phénomènes que
Y hydrogène carboné de charbon. Mêlé avec Y oxigène,
& allumé par l'étincelle éleCtrique , il a été
diminué jufqu'à ne laiffer qu'un tiers de relie, &
ce réfidu, traité comme dans l'expérience précédente
, a préfenté les mêmes phénomènes.
Il n'y a donc pas de doute qu’il exifte de grandes
différences entre les divers gai hydrogènes carbonés,
tant par rapport à la proportion de leurs parties
conftituantes, que par rapport à la quantité d’oorz