
avec l’acide fluorique, elle décompofe tous les
autres fluates, & forme avec lui un fel infipide,
îndiffoluble, incriflallifable, très - phofphorique
par la chaleur, décrépitant , fufible en un verre
tranfparent ,, fte indécompofable par les alcalis
comme par toutes les bafes. L'acide muriatique,
uni à la chaux, forme un fel d'une faveur très-
âcre & très-amère, très-diffoluble dans l'eau &
déliquescent, criftallifable en longs prifmes à fix
pans * très-peu phofphorique par l’a&ion du feu ,
ne décrépitant pas, & décompofable par lés alcalis
fixes,1a baryte & la ftrontiane.
d. L'acide fluorique ne peut pas s'unir à l'oxigène,
& n’acquiert pas la propriété de diffoudre l'or
par fon union avec l'acide nitrique i il ne précipite
pas la diffolution nitrique d'argentlorfqu'il eft pur:
on fait que ce font là des propriétés diftin&iyes
& cara&ériftiques de l'acide muriatique.
e. Tous les fluates diffolvent de la filice &
forment des fels triples , même dans l'érat de dif-
folution : on ne connoît rien de femblable dans
les fels où entre l'acide muriatique.
ƒ. L’acide fluorique eft chaffe de toutes fes
bafes par l’acide muriatique, & ce fait, quand
il feroit feul, donneroit véritablement un caractère
fi tranché, qu'il feroit irapolïible de ne pas
admettre une diverfité entre deux corps qui obéif-
fent à des attra&ions aufli différentes.
8. Il eft prefque fuperflu de faire voir ici que
l'aeide fulfurique, que quelques chimiftes ont
prétendu devenir l'acide fluorique par une modification
qu'ils ont fuppofée produite > dans le premier,
par le fluate de chaux duquel on l'obtient,
diffère en tout point de l'acide fluorique par fa
pefanteur, fa caufticité, fon peu de volatilité,
jfimpoflibilité de le réduire en gaz permanent,
la propriété de fe changer en acide fulfureux , &
d'être réduit à l’état de foufre par l’aâ-ion des
corps combuftibles rouges. Tout annonce donc,
& furtout les faits, quoique peu nombreux encore
, qui ont été préfentés fur les efpèces de
fluates, que ces fels, très-différens de tous les
autres, genres, deviendront quelque jour un des
plus beaux & des plus utiles fujets des recherches
chimiques, & qu’ils fourniront à la fcience
desréfultats utiles à fes progrès, comme ils donneront
quelque jour, aux arts, des matériaux ou
des inftrumens dont on n’a point foupçonné l’importance
ni l’utilité, parce qu'on n'a encore pref-
qu’aucune idée de leur nature.
Fluate de soude. Tant que l'on ne fera
point parvenu à obtenir l’acide fluorique abfolu-
ment exempt de filice,, on n’aura aucune idée
exaéte fur la véritable combinaifon de cet acide
avec la. foude. Le prétendu fluate de. foude, décrit
par l'illuftre Schéele, n'étoit- réellement qu'un fel
triple formé de filice , de foude & d’ acide fluorique,
comme il eft facile de le préfumer par la
defcription qu’il en donne..
Les chimiftes qui ont examiné depuis lui cette
combinaifon, formée avec un acide fluorique
beaucoup moins chargé de filice que celui de
Schéele, ont reconnu que fa diffolution , évaporée
jufqu’à légère pellicule, donne de petits crif-
tâux cubiques & parallélogrammatiques d’une faveur
un peu amère & ftyptique. Ces criftaux décrépitent
fur les charbons ardehs, fe fondent en-
fuite , & donnent des globules demi-tranfparens
au chalumeau > fans y perdre leur acide.
Il n’eft pas déliquefcent à l’air, ne fe diffout
qu’avec peine dans l'eau, à raifon de fa denfité,
& fe criftalüfe, comme auparavant, par une lente
évaporation.
Les acides concentrés en dégagent l'acide fluorique
avec effervefcence : l'eau de chaux, la baryte,
la magnéfie, le décompofent & en précipitent
la diffolution en fluates terreux : on retrouve
la foude pure dans la liqueur furnageante.
On ne connoît point la proportion de fes principes.
Fluate de soude silice. Ce trifule,que l'on
obtient toujours Lorfque l'on fature par la foude
de l’acide fluorique préparé dans des vafes de
verre, auxquels il enlève de la filice, eft le même
fel que le célèbre Schéele a décrit fous le nom
impropre de fluate de foude. Les difficultés qu’ont
éprouvées jufqu’à préfent les chimiftes pour fe procurer
de l'acide fluorique parfaitement pur, donnent
lieu de croirequ’ils n'ont point encore connu le véritable
fluate de foude , & que celui qu'ils ont étudié,
quoique plus pur que celui de Schéele,.n'étoit
encore que le trîfule dont il s'agit ici. On a découvert,
au Groenland, un minéral que l'on a reconnu
pour un fel triple,.formé de foude* d'alumine & d'acide
fluorique. ( Voye% Chryolite du Groenland,
& FLUATE. DE SOUDE & D'ALUMINE. ).
Fluate de stro-ntiane. Ce fel eft encore
moins connu que le fluate de baryte : ce n'eft que
par l'analogie qui exifte pour l'ordinaire entre
les propriétés des fels de baryte & de ftrontiane,
& non d'après fes propriétés, que l'on ignore
que je l’ai rang£, dans mes ouvrages de chimie.,
à la fuite du fluate. de baryte.
Fluate de Tantale. On ne fait rien fur
cette combinaifon.
Fluate de tellu'RE» On ne fait rien encore
fur la combinaifon de l'oxide de reliure avec l’acide
fluorique..
* Fluate de titane. On ignore l'aélion de l'acide
fluorique fur le titane.
Fluate de tungstène. Les chimiftes qui fe
font occupés des propriétés du tungftène n'ont
point parlé de fa combinaifon. avec l'acide üuo^
rique-
Fluate d'urane. L'acide fluorique fe combine
à l’oxide jaune d’urane, le diffout, & formé
avec lui un fel criftalüfe, inaltérable à l’air : ce
font les feules propriétés que l’on ait encore reconnues
à ce fel.
Fluate de zinc. Quoique l’on ne connoiffe
pas bien la combinaifon de l'acide fluorique avec
le zinc, on fait qu’il y a entre ces deux corps
une aétion accompagnée d’effervefcence & d’un dégagement
de gaz hydrogène. L'expérience prouve
aufli que les diflolutions nitrique ou muriatique de
ce métal font décompofées par les fluates alcalins
} il fe forme un précipité qui n’eft autre chofe
qu'un fluate dç %inc.
Fluate de zircone. Cette combinaifon,
qu’il eft néceffaire de compter parmi les efpèces j
de ce genre, parce qu'on ne peut douter de fon
exiftence, n'a point encore été examinée, foità ;
caufe du peu de tems depuis lequel la zircone \
a été découverte, foit à caufe de la rareté & du
peu d'abondance de cette terre.
FLUIDE électrique. On attribue en phy-
fique tous les effets de l'éleftricité naturelle ou
artificielle aux mouvemens variés, à l'accumulation,
à la fortie I à la rentrée, au paffage , à la
condenfation, à i'expanfion j & même aux combi-
naifons d’un fluide particulier qu’on nomme fluide
électrique. Les phyficiens modernes font même parvenus,
par leurs appareils ingénieux, à mefurer
& à pefer en quelque forte !e fluide, Plufieurs l’ont
aflimilé au feu, à la lumière , au calorique j mais
les plus éclairés & les plus fages relèguent ces
;apperçus d’analogie dans la claffe des hypothèfes
ou même des chimères, & conviennent qu’on
ignore encore , tte la nature, & les vraies propriétés
de ce fluide. Les chimiftes qui, bien diffe-
rens de ceux d’autrefois, ne fe font permis aucune
opinion hypothétique fur le fluide électrique
fe font plutôt occupés d'en rechercher l’influence
fur les phénomènes chimiques, & ils ont déjà
réuni quelques faits importans fur cette influence.
Ils fa vent que le fluide électrique concentré, allume
& brûle dans l’air tous les corps inflammables juf-
qu'aux corps combuftibles les plus foibles, tels que
l ’or, l'argent & le platine j qu'il décompofe l'eau,
& en ifole les deux principes fous forme de gazj
qu'il décompofe de même plufieurs acides & l’ammoniaque
y qu’il réforme cependant quelques-uns
de ces compofés lorfqu'on en expofè les élémens
gazeux à fes courans 5 qu'il favorife l’oxidation
des métaux $ qu'il accélère le mouvement des liquides
dans les corps organifés. Tout ce qu’on a
dit au-delà de ces effets généraux appartient à
l’imagination des auteurs , & fe trouvé démenti
par des expériences exa&es. ( Voye^ les articles
Galvanisme, Machine électrique & Pile
galvanique.)
Fluide galvanique. Quoiqu’il paroiffe bien
reconnu aujourd’hui que le galvanifme n’eft que
le fluide électrique mu, d’une manière continue,
dans un appareil fpécialement confacré à cette
marche, ce phénomène en fait néanmoins naître ,
dans l'ordre chimique, qui ne font pas produits
par les appareils électriques ordinaires : telles font
la décompofition de l’eau par la plus petite accumulation,
l'inflammation des métaux dans l'air,
| l’oxidation rapide des métaux les plus difficiles à
brûler, tels que l’or & l’argent plongés dans l'eau,
la précipitation des diflolutions métalliques, la
décompofition des liquides animaux, la prompte
réparation des matières diffoutes dans un liquide,
la décompofition des acides & de l’ammoniaque.
Il faut aufli ranger parmi les phénomènes particuliers
au galvanifme, le mouvement qu’ il excite
dans les animaux vivans , l'efpèce de contraction
douloureufe & dé frémifîemens continus qu’il produit
dans les mufcles, le mode même dont il tra-
verfe leurs divers organes. Tous ces réfultats montrent
qu’il exifte entre l'éleCtricité & le galvanifme
une différence d’effets qui, fans dépendre d’une
diverfité de nature, annoncent au moins une disparité
d’énergie & d’aCtion chimique, dont U
fcience pourra tirer un grand parti.
Fluide magnétique. Les phénomènes d’at-
traCtion entre le fer & l’aimant, dont les hommes
ont tiré un fi grand parti, font attribués à un fluide
particulier qu’on nomme fluide magnétique. On
ignore absolument quelle influence ce fluide peut
avoir fur les effets chimiques j. elle paroît étire nulle
ou prefque nulle. Cependant les chimiftes lui ont
attribué une aftron occulte, qu’ils ont exprimée
dans plufieurs des noms qu’ils avaient adoptés T
.qels que le magnes arfinicalis, la magnefla op ali ci a ,
la terre magnéfienne elle-même. Ces diverfes dénominations
tenaient à des idées hypothétiques
, .abandonnées depuis long-tems : il n’y a aucun
rapprochement, aucune analogie reconnue entre
les propriétés de ces matières & les effets du fluide
magnétique. L’étude des caractères dé ce dernier
n’a donc aucun rapport avec la chimie, excepté
pour ce qui regarde le fer dans différens états*
( Voye^Varticle Fer.)
Fluide nerveux. Les phyfiologiftes ont admis
, pour l’explication des fondions du cerveau
Ite des nerfs, la préfence d’un fluide fubtil, qu’ils
ont nommé d’abord efprits animaux, enfuitefluide
nerveux, Sc dont l’exiftence n'a jamais pu être
prouvée, foit parce qu’il n'yaaucun canal connu
dans les nerfs , foit parce qu'on n’a jamais apperçu
le fluide lui-même. Aufli beaucoup de phyfiologiftes
ont-ils nié le fluide nerveux, & ceux qui l’ont
admis lui ont attribué une fubtilité fi grande,
1 qu'ils l'ont regardé comme devant échapper à la
I vue. Parmi ces derniers on a fait plufieurs hypo-
1 thèfes: $ les uns ont vu dans le fluide nerveux 1®