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lait 3 ou, s’il y en exifte, ils y font en fi petite
quantité, qu’on ne peut en démontrer la préfence
par les effais chimiques.
M. Le fucre de lait n’eft ni la caufe ni le foyer
de la fermentation du lait; il refte tout entier
après que celle-ci a eu lieu. Il eft fi peu difpofé, à
fermenter, que la levure ne lui fait éprouver aucun
mouvement. Il diffère beaucoup du fucre par cette
propriéré.
j i . D’après ces faits le lait peut être confidéré
comme une liqueur mixte , formée de beaucoup
d’eau & de deux genres de matières , par rapport
à l’état où elles s’y trouvent. Les unes y font en
véritable diffolution, telles que le fucre de lait
qui en fait à peu près les deux centièmes de fon
poids, le mucilage animal, le muriate & le fulfate
de pouffe , ainfi que l’ acide acétique, dont il eft
impoifible de bien apprécier la quantité. Le ca-
féeux, qui fait environ le dixième du lait, n’eft
pas auffi bien diffous que les matières précédentes, ■
& il pourroit être fans erreur rapporté aux matières
Amplement fufpendues.
Les autres matières y font en fimple fu'fpenfion,
& prêtes à s’en féparer par le moindre changement
d’équilibre : tels font le beurre, qui y forme
environ huit centièmes, & les phofphates de
chaux, de magnéfie & de fer, qui fe dépofent
avec le fromage quand il n’y a pas d’excès d’acide j j
leur quantité, qui ne fait que fix à fept millièmes,
n’eft appréciable que fur le phofphate de chaux.
52. Les rëfultats nouveaux qui viennent d’être
préfentés, fourniffent quelques applications utiles
a la phyfique animale & à la médecine. Voici celles
qui nous paroiffent en fortir immédiatement :
A. La préfence des phofphates de chaux & de
magnéfie dans le lait explique comment les os
des jeunes animaux prennent un açcroiffement fi
prompt pendant l’ époque où ils ne prennent que
cet aliment. La nature femble avoir approprié
cette nourriture au moment de l’offification la
plusaccélérée. Lecaféeüx, la matière animale, font
autant de matériaux du lait appropriés à la formation
des mufcles, des membranes, &c.
B. L’exiftence du phofphate de fer dans le lait
fait concevoir comment ce liquide nourricier fe
convertit en fang coloré, qui doit, comme nous
l’avons prouvé ailleurs, fa coloration à du phofphate
de fer furoxigéné & à un excès d’oxide.
Ainfi le liquide laiteux eft difpofé par la nature à
remplir toutes les fondions qu’exige la nutrition
fi rapide des jeunes animaux.
C. Le ferum du lait aigri, tenant du phofphate
de chaux en diffolution, ainfi que des phofphates
de magnéfie & de fer, il offre aux médecins un
médicament très-approprié aux cas où ils trouveront
utile d’employer ces fels & de les faire paffer
très-divifés , unis d’ailleurs à une matière animale,
dans le fang des malades.
D. Dans les cas au contraire où le médecin ne
veut employer le petit-lait que comme matière
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nourriffante, adouciffante & relâchante , il doit
le prefcrire doux & fans acide.
E. Les fromages faits avec le lait doux contiennent
les phofphates du lait, & ceux qui font préparés
avec le lait aigri n’en contiennent pas. Ce
fait pourra peut-être fervir à expliquer quelques
différences entre les divers fromages.
Lait d’amandes. On nomme lait d'amandes
l ’eau blanche, douce & laiteufe qui réfulte des
amandes douces broyées & battues dans l’eau. Ce
nom indique une analogie entre ce liquide artificiel
& la liqueur naturelle qui fe forme dans les
mamelles des femelles, des animaux mammifères,
au moment où elles ont un petit à nourrir, &
cette analogie eft en effet très-frappante. Le lait
‘dïamandes, nommé auffi émulfion, d’après fes rapports
avec celui des animaux , paroît devoir fon
opacité, fa blancheur & fa faveur douce à une
huile fufpendue dans l’eau par un mucilage. Il s’y
forme ufte efpèce de crème à la furfàce > il précipite
par les acides ; il s’aigrit & fe caille fponta-
nément. ( Voye[ l'article Huiles fixes.)
Lait d’anesse. (Voye1 l'articlehAn, n°.70.)
Lait d e b r e b i s . (Idem, n°. 72.)
Lait de chaux. C ’eftde la chaux vive délayée
dans l’eaù, & fufpendue de manière à rendre ce
liquide blanc & laiteux. Il y avoir auffi une crème
de chaux, dénomination aufli ridicule que la première.
{Voye^Varticle CHAUX.)
Lait d e c h è v r e . ( Idem, n°. 71. )
Lait de femme. (ldem3 n°. 67.)
Lait de jument. {Idem, n°. 73.)
Lait de lune. Quelques lithologiftes ont donné
ce nom à du carbonate de chaux, pulvérulent
& délayé dans l’ eau j il fe nomme farine-foJJUe
lorfqu’il eft fec. ( Voye1 Varticle CARBONATE DE
CHAUX.)
'Lait de montagne, dénomination fynonyme
de la précédente, ou de celle de lait de lune3donnée
au carbonate de chaux pulvérulent, délayé dans
l’eau.
Lait de soufre. On a nommé ainfi dans les
livres de chimie le foie.de foufre ou fulfure alcalin
liquide précipité par un acide, & tenant en fuf-
penfion le foufre très-divifé, qui rend la liqueur
blanche & laiteufe. ( Voye% Varticle Sulfure. )
Lait de vache. ( Idem, n°. 66. )
Lait virginal. Les livres de préparations
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cofmétiques & de parfumerie décrivent fous le
nom de lait Virginal une diffolution alcoolique de
benjoin , précipitée par l’eau > la réfine féparée s’y
tient en longue fufpenfion, & rend la liqueur blanche,
on&ueufe & très-odorante, propriétés qui
lui ont fait donner ce nom : elle fert dans la toilette.
( Voye[ l'article BENJOIN. )
LAITAGE. Dans l’économie domeftique on
nomme laitage toutë préparation faite au lait3 ou
dont le lait fait la bafe. Les diverfes efpèces de
caillé, de crème & de fromages, les mets chauds
ou froids très-multipliés, dans lefquels on fait entrer
1 Hait en grande quantité, portent le nom de
laitage. ( Voyeç Varticle La it . )
LAITE, LAITANCE, h* laite ou laitance eft.
la liqueur fpermatique ou fécondante des poiffonsj
c’eft un liquide blanc, épais, crémeux, d’une faveur
douce, fufceptible de fe durcir & de fe coaguler
par la chaleur, difficile à délayer dans l’eau,
& formant avec ce liquide une efpèce de lait,
propriété d’où lui vient véritablement fon nom.
On n’a point fait encore l’analyfe chimique de la
laite des poiffons} ce n’eft que par analogie qu’on
la foupçonne de nature albumineufe. On ne fait
pas fi, comme lé fperme humain & celui de quelques
mammifères, la laite des poiffons ne contient
pas de phofphate de chaux. Il faut donc fe livrer à
cet égard à des recherches qui n’ont encore été
l’objet d’aucun travail.
Les laites forment un des mets les plus recherchés
: les plus agréables font celles de carpes &
de harengs, qu’on fert le plus ordinairement fur
les tables.
LAITEUX. Quoique ce nom femble appartenir
à tous les compofés dont le lait fait partie, il eft
plus employé pour indiquer la couleur blanche &
l’opacité femblables à celles du lait, qu’on trouve
ou dans des liqueurs, ou dans des matières folides
très-éloignées & très-différentes de la nature du
lait.On dit agate laiteufe 3 filex laiteux , calcédoine
■ laiteufe; on dit dans ce fens, afp e cl laiteux , coup-
d*oeil laiteux , tranfparence laiteufe 3 &c.
LAITIER. Le laitier eft une matière vitrifiée
qui coule des fourneaux où l’on fond les mines de
fer, & qui porte ce nom à caufe de la couleur
blanchâtre & l’opacité qu’elle préfente.
Cette efpèce d’émail ou de verre laiteux.provient
de la fufion des terres qui formoient la gangue
de la mine & de celles qu’on y a ajoutées
comme caftine ou fondant. Comme verre imparfait
& non recuit, le laitier Ce gerce, fe fendille
& fe buje à l’air : on peut en tirer un parti très-
utile en le recuifant. On affure qu’en Suède on le
coule & on le recuit dans des moules carrés qui
ont la forme des pavés, & qu’on l’emploie enfuite
dans les conftru&iorjs.
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Il feroit utile de faire un examen chimique exaêt
des diverfes efpèces de laitiers, pour reconnoître
la nature des mines d’où ils proviennent, & rendre
' par conféquent plus pofitives les méthodes de traiter
ces mines. On fait que les ouvriers eftiment la
nature de la fonte par celle du laitier qui en provient,
& l’analyfe de celui-ci pourroit fervir à déterminer
en quoi confiftent les rapports entre les
laitiers & les mines. ( Voyei Varticle Fondage &
Fonte. )
LAITON. On nomrfie ainfi l’alliage de cuivre
& de zinc. ( Voyez les articles de ces deux métaux. )
On fabrique en grand le laiton ou cuivre jaune
dans des ateliers particuliers. Cette fabrication
conftitue même un art d’une affez grande importance.
Comme il a été décrit dans le Dictionnaire
des Arts & Métiers de l'Encyclopédie méthodique, je
renverrai à cet ouvrage, tome II, page 113 8c
fuivantes.
LAITUE. La laitue eft une des plantes économiques
& médicinales qui ont quelques rapports
avec la chimie, à caufe des opérations auxquelles
on la foumet, & des produits qu’on en retire. On
diftille la laitue fraîche & hachée au bain-marie,
fans addition d’eau, pour en extraire l’eau de végétation,
qui contient un principe calmant ou
narcotique, & dont on fait un affez grand ufage
en médecine.^ Cette eau a certainement la vertu
indiquée quand elle eft extraite immédiatement de
la laitue , & quand elle n’eft pas de l’eau ajoutée à
la plante & diftillée avec elle, comme l’ont indiqué
fauffement quelques pharmacopées.
On fait que les coeurs ou tiges de laitues offrent,
lorfqu’on les coupe, des goutelettes blanches qui
fuintent d’un cercle de vaiffeaux propres, placés
autour du centre de fes tiges, & répandent une
odeur vireufe qui eft propre au fuc laiteux dont je
parle. Ce fuc, defféché ou épaifli, brunit & noircit,
& prend l’apparence de l’opium, dontil femble
fe rapprocher. Il paroît que c’eft à ce fuc qu’on
doit attribuer la propriété calmante & même un
peu narcotique de l’eau diftillée de laitue. C ’eft à
lui qu’eft également dû l’effet très-connu des laU
tues crues, qui, mangées un peu abondamment le
foir en falade, ont coutume de prolonger & de
fendre plus profond le fommeil après le repas.
On voit par ces obfervations, que la laitue mérite
d’occuper les chimiftes & d’être examinée avec
foin.
LAMES & LAMELLEUX. Les mots lames &
lamelleux font fouvent employés en chimie pour
décrire les formes qu’affe&ent ou que prennent
beaucoup de compofés naturels ou artificiels. On
dit ainfi que telle matière criftallife en lames, ou
préfente un tiffu lamelleux dans fa caffure. C’eft
fpécialement fous cette forme qu’on obtient les
fels terreux peu folubles, les fuliures métalliques