
des moules de pierre d'iin carré long : cet étain
eft encore très-impur, & contient, dit-on, beaucoup
de fer. On le raffine en le faifant fondre à un
feu très-doux, dans un fourneau de réverbère, 8c
on' le moule en faumons ou lingots : il eft vendu
en cet état. Les fcories réfui tan tes de la fonte du
minerai font bocardées & lavées, afin d'en féparer'
lès grenailles d'étain, qui y font en grande
quantité.
On prétend que, pour augmenter le poids de
Y étain; plufieurs fondeurs anglais l'altèrent, en
mêlant, durant la fonte, une efpèce de minerai de
fe r , ce qui néanmoins eft expreffément défendu
par les lois s mais on ne prend pas a fiez de précautions
pour remédier à cet abus.
Les effais des minerais à1 étain fe font, en Angleterre,
dans un fourneau à vent. On prend deux
onces' de minerai, que l'on mêle bien avec du
colrh y qui fert de flux : on met ce mélange dans
un creufet, qu'on lai fie au feu jufqu'à ce que la-
matière foit bien fondue 3 alors on le verfe dans
une lingotière. Si le petit lingot d'étain n’éft pas
bien' du&ile & de bonne qualité, on le refond3
ce qui le purifie : on pile les fcories pour en avoir
les grenailles qui peuvent y être reftées : elles font
Pefées avec le lingot 3 ce qui détermine h tenture
du minéral.
Les minerais d * étain qui font unis avec de la
pyrite fulfureüfe & arfenicale , 8c quelquefois
auffidu minerai de cuivre , font grillés avant d'être
fournis à la fonte. Lorfqu'ils font pilés & bien
lavés, on les introduit dans un fourneau de réverbère
par un trou pratiqué dans la partie fivpérieure
de la voûte. Après l'avoir étendu fur fon fof, on
donne un feu doux, 8c on l'y laiffe jufqu'à ce qu'il
ne fume^plus, ayant foin de le.remuer toutes les
demi-heures 3 ce qui exige depuis huit jufqu'à
douze heures d'un feu fuivi, mais foible, le tout
fuivant la qualité du minerai. Le minéral, au for-
tir de ce grillage, éft lavé de nouveau, afin d'en
féparer le fer 8c le cuivre, quiétant devenus plus
légers > font facilement entraînés par l'eau. Si la
quantité" du minerai de cuivre mérite quelque
confidération, il eft reçu au bas de la table, & mis
à part pour être livré aux fonderies de ce métal.
La facilité avec laquelle fe fait la féparation des
minerais d1 étain des parties pierretifes qui s'en vont
au lavage, eft caufe qu’en Angleterre, auffi bien
qu'en Allemagne, on bocarde les pierres les plus
pauvres en minerai, dans lefquelles on n'en foup-
çonneroit même pas.
Les minerais les plus riches font triés & pilés
féparément, & avec plus de précautions, 8c enfin
lavés aux cribles. ( Voye^ ces différentes manipulations
au mot Mines.)
Nous ne parlerons pas des diffiérens ufages que
l ’on fait de Vétain dans les arts & métiers 3 ce que
l’on trouvera aux articles détaillés qui en traitent.
Nous dirons feulement que Y étain pouvant s’allier
avec tous les métaux 8c demi-métaux, il eft rare
de l’avoir parfaitement pur 5 il eft fouvent mêlé de
plomb, de cuivre* de bifmuth, d'antimoine, &c„
Étain commun. On le frit en mettant quinze
à vingt livres de plomb lur un cent d’étain neuf.
Les potiers d'étain vendent aux artifans de la
campagne une forte de bas étainy moitié plomb &
moitié étain neuf, qu’ils appellent claire foudure ou
claire étoffe.
Étain en rature ou rature d’étain.
C ’eft de Y étain neuf fans alliage, que lès potiers
à?étain mettent en petites bandes très-minces ,
larges environ d’une ligne à deux, par le moyen
du tour 8c d’un inftrument coupant, nommé crochet
: cet étain en rature fert aux teinturiers pour
leurs teintures. On nomme auffi ratures d’ étain
tout ce que les crochets ôtent fur les pièces en
les tournant.
Jitain. (Effayer de tétain.y On fait l’effai de
Vétain de cette manière pour en connaître la qualité
& le titre". On prend une pierre de craie dure,
fur laquelle on fait un trou rond comme la moitié
d’un moule de balle, qui contient environ deux
onces à’ étain : on y joint une petite coulure dé
deux pouces de long & d’une ligne de large, &
à peu près auffi profonde, & cela fur la furface
plate de la pierre, & , par le moyen de cette coulure
que l'on nomme le je t} on emplit ce trou
à?étain fondu, 8c lorfqu'il eft froid on voit fa qualité.
L'étain doux eft clair, unid'égale couleur
defius 8c deffous 5 il fe retire comme un petit
point au milieu de l'eflai. L’étain aigre fe retire
plus aù milieu, 8c piqué de. blanc fur la furface 5
il eft uni & luifant par-deffous. L3étain fin, qui eft
moins bon, eft tout blanc defius & deffous. L'étain
commun eft tout blanc auffi, excepté ou la
queue du jet joint le rond de l'eflai, ou il fe
trouve un peu de brun 5 8c plus ce brun fe trouve
avant dans l'eflai, moins Y étain eft bon; en forte
que, fi l'eflai perd tout fon blanc & devient brun
en entier, ce n’eft plus de Y étain commun, mais
de la claire, que les potiers & étain né peuvent
travailler. On peut cependant remettre cette claire
en étain commun, én y ajoutant autant d’étain
fin. 11 y én a qui effaient d’une autre manière. On
prend un moule à faire des balles de plomb, &
on jette de Yétain dedans : on pèfe les balles des
différens étains que l’on a moulés, & le plus léger
eft.Je meilleur. Cette méthode, quoique douteufe,
nous patoît la moins defeéhieufe.
Enfin, une manière d’effayer plus commune 8c
plus ordinaire eft de toucher avec un fer à fonder
la pièce qu’on veut effayer, & on reconnoît
fi elle eft bonne ou mauvaife à l’infpeétion de la
touche.
La touche eft un coup de fer en coulant, qui
dénote la qualité de Y étain. S’il eft fin,, l'endsok
touchéeft blanc, 8c pique un petit point au milieu
: au commun. l’endroit touché eft brun autour,
8c blanc au milieu : moins il y a.de blanc,
moins Y étain eft bon. Cela aaffez de rapport à
l’effai dans la pierre de craie, 8c les gens du métier
s’en fervent plutôt pour effayer quelques pièces
douteufes, que pour effayer des faum ons ou
gros lingots ; car pour ceux-ci, ils ont recours à
l'une ou l'autre des deux manières ci-deffus.
Pour employer de Y étain doux en vaiffffle, les
potiers d'étain y mettent de l'alliage, qu'ils appellent
M o i. Cet aloi eft du cuivre rofette ou raffiné,
fondu à part, 8c que l'on incorpore dans
Yétain étant auffi fondu. La dofe eft d'environ cinq
livres de cuivre par cent d’étain doux. Quelques-
uns n'y en mettent que trois livres, & une livré
de bifmuth ou étain de glace, & pour lors il perd
fa qualité molle-, 8c devient ferme & plus fonore
qu'il n’étoit. A l’égard de Y étain aigre, on y met
moins de cuivre, félon qu'il l ’eft plus ou moins,
& quelquefois point du tout.
E x p l i c a t io n de la planche. . . qui repréfente un
fourneau pour la fo n te des m inerais d'étain en
Allemagne.
L* figure 1 eft le plan du fourneau , à la hauteur
de ht tuyère.
1. Maffif de maçonnerie ou piliers du fourneau^
; •
2. La doublure du fourneau.
3. La tuyère, qui eft taillée dans une pierre.
4. L'intérieur du fourneau.
y. Baffin de î'avant-foyer, dans lequel les matières
coulent à mefure qu'elles font fondues. 6. Baffin de réception ou de percée, où l’on
fait couler Y étain lorfque le premier en eft rempli.
7* Un mur, dont la hauteur excède de fix pouces
la partie fupérieure du baffin (y)-.
8. Pierre placée de champ, qui fert à retenir
entr'elle 8c le fourneau, un lie de terre en talus.
9. -Auge ou caifie en bois, fervant à dépofer le
minerai, d'où on le prend avec une pelle pour le
mettre,dans le fourneau.
10. Deux foufflets de cuir à un vent ou Amples
, qui ont dix pieds de longueur.
La figure 11 eft la coupe verticale du fourneau
fur la ligne A B du planv
1. Maçonnerie du fourneau.
2. Son intérieur.
3. Deux petits murs de quatre pouces d’épaif-
feur, fervant de chernife, tant fur le devant que
du côté de la tuyère, 8c que l’on démolit 8c re-
conftruit fréquemment.
4. La tuyère.
5. Sol du fourneau , qui eft en une feeffe pierre
de grès ou de granit. 6,. L ’oeil par où s’écoule Y étain à mefure qu'il
fond.
7. Baffin de I'avant-foyer.
8. Baffin de réception.
9. L'un des foufflets,
10. Cheminée faite en bois, garnie de lattes 8c
d’argile : elle a vingt pieds de. hauteur, 8c fe termine
à vingt pouces d’ouverture. Cette cheminée
eft faite,.non-feulement pour le paffage de la fumée,
mais auffi,pour retenir le minerai en pouf-
fiëre, qui eft enlevé par le vent des foufflets, &
qui feroit perdu : il fe dépofe fur les gros murs.
La figure III eft la coupe du fourneau fur la 1 gne
C D.
;i ; Maçonnerie des piliers.
2. La doublure.
'3. L’intérieur du fourneau.
4. L’ouverture de la tuyère.
ƒ. La pierre de fol. 6. Un efcalier pour monter à la partie fupé"
rieure du fourneau 8c le charger. ,
.7. Auge? pour mettre le minerai.
8. Une planche qui conduit dans l ’auge le minerai
qui fe répand en chargeant.
9. La cheminée.
10. L'endroit où l'on charge le fourneau.
La figure IV préfente le devant du fourneau en
élévation.
1. Les piliers.
2. Mur pour porter l’auge fervant à mettre le
minerai, d’où l’ouvrier charge le fourneau avec
une pelle, dont le manche eft fort long.
3. Mur fur lequel on met du pouffier de char-
bôn, d’ou on le fait tomber fur Y étain en fufion-
dans le baffin de I’avant-foyer.
4. Premier baffin de I’avant-foyer.
5. Second baffin pour la percée.
ë. La pierre qui retient le lit de terre en talus*
fur lequel coulent les fcories du baffin fupérieur. .
7. La doublure du fourneau.
8-. La chernife.
9. L’auge à mettre le minerai.
10. La cheminée...
Il n’y a à ce fourneau, ni canaux ni foupiraux
pour l’évaporation de l'humidité.
V o c a b u l a i se de s principaux termes employés
dans les procédés en grand de la fonte des minerais
■ d’étain.
Aimant, manière de féparer par l'aimant le
1 minerai de fer contenu dans celui d'étain.
Baffin de l'àvant-foyer.eft celui qui reçoit Y étain
|| à mefure qu’il coule duffourneau.
Baffin de réception eft celui où l’on fait couler
1 Y étain contenu dans le premier.
Brafàue eft un compofé d’argile & de charbon „
dont on fait le fol du fourneau dans certains cas.
Colm,. efpèce de charbon de terre , que les
Anglais emploient comme flux avec le minerai
d’ étain.
Effai du minerai d’ étain avec du colm.
Effai de Y étain pour connoître fon titre»