
ment du gaz acide muriatique Se fluorique des
muriates & fluates par le contaCt de l'acide ful-
furique concentré.
On donnoit autrefois Yejfervefcence comme un
caractère des alcalis : on fait aujourd'hui qu'ils ne
le préfentent que dans l’état de carbonate.
On a remarqué que, pendant Yeffervefcence des
alcalis & des terres alcalines , il y a du froid,
tandis que les terres & les alcalis cauftiques font
naître de la chaleur avec les acides : cela vient de
ce que le calorique dégagé, libre dans ce dernier
cas, eft èmployé, dans le premier, à fondre en
gaz l’acide carbonique. ( Voyeç Us articles CARBONATE
& Acide carbonique. )
EFFLORESCENCE. Les chimiftes ayant
donné ce nom à tout phénomène dans lequel les
compofes, expofés à l'air , fe couvrent d’une
pouffière faline plus ou moins abondante, qui
quelquefois s'arrête à leur furface , & fouvent
pénètre jufqu'au centre de ces compofés, il faut
diftinguer foigneufement deux efpèces à'effloref-
cence ou de formation de prétendues fleurs à la
furface des corps.
L'une eft due à la formation d’un fel qui fe
préfente , fous la fprme de petites aiguilles'blanchâtres
ou verdâtres, à la furface des fulfures
métalliques : on la nomme efflorefcence des pyrites.
Elle eft due au fulfure brûlé lentement par le.contact
de l'air humide, à la combinaifon faline de
fui fat e métallique, qui s'élève au dehors du morceau
en criftallifant, & dans lequel tout le ful-
fure fe change jufqu’à fon centre avec un tems
fuffifant. Cela s'obferve fur tout dans les fulfures
de fer> de cuivre , de cob.alt, &c- ( Voyeç les articles
de ces SULFURES & de ces MÉTAUX.)
L’autre efflorefcence eft produite par la perte de
l'eau de criftallifation de plufieurs fels, tels que
le fulfate de foude , le carbonate de foude, le
phofphate de foude * l'alun , le fulfate de magné-:
fie , le borax, perte, qui eft due à l’a&ion dejfé-.
chante de l'air. .Voici comment j'ai expliqué ce
phénomène, en le comparant àz en l’oppofant à
la déliquêfcence , dans un Mémoire lu à l’Académie
royale des fciences le 2 avril 1784.
La déliquefcence & Y efflorefcence font un des
phénomènes les plus fïnguliers que préfentent les
tels neutres. Il m’a toujours femblé que les chi-
miftes n’avoient pas fait allez d'attention à ces
effets de l’air fur ces fubftances, & qu'ils n'en
avoient pas expliqué convenablement la caufe.,
En effet, dire qu’un fel attire l'humidité.de l'air,
& qu’un autre perd l'eau de fa criftallifation ,
c’eft énoncer Amplement le phénomène,. mais
fans en rendre aucune raifon. Je crois cependant
qu'on peut pénétrer plus avant, & découvrir par.
l’obfervation ce qui fe paffe dans ces deux cas, &..
les lois naturelles auxquelles ces deux effets obéif-
fent.
Pour faire connoître ce que je penfe fur la dé-
) liquefcence Bz Y efflorefcence, il eft néceffaire de
jeter auparavant un coup d'oeil fur la nature & les
propriétés des fels neutres. J’obferverai d'abord
I que ces fubftances n’attirent jamais l’humidité de
l'atmofphère, & ne perdent l’eau qui leur eft
unie, que lorfqu’ils font fous une forme criftal-
line & régulière. Ces propriétés tiennent à leur
état criftallin , & c’eft comme criftaux falins ,
plutôt que comme fels, qu’ils en jouiflent. Cette
première obfervation nous conduit à une fécondé
tout suffi importante } favoir : qu’un fel criftallifé
eft un compofé chimique de .fel neutre & d'eau ;
que l’eau forme un des principes immédiats du
criftal, & peut-être même la bafe de la criftallifation
ou delà figure régulière. Un fel criftallifé
eft donc plus compofé qu’un fel quim'a point de
forme criHalline, & plus fa forme eft régulière,
plus il contient d’eau. Ce fait eft fi vrai, que les
fels qui contiennent beaucoup d’eau de criftal-
lifation, font ceux qui criftallifent le plus facilement
& avec le plus de promptitude.
Une troifième obfervation, qui me femblè avoir
échappé aux chimiftes, c’eft qu’il y a dans les
fels neutres plufieurs propriétés analogues entre
elles, & qui fe fuivent conftamment. Il en eft
qui accompagnent toujours la déliquefcence &
Y efflorefcence; & voici celles que je crois important
de diftinguer fous ce point de vue.
En général, les fels neutres , qui criftallifent
par refroidiffement, font prifmatiques, alongés,
très-tranfparens : on les obtient facilement fous
une très-belle forme} ils ont une faveur fraîche,
& produifent un froid aflez v if dans leur diffolu-
tionj ils éprouvent tous , lorfqu’on les chauffe,
la fufion aqueufe ; ils fe deffèchent bientôt, &
deviennent alors plus ou moins difficiles à fondre,
ou n’ éprouvent qu’à un feu plus fort la véritable
fufion ignée. Tous ces fels font conftamment efflorefcens
: tels font en particulier le fel de>Glau-
; beri la foude'crayeufe, le fel d’ Epfom, l’alun-, le
borax, &c. Il paroît donc que toutes les propriétés
qui exiftent enfemble dans les mêmes
fels , tiennent à la même caufe ou dépendent du
même'principe: C ’eft fans doute à la grande quantité
d’eau qu’ils renferment dans leurs 'criftaux ,
que font dus ces phénomènes, ainfi qu’à la facilité
que ce fluide prefque furabondant a pour s'en
féparer. -,
Au contraire, tous les fejs qui criftallifent par
évaporation lente , confidér.és en général , affec^-
tent plutôt la forme pyramidale ou cubique, que
la prifmatique ; leur tranfparence eft moins belle
& moins marquée : on ne les fait criftallifer qu’avec
difficulté, & on les a rarement fous une forme-
très-régulière j leur faveur eft beaucoup moins
fraîche que celle des précédons ; fou.veift même
ils excitent fur la langue une fenfation de chaleur
plus ou mons Vive le. froid qu’ils donnent
dans leur diflblutiôn .eft bien moins marqué : ex-
. pofes au feu , fouyent Us fe brifent, & décrépitent
plutôt que d’éprouver la fufion aqueufe5 le
tartre vitriolé, le nitre cubique, le fel fébrifuge,
les fels neutres calcaires & magnéfiens, font particuliérement
dans ce cas. Il eft vrai que plufieurs
de ces fels ne font ni efflorefcens ni déliquef-
cens, mais la plupart préfentent la dernière de
ces propriétés.
Ces effets étant reconnus analogues, il ne me
fera plus difficile d’indiquer la caufe de Y efflorefcence
& de la déliquefcence. Tous les fels efflorefcens,
contenant une grande quantité d’eau
dans leurs criftaux, paroiffent être faturés de ce
principe. Ils le perdent avec beaucoup de facilité,
& ils n’y adhèrent que foiblement. L’air qui les
frappe eft capable de la leur enlever, mais non
pas par le- fimple contaél ou par une percuffion
mécanique. Il agit par une énergie chimique ; il
a plus d'affinité avec l'eau, que n’èn a le fel, & ,
à l’aide^ de cette force, il décompofe le criftal
falin. C eft ainfi que le fel, de tranfparent & ré- ’
gulier, devient blanc, opaque, farineux, & perd
entièrement fa forme folide & régulière.
On conçoit d’après cela, i°.pourquoi on con-
ferve fans altération les fels efflorefcens en les
arrofant d’une petite quantité d’eau , comme on
le pratique pour le fel de Glauber 3 le fel de foude
criftallifé, &c. Dans ce cas l'air , trouvant une
couche d’eau qui recouvre le fe l, s'empare de
ce fluide libre, & le diffout avant de toucher à
celui qui eft uni au fe l, & comme emprifonné ;
fous les lames falines ; i° . par quelle raifon les
fels neutres s’effleuriffent d'autant plus vîte, que :
1 air eft plus fec & chaud, & confervent leur
tranfparence & leur forme beaucoup plus Iong-
tems lorfque l'atmofphère eft froide & humide.
L efflorefcence eft donc une décompofition des criftaux
falins par l’air qui en fépare l ’eau $ &en mettant
une grande quantité de fels efflorefcens dans
un petit volume d'air, ce dernier devient nécef-
fairement. humideen même tems que les matières
falines fe deffèchent. Je me fuis affuré de
ce fait par une expérience fort fimple5 j’ai couvert
une capfule remplie de criftaux de fel de
Glauber3 les plus petits que j’ ai pu trouver, d’une
grande cloche pleine d’air atmofphérique bien fec.
J’ai luté les bords de cette cloche fur un plateau
de bois qui foutenoit la capfule.- Lorfqu’au bout
de quelques jours , la furface du fel m’a paru fuf-
fifamment effleurie, j’ai enlevé la cloche que j ’ai
portée & lutée fur le champ fur un autre fupport
contenant une petite capfule de verre, dans laquelle
j’avois mis une once d’huile de vitriol
concentrée , & d’une pefanteur connue. J’ai expo
fé à l’air, dans une capfule de verre découverte,
une once du même acide ; 8z ayant pefé chacun
de ces acides au bout de quatre heures, j’ai
trouvé, dans cejui qui avoir été renfermé dans
lair humeété par Vefflorefcence, fix grains de plus
que dans l’huile de vitriol expo fée à l’air atmof-
jphérique. Cette augmentation de poids ne peut
venir que d'une plus grande quantité d'eau contenue
dans l'air de la cloche , que dans celui de
l’atmofphère} 8z cette humidité, produite par
Y efflorefcence du fel de Glauber, prouve l’aff-Ttion
que j'ai avancée.
La déliquefcence eft un phénomène abfolument
inverfe. Dans l’efflorefcence, c'eft le crillal falin qui
eft décompofé par l'air 5 dans celle-ci au contraire
c’eft l’air qui eft décompofé par le criltal falin:
l'une humedte l’air , l’autre le deffèche fenfible-
ment. En effet, la déliquefcence n'a lieu que parce
que le fel déliqüefcent a plus d’affinité avec l’eau,
que n'en a l’air atmofphérique, & attire une portion
de ce fluide répandu 'en vapeur dans l’atmof-
phère j c’eft pour cela que plus l’atmofphère eft
humide, plus les fels tombent facilement en déli-
quium, & qu'on a propofé plufieurs d’entre les
fels déliquefcens pour fervir d’hygromètre.
Telle eft la théorie par laquelle je'crois qu’on
peut expliquer l’altération des fels expofés à l’air.
Elle rentre dans toutes les autres théories chimiques,
& elle eft d’accord avec tous les faits connus ,
fur l’efflorefcence & la déliquefcence. D’ailleurs, elle
éloigne les explications phyfiques & mécaniques
qu’on avoit données jufqu’adtuellement fur ces
phénomènes, & elle en fait concevoir plus clairement
la caufe.
EFFLUVES, nom que quelques médecins chF-
miftes ont donné aux vapeurs, miafrnes aériens ou
fluides gazeux , fortant du corps des animaux en
fanté , en maladie} de quelques-uns de leur liquides
chauds, ou dégagés des eaux ftagnantes, des
marais , des terrains mous & fangeux.
Les effluves étoient donc tantôt, pour les phy-
fiologiftes , un principe volatil, vivifiant, vivant
même , produit volatil de la vie & de la puiffance
reproductive , comme Y aura feminalis , Y effluve
odorante du fang chaud, celui des cavités ouvertes,
Ils lui attribuoient la propriété ftimulante ,
fécondante, &c. Werlhof l’a remarqué dans les
liquides des animaux en rut} il en a nié la pré-
fencé chez. les animaux châtrés. Bordeu y a
beaucoup infifté dans fon Analyfe médicinale du
fang, ouvrage où une belle imagination n’a point
été aflez réglée par l’expérience & les conncif-.
fances pôfirives. Quelques chimiftes modernes ont',
voulu trouver cette effluve dans le fang, comme
une efpèce d’arome. 11 eft très-évident que l’ odeur
dont il eft ici queftion n’eft que le liquide
animal lui-même volatilifé en entier, & auquel
on a attribué des effets qu’il ne produit pas.
Les médecins praticiens ont admis des effluves
provenantes des corps malades, affeCtés de fièvres
putrides , peftilentielles, ’ contagieufes , 8: qu’fis
ont cru capables-de développer les mêmes maladies
dans' les corps fai ns, ou au moi iis 'dans les
corps affoibli-s par‘quelque caufe que ce foit. II
n’y a pas plus de preuves pofitiv-es de ces germes
Vaporeux -ou en- effluves, que des précédens. Ce-* -
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