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en mêlant l'acide citrique criftallifé & defféché
avec du fucre en poudre & un peu d’huile volatile
de citron. C ’eft à la découverte due à Schéele
de Fart de faire criftallifer cet acide * qu’eft dû
celui de préparer cette efpèce de limonade sèche.
On en fait beaucoup d’ufage, & elle deviendra
encore bien plus commune à raifon de fa commodité,
de fa durabilité & furtout de fon prix très-
modéré , lorfqu’on aura exécuté le projet que j'ai
donné depuis 1785, d’extraire dans les colonies
d’Amérique, où le citronier eft fort abondant, le
fuc des citrons qu’on y laifl’e perdre, de le combiner
avec la craie, de bien laver & fécher le
citrate calcaire infoluble qui en réfulte, & d’envoyer
ce fel en France, où il fera décompofé par
l ’acide fulfuriaue affoibli.
On peut faire encore la limonade seche avec
l’acide tartareux criftallifé, mais elle n’eft pas aufli
agréable que la précédente. Ces limonades font des
remèdes précieux, en même tems que des boiffons
très-utiles pour les hommes fains,
LIMONADIER. Le limonadier eft celui qui fabrique
& débite les liqueurs fraîches , la limonade,
l’orangeade, l’eau de groffeille, l ’eau de
verjus, l’orgeat, les forbets, les glaces, &c. Dans |
les mêmes ateliers on fabrique & l’on débite en
même tems les boiffons chauaes, le thé ,1e café, le
chocolat, les bavaroifes, &c. L’art du limonadier
a été traité en particulier par plufieurs auteurs.
L’ouvrage le plus eftimé dans ce genre eft celui de
M. Dubuiffon, ancien propriétaire d’un atelier
fameux à Paris. On peut aufli confulter le Diction-
flaire des Arts & Métiers de VEncyclopédie,
^ LIN. Le lin eft une plante fi utile à l’homme,
qu’il eft très-fiaturel de croire que la chimie s’en
eft occupé. Cependant il n’y a rien de fait en particulier
fur ce végétal : on n’a encore confédéré en
chimie que l’art d’en féparer les filamens ; on a
cherché à fubftituerau rouiffage, qui gâteleseaux,
infeéte l’air & nuit à la fanté des hommes, un
procédé plus court, plus Ample, & qui n’eût aucun
des inconvéniens cités ici. .Ce procédé confïfte en
générai dans une légère leflive alcaline, dans laquelle
on fait bouillir quelques inftans la plante.
( Voye^r üarticle R O U IS SA G E . )
L in f o s s i l e , nom donné depuis long-tems à
une variété d’amiante ou d’asbefte à filets longs,
foyeux, flexibles & doux, qu’on peut filer, &
avec lefquels on forme des tiffus comme avec le
véritable lin..(Voye% les articles A m i a n t e &
A s b e s t f . )
L in i n c o m b u s t i b l e . On fait que les Anciens
fabriquoient avec des fils d’amiante ou d’asbefte
des tiffus qui étoient employés comme le linge ,
& qu’on jetoit au feu pour les blanchir. C’eft ce
genre de tiffu qu’on nommoit lin incombujlible.
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1 LINGE. Le linge 3 fabriqué, comme tout le monde
le fait, avec les fiis de chanvre ou de lin, a*été
regardé par les chimiftes , comme une efpèce de
fécule folide ou de matière ligneufe qui doit fa
folidité & fa durabilité à la grande proportion de
carbone qui entre dans fa compofition. On fait
qu’on le blanchit par le contaél de l’eau &de l’air,
par l’aétion fucceflîve des leffives alcalines & de
i’acide muriatique oxigéné. On fait qu’il s’ affoiblit
par des lotions fuccefïives, & qu’il perd affez de
fa force pour fe déchirer très-facilement : on dit
qu’il eft alors brûlé. Enfin, on connoît dans ce
tiffu hume&é la propriété de fermenter, de fe
ramollir, de fe pourrir & de former une forte de
matière pultacée qui fe broie facilement, & qui,
réduite en pâte par des pilons, refte enfuite fuf-
pendue dans l’eau bouillante, d’où elle fe dépofe
par le refroidiffement & conftitue le papier. (Voyeç
Varticle Papier. ) M. Defmarets a obfervé que ,
dans le blanchiffage, & furtout le pourriffage du
linge, il fe fépare une matière glutineufe affez
abondante. Malgré tous ces faits, il manque encore
beaucoup de connoiffances fur la nature du
linge 3 & c’eft une matière fur laquelle l’analyfe
chimique a encore beaucoup de chofes à faire.
Ce genre de travail eft d’ailleurs fort intéreffant,
puifqu’il appartient à une matière très-utile & très-
employée.
LINGOT. On nomme lingot une barre ou verge
métallique, coulée & refroidie dans une lingotière,
& ayant ordinairement la forme d’un demi cylindre
ou d’une efpèce de prifme triangulaire irrégulier,
dont une des faces, celle qui s’eft refroidie
à l ’air, eft bombée & plus mate ou terne que les
deux autres^ dans les métaux blancs, tels que le
plomb, l’étain & l’argent. Il y a aufli des lingots plats
ou carrés longs : ceux d’argent, d’or & de doré
préparés dans les raffineries, ont le plus fouvent
cette forme.
LINGOTIERE. On donne ce nom à une forte
de moule creux, portant ordinairement une cavité
demi-cylindrique ou triangulaire alongée, ouverte
dans toute fa continuité, fermée par fes deux bouts,
& dans lequel on coule les métaux fondus pour
leur faire prendre la forme de lingots. Les lingo-
tieres des fonderies ên grand font des moules creu-
fes fur le fol & dans du fable battu. U y a dans les
ateliers & les laboratoires, deslingotières de beaucoup
de grandeurs différentes, depuis près d’un
mètre de long, fur fept à huit centimètres de creux,
jusqu’aux petites les plus ufuelles de nos laboratoires
, qui n’ont guère que deux centimètres dans
l’une, & un centimètre dans l’autre de ces dimen-
fions. Elles font ordinairement de fonte de. fe r ,
quelquefois de fer battu, rarement de cuivre ou de
bronze : on a foin de les faire bien chauffer pour
en diflîper toute l’humidité, & on les enduit de
fuif avant d’y couler les métaux.
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La vue de ces infini mens & même des gravures
qui les repréfentent, en apprendra beaucoup plus
qu’une defcription, ( Voye^ figure 38, Clajfe Ve. des
Infirumens & Fourneaux. )
LIMPHE. ( V o y e i L y m p h e . )
LIQUATION. ( Métallurgie. ) Opération qui
confïfte en général à féparer deux fubftances alliées
par leur différence de fufibilité, en expofant la
combinaifon à une température telle qu’elle liquéfie
l’une fans ramollir fenfiblement l’autre. On
pourroit donc l’appliquer, d’après cette définition,
à tous les alliages compofés de deux métaux d’une
fufibilité très-inégale, comme au cuivre & au bif-
muth, au cuivre & à l'étain, au cuivre & au
plomb> mais elle n’eft ordinairement ufitée que
pour décompofer l’alliage de ces deux derniers
métaux.
En traitant des fulfures de cuivre mélangés de
galène , on obtient naturellement une combinaifon
de cuivre & de plomb dont il faut féparer les deux
métaux ; ce qu’on fait par la liquation.
Si les mines de cuivre font feulement argentifères,
comme certaines pyrites cuivreufes par exemple
, on emploie ordinairement le plomb comme
agent de féparation du cuivre & de l’argent; on
forme ainfi un alliage artificiel de cuivre, d’argent
& de plomb, qu’on décompofé par la liquation.
Alors le plomb, en fe fondant, entraîne avec lui
l’argent, & le produit eft un plomb argentifère ou 'j
plomb d’oeuvre, dont on oxide le plomb dans
l’affinage ou coupellation. ( Voyeç ce mot. )
C’eft prefque toujours à ce terme qu’on ramène
le traitement des cuivres argentifères , à caufe de
la facile fufion de l ’oxide de plomb formé dans
cette dernière opération.
Enfin, les ab^ug, abfirichle, Iitharges & lefts de
l’affinage, donnent parleur fufion & rédu&ion un
plomb cuivreux qu’on liquate encore pour purifier
l’un & l'autre métal.
Ce procédé n’eft en ufage que. depuis le commencement
du quinzième fiècle. Auparavant on
retiroit l’argent du cuivre en fondant les maltes
pyriteufes avec du plomb ; ce qu’on appelle p/om*
bage des maltes. Agricola & Libavius font les premiers
qui aient parlé de la liquation. Ërker enfuite
a donné une longue lifte de différens mélanges de
cuivre, de plomb & d’argent, dans des proportions
propres à obtenir leur féparation ; ce qui fait
entrevoir les différens,périodes de perfectionnement
que cette invention a parcourus.
Liquater c’eft donc , dans l-’acception ordinaire
du mot, retirer le plomb du cuivre auquel il eft
allié, foit dans le but d’enlever l ’argent naturellement
uni au cuivre, foit pour féparer feulement
les deux métaux unis : dans les deux cas l ’opération
eft la même.
Tout alliage de plomb & de cuivre n’eft pas
fournis à la liquation. Cette opération eft inutile
dans plufieurs cas pour parvenir à la réparation des
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deux métaux, & les proportions de l’alliage déterminent
ici le genre de procédé à employer.
i° . Si le plomb forme au plus la vingtième partie
de l’alliage, on l’en fépare par l’oxidation &
la vitrification dans le raffinage du cuivre. ( Voyeç
ce mot. )
20. Si fa proportion varie entre un vingtième &
un cinquième, on le retire par la torréfaction ou
rejfuage ( voye^ce mot) , puis par l'oxidation.
30. S’ il eft en quantité plus grande que le cinquième,
& au deffous des onze quatorzièmes de
lamalte, on le fépare alors par les trois opérations
fucceflives de la liquation y du reffuage & del’oxi-
dation. Cette dernière a toujours lieu dans le raffinage
du cuivre provenant des deux précédentes.
40. Enfin , s’il excède les onze quatorzièmes, le
départ du cuivre fe fait par la fufion , le repos de
maffe dans un baflin de réception & l’écumage.
Cette variation dans les proportions de l’alliage
des deux métaux n’a lieu que dans les cas où cet
alliage eft non argentifère, & où il provient, foit
de la réduction des Iitharges & lefts cuivreux, foit
du traitement des fulfures de cuivre mélangés accidentellement
de galène.
Si le cuivre eft argentifère, on doit fui vre d’autres
précautions, & ramener autant que poflible à des
proportions confiances le cuivre, le plomb & l’argent
, afin que le plomb d’oeuvre obtenu renferme
la quantité d’argent la plus convenable pourTexaéfe
féparation & l’économie. Les pains de liquation
doivent contenir trois quintaux trois quarts de
plomb fur un de cuivre noir, renfermant dix neuf
vingtièmes de cuivre pur, & treize onces d’argent
: alors l’oeuvre fortant tiendra de trois onces
un deuxième, à quatre onces au quintal. Si les
cuivres noirs font plus riches en argent, on les
traite à plufieurs reprifes par le plomb, & on eft
bientôt ramené aux cuivres pauvres qu’on rafraîchit
avec du plomb d’oeuvre pour les enrichir,
ou qu’on allie avec d’autres cuivres plus riches.
Au défaut de ces deux moyens, on fait entrer
dans de nouveaux rafraîchiffeniens l’oeuvre trop
pauvre,, • produite par unepremière liquation. On
trouvera d’ailleurs au mot Rafraîchissement
tous les détails néceffaires a cet égard.
Les pains de liquation ainfi formés s’expofent à
la chaleur dans des fourneaux différens, & c’eft
la defcription de ceux-ci & des opérations qui s’y
exécutent, qui va nous occuper.
Les foyers ou fourneaux de liquation peuvent
être ouverts ou fermés. Les fourneaux ouverts ont
été les premiers employés.
Les pains de liquation s’y placent de champ fur
un fiége formé de deux plans inclinés en regard ,
& recouverts de plaques de fer. Ces plaques ne fe
joignent pas au fommec de l’angle qu’elles forment,
& c’eft à travers l’intervalle vide qui refte entre
elles, que le plomb fondu tombe dans la voie ou
rigolle inférieure qui le conduit à un baflïn creufé
dans le fol en’avant du foyer. Une cheminée eft