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biromètre, 8c monte dans le thermomètre * le
volume de l’air augmentera doublement : de là il
luit que, pour faire avec exactitude des effais
eudiométriques , il faut être pourvu de bons baromètres
& thermomètres.
Les liquides contenus dans les cuves où Ton
opère, peuvent avoir aufli, furie volume des gaz,
une influence qu’il faut foigneufement eftimer.
Cette influence eft en raifon de la pefanteur des
liquides : celle du mercure, par exemple, eft
res de quatorze fois plus grande que celle de
eau.
Pour rendre nul l’effet des liquides fur les gaz,
il faut rétablir, à la fin de l’opération, les rapports
qui exiftoient au commencement entre les fur-
faces du liquide contenu dans la cuve-, & de celui
qui étoit renfermé dans la cloche où eft le gaz.
Lorfque la difpofition ou la capacité des appareils
ne permet pas de le faire par expérience ,
on y parvient facilement par le calcul. Si l'eau,
par exemple, s’élevoit dans l’intérieur de la cloche
à fix pouces plus haut qu’au commencement,
il fàudroit diminuer le volume de l’air d'un
foixante-quatrième environ. Il fàudroit faire la
même chofe fi l’eau de la cuve avoit diminué de
la même quantité j 8c fi ces deux cas arrivoient
en même tems, l'effet feroit double j 8c il fau-
droit alors diminuer le volume du gaz d'un trente-
deuxième.
L’abailTement de l’eau dans l’intérieur des cloches
n'a jamais lieu , puifque dans toutes les ana-
lyfes de l'air il y a toujours diminution de volume,
& il n'y a jamais de corre&ion à faire dans ce cas.
.Si j par l'addition de l’eau dans la cuve, le niveau
s'eft élevé, il faut augmenter le volume de l’air
/d’autant de fois, un trois cent quatre-vingt-qua-
<trième, que de pouces dont ce niveau fera
augmenté* ig
Quant à l’effet du mercure, il eft d’un vingt-
huitième environ, foit en plus, foit en moins, fur
le volume total des gaz par chaque pouce. S i,
par exemple, il s'étoit élevé d’un pouce dans l'intérieur
de la cloche , il auroit augmenté le volume
du gaz d'un vingt-huitième , & fi le niveau
du mercure contenu dans la cuve avoit aufli diminué
d'un pouce, la dilatation du gaz feroit
alors d'un quatorzième.
L’on voit donc par ce qui précède, que, dans
les expériences eudiométriques, il y a trois genres
de cofre&ion à faire 3 lavoir, celle que në-
cefîitentles variations du poids de l’air 5 celle qui
dépend des changemens de température 3 enfin ,
celle que produisent les inégalités entre les fur-
faces de liquides contenus dans la cuve , & dans
.les cloches où l’air eft renfermé 5 que quelquefo
is ces influences, agiffant en même tems fur le
volume, pourroient faire naître de grandes erreurs
dans la détermination des rapports entre les
principes de l’air fi on négligeoit de les évaluer
gv£C vxaélitude 3 que quelquefois aufli ces effets
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s’exercent en fèns contraire, 8c fè corrigent en
tout ou en partie les uns par les autres.
Après avoir fait connoître les précautions qu’il
faut prendre dans ce genre de recherches, nous
allons paffer à l’examen des matières propofées
par difrérens chimiftes & phyficiens pour l'ana-
lyfe de l’air.
Scheele, en employant pour cet objet, comme
nous l'avons déjà dit, une diffolution de fulfure
depotafïe, obtint pour réfultat vingt-fept centièmes
de gaz oxigène, 8c foixante-treize de gaz
azote 5 mais M. Berthollet & plufieurs autres chimiftes
n'en ont trouvé depuis que vingt - un à
vingt-deux de gaz oxigène , 8c foixante-dix-huit
de gaz azote, par le même procédé.
Pour faire mieux concevoir la caufe de cette
différence, il faut favoir que MM. Humboldt 8c
Gay Luflfac, en faifant bouillir de l'eau ordinaire,
& en recueillant en plufieurs parties l’air qui s'en
fépare pendant cette opération, ont obfervé que
la première portion contient beaucoup plus d'azote
que les dernières, 8c que celles-ci font toujours
plus riches en oxigène que l’air atmofphé-
rique. D'après cela, l'on peut conjecturer avec
beaucoup de raifon, que Scneele fit bouillir la diffolution
de fulfure depotaffe;que conféquemment
il en expulfa tout le gaz azote, &qu’enfin cette diffolution
, en reftant long-temps en contaét avec
l'air dont il faifoit l’analyfe, abforba une certaine
quantité de l'azote 5 ce qui produifit une diminution
plus grande qu'elle n’auroit du .’être.
Cette fuppofition eft confirmée par l'emploi,
pour le même objet, d’une légère diffolution de
lulfure de potaffe faire à froid : ici l'eau employée
pour la folution du fulfure de potaffe, n'ayant pas
éprouvé l’aCtion de la chaleur , n’a pas perdu ion
azote, & , reftant toujours faturée dé cette fubf-
tance, elle ne peut en prendre, à l’air qu’on met
en contadl avec elle. Aufli M. Berthollet 8c quelques
autres n'ont-ils jamais eu plus de vingt-deux
centièmes de diminution dans le volume de l'air
qu'ils ont fournis à l'eflai p. r ce moyen.
Voici comment il faut faire l'expérience r l’on
prend un volume d’air, déterminé à une prefïïon
& à une température connues > on l'introduit dans
un tube divifé en cent parties égales, & on le met
fur une diffolution de fulfure; de potaffe faite à
froid. Au bout de quelques jours il fe forme à la
(urface de la liqueur une pelliçule blanchâtre qu'il
faut brifer par un léger mouvement que l'on donne
à l’appareil, & qu'il faut renouveler jufqu’à ce
qu’il nefe forme plus de pellicule; Ce terme arrivé
indique qu'il n'y a plus de gaz oxigène dans l'air
atmofphérique, 8c que le réfidu n'eft que du gaz
azote.
Le mouvement, au moyen duquel on brife la
croûte qui fe forme fur la liqueur, eft néceflàire
pour renouveler le contaCl de l’air avec le fulfure,
& faciliter conféquemment la combinaifon
de l’oxigène avec le foufre 8c l'hydrogène : on
mefure
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îméfure alors le-réfidu de l’air, c’eft-à-dire, le gaz f
azote , en tenant compte des variations de la pref-
fion de l'atmofphère, de celle de la chaleur 8c des j
changemens de niveau des liquides contenus dans I
l'appareil, ainfi que nous l'avons dit plus haut,
& l'on connoît les proportions de l'air qu’on a
fournis à l’épreuve.
Ce moyen eft affez confiant dans fes effets, &
il paroît qu’il abforbe complètement le gaz oxigène
fans toucher à l’azote 3 mais il exige beaucoup
de tems, ne donne pas de lignes bien certains
pour reconnoître quand l’opération eft finie, 8c eft par cela même moins commode & moins
fûre que les autres moyens dont nous parlerons
plus bas.
En 1778, M. Volta, célèbre phyfiçien d’Italie,
propofa le gaz hydrogène pour faire l’analyfe de
l air atmofphérique 5 & il inventa un inflrument
propre à remplir cet objet, 8c dont on a donné
ia defcription à l'article É udiometre.
Quelques phyficiens avoient regardé ce moyen
comme fujét à plufieurs inexactitudes 3 & comme
il exige, pour fon emploi, un appareil électrique,
on l'avoit prefqu'entiérement abandonné. Mais
MM. Humboldt & Gay Luflfac, en comparant les
avantages & les incônvéniens des divers moyens
eudiométriques, ont trouvé au contraire qu'il étoit
un des plus exaCts, 8c ils n'ont pas héfîté à lui
donner la préférence fur les autres.
Pour faire l'analyfe de l'air atmofphérique au
moyen du gaz hydrogène 8c de l’eudiomètre de
M. Volta, il faut prendre un volume déterminé
de cet air qu’on introduit dans l'inftrument : on
y fait paffer enfuite un volume égal de gaz hydrogène
le plus pur poflible 5 on agite l ’appareil
pour mêler les deux gaz. Cela étant fait, on touche
l’excitateur de l’eudiomètre avec le plateau d'un
.éléCtrophore chargé, ou avec le crochet d'une
bouteille de Leyde, dont il faut faire toucher
en même tems l’extérieur à la lame de cuivre qui
règne le long du tube de l'eudiomètre.
Au moyen du conducteur interrompu, il fe produit
, dans l’intérieur de l'appareil, une étincelle
qui enflamme les gaz avec explofion.
Dans cette opération , le gaz oxigène de l’at-
mofphère fe combine à la quantité d'hydrogène
dont il a befoin pour fe faturer, & il en réfulte
de l'eau qui n'occupe prefque point de volume.
Comme les gaz, au moment de la combuftion,
éprouvent une grande dilatation par la chaleur
ui fe dégage , il faut laiffer le robinet inférieur
e l'inftrument ouvert| fans quoi il feroit indubitablement
brifé. Il eft bon aufli de ne pas remplir
entièrement le tube de gaz, pour ne pas courir
le rifque, malgré la grande capacité du pied de
l ’eudiomètre, de perdre quelques portions d'air.
C ’eft par la diminution qu'ont éprouvée les
gaz , que l’on juge de là quantité refpeCtive des
principes de l’air atmofphérique. En effet, des
expériences nombreufes ont appris qu’une partie
Chimie, Tome
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en volume de gaz oxigène pur en détruifoit à très-
peu près deux d’hydrogène également pur, 8c
pris à la même température. Il faut donc, dans
cette expérience, prendre le tiers du volume total
dont ont diminué les gaz , pour avoir celui
de l'oxigène 3 & comme on connoît d’avance le
volume de l'air atmofphérique, on a aufli celui
de l’azote. On ne rifque rien de mêler à l’air atmofphérique
un excès- d’hydrogène, pourvu que,
fui vaut MM. Humboldt 8c Gay Luflfac, il ne paffe
pas les i90 du mélange. Mais une plus grande quantité
de ce gaz s'oppoferoit à la combinaifon de
quelques parties d'oxigène 5 ce qui eft dû probablement
à ce que leurs parties, trop écartées par
celles de l’hydrogène, ne peuvent.s’enflammer par
communication, faute d’une chaleur fuffifante.
Ce qui le prouve, c'eft qu’en faifant paffer dans
ce gaz de fortes étincelles électriques au moyen
d’un conducteur, plufieurs fois interrompu dans
toute la longueur du tube, ou bien répétant un
aflfez grand nombre de fois les petites étincelles,
ont fini par avoir une abforption complète du gaz
oxigène.
Mais comme dans l’air atmofphérique il n’y a ,
le plus communément, que le cinquième de fon
volume en gaz oxigène, & qu’il ne faut qu’en-
viron deux parties en volume de gaz hydrogène
pour l’abforber, il eft évident qu’en employant
parties égales de ces deux gaz, il y aura toujours
un excès d'hydrogène fans que la combuftion en
puiffe être arrêtée.
Pour pouvoir compter fur des réfultats donnés
par cette méthode eudiométrique, il eft nécef-
faire que le gaz hydrogène foit bien pur, car s’il
contenoit de l’oxigène ou quelques matières com-
buftibles en quantité notable, on feroit induit en
erreur en plus ou en moins.
On prépare ordinairement le gaz hydrogène
pour ces expériences, en diffolvant du zinc fu-
blimé plufieurs fois, dans l'acide fulfurique étendu
de cinq parties d'eau : alors il ne contient pas
fenfibiement de charbon.
Si l’eudiomètre de M. Volta fert avec avantage
à faire connoître la pureté de l ’air atmofphériqu e,
& même celle du gaz oxigène , il peut également
fervir à l’analyfe du gaz hydrogène produit par la
nature ou par l'art. ,
On emploie, pour cet effet,-du gaz oxigène pur
ou de l’air atmofphérique dont on connoît la proportion
d’oxigène. La manière d'opérer, ainfi que
les proportions des gaz, eft la même que pour
l'analyfe de l'air atmofphérique.
L’eudiomètre de M. Volta a cela d’avantageux,
qu’il donne des réfultats toujours conftans que rien
ne peut troubler, fi ce n’eft l’excès exorbitant
de l’un ou l’autre des gaz , ce que l’on peut toujours
éviter 5 que fon effet eft prompt, & pour
ainfi dire inftantanéj que conféquemment il n’exige
point de corrections pour la température ni pour
le poids de l’atmofphère 5 ce qui eft très-coin^