
gène qu’il contient. Voici ce que Schéele a-trou-té
fur fes variétés de Couleur. L’oxide bleu eft le
moins oxigéné de tous ; le vert provient du mélange
du précédent avec l'oxide jaune de fer ; dans
Je jaune , ce dernier prédomine beaucoup ; le rouge
eft plus oxidé que les précédens > le noir eft, au
contraire , le plus oxigéné qu'il et! poffible.
7. M. Kirwan diftingue trois principales variétés
d’oxide de manganefe natif, le blanc, le rouge &
lé noir.
A. Le blanc3 qui contient le moins de fer & le
moins d'oxigène , M. Rinman l’a trouvé en petits
criftaux, ou en maffes arrondies, d’un tiffu fpathi-
que, dans les cavités des quartz ; il en a rencontré
de jaune, couvert d’un enduit noirâtre & fuligineux.
M. Lapeyroufe l’a reconnu en efflorèfcence
fpongieufe fur des mines de fer, & fpéciaiement
fur l'hématite. Il y a des carbonates de fe r , de
couleur blanche, qui contiennent plus de Cet oxide
que de celui'de fer. Tout oxide blanc de manga-
rt'efe fe ternit à l'air, & enabforbe fortementl’oxi»
gène.
' B. Le rouge, fuivant M. Kirwan, contient moins
d’acide carbonique & plus de fer que lé blanc ; il
eft, ou friable, ou dur dans du-carbonate de chaux,
du fchifte , fur l’hématite , Ou en maffes lamel-
leufes rayonées ou criftallifées en pyramides , en
rhomboïdes , en aiguilles courtes & fragiles.'1
C. Le noit & brun fouvent criftaîlifé comme le:
rouge, ou en maffes foliées- d- apparence métallique
ou terne & terreufé ,~mêlé de quartz, £rc. $
if pëfe 4,oco-. G’eft à cette variété que M. Kirwan
rapporte, i°. la pierre de P e ri gueux 3 ordinairement
d’un gfis-obfcur, très-pefarïte, facile à racler avec
le couteau , quoique dure & difficile à brifer, devenant
plus dure & brune-rougeâ-rre par la calcination
, fans devenir attirable, donnant au borax
la couleur de l’améthifte ; 2°\ le black-wad 3 d’un
brun-foncé, fous forme de poudre 011 de petites
maffes dures & fragiles, dans lequel Weedgv^ood
z trouvé 0,4$ de manganefe , 43 dé fer, 0,14 de
plomb & 0,05 de mica , & qui, après avoir été
defléché & malaxé froid avec de Fhuile de J in ,
s’échauffe & s’enflamme Fpeîltanément.
8. M. Haiiy, en ne donn-ara qrr’une efpèee de
mine de manganefe-, fon oxide natif , partage fés
variétés en deux feétions; tes unes ‘jou-iffant dé
l’état métallique , au moins dans fa- caffure , &
tranfmétrant facilement rérincelle-éleéttique-jdes
autres privées de l'état métallique ,-8t ne tranf-
mettant que faiblement rétincell'è ëfê étriqué.
Les premières ont quelque reffèmbtâneë avec Je
fulfure d’antimoine natif. Le cai-àdère drflinéfiT
facile à faifir, c’eft qite l’oxide de manganefefrotté
fur une pierre foncée comme Tardoile, & effuyé
légèrement avec le doigt , lafffe une trace terne &
matte, tandis que le fulfure d’antimoine y donne
un brillant métallique fénfible.
Les fécondés variétés font de diverfes couleurs,
furrout noires , brunes, jaunâtres, • restes* ; dediverfes
formes prifmatiques par le retrait, fol ides
& compaéles,mamelonées,en efflorefcence. Elles
donnent, comme les premières, & fouvent plus
qu’elles, du gaz oxigène- quand on les chauffe
dans des vaiffeaux fermés.
9. En comparant les formes & les apparences
diverfes que préfentent les nombreufes variétés
d’oxide de manganefe natif, on reconnaît que la.
plus régulière, en même tems la plus brillante &C
la plus métalliforme, eft en prifmes tétraèdres
rhomboïdaux, ftriés & féparés , ou en aiguilles
réunies en faifceaux , ou en rayons & en étoiles.
Parmi celles qui n’ont point d’apparence métallique
,• on diftingue furtout une efHorefcence brune,
noirâtre & friable., qui tache les doigts comme
de la fuie; une'‘variété d’un noir-mat & velouté,
la variété compacte & informe grife , rougeâtre,
brune, compacte, très-lourde, caverneufe , 8c
offrant des rudimens de criftaux brillans dans fes
cavités : cette dernière eft fouvent nommée pierre ;
c’eft la plus commune & la plus employée dans les
verreries.
- 10. M. Lapeyroufe a découvert & décrit, en
1786 , du manganefe natif en globules métalliques
à Sem , dans les mines dé fer de la vallée de Vic-
defos,. au ci-devant comté de Foix : c'eft le feul
naturaliûe qui ait trouvé ce métal natif. Il étoit
fous la forme de petits boutons un peu aplatis,
malléables , d’un tiffu lamelleux. Il eft vraifem-
blable que ce n’étoit qu’un alliage avec le fer; car
le manganefe eft trop combuftible par lui-même
pour pouvoir refter fans altération fous la forme
métallique..
11. Mi faut ajouter que l’oxide de manganefe fe
rencontre très-fféquerament avec d’autres métaux
minéralifés, furtout dans Es mines de fer ; que
Schéele l’a trouvé dans un grand nombre de: charbons
&: de cendres végétales, & que c’eft à lut
qu’il attribue les couleurs vertes & rouges que
prend ft fouvent l’alcali fixe qui provient de ces
cendres. On reviendra ailleurs fur ce phénomène*.
Hielm a trouvé le mûri a te de manganefe. diffous.
dans des eaux près du lac W e tc e rn& M. Guyton-
affure qu’il exifte du carbonate de manganefe dans
l’eau de la côte de Châtillon en Bugey.
12. On ne réduit bien l’oxide de manganefe
natif que ltorfqu’on évite de le chauffer avec des
fonda ns-, & c’eft pour cela fans doute que les
c-himiftes ont ignoré ,. pendant fi long tems, l’exif-
tence du métal particulier qui y eft contenu. G afin
n’eft parvenu le premier a l’obtenir que parce
qu’il n'a point employé de flux. Pour peu qu’on
mette de ces derniers, l’oxide fe vitrifie : ce fait
a été bien confia té depuis par Bergman, MM. Guy*
! ton , Champy, & par mes propres expériences.
Voici, d’après ces principes, le procédé de Bergman
, qui féuffit bien.
- i^.On.£âit uns;pâte avec de l’oxîde demanganefe
natif eh poudré fine & de l’eau ; on.en forme une
boule qu’on place dans un creufet. brafqué > fu-r le
fond duquel on bat une couche épaiffe de charbon
en poudre y on l’encoure, & on recouvre la boule
de charbon $ 011 ferme avec lui.le creufet renverfé
& luté ; ou chauffe au feu, le plus, fort qu’on puiffe
faire dans un laboratoire , pendant une heure &
davantage. 11 faut que la température du fourneau
aille au moins à 160 degrés du pyromètre de
‘W’eedgwood. Après le rcfroidiffement du creufet,
on trouve, fous ou au milieu même d’une fcorie
plus ou moins vitrifiée, un ou plufieurs globules
métalliques , qui vont; .jufqu’ à près du tiers de
l’oxide de manganefe. employé. Bergman les porte
à 0,30. Si le feu n’eft point allez fort, les grains
de métal , trop petits & difféminës dans la fcorie,
ne peuvent pas fe réunir. On obferve encore que,
lorfque le creufet Te. renverfe & que le métal touche
fes parois , toute la maffe eft vitrifiée , & on
n’obtient point de métal. J’ai plufieurs fois tenté
cette difficile réduâion : je n'ai jamais, eu, dans
les laboratoires, affez de feu pour raffsmbler le
manganefe en un feul culot ; mais, je l’ai obtenu en
grains ou petits globules, qui et oient enveloppés
chacun d’une fritte vitreufe d’un vert-foncé.
14. Bergman, dans la Dijfertation fur la docimafie
humide , donne, pour procédés docimaftjqu-s des
mines de manganefe-, leur diffolution dans les acides,
à l’aide du lucre ajouté, l’évaporation à fic-
cité du nitrate qu'on en obtient, & le traitement
des oxides mixtes de manganefe & de fe r , par
l'acide acéteux ou le nitrique très-foible qui dif-
fout le premier, fans toucher au fécond3 par
l’addition du fuçre. Il, obferve encore qu’en précipitant
,-par les pruffiates alcalins1, une diffolution
de manganefe & de fer, le précipité de pruffiate
de manganefe eft diffoluble dans l'eau, tandis que
celui du fer ne i’eft pas, & qu’on a dans cette
propriété un bon moyen pour féparer ces deux
métaux. C’ eft par lui que M. Guyton a reconnu la
préfence du carbonate de manganefe dans l’eau de
Châtilloirj mais il remarque qu’il y a en même
tems un peu de pruffiate de fer diffous.
15. 11 n-y a aucuns travaux en grand fur les
mines de manganefe, non pas feulement à caufe
de la propriété réfraétaire de ces mines, mais fur-
tout parce qu'il n’eft point utile dans l’etat métallique.
On exploite feulement, comme des carrières,
les lieux où l’oxide natif dé manganefe fe
-rencontre , g fin de fournir aux verreries, &c, cet
•oxide qui y eft employé.
16. On a dû voir, par les détails précédens,
que l'oxide de manganefe étant très-abondant au
•fein de la terre, & que le métal étant au contraire
très-difficile d obtenir, c’étôit de l’oxide
feulement qu’on avoir fait ufage dans les arts.
-Comme c’eft auffi fur cet oxide qu’ ont été faites
toutes les expériences & les découvertes de
Schéele , qui n’a pas connu le, métal, il n’y a
d’autre manière d’en bien cpnnoître 8f d’en faifir
l’enfemble, que de comparer, dans l’expofition de
chaque traitement & de chaque phénomène, les
propriétés de ce métal & celles de l’oxide, ou
plutôt des oxides ; car il fera fouvent nécelfaire
de décrire en particulier les effets de celui qui eft
au maximum , & de celui qui eft âu minimum d’oxi-
dation.
17. Il n’y 3 point de métal auffi combuftible,
& qui fe combine plus facilement comme plus
promptement à l’oxigène atmofphérique, que le
| manganefe.. Bergman avoit remarqué que fa couleur
| étoit très-altérable à l’air ; qu’il s’y réfolvoit quelquefois.
en pou/fière brune, tirant au noir, pefant
davantage que je métal entier. Il ignoroit encore
quelle étoit la caufe de ce phénomène, qu’il attri-
buoit vaguement.au peu de rapprochement des
paVticules : l’hymidite lui avoit paru; le fiivorifer,-.
ainfi que l’impreffion de l’air atmofphérique ; car
il avoit obfervé qu’un petit fragment de ce métal x
enfermé dans une bouteille fèche 8c bien bouchée,
s’étoit confervé entier pendant fix mois ; mais
qu’ayant .été enfuite expofé à l'air libre pendant
deux fois vingt quatre heures, fa furface s’éroit
j ternie , 8e il etoit devenu friable fous le doigt ^
j enfin, il a vu que les parties les plus chargées de
fer réfiftpient beaucoup mieux à cette altération
fpontanée. Tel eft le cas fans doute des boutons
confervés fans.changement à l’air, pendant plufieurs
années, par M. Guyton, quoique cependant
ils ne fuflènt pas fenfiblement magnétiques. Voici
ce que j’ai conftaré fur l’oxidabilité fpontanée du
manganlfs. En caffant les petits globules que j’en
avais obtenus par la réduction de î’oxide natif fans
flux , je m’apperçus que leur furface fraîche, de
grife-blanche brillante qu’elle é-toitau moment où
elle venoit d’être découverte, fe terniffoit prefe
qu’à l’inftant même dans l’air, fe coloroit bientôt
en lilas, puis en violet, qui paffoit promptement
au noir. Dans le dernier état, ils étoient friables
fous le doigt, &c formoient une pouffière noire
; femblable aux oxides natifs. Ayant renfermé quelques
uns de ces globules entiers, & couverts de
1 U petite couche d’oxide formée ou laiffée pen-
i dant leur fufion dans un pgtit flacon bien bouché,
ils s'y confervèrent entiers ; mais les ayant caffés
pour en obferver le grain 8c le tiffu intérieur, &
les ayant remis dans le même flacon qu’on agitoit
de tems à autre pour les obferver, au bout de
quelques mois on les trouva tous réduits en une
j poudre noire, qui avoit plus de poids que les glo*
bules n’en avoient eu.
1 18. Il n’eft pas douteux que ce phénomène ne
dépende de la prompte 8c facile abforption de
l’oxigène atmofphérique par le manganefe y mais il
eft bien remarquable que ce foit le feul métal qui
préfente une oxidation auffi rapide & auffi forte.
Cette célérité de combuftion, qui n’a de degré
fupérieur parmi les corps combuftibles que celle
du phofphore, eft réunie à la puiffante attraction
que ce métal exerce fur l’oxigène. Ôtvverra par la
fuite qu’il l’enlève au fer & au zinc, & qu’il eft
le premier des métaux par cette propriété : auffi