
pare ce qu’on nomme l‘huile animdlc de Dippel.
( Voye^ ce mot. )
Les huiles empyreumatiqu.es font en général peu
ufîtées. On les a recommandées comme anthel-
mentiques en médecine. Elles font propres à écarter
les infe&es & les vers. Ce font fpécialemept
celles des matières animales qu’on propofe pour
cet ufage.
On emploie les huiles empyreumatiques végétales
pour conferver les bois 8c les cordages dans
la marine ; elles condiment les goudrons, & font
fpécialement retirées des bois réfineux. Ori fe fert
aufli pour le même ufâge de Y huile extraite par
la diftillation de la houille. ( Voye£ les mots G o u d
r o n , H o u i l l e , R é s i n e . )
H u i l e s e s s e n t i e l l e s . On a pendant long-tems
nommé huiles ejfentielles ou ejfences les huiles volatiles
, légères , odorantes qu’on retire , foit par
la preflion , foit par la diftillation de beaucoup
de fubftances végétales. On les défigne aujourd’hui
par le nom d‘ hui-'es volatiles : celui d’huiles
ejfentielles ou A'ejfences qu’elles ont reçu, étoittiré
de l’opinion où l’on étoit qu’elles conftituoient en
quelque forte l ’exiftcnce particulière ou l’effence
des végétaux d’où elles provenoient, & qu’on
faifoit alors confifter dans leur odeur. ( Voyez Carticle
H u i l e s v o l a t i l e s . )
H u i l e s é t h é r é e s , autre dénomination des
huiles volatiles ou efîentielles, qu’on leur avoit
donnée en raifon de leur extrême légèreté , de
leur ténuité. On l’appliquoit plus particuliérement
à celles d’entr’elles qui jouifloient de la plus
grande volatilité, qui répandoienr l’odeur la plus
fuave , la plus fugace, & qui fembloient par-là fe
rapprocher le plus du caractère de l’ éther. (V o y e i
Varticle HuILES V O L A T IL E S .)
H u i l e s e x p r im é e s . ( V o y e i H u i l e s p a r e x p
r e s s i o n . )
H u i l e s f i x e s , i . Uhuile ou le corps huileux
en général eft un des matériaux immédiats des
végétaux les moins diflolubles dans l’eau, & qui
fe diftingue éminemment de tous les autres par fa
propriété combuftible, & par la flamme vive qu’il
répand pendant fa combuftion. Il y a long-tems
qu’on a remarqué, pour la première fois, que
l ’huile étoit formée par les végétaux , & un des
produits de la végétation ; qu’il n’y avoitpasd’^We
minérale proprement dite, & que celle que l’on
trouvoit quelquefois parmi les foffiiles, étoit originaire
des plantes, & ne pouvoit être compofée
dans l’intérieur de la terre. (P o y e { l'article H u i l e s
EN GÉNÉRAL . )
2. L’ huile fixe a pour caractère fpécial & dif-
tinétif de ne pas s’élever facilement 8c fans altération
en vapeur par l’a&ion du feu , & on
l’oppofe par ce cara&ère à Y huile volatile. On la
nommoit autrefois huile greffe ( oleum unguinofum ) ;
huile douce, parce qu’elle jouit de l’une & de l’autre
de ces propriétés; & huile par exprejjion, parce
que c'eft conftamment par cette opération qu’on
l’obtient.
3. Parmi les propriétés qui la diftinguent, je
remarque fpécialement celle de n’être contenue
que dans une feule partie des végétaux $ favoir :
leurs femences. En vain la chercheroit-on dans
d’autres organes : on ne la trouve jamais ni dans
les racines, ni dans les tiges & les écorces, ni
dans les feuilles, ni dans les fleurs. Quelquefois,
quoique rarement, elle eft ficuée dans le parenchyme
ou la chair de certains fruits ; encore parmi
les plantes oléifères nombreufes de nos climats,
ne. peut-on citer que l’olive qui la contienne dans
le brou & au dehors de fon noyau. Ordinairement
elle n’exifte que dans les cotylédons des graines,
& elle ne fe trouve même que dans celles à deux
cotylédons. Je ne connois pas d’exemple d’une
plante monocotylédone, dont la femence foit hui-
leu fe.
4. Toutes les graines dicotylédones , qui contiennent
de Y huile y font en même tetns chargées
de mucilage 8c de fécule, & elles ont toutes un
caractère qui les fait reconnoître : c'eft celui de
former , avec l’ eau dans laquelle on les broie,
une liqueur blanche qu’on nomme émulfion , lait
d'amande ou amande : on les appelle à caufe de
cela, femences ou graines émulfives. Elles doivent
manifeftement cette propriété à Y huile qu’ elles re*
cèlent entre les molécules de leur parenchyme.
L’eau, en diffolvant le mucilage 8c en éparpillant
en quelque forte, entre fes propres particules,
celles de l’amidon, retient fufpendueS des gouttelettes
d'huile qui lui ôtent fa tranfparence , &
qui lui donnent une opacité & une blancheur lai-
teufes. Aufli quand on garde long-tems ce lait
d’amande avec le contaét de l’air, il fe fépare à
fa furface une portion de cette huile fous la forme
d’une efpèce de crème un peu grife ou demi-rrahf-
parente : cette couche, féparée à la furface,
forme même , au bout de quelques jours , de
véritables gouttes huileufes. Pendant cette fépa-
ration une partie de la fécule fe dépofe en poudre
blanche, 8c la liqueur s’éclaircit a mefure que
cette double féparation des deux matières qui y
étoîent difléminées, s’opère par le repos. Les acides
produifent cette efpèce de décompo/ition beaucoup
plus promptement & fortement. "
5. G’eft un fait qui n’a point afîlz frappé encore
i’efprit des chimiftes, que cette préfence exclufive
de Yhuile fixe dans l'intérieur des femences dicotylédones.
Elle peut cependant jeter du jour fur
quelques traits de la phyfique végétale , puif-
qu’elle tient manifeftement à la ftruéture, à la
nature intime & aux fonètions des femences. Je
me contenterai de faire obferver ic i , d'une manière
générale , que Yhuile f ix e , qui eft douce 8c
nutritive, accompagne l’embryon dans la graine.
comme le poulet dans l’oeuf; qu’ elle eft placée
dans un lieu particulier de ces graines, comme
y huile d'oeuf l’eft dans le jaune ; qu’elle donne à
la mafle des cotylédons la propriété de faire avec
l’eau une efpèce de lait végétal, comme celle de
j’oeuf donne au jaune la propriété de faire avec
l'eau ce qu’on nomme allez exactement lait de
poule; qu’enfin elle contribue, dans le tems de
la germination , à la première nourriture de la
plantule, comme le jaune fert à la nourriture du
poulet pendant l’incubation & avant qu’il forte
de l’oeuf, 8>z qu’elle femble caradterifer les plantes
dicotylédones oppofées aux monoçotylédones,
comme les animaux ovipares, dont les petits n’ont
que cette forte de laétation dans l'oeuf, le font
aux vivipares, auxquels les mères fourniflent du
lait après leur fouie de la matrice.
6: L'hu ile fixe étant toute contenue 8c toute formée
dans le parenchyme des femences ou de quelques
fruits, il fuffit de prefier plus ou moins fortement
ce parenchyme pour la faire couler au
dehors & pouf l'obtenir ifolée. Mais la manière
même dont elle eft côntenue ou enfermée dans le'
parenchyme, fon abondance comparée à celle des
autres fubftances qui font mêlées avec elle, ou
dont fes molécules font enveloppées, fon état
plus ou moins liquide & plus ou moins difpofé
à couler, font autant de circonftances qui doivent
influer fur l'art de l’extraire , & déterminer
des modifications dans la pratique de cet art.
7. Souvent il fuffit de broyer les femences, de
fes réduire à une efpèce de pulpe ou de gâteau,
de foumettre enfuite cette pâte, renfermée dans
des facs de crin ou de toile, à l’effort de la preffe,
pour que Y huile en forte & puifle être facilement
recueillié. C'eft ce qu’on fait, dans les laboratoires
de pharmacie, pour obtenir Y huile d’amandes &
Yhuile de lin douce : on les nomme alors huiles
tirées fans f e u , & l’on fuit un procédé à peu près
femblable ou aufli fimple pour extraire Y huile de
noifettes ou d’avelines, celle de noix, celle de
chenevis, de colza , de navette , même Y huile
d’olive, l'huile de faîne , l’/tüzVe'd’oeillèt ou de
pavot, & un grand nombre d’autres, analogues
a celles-ci par leur nature 8e leurs ufages.
8. Mais on obferve que la plupart des femences
ne donnent par ce procédé qu’ une petite portion
à'huile3 & que fi elle eft très-pure 8c très-douce,
telle qu’elle convient pour les ufages médicinaux,
eile eft trop chère à caufe de fon peu d’abondance
pour la plupart des befoins de la vie ou des arts
auxquels elle eft deftinée. On trouve même quelques
femences qui, contenant avec Y huile une quantité
plus ou moins grande de mucilage gommeux
ou de fécule légère 8c très-divifée, ou ne donnent
prefque point à'huile par la fimple expreflion
de leur pâte à froid , ou n’en donnent qu’avec
une extrême difficulté. Celles même d’où on a
tiré par le premier procédé toute Yhuile douce
& fixe qu’elles peuvent fournir, en retiennent
encore après qu’on en a extrait une aflez grande
abondance pour qu’il ne foie plus potfible d’en
obtenir beaucoup par une fécondé manipulation.
9. Dans les cas que je viens d’ indiquer, on
emploie la chaleur plus ou moins fo r te , fuivant
les fubftances auxquelles on a affaire , fuivant la
nature de Yhuile- plus ou moins épaifie qu’elles contiennent,
de la fécule ou du mucilage, du fein
defquels il faut la retirer ; fuivant les ufages plus
ou moins impertans auxquels on la deftine. Quelquefois
on fe contente de chauffer des plaques d’étain
, qui s’appliquent immédiatement aux pâtes
des graines, & qui les compriment par le rapprochement
des pièces de la preffe, pour donner
plus de fluidité à Y huile, comme en le fait pour
les amandes douces ; d’autres fois on expofe la pâte
elle-même à la vapeur de l’eau bouillante, pour
la pénétrer d’une chaleur douce,'qui favorife la
féparation 8ç l’écoulement du fuc huileux. Pour
des huiles moins importantes > on grille plus qgi
moins fortement les graines, afin d’en épaiffir ou
d’en fécher le mucilage & la fécule, d’en rapprocher
les molécules huileufes de la furface , &
de.commencer à en faire tranfpirer les gouttes
au dehors. Ce dernier procède eft furtout employé
pour les femences très-muqueufes, très-vif-
queufes, 8c contenant en même tems beaucoup
d’eau. Les huiles que l’on tire par cette manipulation
, qu’on emploie pour les graines de lin ,
le chenevis, font moins pures, moins douces,
moins fines que les premières ; elles font aufli plus
colorées; mais elles font en même tems plus abondantes
& plus faciles à conferver. Quand on a trop
grillé les femences, Yhuile eft rougeâtre, & a
un goût plus ou moins fort de brûlé ou d’empy-
reume.
10. L'huile fixe qu’on obtient par les procédés-
indiqués, eft toujours mêlée & même combinée
avec quelques fubftances étrangères, & fpécia-
iemenr avec du mucilage, de la fécule amilacée
8c de la fécule colorée. Souvent ces trois corps,
8c fpécialement les deux derniers, fe dépofenr
fpontanément du liquide huileux-quand on le
garde & qu’on le lailfe repofer : on voit des flocons
muqueux, des fibrilles colorées ou de petites
pouflières féculentes fe précipiter peu à peu au
| fond de ces huiles : celles-ci, opaques ou troubles
d’abord au moment où les efforts de la prelfe les
ont fait fortir de la pâte des femences, s’éclair-
ciiTent feules, 8c deviennent plus ou moins tranf-
parentes & pures. La portion groflîère du parenchyme
, qui a été entraînée avec les premières
portions d’ huile exprimée, fe fépare & fe précipite
la première, enfuite la fécule verte 8c colorée,
puis la fécule amilacée; enfin, le mucilage
gommeux fe dépofe le dernier, 8c fouvent
même il en rèfte une portion en véritable difio-
lution ou combinaifon avec le fuc huileux : c’eft
cette portion qui forme ce que Schéele a nommé