
.cauflique & le carbonate de potaffe , un peu de ?
fulfate de potaffe , de fulfate de chaux , d’oxide j
de fer & deThanganèfe. Les quatre matières font I
toutes contenues dans les vins > mais elles y varient f
finguliérement en quantité. Il y a des cendres gra- J
velées qui ne contiennent pas d’oxides métalliques
, tandis qu’il n’y en a pas qui ne contiennent
les deux fulfates indiqués.
40. L'eau-de-vie, qui n’eft prefque que de l’eau
chavgée d’alcool, cette bientôt d être cette fimple
combinaifon, en raifon des procédés qu’on fuit i
pour la conferver. On la met, auflitôt qu’elle eft •
obtenue, dans des barriques de bois de chêne !
r.eufj le liquide agit très-promptement fur le bois,
& diffout une matière extraélive , colorante &
réfineufe, qui lui donne une couleur ambrée, une ;
légère faveur & une odeur aromatique , ainfî ;
qu'une forte de confiftance un peu on&ueufeou •
lavonneufe^, & la propriété de former une écume !
perfiftante à fa furface par l'agitation : c’eft ce que
dans le commerce on nomme faire le chapelet. j
Cette matière colorante de l’eau-de-vie Ce fonce »
avec le terns, & c’eft à fon intenfité, ainfi qu'à ;
celle de la qualité onètueufe que prend l’eau-de- ’
vie , qu’on juge de fon âge. Comme on eftime
beaucoup l’eau-de-vie vieille,, on a trouvé tout
ijniple de lui communiquer promptement les qualités
qui lacaradérifent alors, en jetant dans cette
liqueur récemment préparée , des copeaux de bois
de chene neuf, auquel elle enlève rapidement cette
matière colorante & cet extraôiif on&ueux, C ’ett
également à cette matière étrangère qu’eft due la
portion d’extrait fauve ou rougeâtre, & d'huile
concrète & graffe que Dubuiffon a retirée du ré-
üdu de l ’eau-de-vie diftillée en grande quantité.
C. Ufages.
41. Les ufages des vins font fi généralement.
répandus, qu’il femble prefqu’inutile d’en traiter
ici en particulier : auifi n'en dirai-je que peu de
ehofe fous le rapport de boifion. On fait allez que
ces liqueurs, devenues pour la plupart des hommes
prefqu’un befoin de première néceflité, foutien-
nent les forces, augmentent le ton des fibres , la
mobilité & la contra&ilité des mufcles & la force
irritable en géné>al j mais que l ’abus, auquel trop
d’hommes font difpofés, produit de grands maux ,
en finiffant par affoiblir & même détruire entièrement
la puiffan.ee digeftive, afnfi que le ton des
organes mobiles 5 qu’il donne naiffance aux eugor-
gemens lymphatiques, aux obftruélions, à l’hy-
dropifie. On connoît furtout cet effet fi remarquable
de i’ivreffe, dont on a encore fi peu expliqué
la caufe, & que prqduifent les liqueurs, quelquefois
avec une célérité fi extraordinaire. On doit
obferver fui tout que cette ivreffe du vin n’eft pas
la même que celle qui eft occafîonnée par l’opium,
par 1 ivraie > ;lolivj71 tetnulmtum 5 par les plantes vi-
JÊU*es çn general, le datura f^smoni uni, X atropa .*■
| mandragora , la jufquiame, le conium maculation,
! 1 efolanum , &c.
j 42. Le vin eft an excellent remède pour les
f perfonnes qui n’en font pas habituellement ufage}
c eft un tonique, un ftomachique, un corroborant,
un cordial tres-puiffant. On l’emploie fou-
vent comme un véhicule ou comme un excipient,
pour la préparation d’un grand nombre de com-
pofes pharmaceutiques. On a renoncé depuis long-
tems au procédé ridicule de faire fermenter des
végétaux médicamenteux avec le fuc de raifîn,
dans l’intention de lui communiquer, par l’aéle
même de la fermentation, les propriétés de ces
plantes : on fe contente de s’en fervir comme dif-
folvant, & l’on choifit les efpèces de vin appropriées
à la nature & aux qualités des compofés
qu on veut en préparer. Le vin eft fpécialement &
exclufivement deftiné à l’extra&ion de l’eau-de-
vie , & celle-ci à la diftillation de l’alcool, dont je
vais examiner les propriétés.
§• V. Du produit éloigné de la fermentation vîneufe ,
ou de l'alcool.
A. Des moyens de le préparer, ou de Vextraire
de l*eau* de-vie.
43* nomme l’alcool produit éloigné de la fer*
mentation vineufe, parce qu’on a vu qu’il n’eft pas
tout contenu dans le vin, qu’on ne ften obtient
qu’en décompofant celui-ci à l’aide de la chaleur de
1 ébullition, & qu’il en-Jeft véritablement le produit
éloigné ou le réfultat d’une dernière analyfe.
Cette liqueur eft une des matières les plus utiles à
1 la focieté & à la chimie 5 elle mérite d’être examinée
avec foin. Les chimiftes, avant la doéfcrine
pneumatique , 0 en avoient qu’une çonnoiffanc e
très-imparfaite, & que des idées erronées. Depuis
Lavoifier on en a une notion beaucoup plus exa&e.
è 44* L’eau-de-vie que l’on obtient, comme on
l’a vu, en diftillapt le vin à feu nu, eft un compcfé
d alcool, d’eau & d’une petite portion de matière
huileufe & extraèfive quand elle a fiéjourné quelque
tems dans des tonneaux. Pour féparer ces fubf-
tances & obtenir l’alcool pur, on emploiel’a&ion
du feu & je procédé de h diftillation. Il y a plu-
fieurs procédés pour obtenir l’alcool. Quelques
chimiftes confeillent de diftiller Peau-de-vie au
bain-marie un affez grand nombre de fois, pour en
tirer tout ce qu elle contient de cette matière. Us
recommandent de feparer le premier quart du produit
de la première diftillation , & de mettre également
a part la première moitié du produit des
diftillations fuivantesj de mêler enfemble tous ces
premiers produits, & de les re&ifier à une chaleur
douce. La première moitié de liqueur qui paffe
dans cette re&ification eft l’alcool îe plus puf & [e
plus pénétrant ; le refte eft un alcool moins aélif,
* mais encore très-bon pour les ufages ordinaires.
; 4j. Rouelle prefcriyou de retirer, par la diftii*
F E R
latîon au bain-marie, la moitié de l ’eau-de-vie employée.
Ce premier produit eft de l’alcool commun:
en le rectifiant deux fois de fuite, & en ne
recueillant qu’environ les deux tiers de ce premier
produit, on obtient de l’alcool plus fort, que l’on
diftille de nouveau avec de l’eau , d’après le procédé
de Kunckel; l’eau fépare l'alcool de l'huile
qui l’altéroit j on reCtifie cet alcool-déjà diftillé
avec l’eau, & on eft fur alors de l’avoir parfaitement
pur & aufli reCtifié qu’il eft poffible. Le ré-
fidu de l’eau-de-vie diftillée n’eft qu’une eau chargée
de matière extraCtive, & d’une réfine colorante,
ainfî que recouverte d’une efpèce d’huile
concrefcible dont j’ai déjà parlé.
46. On conçoit aifétnent que'ce fluide, d’ après
les^ différens procédés que l’on emploie pour le
préparer, peut avoir différens degrés d*e force & de
pureté. On a cherché depuis long-tems des moyens
de reconnoître fa pureté. On a cru d’abord que
l’alcool, qui s’enflamme facilement & qui ne Iaiffe
aucun réfîdu , étoit très-pur j mais on fait aujourd’hui
que la chaleur , excitée par fa combuflion,
eft affez forte pour difliper toute l’eau qu’il potir-
roit contenir. On a long-tems employé l’épreuve
de la poudre. Lorfque l’alcool, allumé dans une
cuillère fur de la poudre à canon, ne l’enflammoit
pas, il étoit regardé comme mauvais 5 fi au contraire
il y mettoit le feu, on le jugeoit très-bon.
Mais cette épreuve eft fautive & trompeufe 5 car
en mettant beaucoup du meilleur alcool fur peu
de poudre, l’eau qu’il fourniffoit dans fa combuf-
tion humeCtoit la poudre , & elle ne s’allumoit
point, tandis qu’on pourroit l’enflammer en fai-
fan t brûler à fa furfaee une très-petite quantité
d’alcool chargé d’eau. Ce moyen n’étoit donc pas
plus fur que le premier.
47. Boerhaave a donné un très-bon procédé pour
connoître la pureté de ce fluide à l’aide de l’ alcali
fixe. En appropriant fon moyen à l’état a&uel de
la fcience, il confifte à jeter dans l’alcool du carbonate
de potaffe bfen fec & en poudrer Ce fel
s’unità l’eau furabondante de l’alcool, & il forme,
en s’y diffolvant, un fluide plus pefant & plus coloré
que l’alcool, qui ne fe mêle point avec ce
dernier & qui le fumage. On verra que , dans le
Vrai procédé de Boerhaave, l'alcool pur diffolvoit
une partie de potaffe pure exiftante dans l’alcali
fixe ordinaire.
48. Plufieursphyficiens, fondés fur ce que l’alcool
eft d’autant au deffus de la légéreté de l’eau,
qu’ il eft plus pur, ont imaginé des inftrumens nommes
péfe-liqueurs ou aérométres, à J’aide defquels
on détermine d’une manière affez exacte le degré
de pureté ou de légéreté de ces fluides & de toutes
les liqueurs volatiles. Ces inftrumens, plongés
dans l’a lcool, s’y enfoncent d’autant plus, que
ce liquide eft plus reètifié ; ils doivent être conf-
truits de manière à indiquer en même tems les
températures de la liqueur, fans quoi ils donnent
des idées fauffes de la pefanteur de l’alcool. C ’eft
F E R S71
ce qui fait que l’aéromètrede Baume eft défe'èlueux
& infidèle j celui de Borie eft pftis avantageux,
parce qu’il indique la température j aufii eft-il aujourd’hui
préféré dans le commerce des eaux-de-
vie & des liqueurs alcooliques.
B. Des propriétés phyfiques de Valcool.
49* L’alcool, bien préparé & bien reftifié, eft
un liquide tranfparent, très-mobile, d’une odeur
vive, pénétrante & agréabiej d’une faveur chaude,
piquante, ftimulante & âcre, qui femble même
brûler le palais & la gorge. Il a , dans un degré
beaucoup plus énergique que le vin , la propriété
d’enivrer les animaux. On ne connoît pas la caufe
de cette propriété bien remarquable.
jo . Ce n’eft point affez de favoir que l’alcool
eft plus léger que l’eau, il faut encore connoître
exa&ement le rapport de cette pefanteur. Dans,
l’ alcool le plus reaifié , elle.eft à celle de l’eau
: : 8.195 : ib;000. Dans celui du commerce, elle
eft : : 8.371 : io.oôo; Dans l’ouvrage de M. Brif-
fon fur la pefanteur fpécifique, il y a quinze pe-
fanteurs diverfes exprimées d’après les proportions
réciproques d’alcool, & d’eau depuis 1 jufqu’à ijj
elles font prélentées dans l’ordre fuivant, l’eau
pure ou diftillée étant fuppofée 10.000.
A l c o o l . E a u . P e s a n t i u r .
Parties.
U .........
Parties.
. . . . 1 ......... . . . .8 . ; a 7
H ......... . . . . u u i . ...8.674
B— 3......... . . . .8.8l ƒ
12........ — 4 ......... ....8 .9 74
I I ......... •••• S ........ . . . .9.07j
IO......... . . . . . 6. W H ....9 .19 9
2 ......... •••• 1 ......... -----9.317
8........ . . . . 8........ . . . .9.417
1 7 ........ •••• 9......... ....9 .3 19
6 . __ . . . h q y . . m ....9 .398
5 ......... — 1 1 ......... . . . .9.674
4 ........ . . . . 12........ ....9 .73 3
3........ • .1 3 ........ -----9.791
2 ......... — 14........ ....9 .8 3 1
I ........ ......... ....9 .9 19
j i . L’alcool eft une des matières les plus volatiles
qu’on poffède en chimie, & cette propriété
eft d’ accord avec fa légéreté fingulière. Il s’évapore
promptement à l’air/, qui réunit à la vérité
fa propriété diffolvante à l’expanfibilité de ce liquide.
Lorfqu’on le chauffe même légèrement
dans des vaiflèaux fermés, il s’élève & paffe fans
altération dans les récipiens : c’eft par ce moyen
qu’on le re&ifie 8c qu’on le fépare du peu d’eau
qu’il pourroit contenir. Audi les premières portions
de ce liquide diftillé font-elles les plus fua