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JA T TE , efpèce de vafe plat ou à bord uni,
peu élevé., qu’on fait en verre , en porcelaine, en
faïence j en grès, & qui fert fouventen chimie ,
foit pour faire des mélanges, foie pour contenir
les fubftances qu’on deftine aux expériences quelque
tems avant de tenter celles-ci, foit pour fou-
tenir & tranfporter les cloches de verre pleines de
gaz, qu’on ifole ainfi de l’air par une couche d’eau,
d'huile ou de mercure.
JAUGE, J a u g e r . En phyfique & en chimie
on nomme jauge la mefure ëxadte des vafès, &
lui tout des cloches qui fervent à recevoir les gaz,
ainfi que des poudrières, flacons, bouteilles &
jarres deftinés à contenir les liquides de diverfes
natures. Pour les jauger on y fait paffer ou on y
verfe dès mefures ou volumes déterminés 8c- réparés
d’air atmofphérique ou d’eau diftillée., d’un
litre par exemple pour de grands vafes, & de centimètres
cubiques pour les petits. On marque avec
des raies tracées au diamant chacune de ces parties,
& lorfque les vaiffeaux font ainfi jau gé s , on
a promptement les mefures vraies ou les quantités
réelles des differens liquides ou gaz contenus dans
les vafes. ( Voyez le mot A p p a r e i l s . )
JAUNE, l’une des couleursprimitives du prifme,
ou l’un des rayons colorés de lalumière. Cette couleur
riche, 8c qui plaît affez généralement, eft
très-variée dans les teintes, & très-abondamment
répandue dans la nature. Ondiftingueleya^«« d’or ^
le jaune de foufre , le jaune-citron , le jaune-orangé,
\z jaune de p a ille , le jaune de fouci , &c, en prenant
ainfi dans la nature les nuances fixes 8c déterminées
de chacune de ces couleurs. Lorfqu’on veut en
donner une notion plus exaéle 8c plus certaine
dans les descriptions d’hiftoire naturelle & de chimie
, on a foin de joindre aux ouvrages des échantillons
nuancés, correfpondans aux dénominations
qu’on emploie pour chaque couleur. C’eft ainfi
qu’ont fait les minéraîogiftes allemands modernes.
Le jaune .eft affez fréquent & affez varié dans
les minéraux naturels & dans les compofés chimiques
de ce règne. Les oxides/ de piomb, les
fels de mercure, quelques oxides falins de fer,
l ’urane, le titane, le tungftène, &c. prennent
diverfes nuances de cette couleur dans les opérations
chimiques. Le foufre, lesTulfures d’ar-
fetiic, les oxides d’urane , le molybdate & le
chromate de plomh préfentent divers jaunes naturels.
Le jaune eft la couleur la [ lus tenace & la plus
folide dans les fleurs ; elle réftfte à l’aélion de
l’acide muriatique oxigéné. Le jaune des feuilles
mortes eft également tenace. Le jaune des écorces
ou épidermes des fruits l’eft moins, 8c préfente
beaucoup plus d’altérabilité. Il y a des racines,
des écorces & des bois d’un jaune plus ou moins
prononcé, & qui confervent leur couleur dans
les ouvrages de menuiferie 8c d’ ébénifterie, ou
fe la laiffent enlever pour la prêter à d’autres corps
dans l’art du teinturier.
Les animaux font également riches de jaunes
divers. Les pélages & furtout les iris de quelques
mammifères, les plumes des oifeaux , les étuis
& les ailes nues des infeétes, 8c jufqu’aux écailles
des poiffons, la foie, offrent des jaunes éclatans,
clairs, dorés, foncés, Sec. plus ou moinsbrillans,
folides, durables ou paffagers. Le fiel & les concrétions
biliaires en donnent qu’on emploie pour
la peinture. Le calcul urinaire d’acide urique fournit
à lui feul huit ou dix nuances différentes de
cette couleur, depuis 1 e ja un e très-pâle jufqu’au
jaune-rougeâtre de la rhubarbe ou de la garance.
Les graifi.es jauniffent par leur expofition à l’air 8c à mefure qu’elles ranciffent. La peau de quelques
habitans des zones chaudes eft naturellement
teinte d’un jaune-foncé. Une foule de matières animales
blanches deviennent également jaunes 8c
inaltérables dans cette couleur par l’aétion de l’acide
nitrique ; c’eft même une propriété carac-
tériftique de cet acide, que celle de teindre ainfi
les fibres & les tiffus du règne animal.
Outre tous les jaunes qu’on puife dans la nature,
& que la peinture ou la teinture s’approprie ,
l’art chimique en prépare quelques-uns qui font
très-beaux, & d’une excellente qualité pour l’un
ou l’autre de ces talens , qui ajoutent tant de
charmes aux jouiffances de la vie fociale. ( Voyei
les articles fu iv a n s .j
J a u n e (Bois.) On nomme bois jaune deux èfpèces
de bois , l'un qui fert à l’ébénifterie, 8c qui, avec
une belle nuance, reçoit un trèsrbeau poli. ( Voye[
le Dictionnaire de Botanique. )
L’autre eft une efpèce de chêne d’Amérique
feptentrionale, qui eft fort employée aujourd’hui
dans la teinture , 8c qu’on connoît plus particuliérement
fous le nom de quereïtron. ( Voyez ce mol
| & Varticle T E IN T U R E S . )
J a u n e d e N a p l e s . On connoît fous le nom de
jaune de Naples une préparation minérale fort employée
dans la peinture, & que les uns ont cru être
une terre naturelle, les autres un oxide de zinc :
cette couleur n’eft qu’un muriate de plomb vitrifié.
( V oy e i l ’article P L O M B . )
J a u n e d ’ g e u f . Le jaune d’oeuf eft u n mélange
de matière albumineufe & d'une huile douce qui
lui donne de l’opacité par fa fufpenfion. Il paroît
qu’il doit fa couleur au fer. ( Voyez l ’article CEu f . )
J a u n e d e p l o m b Le plomb prend fouvent u n e
couleur jaune en s’oxidant. Autrefois on ne con-
noiffoit que le mafiieot, couleur Pale & peu prifée,
& la litharge d’argent ou oxide de plomb vitrifié,
d’un jaune très-pâle'. Il y a une vingtaine d’années
( j’écris ceci à la fin de .1805) que les Anglais ont
employé pour peindre les voitures .& quelques
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meubles en jaune très-brillant, un citron riche j
éclatant, qu’on a beaucoup vanté en France. Ce j
jaune anglais, bientôt connu & préparé chez nous,
n’eft qu’un muriate de plomb vitrifié. ( Voye\ Car- (
ticle P l o m b . )
JAYET. 1. Le ja y e t , gagates des Latins, fuccin
noir de Pline , pangitis de Strabon, eft noir, dur,
compacte , vitreux dans fa caflure, fufceptible de
prendre un beau poli par le frottement, qui le
rend électrique. 11 eft fans odeur 8c ‘en prend une
légèrement fétide quand on le chauffej il fe ramollit
8c fe bourfoufle fans fe fondre complètement
» il brûle 8c répand une odeur forte pendant
fa combuftion.
1. On ne peut méçonnoître fon origine quand
on le confidère dans les lieux où la nature le préfente.
C ’eft à tort que les naturaliftes ont cru qu’ il
étoit dû à de l’afp halte durci par le tems. Il eft
mani tellement le produit d’une lente décompoft-
tion du bois enfoui dans la terre. On poflède,
dans les collections & les cabinets, des morceaux
de bois convertis en jayet dans un de leurs points,
& encore fenfiblement ligneux dans la plus grande
partie de'leur continuité. A Saint- Jean-de-Çucule,
près Montpellier, & à Nîmes, on a trouve beaucoup
de troncs d’arbres d’une forme bien recon-
noiuable & changés en jayet. M. Chaptal cite une
pelle entièrement convertie en ja y e t. Le jaye t de
Vachery, dans le ci-devant Gévaudan, offre le
tiffu fenfible du noyer: celui du hêtre fe voit dans
le jayet de Bofrup en Siléfie.
3. On en extrait, par la diftillation, lin peu d’eau, 8c de l’huile brune qu’on reCtifie en la récohobant
fur de l'argile i il en fournit moins que la houille
graffè. L’odeur qu'il donne en brûlant 8c qui dif-.
tingue fes produits, fans être fétide comme celle
delà houille , eft plus vive, plus piquante &r plus
fenfiblement bitumineufe, ou plus analogue à celle
du fuccin.
On travaille le jayet pour en faire des bijoux & des
ornemens de deuil. On en fabrique des bracelets,
des boutons, des colliers, des tabatières à Wir-
temberg, 8c én France à Sainte-Colombe, près
de Caftelnaudary. On en exploite auflî une carrière
àBaleftat dans les Pyrénées.
JOCKELS, nom allemand des fulfates métalliques
qui fe trouvent dans les cavités fouterraines.
( Voye% l ’article S U L F A T E S DE CU iy JR.E > D E
FER , ,& C . )
JOVIAL, dénomination qu’on along-tems donnée
à plufieurs préparations chimiques 8c pharmaceutiques
, de l'étaia, parce que ce métal étoit lui-
même nommé Jupiter. ( Voyez mot J u p i t e r . ) 11
y avoit un f c l jo v ia l >. un antikeclique jo v ia l dé la
Poterie ou de Poterius, un élexir jo v ia l. ( Voyez
rarticle J ü P i T E R . )
JUPITER, nom emblématique donné à l’étain J
par les alchimiftes, qui repreientoîent ce métal i
Ch im ie . Tome IV »
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dans leur écriture fymbolique, par le même figne
que celui qui étoit adopté par les aftronomes pour
repréfenter la planète Jupiter, ty.
I II paroît que, par ce nom emblématique, les alchi-
mift’és âvoient voulu appliquer le mot Jupiter à un
feu inné ou à une chaleur célefte qui fervoit à
engendrer les métaux. Audi, de l’union de Jupiter
avec, Alctnènp;avc(it réfulté Hercule, qui étoit
fouvent pour eux fynonyme de Mercure, lequel ,
comme on fait, eft un des principaux a gens du
grand-oeuvre. Jupiter, change en aigle & enlevant
Ganimède, figuroit, fuivant les mêmes idées , la
matière atténuée, 8c purifiée par la fubiimation.
( Voyez V article Et Al N. )
Il y a long-tems ’que toutes ces idées folles 8c
chimériques font bannies de la fcience, 8c que les
dénominations qui en.étoient forties , en ont été
bannies.
JUS. Ce mot eft fouvent employé en chimie 8c
en pharmacie comme fynonyme de fuc : c’eft ainfi
qu’on dit jus de pommes, jus de grofeiile, jus de
regliffe , jus de prunelles t &c. __ .. v . .1, .
On donne auffi très-fouvent le nom de jus
au liquide' préparé avec des viandes & de 1 eau
bouillante , à l’aide d’une longue 8c lente décoction
: c’éft une forte d’extrait de viande encore
liquide.
• , Les cuifiniers, pour affaifonner les légumes &
beaucoup de mets divers, font ce ju s en cuifant,
dans une petite quantité d’eau, des morceaux de
hoeuf, de mouton, de veau & de lard avec quelques
oignons 8c quelques carottes, le tout affai-
fonné de fel, de poivre,de thym, dé laurier, 8cc.
On conçoit que ce liquide, coloré & d’une faveur
très-forte, eft un compofé compliqué. ( V-,yezles
articles BOUILLON, CHAIR, VIANDES.)
Jus DE FUMIER. Les jardiniers appellent/^, de
fumier h liqueur brune 8c trouble qui fe raflemble
au fond des cours & des foffes à fumier, dans les
fermes & les domaines où l’on a une grande quantité
d’animaux. . .
La paille qui leur a fervi de litière, &qui eft imprégnée
de leurs excrémens liquides & folides, eft
entaffée dans les parties baffes des cours : on y jette
toutes les immondices de la mai.fon ; l’eau du ciel
pénètre 8c traverfe ces pailles, qui s’échauffent,
s’affaiffent, fe pourriffent & fe confomment peu à
peu. A mefure qu'elles paffent à l’état de fumier
plus ou moins bruni, ramolli, confômmé, 1 eau
qui s’en écoule & fe raffemble au deflous, eft chargée
d’un extrait brun, fétide, gras, à demi dé-
compofé , & qui fon?ie l’engrais le plus aêlif que
j l’on piiiffe' employer. Les chimiftes confidèrent
ce liquide comme une diffolution d’un carbure
d’hydrogène ou d’hydrure de carbone, qui paffe,
a v ec une grande facilité & une grande promptitude,
dans les filières des racines , 8c qui forme une nourriture
très-aâive pour lés végétaux. ( Voyez 'ks
articles E n g r a i s 6? V é g é t a t i o n . )
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