
qué , à la vérité, que ce dernier procédé ne don-
noit que de la félénite ou du fulfate de chaux.
Mais il règne dans tout cet article une obfcu-
rité que Ton pourroit trouver à tous les articles
de chimie j & qu’il faut moins reprocher à l’auteur
qu’au tems où il a écrit. ( Voye^ tarticle Ma g
n é s i e . )
M a g n é s i e d u n i t r e . Ce. qu’on nômmoit autrefois
en chimie pharmaceutique magnéfie du nitre3
ù une époque où plufieurs fubftances différentes
portoient ce nom de magnifie , étoit un mélange de
carbonate de chaux & de carbonate de magnifie,
obtenu de la précipitation des eaux-mères du nitre
par un alcali fixe. Les falpétriers l’obtiennent en
grand en faturant leurs leffives des platras de po-
taffe , parce que les platras contiennent en effet
des nitrates de magnifie & de chaux , que l’alcali
fixe décompofe & précipite à la fois. On ne fe fert
plus aujourd’hui de cette préparation trop infi-
delle pour la médecine.
Cependant oh pourroit tirer en pharmacie un
parti utile des eaux-mères des falpétriers 3 en précipitant
la magnifie qu’elles contiennent par l’eau
de chaux. ÇVôye^ les articles MAGNÉSIE & NITRATE
DE MAGNÉSIE. )
M a g n é s i e d u s e l D’EpsoM.Lorfque plufieurs
fubftances différentes 3 foit terreufes, foit métalliques
, portoient en chimie le nom de magnifie 3
on diftinguoit par le nom de magnifie du fiel d‘Ep-
fom la véritable magnifie, la bafe du fel d’Epfom
ou fulfate de magnifie. ( Voye^ les articles M A G N É SIE
3 S e l d ’E p s o m & S u l f a t e d e m a g n é s i e . )
M a g n é s i e n o i r e . C ’étoit anciennement le
nom du manganèfe. Bergman avOit propofé de
changer de genre fon nom latin de magnefia en
magnefium; mais ce changement ne fuffifoit pas.
Depuis 1787, époque de la création de la nomen*
clature méthodique, il n’y a plus d’erreur ni de
confufion à craindre dans ces dénominations. On
ne nomme magnifie que la terre bafe du fel d’Epfom
, & mangan'efe que le métal. ( Voyez ces deux
articles. )
M a g n é s i e o p a l i n e o u R u b i n e d ’ a n t i m
o i n e , anciens noms alchimiques donnés à un
compofé vitreux formé, par la rufion, de parties
égales de muriate de foude décrépité , de nitrate
de potaffe & de fulfure d’antimoine. La maffe
brune vitreufe qui réfulte de cette fufion, & que?
recouvre une fcorie blanche, eft une efpèce d’oxide
d’antimoine fulfuré vitreux, qu’on recom-
mandoit & qu’on employoit beaucoup autrefois,
comme purgatif & fondant, & qu’on ne prépare
plus aujourd’hui, parce qu’on n’en fait plus d’ufàge.
(Veye% les articles A N T IM O IN E & SU L F U R E d ’ a N -
T IM O IN E , ) . .
■ MAGNETISME. Quoiqu’il n’y ait encore aucun
rapport connu entre les propriétés du magnétifme
& les phénomènes chimiques ; quoique le
fluide magnétique ne paroiffe encore avoir aucune
influence fur la nature, la compofition & la dé-
compofition chimique des corps, je crois devoir
inférer ici quelques »notions fur cette force qui
exifte dans des minéraux, & qui y varie d’après
l’aétioh de quelques agens dont les- chimiftes fe
fervent.
Le magnétifme eft une propriété inhérente au
fer , au nickel, & peut-être à tous les corps naturels,
mais dans un degré fi foible , qu’elle y eft
prefqu’infenfible, par laquelle ces corps, i°. attirent
le fer, en font attirés, & y adhèrent plus ou
moins fortement; 2°. attirent ou repouffent un
autre corps lui-même magnitifi ou à l’état d’aimant
, fuivant qu’ils fe préfentent l’un à l’autre
par leurs pôles aifférens ou femblables ; 30. dirigent
leurs pôles ou leurs deux extrémités magnétiques
, l’un vers le nord, & l’autre vers le. fud;
1 ces deux propriétés forment la pôlarité; 40. Ils
dévient, dans cette direction, de quelques degrés
vers l'orient ou vers l’occident ; ce qu’on nomme
déviation. j p. Ils inclinent ou penchent une de
leurs extrémités , ou un de leurs pôles, vers le
centre de la terre£ d’autant plus qu’ils font plus
voifins d’un des pôles terreftres : on nomme cette
propriété inclinaifon. 6°. Enfin, ils communiquent
cette propriété au fer & à l’acier.
Voici ce.que M. Haüy a configné, fur 1 e magné-
; tifme , dans fon Traité de minéralogie, fcience qui:,
comme la chimie, a befoin des notions élémentaires
fur cette force pour bien connoître les propriétés
qu’elle examine dans les corps.
« Quoique le fluide magnétique, dit ce célèbre
minéralogifte, foit affujetti aux mêmes lois que le
fluide électrique, il en diffère cependant par fa
nature & par fes propriétés, au moins dans l’état
aCtuei de nos connoiflances ; car, outre qu’il n’agit
que fur le fer, ou tout au plus fur deux ou trois
métaux, il ne fe tranfmet point d’un de c,es corps
à l’autre , ainfi que nous le dirons dans un inftant,
au lieu que ces mêmes corps font d’excellens conducteurs
du fluide éleCtrique.
m Nous confidérons le fluide magnétique 3 de
même que le fluide éleCtrique, comme étant compofé
de deux fluides particuliers, dont telle eft la
manière d’agir, que les molécules de chacun fe
repouffent mutuellement, en raifon inverfe, du
carré de la diftance , & attirent les molécules de
l’autre fluide fuivant la même loi. Coulomb a
démontré l’exiftehce de cette loi par des expériences
aufli décifives que celles qui s’établiflent
relativement au fluide éleCtrique.
« Tant que le feu ne donne aucun figne de
magnétifme} les deux fluides reftent intimement
unis ou fe neutralifent mutuellement j mais , dans
le paffage à l’état de magnétifme fenfible , ils fe
dégagent, o u , ce quj revient au même, le fluide
total qui naît de leur combinaifon fe décompofe,
en forte que la partie de l'aimant qui fe dirige
librement vers le nord devient le fiége de l’a&ion
exercée par l'un des fluides, 8c que celle qui regarde
le fud manifefte l’aâion de l'autre fluide.
*> A l'égard des dénominations qu'il convient
de donner à ces fluides, celles de fluide boréal 8c
de fluide auftral fe préfentent tout naturellement ;
mais il y a , par rapport à l'application de ces noms
aux deux pôles de l’aimant, une obfervation à
faire, qui tient à la manière de dénommer ces
pôles eux-mêmes. Suivant l'acception commune,
le pôle boréal eft celui qui fe tourne fpontané-
ment vers le nord, 8c le pôle auftral celui qui
regarde le midi. Mais nous verrons dans la fuite
que le Globe terreftre fait la fonction d'un véritable
aimant. Nous yerrons^de plus que deux ai-
mans fe repouffentrpar les pôles de même nom, 8c
s’attirent par les pôles de différens noms. 11 en
réfulte que, dans une aiguille aimantée, l'extrémité
tournée vers le nord eft dans l'état contraire
■ à celui du pôle de notre globe fitué dans la partie
du nord; 8c comme ce dernier pôle doit être le
-véritable pôle boréal relativement au magnétifme,
ainfi qu'il l'eft à l'égard des quatre .points cardinaux
, il paroît plus convenable de donner le nom
de pôle auftral à l'extrémité de l’aiguille qui eft
tournée vers le nord ,, 8t celui de pôle boréal à
.l’extrémité oppofée. Nous adopterons en confé-
quence ces dénominations, qui font déjà ufitees
en Angleterre, 8c, par une fuite néceffaire, nous
nommerons fluide auftral celui qui follicite la partie
de l'aiguille la plus voifine du nord, 8cfluide boréal
celui qui réfide dans la partie fituée vers le midi.
« Il en eft du magnétifme comme il en feroit de
l’éleélricité s’il n'exiftoit dans la nature que des
corps parfaitement idéo-éleftriques. Chaque aimant
n'a jamais que fa quantité naturelle de fluide,
qui eft confiante ; en forte qu'il ne peut ni rece- j
voir d'ailleurs une quantité de fluide additionnel,
ni céder de celui qu’il poffède par fa nature, &
que le paffage à l'état du magnétifme dépend uniquement
du dégagement des deux fluides qui com-
pofent le fluide naturel, & de leur mife en aélivité
dans les parties oppofées du fer.. » . _
Ajoutons à ces idées générales 8c claires le ré-
fultat du travail de M. Coulomb, par lequel il
prouve que tous les corps hacurels, font fufeepti-
bles de magnétifme, 8c prenons ce réfultat dans le
compte qu’en a donné le Bulletin de la Société
philomatique.
« Tous' les corps , de quelque nature, qu'ils
foient, obéiffent à Xakion magnétique, 8c l'on peut
mefurer l'influence de cette aélion fur chacun
d’eux. Pour le faire voir on fufpend à un fil de
foie, tel qu’il fort du cocon , de petites aiguilles
faites de diverfes fubftances ; par exemple , de
terre,de plomb,de papier,de gomme-laque, 8cc. :
on préfente ces aiguilles à un aimant, 8c elles of-
cillent conftamment dans fa direction, comme fe*
roit une aiguille de fer dans les mêmes circonf-
tances.
m Connoiffant le nombre des ofcillations, ainfi
que la figure & le poids des aiguilles, on peut
calculer l’a&ion qu’elles éprouvent de la part de
la force magnétique, au moyen d’une formule donnée
par M. Coulomb dans le troifième tome des
Mémoires de l’Infiitut, pag. 86 & 87. Cette formule
eft analogue à celle qui donne la force de
la gravité au moyen des ofcillations du pendule.
Comme ces allions magnétiques paroiffent en général
très-petites, il faut, pour les mettre en évidence
, ufer de quelques précautions fondées fur
la théorie du magnétifme & fur celle des forces de
torfion.
« La condition de prendre un fil de foie tel qu’il
fort du cocon, eft en quelque façon indifpenfable
pour avoir une torfion très-petite. En donnant à
ce fil 1,065 de longueur, & agiffant fur l’aiguille
qu’il porte perpendiculairement à la direction
0,015 de diftance du point de fufpenfion, on peut
faire faire un tour entier à cette aiguille avec une
force qui, mefurée en poids., équivaut à juSocô de
grain, en forte que la torfion du fil peut alors être
■ regardée comme n’ influant pas d’une manière fen-
.fible furies expériences.
î « Pour que les ofcillations foient plus nom-
breufes dans Je même tems, il convient que les
aiguilles foient très-petites ; car il en eft d’elles
| comme du pendule ordinaire, qui ofcille plus len-
I tement à mefurè que fa longueur devient plus
grande. Celle des aiguilles ne doit pas excéder fept
à huit millimètres, & leur diamètre trois quarts
de millimètre. On peut d’ailleurs, fans inconvénient,
faire varier ces dimenfions dans des limites
peu confidérabies.
» Au lieu de préfenter les aiguilles à l’aélion
d’un feul aimant, on peut les placer fufpendues
entre deux aimans oppofés, par les pôles - le différens
noms , & dirigés dans la même ligne droite.
Leur diftance doit furpaffer de cinq ou fix millimètres
la longueur de l ’aiguille qui doit ofciller
entr’eux.
»Enfin, il faut abriter, le plus poffible, les
aiguilles du mouvement de l’air.
» L’ idée de ces expériences, & les moyens qui
ont fervi à les exécuter, appartiennent entièrement
à M. Coulomb. Il n’eft peut-être pas inutile
de faire cette remarque , car on a employé récemment
la théorie & les inftrumens créés par ce
phyficien, pour déterminer la denfité de la Terre,
& on a omis de lui en rapporter l’honneur.
» Nous a„vons rendu compte des expériences par
lefquelles M. Coulomb a démontré l’influence des
barreaux magnétiques fur tous les corps. Ces faits
ne prouvent pas encore que toutes les fubftances
prennent le magnétifme , & il feroit poffible qu'ils
fuffent dus à une très-petite quantité de fer répandue
dans tous les corps. En attendant que l’expérience
ait décidé cette queftion, M. Coulomb