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& fumant en blanc,. mais fale, impur, & foifvent
mêlé d'acide muriatique oxigéné. ( Voyeç tarticle
Acide muriatique. ) . •
Esprit de sel ammoniac : fynonyme du mot
efprit alcalin volatil.
Esprit de sel dulcifié, ancien nom du mélange
de l’acide muriatique 8c de l'alcool.
Esprit de soufre, dénomination ancienne
de l’acide fulfureux. On le nommoit .efprit de
foufre par la cloche, lorfqu'on le préparoit en brûlant
du foufre fous une cloche de verre qu’on im-
prégnoit d’un peu d'eau. ( Voyelles articles Acide
sulfureux £ Soufre. )
E sprit de V énus : c'était le nom ancien de
lacide acétique ou vinaigre radical, obtenu de
la première diftillation de l’acétate de cuivre. Il
étoit vert à caufe d'un peu d’oxide de cuivre qui
fe volatil.ifoit dans cette opération. On le reèlifioit
. en le rediftillant à une chaleur douce.
Esprit de vin ■ : fynonyme des mots efprit
ardent & alcool.
Esprit de vinaigre, nom ancien de l’acide
acétique, obtenu par la diftillation du vinaigre, &
nommé aulïi vinaigre dijtillê.
Esprit de vitriol. On nommoit ainfi l’ acide
fulfurique foiple aqueux , obtenu par la première
a&ion /du feu fur le fulfate de fer lorfqu'on
fe fervoit de ce fel pour extraire cet acide. On
avoit auffi appliqué la même dénomination à 1 acide
fu'furique étendu d’eau ; ainfi elle ne défignoit plus
que l’acide fulfurique affaibli par l’eau, de quelque
procédé qu’il fût le produit, s .
Esprit recteur. Ge nom, donné par Boer-
kaave, défignoit l e . principe odorant & aromatique^
des plantés. Les chimiftes, avoient admis ,
d’après lui, une matière particulière aux végétaux,
& à laquelle ils attribuoient leur propriété odorante.
J'ai prouvé que ce n'étoit pas un principe particulier
5 que tantôt c’étoit une huile , tantôt un
acide, tantôt un extrait j que toute, matière, atténuée,
diviféé, volatiliféè,aù point d’être appliquée
aux nerfs olfaétifs par l’air qui en étoit le
véhicule , avoit la propriété d’être, odorante, &
repréfèntoit un véritable efprit retteur. Voici comment
j'ai traité cet objet dans une differtation qui
fait partie du Journal de VEcole polytechnique, en
l ’an 6. ..
Depuis que Boerkaave, en attachant au principe.
odorant des végétaux une idée de p^uiifance ôu’de ;
grande énergie/foi t furies phénomèm .s mêmes ‘de.
lâ végétation , fait fur l’économie animale , ' l'a/
défigné fo-us le nom d'efprit recteur; depuis que les J
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] chimiftes ont recherché à l’envi la nature de cet
J être fugace, leurs idées & leurs connoiffances,
en prenant une latitude proportionnée au nombre
& à la différence de leurs effais , fe font étendues
dans le vague 8c ontprefque dégénéré en arbitraire.
Etonné , il y à plus de vingt ans , de la difparate
de leurs;rélultats & de l’accroiffement d incertitude
dont, je voyois leurs expériences fuivies ;
frappé furtout de la différence qui exiftoit entre
le produit de ces recherches 8c celui de toutes les
^tentatives qui conduifoient à des données exaétes
fur les autres corps, traités chimiquement, tandis
que les erreurs ou les illufions fembloient fe multiplier
à mefure qu'on multiplioit les effais. fur Yef-
prit retteur. s je vins à pénfer qu’on s'éloignoic de
plus en plus de la vérité, & qu'on n'avoit fuivi
qu'une route trompeufe dans l'examen du principe
de l'odeur.
. Venel avoit trouvé celui du marum acide } Roux
nous difoit, dans fes cours, qu'il en connoiffoic
plufieurs autres de cette nature. On difputoit fans
l'uccès fur Y efprit retteur dès crucifères : les uns le
proclamoient acide, les autres le faifoient alcalin ,
& ces deux opinions étoient également erronées.
L'inflammation du gaz qui enveloppe un pied fleuri
defrâxirieile dans une belle foirée d’été, avoit fait
croire qùè Y efprit retteur étoit de nature huileufe.
Macquer, dans, cette vacillation de réfuitats 8c
d’expérieiicés, prit lé fage parti d'admettre différées
efprits relieurs, .d'e'n diftinguer d'acides, d'alcalins
, d'huileux î . cependant il les regardoit en
général, ou. il concevoit le très-grand nombre
. d'entr’eux, comme des compofés d'une huile plus
ou moins tenue 8c d’un acide fubtil : c'étoit revenir
aux premières idées de Boerkaave.
Les decouvertes des gaz & la tendance fi naturelle
qu'ont les efprits, tout occupés d'un objet
nouveau, à fe fervir des premières données importantes
qu'il leur fournit pour expliquer tous les
phénomènes jufqve-là.inexpliqués, n'ont pas manqué,
de fe.prêter :à.Thiftoire de Y efprit retteur,* &
il faut convenir que peu de fubftances paroiffoient
mieux cadçer avec cette brillante théorie , même
à la première époque o.ù elle a lui fur la fcience.
Etre très-volatil,. très-fugace., très-expanfible ,
privé prefque de pefanteür appréciable, 8c com-
■ plétement invifible, intadile ou feulement infen-
fii>le a d'autres organes que la membrane olfaétive,
■ Yefprit retteur paroiffoit fe ranger de lui-même au
nombre des fluides^élaftiques i 8c déjà .celui de la
fraxinelle fembloit être qne efpèce particulière de
gaz hydrogène. Mais il réfultoit .d.e cette première
& fi naturelle application, que. les - odeurs dévoient
compofer à elles feules-une foule de corps
gazeux differens : on pou voit même voir A* efprit
/ retteur de,quelques crucifères, & fpéc.i'alement celui
dé toutes l$s efpèces du; genre braffica, comme
du gaz .hydrogène: fulfuré, d’après les dernières
expériences affez-piquantes & affez exa&es qui
avoient été faites fur l'invitation de la foeiété de,
médecine.
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médecine. Ainfi Y efprit retteur, dans toutes les j
hypothèfes propofées jufqu'ici, n'étoit point un
principe identique, un genre de principe végétal
homogène ou uniforme : on ne pouvoit pas lui
appliquer la même idée qu'au mucilage gommeux,
qu’au corps fucré, qu'à la fécule amylacée, 8c
en général à tous les matériaux immédiats des végétaux
, dont le caractère étoit de préfenter les
mêmes propriétés 8c une nature commune , à quelque
fubflance végétale qu'ils euffent appartenu.
Ainfi l'on ne pouvoit plus comparer l'arome aux
autres matériaux immédiats des végétaux, ni les
ranger dans la même cathégorie.
Une.aiure difficulté me preffoit encore dans les
.efforts que je'tîe. ceffais de faire pour offrir avec
méthode les cara&ères diftin&tfs & la difpofition
comparative des matériaux ou principes immédiats
des végétaux, & pour claffer parmi eux l'a-
rome des chimiftes modernes. Les.analyftes exacts
foutenoient, avec raifon , que chaque plante ,
même parmi les plus inodores , fourniffoit ; en là
diftillant verte au bain-marie, un liquide très-odorant
8c bien caraêterifé | qu’on reconnoiffoit dans
ce liquide préparé avec foin, l’odejur de la laitue,
du plantain , du feneçon , de la bourrache 8c de
tous les autres végétaux:réputés inodores. J’étois
affuré de ce fait par mes propres expériences. Ils
avoient v u , 8c j'avois vu comme eux ces eaux
diftillées fe troubler après quelques jours ou quelques
mois, dépofer des flocons muqueux, prendre
les odeurs de moifi , de pourri, 8c annoncer
ainfi qu'elles contenoient des fubftances fufcep-
tibles de fermenter. Ce n’étoit donc- plus ici un
être gazeux qui s'étoit diffous dans l’eau , ou au
moins ce n'étoit plus un des gaz que l’on cpnnoif- ;
foit déjà Enfin, l’efpèce d’attra&ion éleétivé bien
prononcée, que le principe appartenant aux aromates
proprement dits montroit pour l'alcool
qui l’enlevoit à prefque tous les autres corps, tandis
que Y efprit retteur des herbacées ou de quelques
odeurs douces , quoique fades , telles que
celle de beaucoup de liliacées, fembloit repouffer
toute union avec l’alcool, ou s’altérer fenfiblement
quand on l’y combinoit, tandis que les derniers
arômes., ou quelques autres analogues., s’iroif-
fant aux huiles fixes ou au firop fafis pouvoir paf-
fer dans l’eau par la diftillation, confirmoient mes
premières opinions fur la non-exifténee de ce pré-
. tendu efprit retteur comme principe particulier des
végétaux.
Dans cet état de ma penfée , conduite par celui
de la fcience, & tout à la fois dans la nécef-
ficé de donner à mes élèves quelques idées exaétes
fur la nature dt? l’arome, je ne pus prendre d'autre
parti que de refufer , parmi les matériaux immédiats
des végétaux, une place à Ce prétendu principe
, de le regarder comme perpétuellement différent
lui-même, de fubftituer à fa prétendue
exiftence à part, une propriété générale de tous
les corps , celle d’agir fur l’organe de l'odorat,
Chimie, Tome IV ,
8c de l’affeder chacun d’une manière particulière.
Toutes les expériences, toutes les obfervatio’ns
que mes cours 8c mes recherches particulières
m’ont fourni l’occafion de faire depuis près de
vingt ans, m’ont tellement fortifié dans cette façon
dé penfer , que je ne cannois d’autre manière
d’expliquer aujourd’hui, & les phénomènes de l’odeur,
8c tous les arts, tous les procédés qui y
ont rapport', que par la négation abfolue du prétendu
principe particulier de l'arome.
V o ici, d’après cette iiée.principale, comment,
dans une fuite de propofitions qui renferment .les
faits anciens ou nouveaux & les raifo.nnemens qui
les lient, j’établis l’hiftoire chimique de î’odeur,
regardée jufqu’ici comme un principe particulier,
& nommé efprit retteur ou arôme.
r°. Il n’y a point de principe particulier qu’on
puiffe. regarder comme efprit retteur ou arôme. Tout
ce qu’on a dit jufqu’ici fur ce principe, toutes les
expériences qu'on a préfentées fur fon extraêhon 8ç fort ifolement, h'offfent que des illufions ou
des hypothèfes infoutenables.
ï ° . Ce qu’on a nommé ainfi eft un liquide
aqueux ou alcoolique, chargé d’une plus ou moins
grande quantité d’un ou de plufieurs principes immédiats
quelconques des végétaux qui y font diffous,
8c qui, portés par l’air fur les nerfs olfactifs
, y font naître par leur aétiôn la fenfation de
l'odeur.
3°. Chaque eau ou alcool odorant tient ainfi en
diflolution, tantôt un extrait, tantôt un mucilage,
tantôt une huile tenue ; en un. mot, tout principe
végétal qui y eft foluble , quelquefois ifolement,
fouvent plufieurs enfemble. ,
40. Ce fait eft prouvé par l'odeur que'prend
tout à coup , au moment ou elle fe diffout, toute
.fubftance qui n'en avoit point auparavant & qui
n'étoit point diffoutè. Il n’y a pas -de matière v é gétale',
quelqu'inodore qu'elle fo it, qui ne présente
ce caraélère : on le remarque dans les gommes
& les fécules pures, au moment où on les
diffout en mucilage, en gelée ou empois.
50.Toute fubftance divifée, même en poudre,
quand elle eft agitée dans l'air, portée ou diffoutè
dans ce fluide, prend de l'odeur ou devient pour
nous odorante quand elle frappe les nerfs ol-
. fadifs.
6°. Il n'y a point de. corps qui ne foit plus ou
moins, odorant, pourvu qu’il arrive à notre organe
oifadif en diffolution dans l’air,.
7 °. La propriété odorante, auffi effentielle aux
corps que la pefantéur, fuit cependant la raifon
de la volatilité/} ainfi lès corps les plus volatils
font les plus odorans. L'ammoniaque, l'hydrogène
.fulfurè, l'hydrogène phofphoré , l'acide nitrique,
doivent leur vertu odorante àTeùr expanfibiüté
gazeufe. 8°. Mais de ce qu’un corps n’eft pas réputé volatil,
ou ne l'ett pas tant que tel autre , il nè faut
pas en conclure qu’il ne peut jamniç être odorant.
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