
La fécondé eft un robinet qui fe rifle fur le
pied : la clef de ce robinet eu retenue dans fa
place par une plaque de cuivre fixée à fon extrémité
à l'aide d'une vis : cette même clef a une
ouverture qui communique à l'extérieur, 8e qui
eft bouchée par une v is , de manière qu’en faifant
faire à cette clef un demi-tour comme pour l'ouvrir,
les deux ouvertures fe trouvent en communication
avec la capacité de V eudiometre. Cette
difpofition a pour objet de laifler entrer dans l'inf-
trument de petites quantités d’air à la fois, ou de
vider l’eau qu’il contient fans être obligé de l’enlever
hors de la cuve pneumato-chimique.
La troifième partie eft un cylindre de verre
épais, d’environ neuf à dix pouces de long, fur
un pouce & demi de diamètre, ayant à chaque
extrémité une boîte de cuivre avec un écrou pour
pouvoir fe vifler d’une part fur le robinet inférieur,
& de l'autre fur le robinet fupérieur. Sur
la longueur de ce cylindre règne une lame de
cuivre, fixée aux bottes par des vis , 8c divifée
en dixièmes 8c en centièmes. A la boîte fupérieure
eft adapté un excitateur électrique renfermé dans
un petit tuyau de verre, 8c fcellé avec de la cire
à cacheter pour l’ifoler du cuivre à travers lequel
il pafle, 8c qui fe courbe fur lui-même pour pré-
fenter fon extrémité à un autre fil de cuivre foudé
dans l’intérieur de la boîte.
La .quatrième partie de cet inftrument eft un
robinet femblablë au premier, à l'exception qu’il
n'a point de communication à l’extérieur : il fe
vifle par un bout fur le tube de verre, 8c par
l’autre fur un entonnoir difpofé d’une manière
inverfe à celle du premier, 8c qui font la quatrième
8c la cinquième pièce de l'appareil.
La fixième eft un autre tube de verre à peu près
de la même longueur que le premier, mais beaucoup
plus étroit, divifé en cent parties, 8c dont
Ja capacité ne doit être que le dixième de celle
du premier tube. Ce fécond tuyau s'adapte, au
moyen d'une boîte à vis, fur le robinet fupérieur,
dont l’extrémité porte intérieurement un écrou,
de manière que l’entonnoir fe trouve vifle fur
l'extérieur de ce robinet, 8c le tube dans l’intérieur.
La figure X X I I , fécondé clajfe des infirumens ,
fait voir un eudiometre de Volta monté.
Pour fe fervir de Yehdiometre de M. Volta , il
faut commencer par remplir d’eau le tube inférieur
, ainiî que le pied dans une cuve pneumato-
çhimique ; y faire piaffer la quantité d’air que l'on
veut eflayer à une température 8c une preffion
connues ; y introduire la quantité de gaz hydrogène
que l'on juge à peu près néceffaire pour
abforber l’oxigène au moyen de la combuftion. Il
vaut toujours mieux employer un excès de gaz
hydrogène, afin d’être plus fur que la totalité du
gaz oxigène a été abforbée.
Après avoir agité Yeudiomhre pour que les deux
gaz foient plus exaélement mêlés, on efluie 8c
l'on lèche bien le fil de cuivre qui doit porter
1 électricité dans l’intérieur ; puis on le met ?:t
contaél avec le plateau de l’éleétrophore chargé -
ou avec le crochet d’une bouteille de Leyde, dont
1 extérieur doit toucher à la bande de cuivre qui
fert dechelle à l’inftrument. Alors, au moyen du
conduéteur interrompu, il s'excite au milieu des
gaz une étincelle qui en produit l’inflammation 8c
la combinaifon. Au moment de la combullion, les
gaz éprouvent une grande dilatation, qui néceflite
que le tube n’en foit pas entièrement rempli, 8c
que le robinet inférieur relie ouvert ■, car, d'une
part, la capacité de l’entonnoir, qui fert de pied
a 1 inftrument, pouvant n être pas aflèz grande pour
contenir ces gaz dilates, une partie fortiroit, 8c
1 on ne fauroit plus fur quoi compter j de l’autre,
les gaz ne trouvant pas un efpace proportionné à
leur dilatation, briferoient indubitablement le tube
de Yeudiometre.
C ’eft par la diminution qu’ont éprouvée les
gaz après la combuftion, que l’on juge de la quantité
d’oxigène contenu dans l’air atmofphérique :
il forme environ le tiers du volume détruit j ce
qui donne en même tems le volume du gaz azote.
Mais 1 on conçoit que, pour pouvoir compter fur
l'exactitude de l’expérience , il faut employer du
gaz hydrogène très-pur ; car s’il contenoit en
diffolution quelques corps combuftibles capables
d’abforber de l’oxigène, tels que du charbon; du
phofphore, 8cc. les réfultats feroient évidemment
troublés.
L eudiometre d© M. Volta peut également fervir
pour connoître la pureté du gaz hydrogène qui fe
développe dans plufieurs circonftanees naturelles ,
& celui que 1 on retire dans les opérations de
chimie i dans ce cas il faut employer du gaz oxi-
gène bien pur-, ou de l’air atmofphérique dont le
rapport des principes foit exaâement connu.
M. Séguin a propofé un eudiometre qui confîfte
tout Amplement dans une cloche de verre alongée,
& évafée par fon ouverture. Pour fe fervir de cet
inftrument, on le remplit de mercure, on le ren-
verfe fur la cuve, & on y introduit enfuice un
morceau de phofphore q u i, par fa légèreté, s’élève
au deffus du mercure; on fait fondre cette
fubftance en approchant de l’extrémité de la cloche
un charbon ardent : auffitôtqu’oii s’appetçoit qu’il
devient liquide, on fait paffer peu à peu dans la
cloche une quantité connue d'air atmofphérique.
La combuftion du phofphore fe fait rapidement à
chaque^ bulle qui entre dans le tube. Lorfque la
totalité de 1 air eft introduite, on mefure le réfidu
qui eft le gaz azote, & l'on a le volume du gaz
oxigene. °
L’on voit que cet inftrument exige un vafe jaugé
pour e fumer la quantiré d'air quon emploie & le
réfidu qu’il laiffe après la combuftion , à moins
cependant qu il ne foit lui-même jaugé. L'incon-
venient principal de cet eudiometre, c’eft de fe
brifer quelquefois au moment où ©n l'échauffe
avec le charbon, ou lorfque le phofphore brûle,
parce qu’ il eft expofé au contrafte hrufque de la
chaleur & du froid par les ofcillations continuelles
du mercure.
EUDIOMÉTRIE. On entend par eudiomêtrie
l'art d’analyfer l'air atmofphérique, & de con-
noître le nombre & la proportion de fes principes.
L'on a auffi employé, dans ces derniers tems, la
même dénomination pour l'analyfe des différentes
efpèces de gaz.
Les favans qui fe font occupés de cette partie
intéreffante de la chimie, ont mis en ufage divers
inftrumens & des matières différentes, appropriés
à leur manière de voir. ,
Les premiers portent le nom à.’ eudio mètres 3 qui
veut dire mefure de l'air ( voye% ce m ot ) j les ie-
condes s’appellent m oyens eudiom étriqués, parce
que c’eft en effet à l’aide de ces fubltances que
l’on ifole les principes de l’air, & qu'on parvient
à connoître leur nature & leur quantité refpec-
tives.
Pour faire mieux concevoir la manière d’agir
des corps dans l'analyfe de l’air, nous dirons que,
dans le plus grand nombre de cas, il eft impoflîble
d'opérer la décompofition d'un mixte fans faire
entrer en même tems un ou plufieurs de fes élé-
mens dans une nouvelle combinaifon, & c’eft là
l’objet des moyens eudiométriques : de là il fuit
que, pour arriver à l'exaCtitude parfaite, il faut
choifir des corps qui, en s'unifiant à un des principes
de l’air, lui donnent des propriétés nouvelles
qui ne lui permettent pas de refter en combinaifon
avec l'autre principe, en forte qu'en obtenant ce
dernier entièrement ifolé, l'on puiffe, par fon
volume ou fon poids, connoître ceux du premier.
Jufqu’ici tous les moyens eudiométriques fe
font bornés à l’abforption du gaz oxigène par
différens corps, qui, en le rendant liquide ou fo-
lide, le féparent du gaz azote auquel il étoit mêlé:
de là il fuit que c'eft pat la quantité de gaz azote
qui refte après l'opération, ou par la diminution
qu'a éprouvée le volume de l’air employé, qu’on
a toujours jugé de celle de l’oxigène. Ainfi pour
qu’un moyen eudiométrique puiffe remplir toutes
lès conditions néceffaires à l'exaCtitude de l'opération
, il faut qu’il abforbe la totalité du gaz
oxigène dans le plus court efpace de tems poffi-
ble ; que la combinaifon qu'il forme avec lu i, fe
fépare entièrement de l'azote fans entraîner aucune
partie de ce dernier corps; que l ’excès de la
fubftance employée pour cette opération, ne foit
pas fufceptible ae s'unir à l'azote, ou qu'au moins
s'il s'y combine, il n'en change pas le volume
d'une manière fenfible.
Comme ce n'eft qu’au moyen de matière com-
buftible qu'on a pu parvenir jufqü'à préfent à précipiter
pour ainfi dire l’oxigène de l'air atmofphérique
, on conçoit que, dans leur grand nombre
on a dû choifir de préférence celles qui,
pat une forte affinité avec ce principe, l’abforbent
le plus complètement & le plus promptement à la
température ordinaire de l'atmofphère : de là le
fulfure de potafîe, le phofphore, le gaz nitreux,
le gaz hydrogène, le mélange de fulfate de fer &
de gaz nitreux, les muriates d'étain & de cuivre
au minimum d'oxigénation, qui tous jouiffent des
propriétés dont on vient de parler dans un degré
plus ou moins marqué, ont été fuccefîivement
propofés & employés par différens chimiftes &
phyficiens.
Nous allons examiner les avantages & les incon-
véniens de chacun de ces moyens eudiométriques,
fuivant les circonftanees & la préférence que mérite
tel ou tel dans des cas déterminés.
Scheele & Lavoifiet font les premiers qui, à la
même époque , dans des lieux très-éloignés &
fans avoir de communication entr'eux, nous ont
fait connoître que l'air, regardé jufque-là comme
un corps fimple, étoit compofé de deux éîémens
effentiels, d'oxigène & d'azote. Le premier fit
ufage d'une diffolution de fulfure de potaffe, &
le fécond du phofphore ; & , ce qu'il y a de remarquable,
ils arrivèrent à très-peu près au même
réfui tat, quoiqu’ayant fuivi des routes différentes.
Dans les effais eudiométriques il faut avoir
égard à la température, qui, comme on fait,influe
beaucoup fur le volume des gaz. S i, à la fin de
l’opération , elle n'étoit pas la même qu’au commencement
,. il faudroit l'y ramener par le calcul
ou par l’expérience. M. Gay Luffac a fait connoître
que le volume de tous les gaz changeoic
d'un deux cent dix-neuvième, foit en plus, foit
en moins, par chaque degré du thermomètre de
Réaumur. La preflion de Pair atmofphérique que
l'on mefure par le baromètre, ne doit pas non
plus être négligée, car elle peut varier beaucoup
pendant la durée d'un effai. S i, par exemple, le
mercure s’élevoît à vingt-huit pouces lorfqu’on a
mefuré l'air pour l'expérience , & qu'à la fin il
fût à vingt-huit pouces fix lignes, il faudroit augmenter
le volume du gaz qui refte d’un cinquantè-
fixième , à moins qu'en même tems la température
fe fût élevée d'un nombre de degrés tel qu'il
fît exactement la correction ; ce qui eft très-rare.
Si au contraire le mercure defeendoit à vingt-
fept pouces fix lignes, on dimintieroit le volume
du gaz reliant d’un cinquante-fixième , fi la température
n’a pas changé. L'augmentation du poids
de l ’atmofphère & l’augmentation 3e chaleur
agiffent, comme l'on voit, en fens inverfe fur le
volume des gaz mis.en expériences, & fe corrigent
, en tout ou en partie, l'une par l'autre.
Mais fouvent aufli les effets qu’ils produifent fur
les gaz font les rçêmes , & s’ajoutent les uns aux
autres : dans ce cas, la correction devient d'autant
plus néceflaire. Si en effet le baromètre monte
tandis que le thermomètre defeend, il eft évident
que le volume de l’air diminuera par une double
raifon j fi au contraire le mercure baiffe dans le