
foude qu’elles contiennent, y contribue aufîî ; l’albumine
, qui en conftitue fouvent une portion en
enlevant de l’oxigène aux oxides des dillolutions,
produi t encore leur réparation d’avec l'acide 5 quelquefois
même l'hydrogène fulfuré , diffous dans les
liquides animaux * entre pour quelque chofe dans
la précipitation ; de forte que les précipités obtenus
dans ces opérations peuvent être compofés de
cinq matières différentes ; favoir : d’un phofphate,
d'un muriate, d'un fimple oxide métallique, & de
ce même oxide albuminé & fulfuré. Une analyfe
délicate, & faite lentement à l’aide de divers acides,
peut montrer chacun de ces précipités métalliques
, & en donner même la proportion.
. 77. On n’a point encore examiné l'aétion des
métaux, des oxides & des difïolutions métalliques
fur les folides animaux avec affez d’exa&itude,
pour qu’il foit poflîble de la décrire avec foin. On
fait que ces folides fe confervent par ces difiolu-
tionsj qu’ils fe colorent, fe condenfent, fe ref-
ferrent & fe durciffent 3 qu’ ils abforbent une portion
du fel métallique ; qu'ils en décompofent une
autre, & en féparent l’oxide qu’ils rapprochent
de l’état métallique ; qu’ils éprouvent en même
tems une altération plus ou moins grande, fuivant
l'état de la diffolution diverfement concentrée,
& que, dans la couleur fouvent foncée qu’ils acquièrent,
leur carbone eft mis à nu & leur hydro-,
gène brûlé. Les plus âcres & les plus cauftiques
des diffolutions & des fels métalliques brûlent &
détruifent entièrement le tiîfu des folides animaux,
en les réduifant à l’état complètement char-
boneux ; c’eft pour cela qu’on les emploie en
chirurgie.
§. X. D e s car altères des matières a nim ales , tirés de
Vaction des fubfiances végétales.
; 78. Les végétaux entiers, ou leurs divers matériaux
immédiats , n’ont point, à beaucoup près ,
fur les fubftances animales, une a&ion aufii forte
que celle qu'y, exercent la plupart des fubflances
précédentes .4 l ’effet qu’ils produifent, eft fouvent
prefqu’inappréciable. On ne remarque point qu’ils
tendent à les déforganifer, à les décompofer, à
détruire l’équilibre qui exifte entre leurs principes
conftituans :„on trouve par conféquent qu’ils ne
peuvent pas fervir à leur analyfe. Cette aétion
néanmoins n’eft pas nulle ; pour être, foible , elle,
ne mérite pas moins d'être examinée avec attention
, & décrite avec foin : on y rencontre des
phénomènes qui peuvent ajouter aux caractères
chimiques des fubftances animales, & contribuer
à faire connoître leur nature.
79. On jugeoit autrefois par la faveur des plantes
leurs vertus médicamenteufes, que quelques-,
uns des médecins avoient attribuées à leurs propriétés
chimiques ; mais les idées erronées qu’ils
s’étoient formées des analogies de ces deux genres
de propriétés, font bannies aujourd’hui par une
faine théorie; elles ne font plus partie de la fcience.
j Les fucs des végétaux , mêlés avec les liqueurs
! animales, avoient femblé devoir aufîî montrer,
dans leur aétion fenfible fur ces liquides, la nature
de leur adtion altérante dans les maladies : les uns
étoienc difîolvans ou fondans ; les autres épaiflif-
fans & incraffans ; ceux-ci antiputrides ; ceux-là
aftringens & condenfans ; quelques-uns feptiques.
Non-feulement on a reconnu que ces effais n’é-
toient que des chimères pour la théorie thérapeutique
, mais encore de véritables erreurs pour les
effets chimiques , trop compliqués, même encore
aujourd'hui que la fcience eft beaucoup plus avancée
, pour pouvoir être bien déterminés.
80. On peut apprécier avec plus de facilité les
effets. immédiats, quoique foibles, produits par
les matériaux immédiats des plantes bien purs &c
bien ifolés fur les madères animales. Les mucilages
fe diffolvent dans leurs liquides, & en précipitent
fouvent les matériaux moins diffolubles que ceux
qu’ils contiennent. Le fucre, en produifant ce premier
effet, agit de plus comme confervateur j quelquefois
il favorife, par fa diffolution , l'altécabi-
Jité & la fermentefeibilité dont ils font fufeepti-
bles. On a déjà vu plus haut que les acides végétaux
coagulent l’albumine, diffolvent la fibrine &
la gélatine, empêchent leurs altérations ou les
retardent.
81. Tous les corps huileux inflammables, tous
les matériaux des végétaux, dont l’hydrogène pa-
roit être le principe furabondant, agiffent d’une
manière uniforme fur les fubftances animales. Recouvertes
d’huile fixe , elles fe confervent ; fouvent
elles s’en laiffent pénétrer comme les peaux,
qui en acquièrent de la foupleffe. Les mucilages
animaux, î’albumine & la gélatine la rendent mif-
cible à l’eau par l’agitation, & la fufpendent en
émuifion ; l'huile diffout les graiffes à l’aide de la
chaleur.
Les huiles volatiles, les baumes, les réfines, le
camphre , préfervent les fubftances animales de la
putréfaction : voilà pourquoi les anciens peuples
s’en fervoient pour conferverles corps dans l’em-
baumemenr.
On reconnoît une attraction fi forte & fi prononcée
entre les matières colorantes végétales &
les tiffus animaux ; elle eft fi bien démontrée par
la fojidité des teintures appliquées fur les laines,
la foie, &c. que, pour faire approcher de cette
folidité les fils végétaux , on les imprègne, avec
fuccès, de graiffe ou d’huile animale, qui difpofe
la matière colorante à y adhérer.
- Le corps ligneux lui-même , quelqu’inerte qu’il
paroiffe, n’eft pas entièrement fans aCtion fur les
matières animales. Réduit en poudre & jeté fur
leur furface, il la deffèche, abforbe leur humidité
, les durcit, & les préferve d’altération.
82. Les divers matériaux végétaux indiqués juf-
qu’ici, font prefqu’inaCtifs en ni fon de trois autres
fubftances végétales, dont l’énergie fur les compofés
animaux eft infiniment plus forte : ce font le
tannin, le gallin & l’alcool ; chacun d’eux mérite
d’être examiné à part. J’ai déjà parlé ailleurs de la
nature & de la propriété générale du tannin 5 je
dois encore en traiter, avec quelque détail , à
l’hiftoirè chimique du tiffu cutané : il ne fera donc
utile d’expofer ici que l’imprefiion générale qu’en
éprouvent les matières animales. Le tannin, diffous
dans l’eau , précipite l’albumine & la gélatine de
leurs diffolutions naturelles , où des liquides animaux
qui les contiennent. Le précipité, furtout
celui de la gélatine ou de la colle, eft mou, fauve,
duétile j il durcit & devient caffant par le deliè-
chement : alors il eft indiffoluble & inaltérable..
Cette précipitation eft tellement propre à carac-
térifer les fubftances animales, & furtout la gélatine
, qu’on peut, par fa quantité, déterminer celle
de ce principe aufîî bien qu’en reconnoître la pré-
fence. On reconnoît encore que le tannin, devenu
réaétif utile dans l’analyfe animale, eft le plus puif-
fant des antifeptiques végétaux -3 puifque les peaux
tannées n’éprouvent plus d’altération fenfible, &
fe confervent long- tems fans altération. Cette
propriété deviendra quelque jour une application
utile à la médecine ; elle peut déjà fervir avanta-
geufement pour les préparations anatomiques, &
la confervation des organes membraneux.
83. Je nomme gallin d’ acide gallique impur,
combiné avec une petite portion dèxtra&if ou
d’un principe végétai encore inconnu, dans lequel ;
réfîde principalement fa faveur aftringente . Il exifte i
prefque toujours avec le tannin ; il n’eft point a b- j
lorbe par les matières animales, ni précipité par la
diffolution de colle : de forte que l’eau faturée de
fan, & privée enfuite de tannin par les peaux qui
le lui ont enlevé , contient encore ce gallin qu’on
y montre en précipitant le fulfate de fer.M. Prouft
a féparé le gallin avec le tannin contenus tous deux
enfemble dans une décoCtion de noix de galle, en
l’uni fiant au muriate d’étain, qui s’empare du tannin
avec lequel l’oxide d’étain fe précipite, &
laifle dans la liqueur furnageante le gallin avec
l’acide muriatique. M. Seguin a reconnu au gallin
la propriété de d é fox i gêner ou de débrûler, les
matières animales, & de les diftendre, de les gonfler
de manière à les difpofer, par ce doubfe effet,
à fe combiner avec le tannin. On pourra pouffer
quèlque jour l’emploi du gallin comme réactif juf-
qü’à reconnoître , par fon moyen, l’état d’oxigé-
nation des diverfes fubftances animales.
84. L’alcool, produit d’ une altération fponta-
hée de la matière fucrée décrite ailleurs, a lui-
même une aCtion très-marquée fur les compofés
animaux : fon effet eft quadruple fur ces compofés
, fuivant leur différente nature ; il diffout les
uns & petite fervir à les féparer; il coagule les autres
; il en conferve quelques-uns, & même il en
durcit le tiffa.
. II opère la diffolution des réfines animales, de
quelques parties colorantes des animaux, de plu- '
fieurs de leurs acides, de certaines graiffes, de
celle furtout que je nomme adipocire, & qui fe
trouve dans le foie defféché, dans les calculs biliaires,
Hcc.
. c°3gule les liqueurs albumineufes; il en précipite
1 albumine en petits flocons prefque puivé-
rulens, qu’on peut diffoudre dans l’eau, fuivant
la remarque de Bucquet, au moment où ils viennent
d’être précipités.
Il conferve & défend de la 'putréfaction prefque
toutes les madères animales liquides ou folie
s : on l'emploie pour cet ufage dans les laboratoires
anatomiques , & même en médecine.
Enfin, il duicit le tiffu, rapproche & refferre
les fibres du plus grand nombre des' folides des
I animaux; il en condenfe ôc en racornit les plaques
& les lames.
§. XI. Du caractère des matières animales, tiré de
leur propriété de former L'acide prufique , b quel-
_ W& autres acides particuliers a ces compofés.
8y. Quoique la découverte du bleu de Pruffe,
faite dans les premières années du dix-huitième
fiecle par Diesbach & Dippel, tous deux chimiftes
de Berlin, n’ait eu d’abord pour objet qu’une matière
colorante utile à la peinture, on pouvoit
penfer dès-lors qu’elle auroit une influence directe
fur la chimie animale, puifqu’elle appartient réellement
aux fubftances de cette nature, & puifqu’elle
étoit due à un chimifte qui s’étoit beaucoup
occupé de ces fubftances. Cependant fes rapports
avec ce genre d’analyfe, & les caractères
que j’en tire aujourd’hui pour diftinguer les fubftances
animales, n’ont été bien fenfibles que d’après
les travaux de M. Berthollet en 1787, & fur-
i tout d après Une découverte que je fis en 1790 fur
lâ production de l'acide prufiîque pendant le traitement
.des matières animales par l’acide nitrique.
II a fallu près de quatre-vingts ans de travaux pour
reconnoître cette influence ; & voilà pourquoi je
- fuis obligé de donner avec quelques détails l’hif-
toire de ces travaux, ou au moins les principales
époques qui la conftituent.
86. Ce fut un peu avant 1710 que Diesbach,
ayant emprunté de Dippel de l’alcali pour précipiter
une laque où entroit du fulfate de fer, obtint
par hafard un très-beau bleu. Ce dernier chi-
mifte, fachant que cet alcali lui avoit fervi à dif-
tüler plufîeurs fois & à rectifier des huiles animales,
reproduifit facilement cette couleur en précipitant
du fulfate de fer avec un pareil alcali. Cette
découverte fut annoncée dans les Mémoires de
VAcadémie de Berlin de 1710. En 1724, Woodward
décrivit, dans les Tranfactions philofopkiques , le
premier procédé pour préparer ce nouveau bleu
qui faifoit beaucoup de bruit. Il confiftoit à calciner
dans un creufet parties égales de fan g -de
boeuf & de potaffe jufqù’au rouge, à leflîver lé
produit avec l’eau bouillante , à mêler cette lef