
dofe d’acide, ainfi de fuite jufqu’à ce qu’on obtienne
le foufre pur , & qu’ il fe montre avec fa
couleur naturelle. On emploie dans cette opération,
de douze à feize livres d’acide pour une livre
de pyrite. - ° ,
On recueille fur un filtre le foufre bien lavé,
on le fait fécher & on le pèfe. On reconnqît aifé-
ment par l’alcali cauftique, s’il eft pur ; dans ce cas
il s’y dilfout en entier.
Si la gangue n’eft point attaquée par ce diffol-
vant, elle refie au fond avec l’or, que l’on diftingue
à (a couleur & à fon éclat, & que l ’on fépare ai-
fémtnt par les lotions de la pouffière de la gangue.
Ces particules d’or ne font pjis des molécules impalpables,
mais des grains, très-petits à la vérité,
dont cependant on peut avec de bons yeux apper-
cevoir les angles & les afpérités > ce qui peut faire
croire que ces parties font plutôt difféminées que
dilfoutes dans la pyrite.
La diffolution claire eft communément verdâtre.
On l’évapore à ficcité, on calcine le réfidu & on
le pèfe. Si indépendamment du fer il s’y trouve
d’autres métaux, on les extrait par des diffolvans
appropriés : le cuivre, par l’alcali volatil ; le inan-
ganèfe, qui y exifte fréquemment, par l’ acide nitrique
délayé, auquel on ajoute un petit morceau
defucre ; le zinc, par un acide quelconque , mais
il eft rare d’en trouver dans la pyrite aurifère}
l’argent, par l’acide muriatique pur. Lorfque la
gangue eft une terre calcaire , elle forme avec
l’acide nitreux du nitrate calcaire } lorfqu’elle
eft alumineufe, elle donne de l’alun avec l’acide
fulfurique.
La fomme des poids de toutes les parties doit
faire le poids de la matière à effayer, à moins
qu’il n’y ait eu quelque perte dans l’opération, autrement
le déchet vient du foufre qui a été détruit.
La mine d’or de Nagyayc eft compofée d’un
quartz giifâtre & d’une matière blanche qui s’entame
au couteau, peu différente de la pierre
fablonneufe, & qui fe dilfout avec effervescence
dans les acides, fans colorer la dilfoîution. Cette
diffolution eft précipitée en blanc par le carbonate
de fonde ou alcali aéré, en jaune-roux par
le prufliate de potalfe. Cette gangue noircit bientôt
au feu par la voie fèche; elle colore en pourpre
ou laiffe fans couleur le phofphate natif, fui-
vant les circonftances. On remarque dans cettè
gangue quelques lames éparfes , de couleur plombée
ou un peu plus obfcure, qui s’entament facilement
au couteau. Ces lames blanchiffent bientôt
dans l’eau régale bouillante} elles s’y dilfolvent en
entier avec effervefcence, & teignent ce diffol-
van t en jaune. La diffolution donne, par le refroi-
diffement, des criftaux en aiguilles brillantes. C ’eft
dans ce minéral que d’abord M. Muller, & en-
fuite M. Klaproth, ont découvert un métal nouveau,
que le dernier a norajné tellure, & dont il
fera parlé plus loin.
M. Bindheim a effayé la pyrite aurifère de Nagyayc
parle procédé fuivant, qui paroît mériter
une place dans la docimafie humide : il a tenu
cette pyrite bien pulvérilée dans un creufet ouvert
jufqu’ à ce que tout le foufre fût brûlé. Il a
jeté le réfidu encore chaud dans l ’eau, & il eft
refté une matière d’un brun rougeâtre infoluble.
Après l’avoir laiffe fécher, on le fait digérer dans
t ois fois fon poids d’acide nitro-muriatique, on
étend & on fibre la diffolution 5 enfin on ajoute de
l’éther, & on agite le mélange. L’éther prend
l ’or qu’il abandonne par l’évaporation à une chaleur
douce.
§. IV . Des mines de platint.
Ce métal ne fe trouve qu’en Amérique, &
toujours à l’état natif. 11 eft toujours allié au fer,
que l’on peut en féparer pour la plus grande partie
en faifant bouillir dans l’acide muriatique les
grains écrafés du platine, & pulvérifés autant
qu’il eft poffible.'Par ce procédé fon poids diminue
communément de cinq centièmes.
Quand le platine eft ainfi purifié & en fuite dif-
fous dans l’eau régale, on reconnoït aifément fi
elle tient de l’or, en mettant du fulfate de fer
dans la diffolution faturée. Réciproquement, fi
une partie de platine adhère à l’or, elle peut être
précipitée en grande partie par un fel quelconque
qui ait pour bafe l’alcali végétal ou l’alcali
volatil.
La mine de platine laiffe, après fa diffolution
dans l’acide nitro-muriatique, une poudre noire ,
brillante, dans laquelle MM. Fourcroy & Vau-
quelin ont trouvé plufieurs métaux , parmi lesquels
il y en a un nouveau qu’ils ont nommé
pteene, à caufe de la propriété qu’il a de fe vola-
tilifer avec l ’eau lorfqu’il y eft diffous à l’état
d’oxide. Les autres métaux qui l’ accompagnent,
font le chrome, le titane & le fer. Une partie de
ce nouveau métal fe diffout en même teras que le
platine, dans l’acide nitro-muriatique, & donne à
fa diffolution, ainfi qu’aux précipités, une couleur
plus rouge que celle qu’ils ont dans leur état naturel.
C’eft à M. Defcotils, Ingénieur des mines ,
que l’on doit cette connoiffance. Chacun de ces
métaux feront traités dans des articles particuliers.
§. V. Des mines d3argent.
Indépendamment de l’argent natif on trouve,
dans le feinde la terre, l’argent fous différentes
formes, minéralifé par lé foufre, feul ou allié à
d’autres métaux par les acides , &c.
L’argent natif eft ordinairement mêlé d’or, ou
de cuivre , ou des deux à la fois. L’argent & le
cuivre fe dilfolvent dans l’acide nitreux , & s’il y
a de l’or il refte au fond fous la forme de poudre
noire, que l’on peut diffoudre dans l’eau régale
& précipiter par le fulfate de fer, & récuire pour
lui rendre fon état métallique.
Cette féparation faite , on précipite l’argent
par une lame de cuivre exa&ement pefée : on le
lave, on le réunit & on le pèfe. On recueille en-
fuite le cuivre qui refté dans la liqueur, par le
moyen du fer. On connoît la quantité de ce métal
en faii'ant la fouftraétion du cuivre employé
pour le précipiter.
On trouve à Andreasberg en Hercynie, & à
Wirtich dans le duché de Furftenberg, une mine
d’argent très-riche. Celle de Furftenberg préfente
des grains irréguliers conglomérés, avec le
brillant métallique un peu jaune , & qui font
pofés, avec l’argent natif ordinaire , fur du fpath
pefant blanc. Ces grains donnent, à l’efTaî, de l’argent
uni à une petite portion, d’antimoine métallique.
Ces métaux peuvent être féparés par l’acide
nitrique concentré, car le premier fe diffout,
& le fécond eft oxidé & précipité en poudre
blanche. Avec l’acide nitro-muriatique l’antimoine
refte en dilfoîution , & l’argent fe précipite uni à
l’acide muriatique. Ces particules, jufqu’à un certain
point duétiles, doivent, autant qu’il eft pof-
fible, être amincies avant que de les jeter dans
le diffolvant. La mine d’Hercynie porte le nom
d e,Beurre ; elle offre de très-petites feuilles dans
une gangue calcaire. Comme elle eft très-rare &
en très-petite quantité, perfonne ne l’a encore
foumife à i’analyfe} de forte qu’on ne peut affu-
rer leur parfaite reftemblance avec celle de Furftenberg
, quoiqu’elle en ait toute l’apparence.
L’argent, uni au foufre féul eft noirâtre ; ç’ eft
ce qu’on nomme mine d'argent •vitreufe. On la pul-
vérife autant qu’ il eft polhble} on la fait bouillir
doucement pendant une heure dans vingt-cinq
parties d’acide nitrique délayé : la liqueur décantée,
on répète l’opération avec une nouvelle
quantité du diffolvant, & fi le foufre n’eft pas encore
tout-à-fait féparé & très-pur, on ajoute
une troifième dqfe- d’acide. Les dernières particules
d’ argent adhèrent très-opiniâtrement au
foufre. S’il-Te trouve de l’or dans cette mine, il
ne fe diffout pas & refte au fond avec le foufre.
Toutes les liqueurs décantées étant réunies,
on en précipite l’argent par le fel commun, fup-
pofé que ce précipité lavé <k féché ait un poids
— A , la fomme cherchée fera X — A {f-J A.
On pèfe féparément le foufre, & fon poids,
ajouté à la fomme précédente, doit, s’il n’a pas
ete détruit & que l’opération ait été bien faite,
repréfenter le quintal fournis à l’effai.
La liqueur, qui paffe claire en laiffant fur le
fiitre le muriate d’argent, eft précipitée par le
pruffiate de potaffe fi elle tient des métaux étrangers.
Oa efTaie enfin par le carbonate alcalin pour
favoir fi elle contient quelque terre. Ce qui refte de
ta gangue, & qui n’a pu fe diffoudre, fe fépare difficilement
des particules de foufre : on prend donc
dJ^bord le poids du tout à ta balance, çnluite on
diffout le foufre par une douce digeftion dans la
leffive alcaline cauftique} de forte que la gangue
reftant feule, la fouftraétion de fon poids fait
connoître celui du foufre. Il importe de ne pas
pouffer trop loin la digeftion, car l’alcali pourroic
prendre un peu de la terre quaitzeufe. Au fur-
plus , cet inconvénient eft peu à craindre, parce
qu’il faut pour cela une divifîon mécanique beaucoup
plus parfaite que celle que l’on a pu donner
par la pulvérifation.
L’argent, uni au foufre & à l’anrimoine, fe re-
connoît ordinairement par fa couleur rouge, quelquefois
d’une très-belle tranfparence, reffembhnt
au rubis} quelquefois gris, métallique & opaque;
mais toutes ces variétés donnent une poudre
rouge} ce qui les a fait nommer mines d'argent
rouges.
Cette efpèce de mine ayant été bien pulvérifée,
on la fait bouillir doucement, comme la précédente
, [à deux reprifes différentes dans l’acide nitrique
délayé. Quand on a décanté la fécondé moitié
du diffolvant, on lave dans l’eau diftillée la
poudre blanche reftée au fond. On précipite l’ argent
des liqueurs claires, féparées par la décantation,
en y ajoutant du fel commun, & on prend
le poids du muriate d’argent à l ’ordinaire.
On fait bouillir la poudre blanche, dans une
quantité fuffifante d’acide muriatique, jufqu’à ce
que tout l’antimoine foit diffous , & que le foufre
refte pur. On décante avec précaution la diffolu-
tion jaune, 8r, par l’addition d’une fuffifante quantité
d’eau , elle laiffe précipiter l’antimoine : le
peu qui refte dansla liqueur fe retrouve en évaporant
à ficcité.
Quoique le foufre ainfi préparé paroiffe très-
pur , il retient quelquefois encore un peu d’argent
qui, à caufe de l’antimoine, n’a pu être diffous
par l’acide nitreux. Cette portion d’argent
reftante a été convertie en muriate d’argent par
l’acide muriatique , & a été enveloppée par le
foufre. Pour débarraffer le foufre de ce muriate
d’argent, on verfe deffus de l’ammoniaque délayé
dans l’èau, & on le garde quelques jours-
dans un petit flacon bien bouché.
Le foufre, pefé avant & après cette opération ,
fait connoître à la fois les quantités de foufre &
de muriate d’argent du mélange.
S’il fe trouve du fer dans cette mine, comme
cela n’eft pas rare , on le découvre en verfant du
pruffiate de potaffe dans les liqueurs, après qu’elles
ont été précipitées par le fel commun & par l ’eau.
On trouve quelquefois des traces d’arfenic dans
les mines d’argent rouges.} mais ce métal y eft
accidentel, & nullement effcntiel à leur exiftence
puifque M. Klaproth & plufieurs autres chimiftes
en ont analyfé où il n’y en avoit aucune trace.
On retrouve ce métal, quand il y exifte, dans
les eaux d’où l’antimoine a été féparé : il en eft
précipité à l’état d’orpiment par i’hydro-fulm-.
lieux de potaffe, à Laide de la chaleur.