
feulement, par la diffolution & la clarification,
que Ton en pouvoit obtenir une grande quantité
de gelée, qui avoit tous les caractères chimiques
de celle que Ton prépare avec Yichthyocolle^ordi-
naire ; je trouvai que ces veflies, quoique très-
riches en gélatines, avoient les mêmes défauts que
Y içhthyocolle préparée avec l’eftomac du gadus.
Le tiffu mufculaire eft très abondant dans ces
veflies natatoires} & pour les mettre avec avantage
dans le commerce , il faudroit auparavant les
en dépouiller. Elles s'altèrent à un degré de chaleur
au defi'us de l’eau bouillante, & prennent une
couleur brune. Ramaflees dans l’eau, <k abandonnées
pendant quelque tems à elles-mêmes au milieu
de ce liquide, elles répandent une ma uvaife odeur,
mais qui fe diflipe par la caiffôn, & n’altère, en
aucune manière , la gélatine ou la colle qui en
féfulte.
Avant de parler des propriétés chimiques de
.ces veflies, comparées à celles de Y içhthyocolle ox-
dinaire * je vais en décrire les propriétés physiques
, elles font formées de deux portions elliptiques
comprimées , de groffeur différente : l’on
pourroit en prendre, en petit, une idée fur celle
de la carpe ordinaire (pyprinus carpio') , dont les
deux ovoïdes qui la forment, auroient été comprimés.
La plus grande des deux portions de cette
vertie natatoire a environ fix à fept pouces do diamètre
dans fon grand axe , & quatre à cinq dans
fon petit axe} fon épaifleur eft d’environ un pouce
dans tous fes. points} la petite portion a quatre à
cinq pouces d’étendue dans fon grand diamètre,
& trois à, trois pouces & demi dans fon petit diamètre}
fon épaiffeur eft à peu près la même que
celle de la groffe portion : ces deux corps font
réunis par une fubftance de la même nature, mais:
beaucoup plus mince & plus étroite qu’elles , de
forte qu’elle forme un étranglement confidérable.
Cette membrane de réunion a près d’un pouce
de long fur autant de large, & deux à trois lignes
d’épaiffeur. En la caffant on apperçoit encore des
traces du canal qui établifloit, pendant la vie de
l'animal, une communication entre les deux vef-
fies. Les dimenfions confidérâbles de ces veflies
fèches indiquent que le poiffon qui les porte, eft
d’une grande taille , car elles dévoient occuper
un efpace confidérable. lorsqu'elles étoienc remplies,
de fluide élaftique.
La couleur de ces veflies eft d’un blanc légèrement
jaune ;• elles ont une demi-tranfparence
lorsqu'elles font coupées en lames minces : leur
fubftance eft compacte & difficile à couper \ leur
poids L plus ordinaire eft d’une livre & quelques
©nces..
Pour comparer ces veflies avec Y içhthyocolle ordinaire
, j’en ai- pris des quantités égales, & je
fés ai fai.t bouillir..,dans la n.ême quantité d’eau}
j? ai remarqué , i°‘ qu’il falloir plus d’eau & de
t-rns. pour di flou dre la fubftance des veflies du.
par3 que poux 1 ichthyojcolle ordinaire j}
* i*. Que celle-ci forme une gelée plus tranfparente
que les veflies natatoires , &c qu’elle laifle
un réfidu vingt fois moins confidérable}
f 3°. Que la gelée que donne l’ une & l’autre de
ces matières, peut également fervir pour les ufages
économiques, foit comme nourriture, foit comme
i moyen de clarification pour les legumes, foit enfin
comme vernis ou comme colle >
4°. Que la gelée des veflies natatoires, plus
opaque que celle de Y içhthyocolle ordinaire, peut
être rendue claire en la taifant bouillir avec du
blanc d’oeuf & un peu d’acide végétal pour en coaguler
l’albumen}
5°. Que cette gelée a la même faveur fade, la
même confiftance & les mêmes qualités nourrif-
fantes, adouciffantes & incraflantes que celle qui
eft préparée avec la véritable içhthyocolle d’Ar-
changel.
Quoique ces. veflies donnent une içhthyocolle de
qualité inférieure & en quantité moins grande que
l’eftomac de l’efturgeon, il eft cependant hors de
doute que fi on en féparoit la membrane'mufcu-
laire lorfqu’elles. font encore fraîches , le prix auquel
on pourroit les pafler dans le commerce leur
obtiendroitla concurrenceavec\‘içhthyocolle ordinaire,
& que les artiftes, en lui faifant éprouver
quelques opérations que l’ufage leur apprendroit,
en tireroient le même parti.
ICHTYOPHTALMITE. M.. Dandrada, minéra-
logifte portugais,a donné, il y a quelques années,
le nom d‘ichtyophtalme à une pierre dont le reflet
& la couleur imitent affez bien celle „des yeux de
poiffon. Il paroît que cette pierre étoit déjà connue
pluiieurs années avant M. Dandrada, & que
quelques Allemands l’avoient défignéefous le nom
de çéolithe, genre de pierres avec lefquell.es elle a
en effet plufieurs analogies. Rinnman fait mention
<\‘ \\ï\e{éolithe.d‘H.ellefta en Suède, dont,les principes
conftituans & leurs proportions font à très-
peu près les mêmes que ceux de Xicktyopktalme >
ainfi qu’on le verra plus bas (i)>
En parcourant, en. 179S, la province de Rofla*
gen., M. Dandrada découvrit cette pierre à Uto :
fa forme, fonafpeâ:, fon brillant, fes.caradères.
phyfiques en général, lui paroiffant différens de
j ceux des zéolithes, il crut devoir la diftinguer par
I le nom <11 ichtyophtalmite quoique ce nom ait,
j comme la plupart de ceux qu'on admet chaque jour
i en minéralogie j le défaut,, malheureüfement encore
inévitable, de ne tenir à aucun syftème de
(i,) Zéolithe d’Hellefia.,
Silice, -, .......................... . . . . . .; . .. ,. .. ., 55 Chaux. . ...................................'. ., . . 27
Màgnéfiè, . . . . . . .. ,. . . . . . . . . . o ,5f-
Alumine. . . . . . . . . . . . . . . .. . V ? ,5-
Eau &. acide carbonique. . . .. . . ................... 17
iiOa«.
nomenclature, il faut néanmoins convenir qu’ il
s’accorde très-bien avec le cara&ère le plus Caillant
de cette pierre, & qu’il l’emporte, fous ce
rapport, fur un grand nombre des noms propofés
par les minéralogiftes étrangers.
CaraSteres phyfiques.
Uichtyophtalmite eft blanche,tranfparente, avec
un petit oeil opalin ; elle eft formée de lames chatoyantes
très-diftîn&es, qui fe réparent aifément
les unes des autres. Ces lames jouiffent d’ un certain
degré de flexibilité qui les rend très-difficiles
t dans de l’acide muriatique étendu d’une fuffifante I quantité d’eau , pour qu’elle pût être diffoute fans I prendre la confiftance gélatineufe. A mefure que
l’acide agiffoit fur ^principes de la pierre, elle
prenoit une nuance légère de citron , & il s’en féparoit
à réduire en poudre. Sa pefanteur fpécifique de
2.370 eft peu confidérable par rapport à celle des
autres pierres, & femble annoncer dans celle-ci
la préfence d’une certaine quantité d’eau, ou au
moins des molécules peu rapprochées, une matière
peu condenfée. On remarque de petites maffes
de carbonate de chaux, &: quelques grains d’oxide
de fer, qui font les uns & les autres attachés aux
lames de Y ichtyophtalmite, ou interpofés entre leurs
interftices.
Car aller es chimiques.
P R E M I E R S E S S A I S .
Chauffée au chalumeau , Y ichtyophtalmite prend
d’abord de l’opacité : fes feuilles s’agitent, fe di-
vifent & deviennent plus fenfibles} enfuite elle fe
fond en bouillonnant légèrement, & laifle un globule
opaque. Calcinée à une forte chaleur, dans
un creufet de platine, elle devient laiteufe : fes.
lames s’ effeuillent &.fe féparent .comme celles du
fulfate de chaux} enfuite, & par uneplus haute température
, elles s’agglutinent, fe renouent, & prennent
le grain du bi(cuit.„de porcelaine : elle perd
dix-fept à dix-huit pour cent dans cette opération.
L’acide nitrique ou l’acide muriatique dans lef-
quels on met des fragmens d’ ichtyophtalmite ,‘ les
ramollit & leur donne une confiftance géla-
tineufe comme aux jéolithes; elle ne prend plus
cette forme après avoir été calcinée , & les acides
alors ne l’attaquent que difficilement.^
Il paroît, d’après ces premiers réfultats, que
c’eft la préfence de l’eau qui donne à cette pierre,
comme aux léolitkes, la facuitdde former une gelée
avec lès acides , & qui favorife laêtiondeces derniers
fur les principes de la pierre, avec lefquels
ils peuvent s’unir.
Décompofition de V ichtyophtalmite par Y acide
muriatique.
Des effaîs préliminaires nous ayant appris que
\ichtyophtalmite, même en fragmens affez gros,
étoit attaquée par les acides-, nous avons mis cent
parties ( quatre grammes quatre-vingt-feize cen-
■ tièmes) de cette fubftance * réduite en po udre fine,
de la filice fous la forme de flocons blancs,
demi-tranfparens & très-légers. Lorfque toute la
pierre parut être réduite ainfi en flocons, nous
avons chauffé le mélange & fait évaporer une partie
de l’eau qu’il cor.tenoit, pour favori fer l’ aétion
du diflolvant acide, le difpofer.à produire une décompofition
complète dans le foflile fournis à cette
opération.
Nous avons enfuite filtré la liqueur, lavé la matière
reftée fur le filtre, & évaporé cette liqueur
dans une cornue munie d’un récipient, afin de
nous affurer s’il ne fe volatiliferoit pas autrechofe
que l’eau & l’acide muriatique en excès : l’examen
le plus fcrupuleux du produit ne nous a offert absolument
que ces deux corps. Ce qui étoit refté dans
la cornue avoit toutes.les propriétés phyfiques du
muriate de chaux : il avoit en effet une faveur piquante,
âcre & chaude 5 il attiroit puiflamment
l’humidité de l’air.
Ce réfidu faün, qui devoit être compofé des
parties de la pierre unies à l’acide muriatique, a
été traité par l’eau diftillée qui l’a djffous, à l’exception
de quelques flocons jaunâtres que nous
avons reconnus pour un mélange de filice & d’oxide
de fer : leur poids n’équivaloit pas à deux centigrammes
ou quatre millièmes de la pierre.
Nous avons décompofé la diflolution filtrée par
l’oxalate d’ammoniaque ,dont nous avons eu foin
d’ajouter un excès, pour obtenir, s’il étoit pof-
fible, toute la chaux précipitée à l’état d’oxaiate.
La quantité‘du précipité, deflechée .à l’air chaud,
étoit d’un gramme quatre-vingt-quinze centièmes,
lefquels produifent, par une forte calcination, un
gramme quatre centièmes de chaux vive un peu
grifâtre. Cette quantité de chaux, réunie à celle
de la filice, dont nous ferons mention plus bas 9
étant loin de compléter la Comme de la pierre fourni
fe à l’analyfe , nous foupçonnâmes qu’ il entroic
dans la compofition de Y ichtyophtalmite encore
quelqu’autre fubftance différente de la chaux, &
que l’acide oxalique n’avoit pas la propriété de
rendre infoluble. En eonféquencenous évaporâmes
à ficcité les eaux de lavage de l’oxalate de chaux >
nous calcinâmes le produit pour fublimer le muriate
d’ammoniaque formé par la précipitation de
la chaux en oxalate, & nous eûmes en effet un
refte qui, au lieu de fe volatilifer, fe fondit, &
dont la faveur piquante & chaude annonçoit encore
la préfence du muriate de chaux : pour nous
en affurer nous fîmes diffoudre ce réfidu dans l’eau
diftillée , nous y mêlâmes de l ’oxalate d’ammoniaque
en excès comme h première fois, & nous
vîmes avec furprife fe former un précipité abondant
, dont les apparences confirmoient le foupçoa
qu’avoitfait naître la faveur du réfidu*