riences , quoique très-aéré , étoic encore infedté
plufieuïs mois après qu’elles furent terminées.
» Plus d’ une fois je fus fur le point d’ abandonner
mes rechen. hes ; elles devenoient trop dangereufes
pour ne pas au moins les interrompre , & à peine
pouvc is-je y confacrer une heure par jour. J'étois
dans le même état que fi j’ avois pris une forte
médecine, & quelquefois j’éprouvois des étourdi
(femens contre lefquels j’employai avec fuccès
l’hydrogène fuiflire diffous dans l’eau. Un autre
phénomène dont je fus enfuite témoin, c’eft l’inflammation
fpontanée de cette matière que les
chimiftes de Dijon , avec Cadet, avoient déjà annoncée
} ils rapportent qu'en voulant la filtrer
pour la féparer des fubftances étrangères avec
le fq ut lies elle étoic mêlée, ils virent bientôt, fur
les bords de l’entonnoir, une forte d’ébullition fe
manifcfter, & alors parut tout à coup une flamme
d’un beau rofe, qui s’élança du filtre.au plafond.
» Comme j’avois peu de liqueur à ma difpofi-
tion, il étoit important de ne pas faire d’effais
infructueux , & en eonféquence je réglai ainfî
l’ordre dans lequel je ferois mes expériences. Le
problème fe réduifoit à la foiution des quatre
points fuivans : i°. déterminer la caufe de l’odeur;
2°. à quoi étoient dues les vapeurs; 30. trouver
le principe de l’inflammabilité; 40. fe fervir de la
détermination de ces trois points pour chercher
le quatrième 8c le plus important, les principes
conftiruansfie la matière.
» L’odeur ne pouvoit être due qu’à la matière
elle-même, ou à un fluide élaftique qu’elle tenoit
en diiiolution. Son analogie avec celle du gaz
hydrogène arfeniqué me la fit d’abord attribuer à
ce gaz ; c’elt pourquoi je dîftillai, dans une très-
petite cornue de verre, la plus grande partie de la
liqueur que j’avois préparée. Je reçus le produit
dans une fiole que j’avois percée fur l'un de fes
côrés , 8c à laquelle j’avois adapté un tube qui
s’engageoit fous une cloche pleine de mercure.
Les luts étoient recouverts de blanc d’oeuf & de
chaux ; ils étoient bien furs, & étoient imperméables
aux vapeurs les plus pénétrantes. Il ne
pouvoit rien fe perdre * en un mot, 8c le plus foi-
ble dégagement de gaz eût été fenfible. Alors j’ap-
pl'quai le feu graduellement, mais je ne recueillis
ablolument que l’air des vaifleaux; feulement à la
fin de l’opération il paroiffoit vicié, & n’entre-
tenoit plus qu’à peine la combuftion des bougies.
La liqueur fe volatilifa toute entière, excepté une
quantité inappréciable de matière. Elle paffa dans
les récipiens fans avoir fubi d’altération , & ne
différoit de ce qu’elle étoit d’abord, que par la
nuance moins foncée 8c prefque blanche qu’elle
avoit prife. Ainfi l’odeur de la liqueur arsenicale
efl due à la propriété qu’a cette liqueur de fe vo-
Jatiii er 8c de fe diffoudre dans l’air, où elle
éprouve une décompofîtion dont nous allons parler
dans le paragraphe fuivant.
*> La caufe des vapeurs devoit réfider dans un
changement qu’elle éprouvoit au contaéf de l’air,
& ce changement devoit être produit, ou par une
abforption d’eau atmôfphérique, ou enfin par l’un 8c l’autre à la fois. J’en verfai quelques gouttes
dans un flacon plein d'air; il fe forma tout à coup
un nuage épais, 8c peu après, ou prefqu’auflitôt,
j’y plongeai une bougie qui s’éteignit fur le champ.
Je fis la même expérience dans un flacon de même
grandeur 8c rempli d’acide carbonique ; j’ avois
pris toutes les précautions pofïibles pour éviter le
contaét de l’air. Un petit tube mince 8c exactement
fermé contenoit la liqueur ymléto'xx. fufpendu
par un fil de fer flexible, de manière qüe , par
.l’agitation, je le brifai fans peine contre les parois
du vale : aufiîtôt il fe mahifefta des vapeurs,
mais moins abondamment que dans l’air ; elles ne
pouvoient avoir pour caufe que l’eau contenue
dans les gaz dont je m’étois fervi ; auffi n’eurent-
elles pas lieu en employant de l’acide carbonique
parfaitement defféché ; conféqusmment les fumées
blanches que répand dans l’air la liqueur arfenicale,
dépendent tout à la fois, & de l’oxigène, 8c de.
l’eau abforbés ; mais cependant la première de ces
caufes femble être plus puiflTante que la fécondé.
»3On eft encore porté à conclure, d’après cela,
fans un examen plus approfondi, que la liqueur
arfenicale jouit de la propriété de s’enflammer par
elle-même, 8c que la combuftion ne fauroit être
due à des corps étrangers. Cependant j’ai obfervé
que cette liqueur, qui décompofe d'ailleurs l’air fi
puiffamment, ne prenoit point feu, par l'approche
d’un corps en combuftion', quand elle étoit
bien pure 8c bièn limpide. J'ai vu de plus que,
dans toutes les inflammations fpontanées qu’elle
avoit éprouvées, le foyer s’ étoit toujours formé
autour de points noirs, qui n’étoiënt que de l’ar-
fenic très-divifé. Je penfe donc, fans ofer l'affirmer
néanmoins, que c’eft l’arfenic métallique, fous
la forme de flocons nageant dans la liqueur, qui
s’enflamme d’abord , 8c qui bientôt communique
le feu à toute la maffe. Enfin, 8c c’étoit là le but
que je me propofois, il me reftoit à déterminer
la nature de la liqueur arfenicale. Les expériences
précédentes m’avoient feulement éclairé fur la
tendance à fe volatilifer & fur fon affinité pour
l’ eau, 8c furtout pour l’oxigène. Son odeur, analogue
à celle du gaz hydrogène arfeniqué, m’in-
diquoit qu’elle devoit contenir de l'arfénic, 8c
ue ce métal devoit même jouer le plus grand rôle
ans les phénomènes qu’elle nous offre. Sa com-
buftibilité , fa confiftance 8c fon afpeét annon-
çoient une matière huileufe ; 8c quoiqu’elle n’altérât
pas la teinture de tournefol , 8ç qu’aucun
réaéfif n’y démontrât immédiatement l'exiftence
de l'acide acéteux, je devois néanmoins y rechercher
ce corps. Je penfai que le plus fur moyen,
pour féparer ces différentes matières, étoit d’employer
les alcalis ; mais l’expérience m’apprit bientôt
qu’aucun d’eux n’a prefque d’aétion fur la
liqueur arfenicalele mélange n’a même lieu que
par l’agitation, 8c ceffe quand les matières font
abandonnées au repos. Je me fuis fervi , avec
beaucoup plus d’avantage, de l’acide muriatique
oxigéné. En verfant dans ce gaz quelques portions
de liqueur3 ion inflammation y fut fubrte & fa dé-
compofition complète. Elle précipitoit alors', par
l’eau de chaux,eu flocons blancs, 8c par l’hydrogène
fulfuré , en jaune , tandis que , faturée de
potaffe 8c évaporée, elle formoit un fel feuilleté,
attirant fortement l'humidité de l’ air, âcre, piquant
, décompofable par l’acide fulfurique, 8c
dégageant une odeur vive ; un fel enfin réunifiant
toutes lés propriétés de L’acérite de potaffe.
«Je ne poüvois plus douter que l’arfénic 8c
l’acide acéteux n’entraffent dans fa compofition ;
mais la quantité que j’en obtins, étoit loin decor-
refpondre à celle de la liqueur que j'employai.
Elle contient conféquemment un autre corps qu’il
falloir ifoler, 8c c’eft à quoi je parvins en traitant
une nouvelle portion de liqueur par affez d’eau
pour la diffoudre, puis en la décompofant par
l’hydrogène fulfuré. Il fe fit un précipité blanc
légèrement jaune, très-divifé,, formé principalement
d’arfenic 8c de foufre, qui ne fe té para qu’avec
beaucoup de tems d’une huile qu’on vit en-
fuite nager à la furface du liquide. Celui-ci étoit
lènfiblement acide , 8c les hafes fa li fi a blés y fai-
foient bientôt reconnokre la préfence du vinaigre.
Lorfqu’au lieu de décompofer immédiatement la ,
liqueur arfenicale on l’expo fe à l’air pendant quel- !
ques jours, on obferve différens phénomènes qui
vont encore nous éclairer (ur fa nature. Elle répand
d’épaiffes vapeurs ; en même tems elle fe
criftailife : bientôt les vapeurs fe diffipent 5 alors
elie s’humeéte légèrement, elle trouble par l’eau !
de chaux , 8c fa décompofîtion par l'hydrogène
fulfuré, beaucoup plus prompte 8c plus complète,
donne naiffance à un précipité d’un beau jaune.
« Ces différentes expériences nous prouvent
donc que cette liqueur eft un compofé d'huile, "
d’acide acéteux 8c d’arfenic ; que celui-ci y eft
probablement v.oifin de l’état métallique, 8c qu’elle
doit être regardée comme une efpèce de favon à
hafe d'acide 8c d’arfenic, ou comme une forte
d'acétite oléo-arfenical.
liai Cette analyfe me fut très-utile pour celle de
la liqueur fupérieure. Quoiqu’il paroiffe y avoir
une grande différence entre les deux produits que
donne la diftillation de l’acétite de potaffe 8c
de l’acide arfenieux ; quoique l’un foit de nature
hu ileu fe fe mêle difficilement avec l’eau , foit
plus pefant que celle-ci, fume au contaél de l’air,
brûle fp on tan émeut, réunifie enfin toutes les propriétés
eue nous venons d’y reconnokre, tandis
que l’autre à l’afpeét de l’eau fe combine en toute
proportion avec elle, ne torme-qu’un léger nuage
dans Latmofphère, a beaucoup moins d’odeur,
& ne s’enflamme dans aucune circonftance, néanmoins
il eft facile de prouver qu’ils font formés
des mêmes principes, 8c que celui-ci, qui nous
refte à examiner, ne diffère de celui-là dont nous
com.oiffons la nature, que par l’eau qu'il contient
, 8c par une grande quantité de vinaigre qui
entre dans fa compofition. En effet, il rougit fortement
la teinture' de tournefol ; il fait effervef-
cence avec les carbonates alcalins, 8c il en ré-
fulte des acérites faciles à reconnoître. L’hydrogène
fulfuré y forme un précipité peu abondant,
8c en fépare peu d’huile. Une très-petite quantité
d’acide muriatique oxigéné en détruit promptement
l’odeur, & il précipite alors, en blanc par
L’eau de chaux, 8c en jaune-foncé par les hydro-
fulfures. Expofé pendant long-tems au contact de
l’atmofphère , il acquiert avec le tems les mêmes
propriétés que lui donne- de fuite l’acide muriatique
oxigéné. Enfin, on forme une liqueur entièrement
femblable , en diflolvant quelques gouttes
de la liqueur huileufe 8c inférieure dans du vina:-
gre trës-foible. On obtient même odeur , même
faveur, même manière d’être avec tous les produits
naturels ; ainfi la fynthèfé confirme les ré-
fultats de l’analyfe: d’après ceia on ne fauroit élever
aucun doute fur la nature de la liqueur fupérieure
difibute dans beaucoup d’eau chargée de
peu d’acide acéteux.
» Nous, pouvons maintenant établir une théorie
exempte de toute hypothèfe, fur les phénomènes
que nous préfente la diftillation de l’acétite
de* potaffe 8c de l’ acide arfenieux. Nous
voyons qu’une partie de l’acide arfenieux eft entièrement
réduite ; qu’une autre fe ..rapproche
feulement de l’état métallique ; que l’ acétite de
potaffe eft totalement décompofée ; que prefque
toiit l’acide acéteux l’eft lui-même, 8c que de
ces différentes décompofitions il ré fuite de l’eau ,
de l'hydrogène carboné, de l’hydrogène arfuni-
qué, de l’acide carbonique , une huile particulière,
de l'oxide d’arfenic , de l’arfenic 8c de la
potaffe j que la potaffe forme le réfidu blanc
qu’on trouve dans les vaiffeaux où fe fait la dii-
tillation ; que l’arfénic fe fublime 8c s’attache au
col de la cornue que les trois différentes efpèces
de gaz fe mêlent 8c peuvent être recueillies dans
des flacons; enfin , que l’eau, l’huile , l’acide acéteux
8c l’ oxide d’ arfenic fe condenfent dans le récipient;
que ces trois derniers corps, en fe combinant
en certaine proportion , confiaient un
compofé très-volatil 8c plus pefant que l’eau, peu
foluble dans celle-ci, 8c que telle eft la rai (on
pour laquelle il fe partage en deux couches bien
diftin&es , l’une inférieure , que l’on doit regarder
comme un acétite oléo-arfenical, 8c l ’autre
comme n’étant qu’une portion de celle-ci diffoute
dans l’eau, 8c dont la diffolution eft favoriiée par
un excès d’acide acéteux. »
L i q u e u r e u m a k t e d e B o y l e . C’eft le p r o duit
liquide de la diftillation du muriate d’ammoniaque
avec' la chaux 8c le foufre. Cette efpèce
de fulfuré ammoniacal hydrofulfuré a la propriété
Nnnn 2