
foutenue en 1755 par Venel , qui trouva de plus
le moyen d’imiter affez bien les eaux acidulés, en
diffolvant dans des vafes fermés du carbonate alcalin
à l’aide d’un acide.
jo. Les difcuffions relatives à ces eaux acidulés
ont été terminées, 8c leur nature a été exactement
connue par la découverte de Black fur l’air fixe ou
acide carbonique, 8c par les recherches fuccefli-
ves vde Bergman, de Priefiley, de Rouelle , de
Ch-aulnes, de Gioanetti, de Guy ton, &c. qui ont
appris à di flou dre artificiellement cet acide gazeux
dans Veau , à l’en tirer par differens procédés,
à en déterminer exactement la proportion,
à le regarder comme le diffolvant de la craie ou
carbonate de chaux, du carbonate dé magnéfie,.
du carbonate de fer. Cette découverte capitale en
chimie a expliqué pourquoi les eaux acidulés fe
troubloient par l’expofition à l’ air, par l ’ébullition
j pourquoi elles dépofoient de la rouille de
fer à leur furface, dans les canaux qu’elles par- 1
couroient ; pourquoi elles formoient des incrufta-
tions calcaires fur les corps qui y étoient plongés.
11. Les eaux fulfureufes, dans lefquelles une
foule de faits prouvoient l’exiftence du foufre
fans que les chimiftes aient p u, pendant long-
tems, découvrir la caufe de fa diffolubilité,. ont
été connues par les travaux de Bayen, qui a
donné dès 1770 des moyens de l’en féparer 5 de
Monnet, qui y avoit foupçonné la vapeur du foie
de foufre en 1.768 > de Bergman , qui y découvrit
le gaz de ce compofé, qu’il nomma ga% hépatique
en 1774 j & de Rouelle, qui confirma bientôt la
découverte du célèbre chimifte d’Upfal. J’ai moi-
même donné des détails fort étendus fur les eaux
fulfureufes dans m©n Analyfe de Veau d'Enghien ,
publiée en 1787 ; j’ai fait voir que l’union du foufre
& de l’hydrogène étoit le véritable minérali-
fateur de cette eau, & M. Giobert a depuis étendu
& confirmé cette affertion dans fon Traité, très-
bien fait, de l’eau de Vaudier, donné en 1793.
Il ne refte plus rien à defirer aujourd’hui fur les
eaux fulfureufes, qui font aufli bien connues que
les acidulés.
12. Quoique la coonoiffance 8c l’analyfe exactes
des eaux minérales ne puiffent qtre regardées
comme vraiment acquifes que depuis ces derniers
tems, plufieurs chimiftes ont entrepris, à différentes
époques, de faire des traités généraux &
plus ou moins complets de ces diffolutions falines
naturelles. Wallerius en 1748, Cartheufer en
1758, Monnet en 1772, Bergman en 1778, ont
publié des hydrologies 8c des méthodes pour ana-
îyfer les eaux. Il y a de plus un grand nombre d’ouvrages
monographiques fur quelques eaux en particulier,
qui, par leur mérite , le grand nombre
de détails précieux qa’ils contiennent, & les données
nouvelles qu’ils préfentent, doivent être regardés
comme des guides fûrs dans l’art difficile
de faire l’examen chimique de ces liquides. Ceux
de Bergman fur les fontaines d’Upfalx les eaux de
D’annemarck ; de Black fur plufieurs eaux d’I-flande,.
de Gioanetti fur celles de Courmayeur, de Giobert
fur Veau de Vaudier, & , s’il m’eft permis
de me citer moi-même, celui que j’ai donné fur
Veau d’Enghien,. font fpécialement dans cet ordre.
On a auflrbeaucoup avancé, depuis vingt-
cinq ans , l’art d’imiter les eaux minérales par des
diffolutions artificielles de diverfes matières falines
dans Veau pure. Les differtations de Bergman
fur la recompofitiôn des eaux de Seidfchutz, de-
Seltz, de Spa 8c dePyrmont} l’art d'imiter les
eaux minérales, par M. Duchanoy, médecin de
Paris, doivent être rangés dans cette claffe : ils
font le complément de l’analyfe des eaux , & en
attellent les progrès-
§. II. Des matières falines & des autres principes qui
minéralifent les eaux.
13. Les nombreules analyfes dyeaux minérales,
faites depuis quarante ans furtout avec affez d’ exactitude
pour en déterminer les principes, ont appris
que les plus fréquens comme les plus abon-
dans minéralifateurs de ces eaux fe trouvent dans
la claffe des corps falïns. En général, tout ce qu’on
a découvert fur ces principes falins minéralifateurs
des eaux nous apprend que c’eft furtour dans la
; claffe des fels qu’on nomme f&Jfles , que fe ren-
| contrent ceux qu’elles tiennent en diflolution. Il
: y a cependant deux réflexions remarquables à faire
| fur cet objet : la première, c’eft que les.fels fofli-
les, peu ou non diflolubles, ne fe trouvent point
| dans les eaux minérales ; la fécondé ,• c’eft qu’au
| contraire les plus diflolubles,. 8c fpécialement
ceux qui font dans la claffe des déliquefcens, ne
fe rencontrent que diffous, & jamais fous forme
feche. Il fuffir d’énoncer ces vérités pour les re**
connoître abfolument dépendantes de la nature
des chofes.
14. Parmi les fulfates'., on connoît dans 1 es eaux 3
1®. le fulfate de foude, qui fe trouve furtout dans-
celles de la mer, des fqurces & des fontaines fa-
lées 5 20. le fulfate de chaux, qui exifte fpéciale-
ment dans les eaux de puits, & qui conftitue fou-
vent celles qu’on nomme eaux crues ou dures-y 30. le
fulfate de magnéfie, qu’on a retiré d’abord de
quelques eaux minérales g 8c qu’on a nommé, à
caufe de cela 3 fel d'Epfom xfel de Sedlit^ 3 8cc. Ce
fel forme en particulier les eaux purgatives.; 40. lé
fulfate acide d'alumine 8c de potaffe : celui-ci ÿ
ell le plus rare de tous : on l’y croyoit autrefois
très-fréquent. 50. On n’a point trouvé dans les
eaux les fulfates de-baryte & de ftrontiane, qui
cependant font manifeftement dépofés en criftaux
de leurs diffolutions naturelles, non plus que les
fulfates de potaffe , d’ammoniaque, &c.
1 y. Aucun chimifte n’a encore annoncé la pré-
fence d’un fulfite quelconque dans les eaux minérales
: il n’eft pas cependant impoffible que quelques
uns de ces fels, furtout les fulfites de potaffe-idê
foude & d’ammoniaque, fe rencontrent quelque
jour dans les eaux voifines des volcans, puif-
que ces fels s’y forment fouvent par les matériaux
qui y exiftent j mais dans le cas même où ils y
feroient diffous, ils pafferoient promptement à
fétat de fulfates par le contaél de l’air 8c l’abforp-
tion de l’oxigène. . • .
16. Quoique plufieurs efpèces de nitrates foient
très-fréquentes à la furface du globe ,. il eft rare
de l.s rencontrer dans les eaux minérales. Cependant
on en fépare quelquefois du nitre ou du nitrate
de potaffe, du nitrate de chaux ou du nitrate
de magnéfie. Ces fels exiftent particuliérement
dans les eaux de mares, d’étangs, de lacs, ou fe
décompofent des matières végétales ou animales,
ainfi que dans celles de quelques pubs ou citernes
qui traverfent des terrains imprégnés de ces matières.
On les extrait furtout des leffives des plâtras
exploités par les falpétriers, & fouvent deux
ou trois d’entr’eux confti tuent la plus grande partie
des principes de ces leffives.
17. Les muriates font les fels le plus fréquemment
& le plus abondamment contenus dans lès
taux minérales : on y trouve furtout le muriate de
foude', ceux de chaux 8c de magnéfie, qui accompagnent
fouvent le premier ; beaucoup plus rarement
le muriate de baryte, indiqué par Bergman
dans quelques eaux. On n’y a découvert ni le muriate
de potaffe, ni celui d’ammoniaque, ni ceux
de ftrontiane, d’alumine, &c. Il eft un-grand-nombre
d‘eaux dont la préfence 8c la1 quantité notable
de muriate de foude déterminent là nature 8c constituent
le principal caraélère.
18. On n’a point encore trouvé de phofphates
ni de fluates en diffolution dans les eaux minérales.
Les phofphates terreux, 8c furtout le phofphate
de chaux, le feul qu’on ait rencontré parmi les
foffiles, font à la vérité indiffolubies. D’ailleurs,
ils font peu répandus dans la nature. Cependant
on ne peut pas douter que ces fels ,. dépofés en
lames-fpathiques ou en criftaux réguliers 8c tranf-
parens, conftituant l’apatite & la chryfolite, n’ aient
été diffous dans Veau 8c ne fe foient féparés lentement
de fa diffolution. Quant aux phofphates alcalins
diffolubles, comme ils n’exiftent jamais dans
les couches de minéraux, on ne doit point les rencontrer
dans les eaux. Parmi les fluates, le feul que
l’on connoiffe dans les foflîles, le fluate de chaux,
quoique manifeftement dépofé par Veau, n’a jamais
encore été trouvé diffous dans les eaux minérales.
19-. Il faut en dire autant des borates. Le borax
ou borate furfaturé de foude, celui qui paroït
exifter dans quelques eaux naturelles de la Perfe,
de l’Inde, de la Chine 8c du Japon, n’a cependant
point été reconnu encore parmi les principes minéralifateurs
des eaux. Le borate magnefio-calcaire
montre par fon gîte , fa criftallifation , fa demi-
tranfparence ou fa tranfparence parfaite , que fa
formation eft due à Veau> cependant, on n’a rien
trouvé dans les eaux du voifinage de Lunebourg
feul lieu où exifte le borate qu’on y nomme quart^
cubique, qui en annonce l’exiftence, & qui éclaire
fur fa criftallifation & fon dépôt.
20. Les carbonates font au contraire les plus
fréquens & fouvent les plus abondans des fels qui
minéralifent les eaux 3 comme ils le font fous forme
folide parmi les couches des foffiles. On diroit que
ces compofés font ceux qui coûtent le moins à la
nature, & qu’elle fait avec le plus de profufion^
Quoique les carbonates de chaux & de magnéfie
foient prefqu’infolubles, rien n’eft fi fréquent que
de trouver ces deux fels parmi les principes minéralifateurs
des eaux : ils y font diftous à la vérité à
l’aide de l ’acide carbonique, qui fe dégage par le
feu, par le contaél de l’air, & qui laiffe précipiter
les deux fels à mefure qu’il fe volatiiife. Le
carbonate de foude fe rencontre dans plufieurs
eaux, qu’on nomme même, en raifon de fa préfence
, eaux alcalines : il eft fort ordinaire que de
pareilles eaux foient tout à la fois acidulés ou chargées
en même tems d’acide carbonique. 11 eft plus
rare q.u’on trouve le carbonate d’ammoniaque en
petite quantité dans certaines eaux,. comme celles
des mares Sc des marais, où féjournent & fe pour-
riffeht des matières organiféesr
21. J’ai indiqué les principales efpèces de ma--
tières falines- qui ont été reconnues dans les eaux
minérales. Il feroit prefque fuperfiu de dire qu’il
eft rare d’en trouver qui ne contiennent qu’une
feule efpèce de fel : que le nombre de celles qui
exiftent en même tems n’eft jamais confidé. able,
&: excède bien rarement quatre ou cinq ; qu’il: en
.eft qui s’excluent mutuellement, comme le fulfate
de foude & de magnéfie avec le nitrate & le muriate
de chaux, les fels calcaires avec le carbonate
de foude.
11. Aux matières fafines diverfes dont je viens
de faire rénumération, la nature ajoute fouvent
. d'autres matériaux appartenais, foit à la claffe des
corps comburaws ou combuftibles fimples, foit à
celle des acides, foit aux métaux, foit aux matières
végétales. Le calorique , le gaz oxigène ou
: l’air atmofphérique , le gaz hydrogène fulfuré, &
même un fulfure terreux ou alcalin, forment les
premiers : on ne peut pas y trouver enfemble le
gaz oxigène ou l’air avec l’hydrogène fulfuré. Il
n’eft pas vrai, comme on l’a penfé pendant quelque
tems , que les métaux , comme tels 8c dans
leur état de pureté, puiffent jamais fe rencontrer
dans les eaux. L’air rend les eaux légères 8c vives
dans leur faveur 8c leurs propriétés économiques*
le gaz hydrogène fulfuré conftitue le plus grand
nombre des eaux fulfureufes.
23. Parmi fis acides on n’a- encore trouvé que
l’acide carbonique & l’acide boracitique pur diffous
dans les eaux naturelles. Le premier eft beaucoup
plus fréquent 8c plu^ abondant que le fécond
: il fe trouve réuni avec beaucoup de feîs
différens 8c variés > c’eft lui qui en rend plufieurs