
faut avoir foin d’affortir la nature des filtres à
celle des liquides à clarifier , ainfi que la fineffe
de leur tilTu à la groffeur des parties hétérogènes
que Ton veut féparer. Ainfi, par exemple, il
ne faudroit pas fe fervir de filtres de matières
organiques pour clarifier les alcalis & les acides
minéraux concentrés ; ils feroient bientôt diffous,
& au lieu de purifier ces fubftances ils les altère--
roient encore davantage. Au refte, il fera parlé
en détail du choix que l'on doit faire des filtres
pour chaque elpèce de liqueur, au mot filtre.
Lorfque les corps étrangers font retenus dans
une liqueur par une affinité chimique , les moyens
mécaniques font infuffifans pour les féparer, &
donner la pureté & la tranfparence que doivent
avoir les liqueurs. Il faut alors employer des fubftances
qui, par une force plus puifiante , enlèvent
aux liquides les corps étrangers qu'ils
contiennent, & fe féparènt avec eux fous la
forme de précipité ou d'écume. Ces moyens
doivent être appropriés à la nature & aux propriétés
particulières des fubftances à clarifier de-
manière qu'ils ne puiffent changer les qualités
qq’on y recherche. Le problème confifte donc à
choifir des corps qui, en agiflant fur les parties
hétérogènes d'une liqueur, n'aient aucune aétion
fur cette dernière, ou qui, en s’y combinant, n'en
modifient pas fenfiblement les propriétés.
Ces moyens font heureufement allez nombreux.
Dans les matières minérales , on trouve
des terres, des acides, des fels acidulés, quelques
oxides métalliques^ Parmi les matières végétales
, l'alcool , . le charbon , les cendres ,.
quelques acides $ enfin, entre les matières animales,
on a le fang, le blanc d'oeuf, la colle
forte, la colle de poiflbn, les peaux, &c.
. Parmi ces différentes, matières, les unes agiffent
en fe combinant fimplement aux corps étrangers,
comme l’alumine, le charbon,, quelques oxides
métalliques, avec les matières colorantes; les
autres en faifant changer d’état aux corps hétérogènes
, comme les acides, l'alcool envers les
fécules végétales, l ’albumine, &c. ; enfin les
autres en changeant elles-mêmes d’état, telles que
l'albumine, la colle-forte, la colle de poiffon,
qui, en fe coagulant par la chaleur, enveloppent
entre leurs parties les molécules étrangères fuf-
pendues dans les liqueurs , & les« amènent à la
lurface des liqueurs fous læ forme d’écume. Souvent
plufieurs de ces moyens font réunis pour
la. clarification de la même liqueur : c'eft ainfi
qu'on emploie en même tems la cendre, la chaux.
& le fang de boeuf pour clarifier le jus de la canne
à fucre. La cendre & la chaux font deftinéesà-
enlever les acides & la partie colorante qui s'op-
pofent à la crilhllifation du fucre, & qui altèrent
fa blancheur. Le fang de boe u f, en fe coagulant, !
réunit les corps flottans ainfi qu'une partie de la
matière féculente colorée, ayec laquelle l'albumine
a beaucoup d'affini té*
Lorfque les liqueurs à clarifier doivent être
blanches , il faut avoir l'attention d'employer des
fubftances qui ne puiffent pas leur communiquer
de couleur : le blanc d'oeuf jouit de cette prérogative,
en même tems qu'en fe coagulant par
la chaleur , il ne laifte dans la liqueur aucun corps
étranger. Audi s'en fert-on très-fouvent dans un
grand nombre de cas, & particuliérement pour
les firops fimples, deftinés aux liqueurs de table ;
les firops compofés, le petit lait, &c. &c. Quoiqu’on
ne connoifie pas exactement la manière
d'agir de la poufiière de charbon dans les clarifications
, on fait que c’eft un excellent moyen
pour enlever aux corps les parties colorantes &
odorantes qui leur font étrangères. ( V. )
CLO CHE, f. f . C'eft un inftrument de verre
qui fert à recueillir ik à mefurer en même tems
les fluides élaftiques qui fe dégagent dans une opération
quelconque , ou que l'on a préparé d'avance
pour quelque expérience.
Quoique la matière dont les cloches font formées,
foit très-fragile, on ne peut cependant pas
lui en fubftituer une autre, car la tranfparence
dans ces fortes d'inftrumens eft une condition
abfolument indifpenfable. En effet, on a befoin
de voir à chaque inftant la manière dont les fluides
élaftiques fortent, le changement qu'ils peuvent
éprouver, l’époque à laquelle ils cenent de paflfer,
celle où la cloche eft pleine .de cè gaz pour lui
en fubftituer une autre ; enfin, la tranfparence eft
néceffaire dans tous les cas où il faut rétablir l’équilibre
entre le niveau extérieur & le niveau
intérieur de l'eau, afin de mettre le gaz fous-
la même preflion que l'air atmofphérique.
Il eft toujours avantageux que le verre des
cloches foit bien blanc, & tranfparent pour apper-
cevoir facilement les changemens de couleur que'
euvent éprouver les gaz par différentes com-
inaifons, Sc pour favoir s'ils fe diffolvent dans
l'eau, ou s’ils attaquent le mercure lorfqu’on
opère fur ce métal.
La forme des cloches eft une chofe extrêmement
importante dans un grand nombre de cir-
conftances la plus avantageufe eft celle d’un
cylindre formé à une (fe fes extrémités par une
calotte hémifpftérique, portant un bouton arrondi
qui fert à prendre & à trunfporter plus facilement
la cloche d'un endroit dans un autre. Les parois
des cloches doivent être, autant qu'il eft pof-
fible, perpendiculaires fur la ligne horizontale y
& avoir une certaine épaiffeur pour pouvoir fup-
portar le poids dès liquides qu'on y élève au
deffus de leur niveau. La forme hémifpftérique
de la partie fupérieure des cloches n'eft pas moins«
utile pour remplir cet objet, furtout lorfque
ces liquides font très-pefans, comme le mercure
par-exemple. Cette courbure eft particuliérement
néceffaire pour que les cloches puiffent fupporter
le poids de l'air lorfqu'on y fait le vide, car fï
les parois fupërieures étoient perpendiculaires
aux parois latérales, & qu'elles fuffent minces &
d'une grandecapacité, il arriveroit fouvent qu elles
feroient brifées par le .poids de la colonne atmol-
^ Am fi, plus les cloches font grandes, & plus il
faut que leurs parois foient épaiffes. En effet,
comme le poids des colonnes de liquides, ou
l'air que ces vafes ont à foutenir , croît comme
leur bafê multipliée par leur hauteur, il eft évident
qu’il faut que les parois des cloches croiffent
auflî fui van t ces raifons pour pouvoi r réfifter.
Mais il n'eft pas aifé d'établir des règles certaines
& précifes relativement à l’épaiffeur à
donner aux parois des cloches d’après leur grandeur:
beaucoup d'élémens manquent pour la folu-
tiou de ce problème : la qualité du verre plus
ou moins tenace, fa fufion plus ou moins parfaite,
la diftribution de la matière du verre plus
ou moins égale fur toutes les parties de la cloche,
font autant d'inconnus qui s'y oppofent.
La grandeur des cloches eft relative aux expériences
que l’on veut faire : il y en a depuis la
contenance de 50 décimètres cubes plus, juf-
qu'à celle d'un décimètre & moins. Lorfqu'on
a de grands volumes de gaz à recueillir dans une
opération, ou que l'on veut conferver p®ur des
expériènees de recherches fubféquentes, on les
renferme communément dans ces vafes placés fur
l'eau contenue dans des cuves pneumato-chimiques
doublées en plomb.
En général, les cloches dont la capacité s'élève
au deffus de deux décimètres cubes ne peuvent
guère fervir à manoeuvrer dans le bain de mercure
, à caufe du poids confidérable de ce métal
qu'elles auroient à foutenir, & de la difficulté
de les remuer, furtout lorfque leur conftrudtion
ne permet pas de les remplir autrement qu’à
la main.
Celles qui font deftinées aux expériences au
mercure doivent être fortes, & beaucoup plus
longues que larges.
Il eft fouvent néceffaire , pour plufieurs expériences,
que la partie fupérieure de la calotte des
cloches foit terminée par un tube cylindrique
d’environ un pouce de long , 7 38 lignes de diamètre,
& épais comme le cou d’une bouteille pour
pouvoir y adapter un robinet de cuivre, une
boue a cuir, un thermomètre, &c.
Les cloches a robinet font commodes pour élever
dans leur intérieur l’eau & le mercure fans
être oblige de les changer de place, foit en pompant
l’air quelles contiennent par l'effort des
lèvres, ou avec une pompe au moyen d'un tuvau
qui établit une communication entre la cloche
Sc la machine pneumatique, m
Ces robinets ont auffî l’avantage dans les com-
buftions en vaiffeaux clos, où l'on a befoin d'une
grande quantité de gaz oxigèrve dont on veut
«eterminer le volume, de laiffet arriver ce gaz
par le moyen d'un tub e, du réfervoir général
dans l'interieur de la cloche.
Lorfqu'on veut favoir s'il ne fe produit pas
quelque changement dans la température des gaz
que l’on combine, on place dans l'orifice fupé-
rieur de la cloche, un thermomètre donc la boule
doit defeendre jufqu à la moitié de la longueur
de ce vaifteau.
Comme les cloches font en même tems deftinées
à recueillir le gaz & à en déterminer le
volume, il eft néceffaire que leur capacité foit
connue ; mais il ne fuffit pas de connoître fimplement
la capacité totale", il faut qu'elle foit
divifée dans un certain nombre de tranches de
la cloche : cette opération s'appelle jauger. Pour
y parvenir on peut employer indifféremment de
l'eau ou de l'air; fi c'elt d'eau qu'on fe fert, on
colle une petite bande de papier depuis la partie
fupérieure de la cloche jufquen bas, & on a foin
qu'elle foit bien droite : on renverfe l’inftrument,
on le met d'à-plomb fur un fupport convenable,
& alors on y met des quantités d'eau connues,
relatives à la grandeur de la cloche. Par exemple,
pour jauger une cloche qui contiendroit ( un pied
cube d'eau) 34,243 décimètres cubes, & qui
auroit environ y décimètres de haut, on pourroit
prendre pour unité de la première divifion un
vafe contenant un décimètre cube ; ce qui répond
à environ jo pouces cubes, & au poids de 1 livres
6 gros 46 grains d'eau diftillée. A chaque décimètre
cube que l'on met dans la cloche, on trace une
ligne fur la bande de papier, avec une plume
fine ; l'on ajoute ainfi fucceffivement des mefures
d’eau jufqu'à ce que la cloche en foit entièrement
remplie ; quelquefois il refte une fraétion de me-
fure dans la partie inférieure de la cloche, que
■ l'on peut, fi l'on veut, jauger auflî en fe fervant
d’un vafe plus petit. Mais l'on peut fans inconvénient
négliger ces bradions de mefures inférieures,
parce qu’il eft rare que l'on rempliffe
entièrement les cloches de gaz ; il eft au contraire
utile d’y biffer une certaine quantité d'eau,
afin que l'on puiffe ai-fément tranfvafer le gaz fans
en perdre ; ce qu'il eft affez d-ffkile d’éviter lorfque
les cloches qui le contiennent font grandes
& entièrement pleines.
On peut faire la même opération en fe fervant
d’air au lieu d’eau ; mais cette manière eft beaucoup
plus délicate, & demande plus de précautions
: ici l'air changeant continuellement de volume
fuivant l’état de la température,' le poids
de l’atmofphère, la nature & la hauteur des niveaux
des liquides dans iefquels on eft obligé
d’opérer , il eft évident que toutes ces circonf-
tances doivent être déterminées & appréciées
avec beaucoup de foin. Il eft bien démontré que
plus la tempe arure eft élevée, moins l’atmofphère
eft pefance, & plus les .gaz occupent de
-volume, & vice verfâ, Ainfi dans un tems froid,
le même poids de gaz n’ occupe, pas autant d’ef