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& fond enfui te dans le même fourneau, cette règle
fouffre une exception.
Dans les fourneaux de grillage on a quatre chofes
à confidérer, i°. la chauffe avec le cendrier} 2°. le
four ou efpace de calcination , avec un féchoir
à côté j 30. le labyrinthe que parcourt la vapeur
en fortant j 40. la cheminée. La chauffe doit être
telle qu’on puiffe produire un feu doux & modéré*
& que le courant & la flamme ne deviennent pas
trop forts. Le four doit avoir une largeur fuffifante,
de manière à ce qu’on puiffe y étendre , tourner
& retourner commodément le minerai. La voûte
doit être atifïî baffe & aufli près du fol quepoffible,
afin que la flamme agifïe convenablement fur le
minerai. Lorfque celui-ci eft de nature à donner ,
parla volatilifation,’des fubflances qu’il importe de
retenir, on pratique au defîus une fuite de com-
partimens ou petites chambres, dans lefquels fe
depofent les fubflances que ia volatilifation a entraînées.
Les cheminées doivent avoir une hauteur
convenable pour que les ouvriers ne foient pas
incommodés par la fumée. Ces fourneaux fe font
en pierres de taille & moëlons; la voûte en briques,
& le fol, également en briques, eft revêtu d’une
couche d’argile mêlée avec un huitième de fable
lorfque les minerais font très-fuifureux ; lorfqu’ils
le font moins, on emploie des plaques de fonte.
Lorfqu'on fe fert de la houille ou de la tourbe,
on fait la grille de la chauffe en briques.
Parmi tous les fourneaux de grillage connus, celui
qui paroît réunir le plus d’ avantage eft le fourneau
hongrois. On voitdes coupes, plans & élévations
de ce fourneau dans le Traité de M. Born, fur l 'A malgamation
des minerais3pl. 6 & 7. On en emploie
de pareils à Freyberg, pour griller les minerais
pyriteux qui doivent être amalgamés, & les minerais
de plomb qui doivent être fondus. On grille
de trois à quatre quintaux à la fois dans un fourneau
, & c e grillage dure environ cinq ou fix heures.
Pendant qu’on grille un pofte ( les trois ou quatre
quintaux ) de minerai, on en tient un autre dans
le féchoir. Le grillage fini, on fait paffer le fécond
pofte dans le four de grillage ,- on l’y étend bien ,
& on le chauffe vivement pendant unf ou deux
heures. Le minerai s’allume : c’ eft la première période.
Dans la fécondé il brûle de lui-même, & on
entretient la ccmbuflion par un feu modéré. Pendant
ce tems, on continue toujours de remuer le
minerai avec un gros rateau de fer; ce qui dure deux
à trois heures. Enfuité , lorfque le foufre & l’ar-
fenic font brûlés ou chaffés, on redonne un violent
coup.de feu pour volatilifer entièrement les
acides fulfureux , muriatiques. & arfeniques qui
le font formés : cette troifièmepériodi dure encore
une ou deux heures.
Dans le grillage au fourneau de réverbère, il faut
avoir principalement foin,
Ie*. Que le minerai ne s’agglutine pas en grum
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20. Que le travail foit conduit de manière à ce
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que la chaleur foit tantôt forte, tantôt foible, fui-
vant le befoin, mais jamais tel-U qu’eLle produite
un commencement de fufion ; ce qui agglutineroic
lë minerai j
30. De remuer continuellement le minerai , afin
que toutes fes parties foient bierrexpofées à l’action
du feu j
4°. De le retourner de tems en tems, c’ eft-à-
dire, de porter près de la chauffe les parties qui
étoient de l’autre côté, parce que la chaleur eft toujours
plus grande près de l'endroit où eft le feu$
y°. Vers la fin du travail, on prend de tems en
tems un peu de minerai dans une cuiller : fa couleur
& fon odeur indiquent le moment où l’opération
eft finie ;
6°. Si l ’on a pour but de défoxider les minerais,
il faut ajouter de la pouflière de charbon vers la fin
du grillage.
En terminant ce que nous avons à dire fur les
différentes méthodes de griller les minerais, nous
dirons que , dans quelques endroits, on a épargné
les frais & le tems du grillage en donnant une plus
grande hauteur aux fourneaux à fondre. Le minerai
éprouve un vrai grillage dans la partie fupéiieure
de ces fourneaux, & il eft difpofé à la fufion lorf-
qu’il arrive plus bas : cela a été furtout pratiqué
avec fuccès dans quelques fonderies de fer. Dans
plufieurs ufines d’Angleterre, on n’ a qu’un même
fourneau de réverbère pour griller & pour fondre :
on grille d’abord, &puis, en augmentant le feu ,
on finit par fondre. Ce procédé eft en ufagé dans
les fonderies à plomb de Viliach en Carinthie,
& de Poullaouen en Bretagne ( Finiflerre ).
Le tems de la durée d’ uti grillage varie infiniment,
fuivant la nature, la quantité de matière à griller
& le mode de grillage qu’on emploie. Les giillages
en tas & en plein air durent fouvent des mois entiers,
& même un an : ceux dans les places de grillages
durent des femaines & des mois. Enfin, dans
les fourneaux à réverbère , où fon ne peut griller
que de petites quantités à la fois, un grillage n’eft
qu’une affaire de quelques heures. Lès principaux
caractères auxquels on reconnoït qu’un grdlage eft
fini, font :
i° . La diminution de l’odeur ;
2°. La ceffation des vapeurs j
30. Le changement dans la caffure & la couleur.
Les minerais perdent leur éclat métallique, &
deviennent plus terreux.
4®. L’augmentation de poids & l’acidification
des fubflances qui l’oxident j
50. Le gonflement, le fendillement & l ’amollif-
fement des maifes que l’on grille.
Nous renvoyons aux articles de chacun des métaux,
ce.que nous avons à dire de particulier fur le
grillage de leurs minerais. Nous nous contenterons
de faire encore ici une obfervation générale. Il eft
plus avantageux de fondre tout de fuite les minerais
très-riches en o r , argent, plomb & cuivre. Le
grillage ne peut qu’occafionner du déchet : il cohù
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vient plus particuliérement aux minerais pauvres &
mêlés de beaucoup de fubflances étrangères. ( Ex trait
de la Métallurgie de L a m p a d iu s . ) ( D. )
GUANO, nom péruvien d’une matière qui fert
d’engrais & qui fe trouve dans les îlots de la mer
du Sud, près les côtes du Pérou j elle eft devenue
le fujet d’un travail particulier affez étendu , fait
en commun avec M. Vauquelin , & d’un Mémoire
qui a été inféré parmi ceux de l’Inftitut en l’an 13.
Voici ce Mémoire.
M. Humboldt nous a donné, à M. Vauquelin
& à moi, lors de fon retour, une matière îingu-
lière, qui fe trouve en couches pulvérulentes dans
des îlots de la mer du Sud, près des côtes du Pérou
, & dont les habitans de ces côtes fe fervent
pour engrainer leurs terrés. Ce célèbre naturalifte
avoit penfé, lors de la leéture de notre Mémoire
fur la découverte de l'acide urique dans les excrémens
des oifeaux, que le guano pourroit être de la même
nature, à caufe des grandes quantités d’oifeaux
qui fréquentent les îlots des côtes du Pérou.
« Le guano , dit M. Humboldt, fe trouve dans
« la plus grande abondance dans la mer du Sud ,
»»aux îles de Chinche, près de Pifco; mais i l
» exifte auflTi fur les côtes & îlots plus méridio-
« naux, à Ilo, Iza & Arica. Les habitans de Chan-
» cay, qui font le commerce du guano , vont &
» viennent des îles de Chinche en vingt jours.
» Chaque bateau en charge quinze cents à deux
» mille pieds cubes. Une vanégua vaut à Chan-
» cay 4 livres , à Arica 15: livres tournois.
»» Il forme des couches de cinquante à foixânte
» pieds d’épaiffeur, que l’on travaille comme les
» mines de fer ocracé. Ces mêmes îlots font ha-
» bités d’une multitude d’oifeaux, furtout d’ar-
» dea, de phoenicopterus, qui y couchent la nuit;
» mais leurs excrémens n’ont pu former, depuis
» trois fiècles , que des couches de quatre à cinq:
»» lignes d’épaiffeur. Le guano feroit-il un produit
» des bouleverfemens du globe, comme les char-
« bons de terre & les bois fofliles? La fertilité des
» côtes ftériles du Pérou èft fondée fur le guano,
» qui eft un grand objet de commerce. Une cin-
» quantaine de petits bâtimens qu’on nomme giia-
» neros3 vont fans ceffe chercher cet engrais &• le
» porter fur les côtes. On le fent à uti quart dé.
» lieue de diflance. Les matelots, accoutumés à
» cette, odeur d’ammoniaque , n’en fouffrent pas :
» nouséternuyionsfanscelfeennousenapprochant.
» C’eft le maïs furtout, pour lequelde guano >e[ï un
»? excellent engrais. Les Indiens ont enfeigilé cette-
» méthode aux Efpagnols. Si l’on jette trop d%
•» guano fur le maïs, la racine en eft brûlée & dé-
» truite. Le guano eft trop acidiftable, & voilà, un
»» engrais d’hydirure d’azote , quand les autres, en*
» grais font plutôt des hydrures de carbone. »»
Propriétés pkyjiqties.
Cettetmatièce puLvéculeute a une couleur jaune-
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| fauve, une faveur prefque nulle & une odeur fort
analogue à celle du caftoreum, tenant un peu à
celle de la valériane.
Elle noircit au feu en exhalant des fumées blanches
& l’odeur de l’ammoniaque empyreuma-
tique.
L'eau en diffout une partie, qui lui donne une
couleur rougeâtre & la rend acide.
La potaffe en diflout beaucoup plus que l’eau :
cette diffolution eft brune-foncée , & elle fe fait
avec un dégagement abondant d’ammoniaque.
EJfai par l'eau.
Après avoir leflivé cinq grammes de cette matière
avec une grande quantité d’eau bouillante ,
Ja leflive a dépofé, pendant l’évaporation à laquelle
on l’a loumife , une poudre jaune-fauve
affez abondante , qui n’avoit que fort peu de faveur
, & dont l’odeur, comme celle de la terre
entière, reffembloit à celle du cafioreum. Une portion
de cette poudre , mêlée à une diffolution de
potaffe cauftique, a répandu une forte odeur d’ammoniaque,
& s’eft diffoute en totalité. Elle contient
donc un fel ammoniacal. Soumife de nouveau
à l’aélion de l’eau bouillante pour favoir fi elle
s’y rediffoudroit, ou fi la chaleur employée pour
l’évaporation du liquide, qui l’avoit tenue précédemment
en diffolutjon, ne lui avoit pas fait fubir
quelque changement, cette poudre s’eft en effet
diffoute ert totalité} elle n’avoit donc éprouvé aur
cune altération par la chaleur de l’évaporation.
La diffolution rougiffoit très - fenfîblement le
papier de tournefol, & fe troubloit pendant le
refroidiffement} elle précipitoit les diffolution?
de nitrate d’argent, de mercure & de plomb en
flocons blancs-jaunâtres , entièrement folubles
dans l’acide nitrique, & même dans une grande
quantité d’eaü.
Pour obtenir une plus grande quantité de la
i poudre acide & ammoniacale de la matière fer-
tilifànte des côtes du Pérou, & examiner fes pro-
. priétés plus en détail, on a lavé à plufieurs re-
; prises., avec de grandes quantités d’eau bouillante
, dix grammes de guano. Cette quantité a
! été réduite, par cette opération, à cinq gramme?
. fept dixièmes.
Cés derniers, épuiféspar l’eau, traités enfuite
lavée là potaffe cauftique, lui ont communiqué
■ une couleur fauve , & ont perdu c.8 de gramme
de leur poids.
; ■ Les quatre grammes neuf dixièmes reftans, mis
en digeftion dans l’acide muriatique, ont produit
une légère effervefeenee, & donné une couleur
. fauve- à la liqueur Le réfidu . qui ne paroiffoit
plus être quruo mélange de fable quartzeux Sc ferrugineux
, né pefoit plus que trois grammes qua-
, tre dixième?, qui ont été réduits à trois grammes
; un- dixième après la calcination , parce que 1 humidité
& les reftes de- matières organiques qui la
coloroieut encore y ont été diflipés.
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