
Examen du précipité formé dans le fcrutn du lait par
l'eau de chaux.
9. Comme il étoit probable que cette fubftance
n’étoit que du phofphate de chaux, nous l’avons
décompofëe par l ’acide fulfurique, & nous avons
en effet obtenu une a fiez grande quantité de ful-
fare de chaux.
Nous nous fommes de plus affurés què la liqueur
d’où le fui fa te de chaux avoit été féparé , conte-
noit bien véritablement de l’acide phofphorique,
plus une petite quantité de chaux.
10. Mais foupçonnant que, comme dans les o s ,
le lait, feul aliment des animaux à l’époque où
leurs os fe forment avec tant de rapidité, conte-
noJt aüflidu phofphate de magnélîe , nous avons
précipité une fécondé fois par l’ ammoniaque la j
diffolution du phofphate de chaux , indiquée ci-
deffus, n°. 7 , Srnous avons de nouveau traité le
précipité au moyen de l’acide fulfurique. Il s’eft
encore formé, comme, dans la première opération,
une petite quantité de fui face de chaux, qu’on a
féparée par la filtration. La liqueur évaporée &
le produit calciné , nous avons rediffous dans l’ eau
& fournis cette dernière à l ’évaporation fpontanée
qui, lorfqu’elle a été complète , a offert des crif-
taux en aiguilles., qui étoie.nt de véritable fulfate
de magnéfie. La quantité de ce fiel, par rapport à
celle du phofphate de chaux , nous a paru à peu
près la même que dans les os, c’eft-à-dire, un
cinquantième de ce premier fel. Nous verrons plus
bas quelle indu&ion l’on peut tirer de cette obfer-
vation pour l’explication de quelques phénomènes
phyfîologiques.
11. La calcination du fulfate de magnéfie nous a
montré un phénomène affez intéreffant, auquel
nous ne nous attendions pas & nous ne pouvions -
pas nous attendre : fa couleur, qui étoit parfaitement
blanche, s’ett changée en une couleur rouge- j
jaunâtre prononcée , & pendant que le fel s’eft
diffousdans l’eau, la matière qui lui communiquoit
cette couleur s’eft précipitée fous forme de poul-
fière. Cette matière étoit de l’oxide de fer en quantité
notable. Cet oxide de fer appartenoit indubitablement
au lait 3 puifque, dans toutes les opérations
que nous avons faites fur ce fluide, nous
avions évité avec foin le contaél de ce métal.
§. III. P réparation de V acide laftique de Sckéele ;
Ces propriétés.
12. Après avoir déterminé la nature des matières
que l’eau de chaux précipite du ferum du
lait) nous avons fait évaporer la liqueur qui de-
voit contenir l’acide du lait uni à la chaux. Lorfqu’elle
a été réduite à deux litres, nous y avons
mis de l’ acide oxalique en quantité fuffifante pour
précipiter toute la chaux, en prenant la précaution
de n’en pas mettre en excès-.
L’oxaîate de chaux étant féparé par la filtration,
nous avons fournis la liqueur à la diftillation dans
une cornue placée fur un bain de fable, & nous
avons continué cette opération jufqu’ à ce qu’il ne
foie plus refté qu’environ deux cents grammes de
matière dans la cornue.
La liqueur obtenue par cette diftillation n’avoit
point de couleur : Ton odeur & fa faveur étoier.t
les mêmes que celles du vinaigre diftillé , légèrement
empyreumatique j elle rougiffoit fortement
la teinture de tournefol, & produifoit, à l’àide de
la chaleur, une légère eftervefcence avec les carbonates
alcalins. Nous reviendrons plus bas fur la
nature de cet acide.
Examen de la matière refiée dans la cornue après
1‘opération qui vient al être décrite.
13. La matière reftéedans la cornue étoitépaiffe
comme un firop : fa couleur étoit d’un rouget-brun,
& fa faveur très-acide. L’alcool en précipitoit une
matière brune floconeufej l’infufion aqueufe de
noix de galle y produifoit le même effet j l’acide
muriatique oxigéné, un précipité jaune floconeuxj
l’acétate de plomb , un précipité brun ; le nitrate
d’argent, un précipité qui n’étoit pas entièrement
foluble dans l’acide nitrique j le nitrate de baryte
y fo rmoit aufli un précipité infoluble dans l’acide
nitrique.
Tous.ces effets nous annonçoient dans cette liqueur
la préfence d’un acide libre, d’une matière
animale, & de quelques fels, tels que des muriates
& des fulfates.
14. Dans l’efpoir de féparer les unes des autres
ces différentes fubftances , nous avons traité la
liqueur qui les tenoit diffoutes par l’alcool très-
fe c, que nous avons employé en grande maffe &
en plufieurs portions, afin de diminuer autant due
poffible l’effet de la petite quantité d’eau de diffolution.
Par ce moyen il, s’eft dépofé en flocons, &
nous avons féparé une affez grande quantité d’une
fubftance brune, épiiffe, vifqueufe , & dont la
faveur n’étoit plus acide quand elle a été fuffifam-
ment lavée avec l’alcool.
i j . Voici les propriétés que nous lui avons reconnues.
a. Sa faveur n’ étoit plus acide j elle étoit
au contraire nauféabonde & fade, b. Elle s’eft dif-
fou re très-bien dans l’eau froide, & fa difiolution
étoit abondamment précipitée par l’infufion aqueufe
de noix de galle, c. Elle a fourni beaucoup de
■ carbonate d’ammoniaque à la diftillation. d. La di(-
folution de cette fubftance, évaporée à une douce
chaleur, a donné par le refroidiffement, au bout
de quelques jours, une affez grande quantité de
fucre de lait, 4 la vérité très-coloré par la matière
animale qui l’accompagnoit. Ainfi cette fubftance
n’avoît point été détruite, au moins en totalité ,
par la .fermentation que le Air avoit fubie ; & l’acide
acétique, qui fe développe dans cette circonf-
tance, ne lui doit probablement pas fqn origine.
C’cft une queftion fur laquelle les expériences fui-
vantes nous éclaireront.
Examen des matières diffoutes par C alcool.
■ 16. La fubftance diffoute par l’alcool lui avoit
communiqué une couleur rouge-foncée , une acidité
afiez forte, ainfi què la propriété de précipiter
l’infufion de noix de galle, & l’acétate de plomb
ftiffivamment etendu d’eau pour que l’alcool ne pro-
duilît aucun effet par lui-même fur ce fel.
Cette liqueur alcoolique, foumife à la diftillation
, a fourni la plus grande partie de l ’alcool à
l’état de pureté j mais les dernières portions étant
fenfiblement acides, nous les avons féparées , &
après avoir ajouté de l ’eau au réfidu pour l’empêcher
de brûler, nous avons continué la diftiHalation.
Le dernier produit étoit très-acide, & avoit
l’odeur & la faveur du vinaigre légèrement empy-
reumatique.
17. La longue ébullition & la concentration qu’a-
voit éprouvées cette liqueur lui avoient fait prendre
une couleur brune,, & en avoient féparé une
fubftance noire & comme bitumineufe.
Pour féparer cette matière de la liqueur, nous
y ayons ajouté de Peau, & nous avons filtré. Quoiqu’elle
eût fourni par la diftillation une grande
quantité de liqueur acide, cependant elle confer-
voit encore beaucoup d’acidité.-Elleétoit, comme
auparavant, précipitée par la noix de galle, l’acétate
de plomb & l’acide muriatique oxigéné. L’acide
fulfurique concentré, furtout avant que cette
liqueur fût étendue d’eau, la noirciffoit fur le
champ, & en dégageoit une odeur extrêmement
forte de vinaigre radical, qui a duré pendant plusieurs
jours. Comme, d’un autre côté, la potaffe
cauftique y dévelôppoit une forte odeur d’ammoniaque
, nous avons mêlé à cette liqueur une petite
quantité d’acide fulfurique pour faturer cet alcali
& rendre libre l’acide de AA qui devoityêtre
u n i & nous l’avons de nouveau fournis à la diftillation.
Le produit de cette opération étoit très-
acide , mais il avoit une odeur empyreumatique ,
&ne donnoir aucune trace de la préfence de l’acide
fulfurique. Lorfque la liqueur commença à
s’épailfir, elle prit une couleur brune tirant fur le
noir j elle fe réunit en une feule mafte qui durcit
beaucoup par le refroidiffement, & que nous ne
pûmes obtenir qu’en brifant la cornue. Cecte matière
brune'avoit fes furfaces liftes comme un bitume
fondu j elle répand o it, lorfqu’on la brifoit,
une odeur très-forte d’acide acétique , & fe divi-
foit à la manière d’un corps gras: lèche & pulvé-
rifée , elle avoit entièrement l ’apparence du charbon
de terre réduit au même état.
18. Pour féparer de cette fubftance bitumineufe
l'acide qui y étoit mêlé, nous l’avons leffivée avec
beaucoup d’eau, & nous avons filtré la liqueur :
celle-ci n’avoit plus alors qu’une légère couleur
ambrée 3 fa faveur étoit très-acide, & fon odeur
empyreumatique.
Soumife de nouveau àladiftillation,cette liqueur
a fourni encore une affez grande quantité d acide
acétique légèrement odorant. Sur la fin de i’opération
elle s’eft prife en mafte comme la première
fois, & nous en avons féparé par le lavage une nouvelle
quantité de matière bitumineufe, femblable à
la première. Enfin, dans une troifième opération,
les produits ont encore été les mêmes j feulement
ils étoient beaucoup moins abondans. Le lavage de
la matière bituminiforme, dépofée dans la dernière
opération, n’a pas été précipité directement
par le tannin ; mais, en neutralifant l’acide fulfurique,
le même réaCtif y a formé un précipité violacé.
La potaffe cauftique en a dégagé beaucoup
d’ammoniaque, & en a précipité en même tems
une madère floconeufe peu abondante : l’alcool en
a.féparé aufli une fubftance blanche floconeufej le
prulliate de potaffe n’y a produit aucun changement.
19. Les expériences que nous venons de décrire,
& plufieurs autres que nous paflons fous filence ,
ne nous ont offert, aucun figne de la préfence d’un
acide particulier au lait j car la propriété de précipiter
la diffolution d’acétite de plomb, i’infufion
de noix de galle, l’acide muriatique oxigéné, &
celle de ne point fe volatilifer à la température de
l’eau bouillante, ne font pas fuffifantes pour carac-
térifer un acide particulier, püifque l’acide'-acétique
, faturé d’une matière animale ou végéto-ani-
male, préfente les mêmes phénomènes. Le vinaigre
obtenu par la fermentation des femences céréales
, celui que fournit un mélange de fucre &
de gluten, enfin la plupart des fucs des végétaux
fpontanément aigris, nous ont préfenté des phénomènes
entièrement femblables à ceux de l’acide
du lait. Nous reviendrons fur cet objet à la fin de
ce Mémoire.
Examen de Vacide pajfé a la diftillation.
20. L’ acide obtenu par la diftillation du lait aigri
diftillé feul, & celui que nous avons obtenu après
l’addition de l’acide fulfurique, fe reffemblent parfaitement
par leurs propriétés, avec cette différence
cependant que le dernier étoit plus fort &
avoit une odeur plus empyreumatique. Nous les
avons mêlés enfemble, & faturés avec du carbonate
de potaffe bien pur, qui s'y e-ft diffous avec
effervefeence fans le fecours de chaleur étrangère.
Lorfque la faturation a été parfaite , nous avons
fait évaporer la liqueur, & nous avons obtenu un
fel feuilleté, coloré en brun , déliquefeent, d’une
faveur très-piquante, qui exhaloit une vive odeur
d’acide acétique par l’addition de l’ acide fulfurique
, &: qui précipitoit la diffolution de» nitrate
de mercure en lames brillantes5 en un mot, un
véritable acétate de potaffe. Cefclcontenoit néanmoins
une petite quantité de muriate de potaffe