
mandes douces 3 Y huile, de navette OU eohçat Si Y huile
de ben3 les quatre efpècesqui font les plus connues
& les plus employées en France.
A. L3huile d'olives eft l a feule connue qui fe retire
de la pulpe d’un fruit extérieur au noyau ou d'une
- efpèçe de brou. On éçrafe l'olive à l'aide d'une
meule placée verticalement & tournant fur un
• plan horizontal : la pâte qui en provient, eft fourni
fe à l'effort d'unie prefie qui en fait découlér
Y huile vierge y d'une couleur verdâtre & d'une forte
■ faveur de lruit. On arrofe enfuite le marc avec de
Feau bouillante j 8c on le prefie de nouveau pour
- obtenir l’huile ordinaire. L’olive non mûre donne
■ une huile ambre ; celle qui l'eft trop en donne une
- pâteufe< Si les moulins ne font pas tenus très-pro-
• prement, ils reftent imprégnés d'une huile rance,
- qui donne de mauvaifes qualités à celle qu'on y
. fabrique enfuite. Les olives entafîees trop longtems
& qui ont fermenté, fourniffent une huile
forte : on: ne peut s'en fervir-que pour le favon.
L'huile d'olives fe gèle ou fe criitallife à io degrés
au deflus deo , & ne: fe rancit qu'après dix ans
d'expofïtion à l'air. C'eft un aliment & un afiailon-
nement très-familier & très-utile aux départemens
méridionaux de la France.
B. L‘huile d’amandes douces s'extrait des amandes
-■ fecouées d'abord fortement dans un fac de grofiè
toile , & frottées rudement pour en féparer la
pouflière âcre qui recouvre leur épiderme. On les
pile dans des mortiers de marbre; on en exprime
enfuite la pâte parla prefie : elle fort un peu verte
& trouble , & , comme Vhuile d'olives, dépofe une
lie par le repos. Celle qui eft retirée après 1-expo-
lit ion des amande.s à l'humidité ou à la vapeur de
l’eau chaude, eft plus difpofée à fe rancir. Cette
huile eft une des-plus altérables ; elle fe gèle à 6
degrés au deffus de o ; elle ne doit être employée
que très-fraîche.
. C. On nomme huile de navette 8c huile de colza
celles qu'on tire de la graine de deux efpèces de
chou , le brajfica napus pour la première , & le
ibra(jtca arvenfis pour la fécondé cet te huile, allez
bonne, ne fe deffèche point, eft moins figeable &
moins rancefcible que les deux précédentes : on
en prépare beaucoup en Flandre.
D' L3huile de ben eft extraite des amandes de
ben, très-abondantes en Egypte & en Arabie;
•elle eft fans odeur, mais tres-fufceptible de fe
rancir , tellement quelle eft très-promptement
•acre ; elle fe gèle facilement. Comme elle eft
inodore, on la deftine fpeciaiement aux parfumeries.
On peut joindre à ces quatre premières efpèces
Vhuile de faine, de pépins, de raifîns , celle des
graines du foie il,; celle de plufieurs efpèces de
femences crucifères, qui font d'une nature analogue
aux précédentes.
32,. Le fécond- genre.des.huiles .fixes renferme
celles que je nomme ficcatives ; elles ont pour ea-
saèièces. de fe fecher à. l’air en coofervapt. leur, 1
| tranfparence, & , fans devenir des efpèces de f. ifs
ou,-de cires, de ne point fe figer, de fe concrëter
ou fe criftallifer par le froid , de ne pas fe rancir fi
• facilement que les précédentes , de ne pas faire fi
aifément des favons avec les alcalis, & de s’enflammer
par le contaCt de l'acide nitrique fur-
chargé de gaz nitreux , fans addition d’acide ful-
furique. Elles paroiffent contenir moins de mucilage
que les'précédentes;. aufii, à l’exception de
L'huile de lin , Schéele ne les indique pas parmi
celles où il dit avoir trouvé le principe doux. Il
. eft aufii très-vraifemblable qu'elles doivent leur
.nature particulière à un autre ordre 8c à une autre
proportion de combinaison dans leurs principes
primitifs.
33. Je compte quatre principales efpèces d'huiles
fixés .dans ce fécond genre i'ituiles dé.fignées
par l’épithète de ficcatives ; favoir : Vhuile de. Un ,
Chuile de noix , L3huile d oeillet 8c l'huile de che-
nevis.
A. h'huile de lin fe retire, comme je l'ai dit ,
des graines du lin, ou à froid, & alors difficilement
& en petite quantité : c’eft celle qu'on deftine
aux ufages médicinaux; ou après avoir torréfié
ces graines pour y delïecher le mucilage, 8c
faciliter la réparation d’une plus grande quantité
a'huile : celle-ci, qui eft plus ou moins rôtie ,
brûlée ou rougeâtre, a une favéur qui indique
fon origine ainfi que l’altération qu’elle a fubre.
On la deftine fpécialement aux arts, à la peinture,
aux vernis gras. Elle eft très-mauvaife .au
goût; elle brûle mal, elle s’épaiflit quoique lentement
& difficilement à l’air. Pour la rendre plus
ficcative , on la fait cuire avec tin peu d’oxide de
piomb ou de Ütharge, & on la débitera lors fousde
nom d'huile de lin cuite. C ’eft dans cet état qu’on
l’emploie^à la fabrication .du lut gras - des chi-
miftes.
B. L'huile de noix eft tirée de ces.a mandes après
un léger grillage ou fans l'a dion du feu. Cette
dernière, préparée avec foin , eft afiez bonne ,.&
fert. à la nourriture & aux affaifonnemens d'un
grand nombre d’habitans de quelques départemens
méridionaux de la France. Quand elle eft
extraite de noix vieilles, plus ou moins rances.&
grillées, elle a un très-mauvais goût & ne peut
guère fervir qu'à la peinture groffière ; elle S'é-
paiffit 8c fe deflèche affez promptement à l'air.
C. L'huile, d'oeiilet eft féparée des graines \d a
pavot, dont la belle fleur le fait appeler oerllet
dans les départemens du nord de la France ,• où on
le cultive abondamment. Cette huiletQt très-belle,
très-claire, bien ficcative fans faveur ni odeur
défagréables quand elle eft bien préparée. On
s'en, fert fou vent pour affaifonnernent, & on la
vend fréquemment pour de l'huile d'olives rare-
ment.on vend même cette dernière fans addition
d\'huile d'oeillet ; celle-ci n'a rien d'afioupifianr.
D. L’huile de chenevis eft exprimée de la graine
du. chanv.re i. elle a. toujours une faveur âpre, de fagréable,
& ne fert jamais aux: affaifohnêméns. |
Elle eft très-ficcative & très-epaifle : on ne remploie
qu’à quelques peintures.
34. L‘ huile fix e en général eft une matière douce,
qui fert à la nourriture ou à l’afiaifonnement des
aiimens. Aufii les graines qui la contiennent, font-
elles le principal aliment des animaux. Elle ne
fert que d’allai fo n n e m e n t aux mets que l'homme ,
préparé , 8c dont il varie finguliérement la forme :
feule, elle n’eft pas facile à digérer 5 aufii n et!
elle prefque jamais fervie dans Cet état d'ifole-
, nient, mais mêlée avec différens corps , & notamment
avec les acides végétaux.
3y. En médecine les huiles fixes font employées
comme adouciffantes , relâchantes, invifeantes ,
pour appaiièr les douleurs, calmer les irritations ,
.diminuer la fécherelfe de la toux , détruire les
impreifions des âcres,, des poifons. Autrefois oh
en faifoit un plus grand ufage qu'aujourd’hui. On
a reconnu , depuis la moitié du dix-huitième
iiècle, que les corps huileux éroient fouvent plus
-nuilibles qu’utiles à la fanté, qu'ils pefoient fur
,1’eftomac g qu'ils augmentoient la fièvre , qu'ils
favorifoient la difpolition à la putridité, 8c il n’ y
a plus que des hommes peu éclairés qui en font
un ufage fréquent. On les donne ordinairement
•avec les firops ; on les preferit fouvent triturés
avec les gommes, du fucre & de l ’eau , fous la
forme de loochs ; elles fervent en pharmacie à la
•préparation d’ un grand nombre de mêdicamens
compofés chimiques & pharmaceutiques, des on-
guens, des emplâtres, des baumes huileux, des
lavons médicinaux , des îinimens, & c .
36. Les h uiles ont un grand nombre d’ufages
dans les arts : elles fervent à conferver beaucoup
de fubftaneês qu’ on en recouvre'ou qu’on y tient/
plongées'; à ramollir les cuirs, les peaux; a faire 1
des vernis gras ; à délayer les couleurs pour la
peinture ; à enduire une foule de corps pour les
rendre gliffans, liftes, mous, flexibles , pour les
défendre de i’adtion de l’eau de de l’air ; à la fabrication
des maitics ; à fournir de la lumière par
leur combuliion dans les lampes; à favorifer le
jeu & le mouvement des machines métalliques;
à fabriquer des /avons, & c . 8c c .
H u i l e s g r a s s e s . On nommoit autrefois huiles
grajfes, oie a pin gu ia , olea unguinofa, les h uiles q u 'e n
retire le plus fouvent des graines végétales émul-
fives, & qui fe diftingùent par une vifeofité, une
onCtucfué particulières, autant que par leur propriété
inodore, leur prefqu’infipidité ; & furtout
par leur fixité. Ce dernier caractère eft celui par
lequel on k s diftingue le plus aujourd’hui, & qui
les fait reconnoître par le nom générique d 'h u ile s
fixes. .
Cependant, parmi les variétés afiez nombreufes
de ce genre d’ h u ile s , il en eft quelques-unes qui
paroiffent mériter fpécialement cette qualification
d huiles grajfes. ( y Oyez l 'article H Ü IL ES FIXES.).,
H u i l e m i n é r a l e . On a nommé & on nomme
encore ainii en minéralogie L'huile bitumineule
qu'on trouve mêlée avec quelques terres, raflem-
biée à la furface de quelques eaux fouterrainc-s,
ou fuinunt i travers des rochers & des pierres
de différente nature. On affeéloit aufii plus parii-
culiérement ce nom à la défignation d’une huile
produite par les minéraux, ou plutôt encore on
vouloit fignifier par-là qu'il fe formoit dans l ’intérieur
même des folliies un corps huileux. Mais
fous ce dernier rapport on commet toit une véritable
erreur, puifqu'il eft bien reconnu maintenant
que les minéraux ne forment point a h uile par leur
nature de compofition, & que celle qu’on trouva
parmi eux provient toujours originairement des
corps organifes végétaux ou animaux, dans le s quels
elle s'eft primitivement formée. ( Voyez^ lés
articles B i t u m e , N a P F ITE & PETROLE. )
Il n’eft cependant pas invraifemblabje que l ’art
chimique puiffe former de l'h u ile par le jeu des
attractions entre les fubftaneês minérales; & déjà
quelques indices d’une pareille formation fe font
montrés dans la préparation de l ’acide muriatique
oxigéné, &c.
H u i l e p a r e x p r e s s i o n . Il y a un grand nombre
a huiles afiez abondantes dans quelques parties,
& notamment dans les écorces de quelques,fruirs
aromatiques ou dans les graines de beaucoup de
plantes oléifères, pour qu'elles puiffent être extraites
par la preflîon. T e l eft le cas de la grande
majorité des huiles fix e s y qu’on appeloit à caufe de
cela h u iles exprimées , h u ile s pa r exprejfion. Cette
dénomination ne peut cependant pas convenir
pour défigner avec, exactitude ce genre d 'h u ile s ,
puifqu’il y a un afiez grand nombre d 'h u iles yola~
tile s ou cthérées qu’on peut aufii extraire , & qu’ on
extrait effectivement par l’expreflion. Telles font
les h uiles de citron, d'orange , de cédrat, de ber-
gamotre, &rc.
Aufii préfère-t-on le nom d.'huiles fix e s à celui
d'h u iles par exprejfion , qui ne doit plus être adopté
comme iÿnonyme. ( V o y . l ’ article H u i l e s f i x e s . )
H u i l e v é g é t a l e . L ’h uile eft tellement abondante
au fein des végétaux , que plufietirs chimif-
tes ont penfé qu’ils en éroient la feule & la primitive
origine, qu’il ne s'en formoit point dans
les animaux & dans les minéraux, & que celle
qu’on trouvoit dans ces- deux dallés d'êtres y etoit
portée pat les végétaux. Mais fi ce principe eft
vrai pour jes minéraux, il ne l'eft pas également
pour les animaux , qui ont peut-être plus de dif-
pofition encore pour former des corps-huileux, an
au moins dans; certains c a s , que n’en ont les animaux.
Le nom d 'h u ile végétale ne doit donc plus etre
employé que pour defigner l'h u ile qui- appartient
aux végétaux1, & pour rappeler les caractères qui
la difiinguent.de C huile a nim ale 8c de l'h u ile miné.—