
bien diflfolubl.es. L ’acide boraeique, qu’on -n’a
encore trouvé que dans quelques eaux de lacs de
Tofcane, n'y eft uni qu'avec très-peu de matières
falines différentes, & ne conftitue jamais des eaux
minérales proprement dites. Aucun autre acide
ne s'eft jamais préfenté à nu dans les eaux.
14. Parmi les bafes terreufes, il n'y a que la
filiee 8c l’alumine qu’on ait jufqu’à préfent retirées
des taux. La première furtout paroît y être
contenue dans une proportion beaucoup plus
grande qu’on ne l’auroit jamais cru, 8c que l’art
des diflfoilirions chimiques par Veau (impie ne l’auroit
pu faire concevoir, d’après les expériences
de Bergman fk de Black. C'eft pour cela qu’on
voit des eaux en dépofer par le .contact de l’air &
par l’évaporation fpontanée, comme celles de la
Fontaine de Geifer enlftande, & qu’on ne doit
pas être étonné de trouver la filiee portée dans
les végétaux, & les animaux y donner naiffance à
des concrétions.
L’alumine, qui a été admife comme la caufe de
la propriété fa-vonneufe dans les eaux,n ’y eft pref-
que jamais que fufpendus-, & leur laifle un coup
d’oeil louche 8c laiteux qui les fait facilement distinguer.
La chaux a été annoncée dans quelques eaux
voifines des volcans j mais c’eft une affertion
qu’aucune expérience exacte n’a confirmée encore,
& qui ne peut pas être d’ailleurs appliquée
aux eaux minérales proprement dites, puifqu'aucune
de celles qu’on a rangées dans cette clalte n’a
jamais préfenté rien de femblable.
Jamais on n’a rencontré d’ alcali , potafle ou
foude, baryte ou ftrontiane, pures & ifolées dans
les eaux, & il eft même facile de concevoir que
cela ne peut pas être, en raifon de l’ attraction
forte que ces bafes exercent fur une foule de
corps.
ly . Ce n’ eft pas feulement parmi les matières
combuftibles, acidés , alcalines , terreufes & falines
que fe trouvent les principes minéralifateurs
■ des eaux. On y rencontre encore , & plufieurs fe!s
métalliques, c’eft-à-dire, des combinaifons d’oxides
de métaux avec les acides, & quelques-uns
des matériaux qui ont appartenu aux compofés
végétaux. C’eft furtout te fer qui donne naiftance
aux premiers de ces matériaux minéralifateurs des
eaux, & qu’on y rencontre uni le plus fouvent à
l’acide carbonique, quelquefois, mais bien plus
rarement, à l’acide fuifurique & à l’acide muriatique.
Le cuivre s’y trouve bien plus rarement
encore à l’état de fulfate, & forme des eaux véné-
neufes qui n’exiftent que dans les mines de ce métal.
On a même annoncé la préfence de l’arfenic
en oxide dans quelques eaux fouterraines, coulant
parmi les couches de mines chargées de ce dangereux
métal.
2é. Enfin, on a compté parmi les matériaux des
eaux des fubftances colorantes végétales ou des
extraits de plantes & de bituna-ÿs. Les extraits ne
fe trouvent que .dans des eaux où féjotiment & fl»
corrompent des feuilles, des tiges, des écorces, 8c même des plantes aquatiques tout entières j 8c
ce ne font pas là des eaux minérales proprement
dites.
Il y a dans quelques eaux minérales une fubf-
tance animale gélatineufe, analogue à la corne
après fa defliccation, 8c dont l ’origine eft entièrement
inconnue.
Il n’eft pas rare, comme on 1e. verra par la fuite,
que des bitumes liquides fuintent à travers des
eaux fouterraines, 8c viennent nagera leur fur-
face , fur laquelle -on les recueille 5 il ne l’eft pas
non plus que des eaux fouterraines traverfent des
filons de bitume folide. On fent bien que, dans
l’un 8c l’autre cas., «es liquides doivent être'plus
ou moins imprégnés de bitume. Cependant on ne
compte pas ordinairement ces eaux parmi les eaux
minérales proprement dites ou médicinales $ & ce
qu’on nommoit autrefois , dans ces dernières, bitume
des eaux, produit de leur évaporation ; doué
d’une faveur âcre » amère, fo rte, étoit un rfel
déiiquefcent, prefque toujours du muriate de
chaux.
§. III. De la clarification des eaux minérales 3d’ apres
leurs principes.
i j . Si parmi les matières fofliles qui minérali-
fent les eaux, on compte plus de fubftances falines
que de corps étrangers à la nature de ces dernières.,
il n’en eft pas moins nécelfaire cependant
d’avoir égard aux unes & aux autres pour clafler 8c divifer ces liquides naturels. Une clafllfieation
des eaux eft un des objets les plus utiles 8c les
plus importans qu’on puiffe traiter en phyfique.
Elle éclaire toutes les fciences 8c tous les arts fur
l’emploi de telle ou telle eauy car elle ne doit pas
comprendre feulement les eaux ufitées en médecine
fous le nom d'.eaux médicinales , mais encore
toutes celles qui, chargées de trop peu de principes
ou de principes trop actifs pour avoir une action
prompte & déterminée, ou utile fur l’économie
animale , en contiennent cependant aflez pour
produire quelques effets qui ne (ont pas indifférens
-dans les ufages de la vie ou dans les procédés des
arts.
28. Il eft utile de partager, fous ce point de
vue, toutes les eaux naturelles en deux grandes
ciaffes : la première, comprenant les eaux confidé-
rées par- rapport aux lieux qu’elles occupent, aux
malles qu’elles présentent, à la manière dont elles
font placées à la fur face du globe : toute cette
première .claftè renferme les eaux économiques. A
la fécondé appartiennent les eaux moins abondantes
que les premières, cantonnées en quelque
forte dans quelques points particuliers du g lo b e ,
& diftinguées par des propriétés bien plus marquées
fur l'économie animale : ce font les eaux
■ médicinales.
I les propriétés des fels qu’on a été conduit à leur
hiftoire, il ne fera pas inutile de dire, à cette oc-
cafîon, un mot de celles qui, quoique d’une autre
nature , font fouvent en même tems chargées de
quelques fels.
29. Dans la claflTe des eaux économiques font ran- j
gées celles de neige, de pluie, de fontaines , de I
fleuves, de puits, de lacs, de marais 8c de la
mer.
Les eaux de neige recèlent, fuivant Bergman ,
un peu de muriate de chaux, & quelques foibles
traces de nitrate calcaire. Récemment fondues, ;
elles font privées d’air 8c d’acide carbonique, que
l ’on trouve dans tontes les autres 5 ce qui eft vrai-
femblablement la caufe de leurs effets fâcheux fur ■
les animaux.
Veau de pluie contient les deux fels de la précédente
à plus grande dofe ; elle eft de plus aflez
chargée d’air & d’un peu d’acide carbonique, qui
la rendent très-utile à la végétation. Les anciens
chimiftes l’affîmiloient à de Veau diftiflée j mais on
voit qu’elle n’eft pas aufti pure, 8c elle contient
fouvent quatre matières qu’on ne retrouve point
dans celle-ci. Quand on veut recueillir de Veau de
pluie pour des ufages chimiques, il faut prendre
la dernière tombée..
L’eau de fontaine ou de fource eft très-pure quand
elle coule fur le fable. Dans un autre cas, elle tient
le plus fouvent du carbonate de chaux, du muriate
calcaire, du muriate de foude ou du carbonate
de foude. ^ ‘
Veau defieuve ou de rivière eft fouvent plus pure
que celle de fontaine : le mouvement la purifie.
On y trouve les mêmes principes, mais fouvent
moins abondans que dans la précédente.
Veau de puits3 féjournant prefque toujours dans
des terrains falins, tient, outre les fels qui viennent
d’être énoncés, du fulfate de chaux 8c du
nitrate de potafle ■ $. de forte qu’on y rencontre
cinq ou (ix fels à la fois, 8c qu’ il n’eft pas aifé d’en
faire une analyfe exacte quand on veut la pouffer
jufqu’à la connoiflance des proportions.
Veau de lac eft moins limpide 8c plus pefante
que les dernières ; fouvent' elle forme un dépôt
fpontané de fels terreux j fouvent encore elle eft
colorée & d’une faveur défagréabie. Outre les
cinq à (ix fels déjà indiqués, elle contient prefque
toujours une matière' extraétivê.
Veau de maraisy moins- mue que toutes les précédentes,
eft encore moins' vive, moins limpide,
plus lourde,; chargée de plus de matière extractive,,
en forte que louvent elle a une couleur
jaunâtre..
Enfin Veau mariney ialée, comme on fait,'par
le muriate de foude que la nature y a placé, tient
de plus du fulfate de magnéfie, du fulfate de chaux
& beaucoup de matière extra&ive.
.. Les eaux minérales proprement dites, ou
plutôt les médicinales, doivent être claflees d’après
le-principe qui y domine, 8c , confédérées fous
ce point de vue , on peut les partager en quatre
clafles ; favoir : les eaux acidulés*^ les eaux falines
, les taux fulfureufes 8c les eaux ferruginëufes.
Quoiqu’il n’y ait que celles de la fécondé qui fem-
blent devoir être traitées ici, puifque c’eft d’après ,
Ire. CLASSE. Eaux acidulés.
Ce font celles où l’acide carbonique domine.
Elles font eara&érifées par le piquant, l’agitation,
les bulles y. la couleur rouge qu’ elles communiquent
au tournefol, le précipité qu’elles forment
dans les diflolutions de baryte, de ftrontiane & de
chaux. Aucune ne tient d’acide carbonique pur &
feia-15 prefque toutes tiennent en même tems dû
muriate de fonde, du carbonate de foude, dfi
carbonate de chaux, de ma'gnéfîe,- & fouvent éës
quatre fels à la fois, comme Veau de S’eïtz : il en
eft auffi où fe trouve le fer ; enfin,- les unes font
chaudes ou thermales en même tems qu’acidulés,
comme celles de Vichy , du Mont-d’O f , de Châ-
tel-Guyon, 8cc. 5 & les autres font froides &
alcalines, telles que les eaux de Myon , de Bard ,
de Langeac, de Chateldon, de Vais,- &c»
I Ie. CL A S s E. Eaux fuit ne-s *
Je nomme ainfi celles dont les principes prédominons
font des fels proprement dits, & qui par
conféquent appartiennent bien plus à cette fcétion
que toutes les autres. Elles peuvent en même tems
contenir d’autres matières, de l’ acide carbonique,
du gaz hydrogène fulfuré, du fetj mais ces corps
y font trop peu abondans , en comparaifon des
premiers, pour qu’on y faffe amant d’attention.
.Ou peut divifer cette lèeonde clafle en cinq
ordres;, fuivant l’efpèee de tel1 qui domine dans les
eaux. Si elles font chargées- de fulfate de chaux,
elles conftitüenf des eaux dures , des eaux crues,
fades, qui ne diflblvënt pas le favon, ne cuifent
pas1 les légumes’ , comme les eaux de puits de
j Paris.
I Quand elles tiennent du fiffatè de magnéfie pré-
| dominant' fur d’autres principes!, elles font amères
j 8c purgatives , comme les eaux de Sedlitz , de
j Seidfchutz, d’Egra.
; Si c’ eft le muriate de foude qui y eft en excès,
j elles font falées.- :
| Le carbonate de foude, plus abondant que d’au-
i très fels ,• forme les eaux alcalines.
! Enfin , quand elles tiennent abondamment le
! carbonate de chaux, qui n’y eft jamais diffous fans
1 le fecours de l’acide carbonique, mais qui peut y
' exifter fans excès de cet acide , & de manière que’
■ le fel calcaire les cara&érife feul, elles forment
des efpèces 8Veaux dures, terreufes , qui dépofent
plus ou moins facilement leur fel infîpide en (En
làélites , en incrùftations.
Il y a auffi quelques eaux-3 comme celles de Plonv
: bières, d’Ax 8c d’Uflae, qui contiennent, aved