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hépar. ( Voye^ les mots Hydrogène SULFURÉ 6
Hyd ro - sülfuré.)
Eau mercurielle. La diffolution du mercure
aam 1 acide nitrique a été tellement employée autrefois,
qu'on lui donnoitle nom d'eau mercurielle.
lut 3j c.au^e, 'a blancheur , foit parce qu'on
Iétendoit d'une grande quantité d'eoapôur s'en
IervIr, comme d'un excarotique, à l'extérieur fur-
tout dans les ulcères vénériens. Macquer remarque
avec raifon qu il y a beaucoup d’imprudence à
employer l’eau mercurielle à l’intérieur. ( Voyez
l article Mercure. ) .' 1
Eau phagédénk^ue. On nomme eau phagé- '
dcmque,en raifon de fon âcreté, une liqueur pré- ’
çiarée avec de 1 eau de chaux, dans laquelle on met
a peu près un trois centième de fon poids de mu-
nate oxigené de mercure ou fublimé corrofîf. Il
le forme, a linftaot du mélange, un précipité
jaune d oxide de mercure, qui palfe bientôt au
rouge-brun. Pour-f mployer cette liqueur, comme
efcarotique a 1 extérieur, il faut l'agiter afin de
mêler exaâement l'oxide qui tend à fe dépofer,
& qu! eft néceffaire à l'aéüon du médicament.
\ r oyei l article MERCURE. )
Eau régale. On nommoit autrefois eau régale
umt mélange d'acide nitrique & d'acide muriatique
qui avoir la propriété de diifoudre l'o r ,
parce que ce métal étant nommé roi des métaux,
ion diflolvant devoit avoir une dénomination analogue.
On faifoit l’eau régale de beaucoup de maniérés
differentes : on mêloit les deux acides
immédiatement ; le plus fcuvent on diffolvoit du
lej marin ou du fel ammoniaque dans l'eau-forte ou
acide nitrique, quelquefois du nitre dans l’efprit-
de-fel ou acide muriatique. Dans tous ces cas il
y avo!t toujours un mélange des deux acides, une
reaction entr eux : 1 acide muriatique enlevoit une
portion de fon oxigène à l'acide nitrique, & paf-
loit I letat d'acide muriatique oxigéné, tandis
que 1 acide nitrique fe chargeoit de gaz nitreux.
On ne fait prefque plus ce diflolvant mixte que
par Je mélange immédiat des deux acides. Les
dofes des mélangés varioient beaucoup autrefois,
fuivant1 ufage auquel on deftinoit l'eau régale u
En hfant l’article eau régale dans le Dictionnaire
de Macquer, on verra quelle obfcurité , quel emxîrai
- reêIî0ient encore en * 7 7 7 > époque de la
rédadion de cet Ouvrage , dans l’explication des
phénomènes relaufs à l’aftion réciproque des deux
acides3 & quelle clarté eft due, fur ce point ,
aux decouvertes des modernes , ainfi qu’aux ré-
Jultats exaCts de la doctrine pneumatique. ( Voyez
Us articles Acide nitrique, Acide muriatique
, Or , Platine, & c. )
Eau seconde. On donne dans les arts le nom
d eau Jeconde a «n mélange d’acide nitrique &
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f eaui a^ez étendu pour être très-affoibli. Ce me'-
lange fert à nétoyer ou décaper la furface des nié-
taux, a nétoyer les pierres dures, & à enlever
ainli de la fuperncie de beaucoup de corps les
legeres couches d’ oxides & les pouflières qui les
recouvrent ou les altèrent.
Eaux aromatiques. Quoiqu’on ait Couvent ■
confondu fous cette dénomination, & les eaux
odorantes diftillées, & les liqueurs alcooliques
chargées par la diftillation de l’odeur des plantes
on doit nommer exciulîvement eaux aromatiques
les chargées de l’odeur des plantes par la dif-
tillation. r
Il y a deux efpèces à?eaux de cette nature : les
unes, & les plus fréquemment préparées, réful-
tent d une diftillation faite dans un alambic où l’on
a mis beaucoup d'eau & des plantes hachées : celles-
là font très - odorantes quand on a diftillé des J
plantes très-aromatiques j mais elles n’ont ou point
d odeur, ou qu’une odeur fade & même défa-
greable loifqu elles font diftillées fur des plantes
peu odorantes, & furtout fur celles qu’on nomme,
quoiqu’improprement, inodores, ou lorfqu’on a
pris des plantes dont l’odeur eft très-fugace, très-
legère & très-altérable, comme le font toutes les
liliacées, même les plus odorantes > la tubéreufe,
la jonquille, le muguet, & c.
Le fécond genre d'eaux diftillées, odorantes ou
aromatiques , comprend célles qui proviennent J
des plantes elles-memes diftillées au bain-marie ,
feches & hachees, foit vertès fi on peut fe les
procurer , foit après les avoir laiffé tremper dans
<luant^t® d’eau fi elles étoient fèches.
C eft ainfî que les bons difpenfaires pharmaceutiques
prefcrivent de difliller les plantes vertes,
inodores-ou peu odorantes , telles que la laitue,
ie pourpier, la chicorée, la bourrache, le plantain,
&c. En ne féparant de ces plantes que.leur
eau de verdure, leur eau de végétation, leur eau
effentielle , comme on la nommoit en pourfuivant
leur diftillation au bain-marie jufqu’à les deffécher,
on obtient un produit aqueux, dans lequel on reconnut
1 odeur de la plante d’où il provient > ce
qui prouve qu il n y a pas de végétal véritablement
inodore. Auflj les eaux bien préparées, au lieu d’être
inertes & entièrement indifférentes, comme on l'a
tant répété depuis plus d’un demi-fiècle, ont vérita-
b des Propriétés médicinales très-bien caractérisées
lorfque les plantes qui les ont fournies,
joui fient elles-mêmes de ces propriétés. Par
exemple idL&au de laitue fait dormir, Veau de
chardon béfrfait fuer.
Quant a la nature de ces eaux3 il eft reconnu
aujourd hui que ce n’eft pas à un principe parti-
curer, différent de tous les autres matériaux immédiats
des plantes, qu’elles doivent leur odeur
leurs vertus, que ce prétendu principe qu’on
a ave.c Boerhaave, fous lè nom d’efprit
recteur, nexifte pas j mais que l'odeur des eaux
diftillées
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cii'Iillées eft due à une matière huileufe ou réfi-
neufe, ou extraélive, & c. variable fuivant les diver-
fes plantes, & fouvent même à un extrait de tous
leurs matériaux élevés tout à la fois en vapeur.
( Voye^ j pour les preuves de cette théorie générale
que j'a i propofée le premier, le mot Es PRIT RECTEUR.
)
Eaux de senteur. On donne dans les parfumeries
le nom d'eaux de fenteur indiftinélement aux
eaux diftillées odorantes, & à l’alcool chargé de
i'odeur aromatique des plantes par la diftillation.
C ’eft même plus fpécialement aux liqueurs alcooliques
odorantes, que ce nom a été appliqué, parce
que ces liqueurs font celles dont on fait le plus
d’ufage pour porter avec foi une odeur agréable.
Ainfi l'eau de. Cologne, l’eau de la reine d’Hongrie
, l'eau de Bouquet , &rc. font des eaux de
fenteur.
Eaux crues ou dures. On nommeeaux crues
ou eaux dures toutes celles qui, contenant des
Tels terreux, ont une faveur fade, pèfent fur l’ef- i
tomac , nuifent auxdigeftions, & qui ne peuvent
ni diffoudre le favon ni cuire les légumes. Toutes
celles qui féjournent dans un terrain calcaire ou
gypfeux ont ce caractère. ( Voye£ les mots Eau,
Eau de puits, Eau de sources )
Eaux essentielles. Quelques chimiftes ont
donné aux eaux diftillées , odorantes ou aromatiques
, le nom d'eaux ejfentielles, parce qu'ils
avoient nommé effence le principe de leur odeur.
Mais ce nom d'efience ayant été fpécialement appliqué
à l’huile volatile, il n’y a que les eaux diftillées,
provenantes des plantes chargées de cette
efpèce d’huile, qui duffent porter la dénomination
d’eaux ejfentielles, fi d’ailleurs cette dénomination
n’étoit pas entièrement abandonnée.
Eaux ferrugineuses. J’ai nommé eaux fer-
rugineufes les eaux minérales, que les chimiltes
avoient nommées avant moi eaux martiales. Elles
font très-reconnoiffables parleur faveur^lyptique,
analogue à celle de l’encre j par le rouge ou le noir
qu’elles prennent avec la noix de galle, & le bleu
que leur donnent les prufliates j par le dépôt
d oxide rouge de fer qui s’y forme quand on les
garde quelque tems.
11 y a deux efpèces d'eaux ferrugineufes connues.
Les unes tiennent du carbonate de fer, à l’aide
d’un excès d’acide carbonique : ce font les plus
fréquentes dans la nature. A mefure qu’elles perdent
leur acide par le conta# de l’air, elles fe recouvrent
d’une pellicule irifée, & dépofent un
oxide rouge fur tous les lieux qu’elles parcourent.
Les autres contiennent du fulfate de fer : ce fel y
étant ordinairement moins abondant que le carbo- i
nate &: d’ailleurs plus foluble, les eaux qui doivent j
Chimie, Tome IV.
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' leur nature ferrugineufe à fa préfence, fe troublent
moins , dépofent moins, & ont une faveur moins
ftyptique. ( Voyei l'article Eaux minérales. )
Eaux martiales. Les chimiftes qui ont pendant
long-tems défigné le fer parle nom de Mars,
ont aufii nommé taux martiales les eaux tenant du
fer en diffolution. (• V®ye\ les mots Eaux ferrugineuses
, Eaux MINÉRALES. )
Eaux mères. On nomme eaux mtr es les liqueurs
qui reftenc après la criftallifation des Tels, lorf-
qu’après les avoir décantées de deffus les criftaux,
elles ne peuvent plus en fournir. Comme ces eaux
font ordinairement épaiffes , vifqueufes & comme
grades, on a cru autrefois qu’elles contenoient en
effet des corps gras & huileux, qui empêchoient
les Tels diffous dans ces liquides de s’en féparer
fous forme folide & régulière. On avoit même
pouffé cette idée jufqu’à prétendre que les dernières
levées de criftaux fournies par les diffolutions
falines, & qui font ordinairement plus ou moins
colorées en fauve ou en brun , dévoient leur coloration
à la préfence de cette matière graffe. Mais
on n’a jamais pu en prouver la préfence , & l’on
a reconnu que les eaux mères ne criftallifoient pas ,
parce qu’elles contiennent des fels différens de ceux
qui fe font d’abord criftallifés, & qui n’ont pas la
même difpofition ou la même facilité à prendre la
forme folide & régulière, en raifon de leur excef-
five diffolubilité-. ,Ce font en effet des fels déli-
quefeens qui relient ordinairement en diffolution
; dans les eaux mères, & qui conftituent leur caractère
épais & comme gras ,• mais cela n’a lieu que
pour les leflives naturelles, chargées de plufieurs
fels à la fois , commè les eaux de mer & des fontaines
falées, les eaux de fources minérales, les
Jeflives de terres falpétrées. Quant aux diffolutions
artificielles de fels purs & ifolés, elles ne laiffent'
pas de véritables eaux mères , & lorfqu’elles font
bien préparées on doit en obtenir les fels jufqu’ à
leur dernière quantité.
' Eaux MÈRES du nitre. On nomm seaux mères
du nitre ou eaux mères des falpétriers les liquides
qui proviennent des leflives de terres ou de ma-,
tériaux falpétrés , & qui ont fourni tout le nitre
criftallifé qu’elles font fufceptibles de donner. Ces
eaux mères ne font point formées de nitre & de
matière graffe, comme on le croyoit autrefois j
elles contiennent bien encore quelques portions
de nitrate die potaffe j mais outre que ce fel y eft
très-peu abondant, il y eft mêlé de plufieurs autres
efpèces de fels plus folubles que lu i, beaucoup
plus abondans, & qift l'empêchent de criftallifer.
On y trouve du muriate de foude , du nitrate de
chaux, du nitrate de magnéfie & des muriates de
ces deux terres. Voilà pourquoi ces eaux mères fe
troublent par les alcalis, & laiffent précipiter par