
que enfuite les autres acides végétaux j 8c l'art à
cet égard , comme dans beaucoup d'autres cir-
conliances, ne fait qu'imiter la nature iorfqu'il
s occupe de l'acidification des çompofés végétaux
& animaux.
A ces faits , réfultat de notre analyfe des four-
rms, j'ajouterai quelque^ détails connus avant no-
ïfe.trayail, & qui font nécefiaires pour compléter
ihiitoire chimique de ces infeétes.
Les fourmis vivantes, recueillies en affez grande
quantité dans un vafe fermé, altèrent l'ait au point
de le rendre irrefpirable & acide ; elles y produite*'
t de l'acide carbonique : écrafées fur un papier
bleui par le tournefol, elles le tachent fortement
en rouge.
Les fourmis, épuifées par l'eau bouillante de
tout ce qu'elles peuvent donner par ce réaftif,
fournirent à la preffe une huile d'un jauneverdâ-
tre, concrefcible, fébriforme, formant prefqu'un
dixième de leur poids.
L'eau où l'on a fait bouillir ces infe&es laide,
par l'évaporation, une forte d'extrait brun, fétide,
acide, amer, que l’eau 8c l'alcool féparent de
nouveau en deux fubftances.
11 refte après l'attion de l'eau & de la preffe,
fur les fourmisy un parenchyure folide, formant le
cinquième de leur poids primitif.
Hoffmann, en faifant digérer de l'alcool fur les
fourmis 3 en a obtenu une teinture aromatique,
précipitant par l'eau, qu’il a nommée eau de magnanimité
, à caufe de fon odeur ambrée & de fà
faveur chaude. On connoît t'odeur de mufe que
contractent les alimens touchés par ces infeétes.
On a rangé les fourmis parmi les cordiaux j mais
leur^ufage médicinal exige des précautions. J'ai vu
de 1 eau, avalée avec quelques fourmis, donner
une foif & une ardeur vives, avec un fentiment
d acreté douloureux dans l'eftomac. Ces premiers
fymptômes furent promptement fuivis de colique
te. de purgations, accompagnées d'épreintes très-
fortes. L'efpèce de maladie produite par ces intentes
a duré quatre jours confécutifs.
FOURNEAUX. Les fourneaux font des inftru-
mens de chimie, qui fervent à contenir lés matières
dont la combuftion doit procurer les degrés
de chaleur néceffaires pour les différentes opérations,
ainfi que les fubftances mêmes auxquelles
la chaleur doit être appliquée.
Comme les chimiftes ont befoin de tous les degrés
de chaleur no fl! blés, depuis la plus foible juf-
qu à la plus violente , & que la ftruéture des fourneaux^
contribue infiniment à produire les différens
degrés de chaleur, ils ont imaginé une infinité de
fourneaux y de forme & de conftruétion différentes
} mais tous ces fourneaux peuvent fe rapporter
a un petit nombre de difpofitions générales, dont
on va parler.
i°. Le fourneau fimple eft une efpèce de tour
creufe, cylindrique ou prifmaTique, à laquelle il ]
I y a deux portes ou principales ouvertures j l'une
f tout en bas, qu'on appelle la porte du cendrier, &
, 1 autre immédiatement au deffus de celle-ci : cette
" fécondé fe nomme La porte du foyer. Entre l'une
| & 1 autre de ces portes , le fourneau eft traverfé
; horizontalement, dans fon intérieur, par une grille
qui le divife en deux parties ou cavités. La partie
inférieure s appelle cendrier, parce qu'elle reçoit
les cendres qui tombent continuellement du foyer î
la porte de cette cavité fert à donner entrée à l'air
néceffaire pour entretenir la combuftion dans l’intérieur
du fourneau. La cavité fupérieure fe nomme
le foyer y parce qu'elle contient les matières com-
buftibles : la porte du foyer fert à y introduire dç
nouveau charbon à mefure que celui qui y a été
mis d'abord fe confume.
Ce fourneau fimple, affez femblable à ceux dont
on^fe fert dans les cuifines, eft fuffifant pour une
infinité d’opérations de chimie. On peut placer
dans fon foyer, au milieu des charbons, des creu-
fets pour y fondre des fubftances très-fufibles ,
telles que le plomb, i'étain , le bifmuth, & c ., ou
pour y calciner des matières qui ne demandent
que peu de chaleur pour leur calcination, telles
que l'gicali pour le bleu de Prufle, 8cc.
On peut placer aufli fur ce fourneau de s baflînes
pour les évaporations, des alambics pour diftillër
au bain-marie, des capfules remplies de fable pour
des digeftions & des diftillations, tant à l’alambic
qu à la cornue , qui doivent fe faire au bain de
fable & à une douce chaleur. On voit un de ces
fourneaux planche IX , clajfe première des infirumens
6* fourneaux.
Comme plufieurs des opérations qui fe font fur
ce fourneau font quelquefois très-longues, & qu'il
I exige un foin perpétuel pour remettre du charbon,
| les chimiftes ont imaginé d’y ajufter un magafin
de charbon, en forme de tour creufe, fermée
dun couvercle par en haut, & difpofée dé ma-
nière qu à mefure que le charbon-fe confume dans
le foyer, celui de la tour y tombe pour le rem-
plir : ce fonrueau y ainfi difpofé, porte le nom d\z-
thanor ou fourneau des parejfeux. La figure XX XIX3
clajfe première des infirumens & fourneaux , reprélente
ce fourneau.
jPjj fourneau de lampe eft une efpèce d'atha-
; nor, dans lequel la chaleur eft produite & entretenue
par la namme d'une lampe qu'on introduit
dans ion intérieur. On fent bien que cdui-ci n’a
befoin ni dé cendrier, ni de grille, ni de foyer ; il
n a qu'une feule ouverture par en bas, par laquelle
on introduit la lampe, & une efpèce de petite cheminée,
pratiquée dans la partie latérale & fupé-
rieuFe, pour faire circuler l'air qui doit entretenir
la flamme de la lampe, & donner iffue à la fumée.
Ce fourneau eft commode pour les diftillations ou
digeftions qui ne demandent que fort peu de cha-
leur î on peut y ajufter un bain marie, une capfule
à bain de fable * il eft furtout très-utile pour les
digeftions. La figure X X X I I , clajfe première des
infirumens & fourneaux, montre un fourneau à lampe,
fur lequel eft un bain de fable pour diftillër à
la cornue , & la figure X X X 1I1, même clajfe, fait
voir le même fourneau, fur lequel eft monté un
alambic.
3°. Le fourneau de réverbère n'eft que le fourneau
fimple 3 dont le foyer eft furmonté d’une bande de
même diamètre & de même forme, laquelle eft
ordinairement cylindrique. Cette pièce eit traver-
fée, dans fa partie inférieure, par deux barres de
fer, affujetties horizontalement & parallèlement
l’une à l'autre, & elle a , à fon bord fupérieur,
une échancrure demi-circulaire. Cette pièce forme
par conféquent une treifième cavité. On la nomme
le laboratoire y parce qu’elle eft deftinée à contenir
les cornues qui ienferment la matière fur laquelle
il s’agit d’opérer. L'échancrure demi-circulaire
d'en haut eft faite pour donner paflage au cohde
la cornue, lequel doit être incliné fous l’angle de
quarante-cinq degrés.
Les deux barres qui font au fond du laboratoire
fervent à foutenir le vaiffeau qu'on y place.
Au deffus de la pièce dont on vient de parler,
fe place une quatrième pièce qui a la forme d’une
calotte fphérique ou d'un dbme furbaiflë, figure
qui lui a fait donner en effet le noiji de dôme. Ce
dôme, de même diamètre que la pièce fur laquelle
il doit s’ajufter, a aufli, dans fon bord inférieur,
une échancrure demi-circulaire, qui répond à celle
de deffous, 8c avec laquelle elle forme une ouverture
totalement circulaire. Le dôme a , dans
fon fommet, une autre ouverture en forme d’un
bout de tuyau, qui donne paffage à l’air, & qui
fert de cheminée.
L’ ufage du dôme eft d’entretenir la chaleur tout
autour de la cornue qui eft placée dans le fourneau,
8c d’appliquer un certain degré de chaleur
3 la partie fupérieure ou voûte de la cornue, en
la faifant réfléchir ou réverbérer : de là vient qu'on
lui donne aufli le nom de réverbère. Par cette dif-
pofition les vapeurs qui s'élèvent, font déterminées
plus efficacement à enfiler fon col. On peut
juger, d’après cette defeription, qu’il ne fert que
pour les diftillations à la cornuè, dans lefqueiles
meme on a befoin d’un degré de chaleur d’une
certaine force. On diftille dans le fourneau de réverbère
, foit à ftu nu, en plaçant la cornue directement
fur les barres, foit au bain de fable, en
plaçant fur ces mêmes barres une capfule de fer
échancrée aufli en demi-cercle à fon bord fupérieur.
On met un ou deux travers de doigt de
fable au fond de cette capfule ; on y place la cornue,
enfuite on achève de remplir de fable jufque
fur la voûte de la cornue.
Si l’on a befoin que la chaleur foit d’une certaine
force, il faut avoir foin que la capfule à
bain dè fable foit d’un diamètre moindre que l'intérieur
du fourneau, en forte qu’il refte environ
l'efpace d’un doigt de vide entre l’un & l'autre,
excepté du côté du col, où les échancrures du
fourneau 8c de la capfule qui fe répondent, doivent
fe joindre exactement.
La figure X , clajfe première des infirumens & four*
neaux y repréfente un fourneau de réverbère, dans
lequel eft placée une cornue adaptée à un ballon
foutenu par un fupport.
4°. Le fourneau de fufion , qu'on nomme aufli
fourneau a vent, eft deftiné à produire le plus grand
degré de chaleur poflibie fans le fecours des fouf-
flets. La conftruétion de ce fourneau doit donc être
telle, qu'il fe forme un courant d’air déterminé
à traverfer perpétuellement le foyer, & l'on fent
bien que, plus ce courant d’air fera fort & rapide,
8c plus la chaleur fera confidérée dans l'intérieur
du fourneau.
Le grand moyen pour produire cet effet, c'eft
de ménager,dans la partie fupérieure dufourneau ,
un efpace fermé de tous les côtés, excepté par
en haut 8c par en bas, parce que l’air contenu
dans cette cavité, étant raréfié 8c chafîe par la
chaleur que produifent les matières qui brûlent
dans le fourneau, il fe forme, dans cet endroit,
un vide que l’air extérieur rend néceffaire à occuper
en vertu de fa pefanteur.
Cela pofé, on fent bien que le fourneau doit
être difpofé de manière que l’air extérieur foie
forcé d’entrer par le cendrier, 8c de traverfer la
foyer pour aller remplir le vide qui fe forme continuellement,
tant dans l’intérieur du fourneauy que
dans fa cavité fupérieure.
il faut obferver à ce fujet, que la colonne d'air
qui répond à la partie fuperieure du fourneau étant
un peu plus courte , & par conféquent un peu
moins pefante que celle qui répond à la partie
inférieure, l’air paroît déterminé naturellement à
entrer par le bas & à fortir par le haut du fourneau
y en forte que fi ce fourneau étoit un cylindre
creux d’égale ouverture par en bas & par en haut,
& que le foyer fut au milieu, il y a lieu de croire
que l’air le travetferoit de bas en haut; mais fi ,
au lieu d’être ainfi difpofé , le fourneau fe rétrécit
par le haut 8c dégénère en un tuyau d’un moindre
diamètre, alors l'air raréfié fe trouve forcé d'accélérer
confidérablement fon cours en paffant par cet
efpace plus étroit, & furmonté,avec beaucoup plus
d’avantage , la preflion de l’air fupérieur. Il fuit de
là que l'air qui s'introduit, par la partie inférieure
du fourneau , pour remplir le vide qui fe forme
continuellement dans la partie fupérieure, paffe
d'autant plus rapidement à travers le foyer, qu'il
trouve moins d'obftacle par le haut, & que par
conféquent cette difpofition du fourneau détermine
néceffairement un courant d’air fort 8c rapide
a ie traverfer de bas en haut.
Il eft aifé de fentir, d'après ce qui vient d’êtr&
d it, que plus l’efpace où l’air fe raréfie dans la
partie fupérieure du fourneau de fufion eft grand ,
8c plus le courant d'air extérieur, qui eft forcé
d’entrer dans le fourneau pour remplir ce vide, eft
fort 8c rapide, 8c plus par conféquent le charboa