
fur la décompofition & la recompofition de l’eau
par l’éleélricité, fur les fulfates alcalins & métalliques,
& c . , un rang diftingué dans la chimie
pneumatique , aux progrès de laquelle ils ont attaché
la gloire de leurs travaux & de leurs découvertes.
Gaz oxide d’azote. On doit donner ce nom
au ga^ nitreux, puifque c’eft un véritable oxide
d'azote, un compofé d’azote & d’oxigène, qui
n’a point le caractère acide. ( Voyer Varticle Gaz
nitreux, & ceux auxquels cet article renvoie.)
Gaz oxide de carbone. Quelques chimiftes
nomment ainlï le gai acide carbonique , furchargé ;
de carbone , qu’on obtient en chauffant le carbonate
de baryte avec du charbon , ou en faifant
paner du gai acide carbonique fur ce corps rougi
au feu. Je l’ai déjà indiqué à l’article Gaz acide
car b o n e u x , parce qu’il peut, être confidéré dans .
cet état, par rapport à l’acide carbonique. Néanmoins
il peut être auffi regardé comme un oxide
de carbone, puifqu’à la propriété de n’être plus
acide & difioluble dans l’eau, & à celle d’être inflammable^
il réunit celle de conten r une. plus
grande quantité de carbone que l’acide carbonique,
& puifque c’ eft à cette plus grande proportion
de fubafe qu’ il doit fes nouvelles propriétés.
Ce gai, découvert par M. Cruishanck, a été
examiné depuis par MM. Clément, Désormes, &
par les chimiftes hollandais qui travaillent en commun,
MM. Deimann , Bondt, Van-Erootwyck
& Lauwerenburg. J’inférerai ici le Mémoire de
ces derniers, rédigé il y a trois ans, & les obfer-
vations que j’y ai ajoutées. Rien n’a encore changé
mon opinion à cet égard, depuis l’époque indiquée.
E x p é r ie n c e s fur le prétendu oxide gazeux carbonique
, ou le gaz carboneux, par la Société des
chimifies hollandais.
ïl n’eft rien qui donne plus de confiftance à des
principes reçus, rien qui ferve davantage à l’avancement
de nos connoiflances , que l’examen des
difficultés qu’on y oppofe, que la folution des
doutes que nous, nous proposons à-mous-mêmes,
ou que d’autres allèguent contre nos opinions.
Le préjugé favorable que nous nous formons
de nos connoiflances nous porteroit bien vite
à nous.endormir dans leur pofieffioii, fi nous n’é-
tions ppur ainfi dire excités continuellement par
de nouveaux doutes, à en faire un nouvel examen
& a nous afîurer de leur véritév,Non-feulement
la feience devient par-là plus certaine ; mais
encore on en recule les limites. Nous parvenons,
par l’examen & la réfutation des objections, à de
nouvelles idées & à de nouvelles découvertes.
qui peut-être nous feroient toujours reftées inconnues
fans cet examen.
Nous trouvons la confirmation de cette vérité,
non-feulement dans l'Hiftoire des fciences, mais
encore dans la natute même de nos facultés intellectuelles
j & , pour en faire une application à la
chimie, difons que jamais la nouvelle chimie n’eût
été portée au point de certitude où elle fè trouve ,
fi tant de grands-hommes ne l’avoient attaquée;
que jamais cette fcience n’eût été enrichie d’un
fi grand nombre de découvertes, & de découvertes
fi intéreflantes fi, d’un côté, les génies
les plus pénétrans ne fe fufTent pour ainfi dire
-épuifés à la contredire par des expériences imaginées
avec la plus grande fagacité, & fi, de l’autre,
fes défendeurs ne fe fufTent donné la peine de
réfoudre les objections par des expériences contraires,
& » enflent foutenu leurs opinions avec
cette fermeté qui caraCtérife les amis du vrai ; de
forte que l’on pourroit douter fi les ennemis de
la nouvelle chimie n’ ont pas autant contribué à
l’éclat dont elle brille, que fes inventeurs & fes
défenfeurs mêmes.
Mais, quoi qu’il en foit, toujours eft-il certain
que des objections fondées fonifd’un grand avantage
pour la fcience, & que celui qui s’applique
à les réfoudre, y trouve toujours une nouvelle
preuve pour la vérité de fon opinion.
Nous penfions de la forte lorfque les dernières
expériences de Prieftley parvinrent à notre con-
noiffance, expériences dans lefquelles ce célèbre
phyficien croit'trouver une preuve contre la doctrine
de la nouvelle chimie.
Prieftley avoit trouvé qu’en revivifiant les chaux
métalliques par le charbon, il fe développe un ga%
qui eft en partie de l’air fixe, en partie de l’air inflammable.
Si , dit-il, l’air fixe fe forme par la
combinaifon de Yoxigène & du carbone, d’où vient,
dans ce cas, l’air inflammable ?
Cruifhanck fu t , à notre connoiffance , le premier
qui répéta ces expériences. Il a trouvé que
le gai qui fe développe dans ce cas, eft entièrement
conforme à celui que Prieftley avoit obtenu
( l).
Au lieu de déduire, comme on auroit pu le
foupçonner, l’oxigène de cet air inflammable de
la décompofition de l’eau que le charbon contient
toujours, il a cru, en examinant le mm qu’il
avoit obtenu , que c’étoit un nouveau gai entièrement
different du gai hydrogène carboné,• favoir :
une efpece de gai acide carbonique, privé en partie
de fon oxigène, raifon pour laquelle il lui a donné
le nom d oxide gaieux de carbone, & il déduit Tin-
; ( i ) F ty e i fes obfervations fur les différentes combinai7
fons de 1 oxigène avec le charbon, en rcponle à quelques-
unes des dernières obje&ions du docteur. Prieftley au nouveau
fyftème dé chimie , tirées de la Bibliothèque britannique,
& inférées dans le Journal de Phyfique, de therniidoi
an 9 , p. 120-121. . . . ; : i
flammabilité de ce gai uniquement'de ce qu’il eft
en parcie privé à'oxigène.
Cette découverte ne pouvoit pas échapper à
l’attention des chimiftes français, t'ou-rcroy , Guy-
ton , Vauquelin , Bcrthollet, Déformes , Clément &
d’autres firent nombre d’expériences qu’on trouve
rapportées dans le tome XXXIX des Annales de
chimie, pag. IS, & dans Cretl Chemische Annales.
Il femble fuivre de ces expériences , & c’eft
l’opinion de plufieurs chimiftes, -que ce nouveau
gai eft un gai acide carbonique furchargé de carbone,
& , pour cette raifon, il a reçu le nom de gai
carboneux.
Quoi qu’il en foit de cette opinion , il eft fur
que cette matière a attiré l’attention des chimiftes
les plus célèbies, nous ofons prédire qu’on en
peut attendre de grands avantages pour la chimie.
Cette raifon nous a engagés à faire des recherches
expérimentales fur ce fujet, &■ nous nous y trouvions
d’autant plus engagés, que ceux qui ont
découvert ce gai ne font pas d’accord fur la manière
d’en expliquer h nature. Cruifhanck eft d’opinion
que l'oxide galeux de carbone n’eft autre
chofe qu’un acide carbonique, qui eft privé en partie
de fon oxigène, tandis que Guyton, Déformes
& Clément regardent leur gai carboneux ou l'oxide
gaieux dé carbone de Cruifhanck comme un acide
carbonique furchargé de carbone. Ils appuient les
uns & les autres leurs fentimens fur des expériences
dont l ’examen fera d’abord le principal point
de cette dilfertation.
Cruifhanck ayant expofé à une très-forte chaleur,
à l’imitation de Prieftley, du carbonate de baryte &
de l'oxide de fer 3 qui avoit été préalablement expofé
féparément à une chaleur rouge, a trouvé
qu’il fe développoit, non-feulement de l'acide carbonique
& un peu d’azote, mais.encore un gai in-
fiammable, qu’il croit provenir d’une décompofition
partielle de l ’acide carbonique, par le fer expofé
à un haut degré de chaleur.
Mais comme il pourroit paroïtre douteux qu’un
oxide métallique, quoique porté à un pareil.degré
de chaleur , eût le pouvoir de décompofer en
partie l'acide carbonique Cruifhanck répéta l’expérience
. comme de fimples' rai fonne mens fans expériences
| ne font d’aucun poids en phyfique, nous réfo-
1 lûmes de faire des expériences fur ce fujet.
avec de la limaille de fer féchée 8c de la
craie, qu’il fournit dans une cornue de fer à une
chaleur rouge , & il obtint une quantité d’air inflammable
plus grande que dans l’expérience précédente.
Surpris des conféquences que Cruifhanck déduit
de ces expériences, en faveur d’une décompofition
partielle de Y acide carbonique , & de la formation
d’une nouvelle efpèce de g^i» nous foup*
çonnâmes tout de fuite que la décompofition de
l’eau pourroit bien jouer un rôle dans ces expér
riences. Nous trouvions à la vérité que Cruifhanck
avoit voulu prévenir cette objection en féchant,
autant que poflible, la craie & le fer., mais nous
favions auffi combien il eft difficile, pour ne pas
dire impoffible, d’exclure toute humidité. Mais,
Comme nous favions, par des expériences faites
précédemment (i) , que le cuivre n’exerce aucune
a dion fur l’eau qui tende à la décompofer, nous
avons mis, en ufant d’ailleurs des mêmes précautions
que Cruifhanck, parties égales de craie & de
limaille de cuivre dans un tube de cuivre dont un
bout étoit feelié de manière à ne pas permettre
l’entrée de l’air. Nous avons expofé ce tube à une
chaleur rouge j nous avons examiné le gai qui fe
développoit, & nous avons trouvé que c’eft de
Y acide carbonique pur, fans mélange d’aucune autre
efpèce de gai ; il éteint la flamme , & eft ab~
forbé complètement par l'ammoniaque & l'eau de
chaux.
Il nous a donc paru que notre auteur s’ étoit
trompé dans fes conféquences j car fi le fer, expofé
à un haut degré de chaleur, avoit la faculté
de. pi iver i 'acide carbonique d’une partie de fon oxi-
gene, nous ne voyons pas, pourquoi le cuivre ne
la pofféderoit pas.
Nous paftons donc , fars nous arrêter à une réfutation
ultérieure, à l’examen du gai carboneux
de Déformes 8z Clément. Ils fondent leur fentiment
fur des expériences , dont celle qui paroît avoir
le plus de poids eft qu’en ayant fait paflèr continuellement
du gai acide carbonique fur du charbon,
mis auparavant en état d’incandefcence, 8c
cela jufqu’à ce qu’ il ne fe développât plus de g ai,
ils trouvèrent, non-feulement une augmentât!-m
- de gai , mais encore que le gai s’étoit en grande
partie changé en gai inflammable.
Quoique nous ne différions pas de ces auteurs
fur la production de ce gai3 nous ne faurions être
de leur avis quant à la manière dont ils expliquent
fa formation : nous y fommes comme forcés pat
des expériences qui nous ont convaincus que leur
explication eft infuffifante ; car fi la formation de
leur gai carboneux doit être attribuée uniquement
* à la luper fa tu ration de Y acide carbonique par le carbone,
dans un auffi grand degré de chaleur que
celui auquel il a été expofé., il eft certain qu’un
gai femblable à leur .gai carboneux ne pourra fe
développer fi l ’on emploie du gai aïote au lieu du
gai acide carbonique. Afin d’examiner ce raifonne-
ment, nous avons, en ufant des mêmes précautions
que Clément & Déformes, fait l’expérience
avec le charbon , en faifant palier fur celui-ci dans
un tube de fer rougi, jufqu’à vingt fois, d’abord
de 1 'acide carbonique 3 & enfuite , dans-une répétition
de l’expérience, du gai q0bîe ( i) .
(i<) Koyeç nos differtâtions phyfïco-chimiques , fécond
cahier.
t ; (2) Nous fômnie.s étonnés de voir qu’en rapportant ces
expériences, on n’ ait fait aucune mention de la difficulté
qu’ on éprouve à les faire, ni par'confequent des précautions
qu’il fau.;çjpreïidre pour les faire réuffir; car quelque lentement