
de borax calciné & d’un huitième de charbon.
2y. Ce que j’ai expofé des défauts de cette
réduction par la voie fèche, & l’extrême différence
qui exifte entre ce procédé inexaét & une
véritable analyfe docimaftique, rendent plus né-
ceffaire ici qu’ailleurs la defcription des moyens
de diffolution recommandés par Bergman dans fa
Differtation fur la docimafie numide. Cet habile
chimifte les a variés fuivant l’efpèce & la nature
de ces mines ; il a confeillé de diffoudre le cuivre
natif dans l’acide nitrique. L’or, s’il s’y en trouve/
refte au fond du diffolvant, en poudre noire non
diffoute; s’il tient de l’argent, il prefcrit de le
précipiter par du cuivre qui, ayant en effet plus
d’attra&ion pour i’oxigène * que n’en a l’argent,
défoxide fur le champ ce métal , & le fépare en
pouffière métallique. Quant au fer , en faifant
bouillir en peu plus long-tems la diffolution , &
en évaporant à ficcité, puis en faifant rediffoudre,
le nitrate de cuivre paffe dans l’eau, & l’oxide de
fer refte en poudre rouge fans fe diffoudre.
Voici comment il confeille de traiter les ful-
fures de cuivre. On les pulvérife ; on les fait
bouillir dans cinq parties d’ acide fulfurique concentré
j on évapore jufqu’ à ficcité, & on lave le
réfidu dans l’eau chaude jufqu’à ce qu’ on ait enlevé
tout ce qu’il y a de fel métallique. La diffolution
étendue fuffilamment, on y plonge d’abord une
lame de cuivre qui précipite l’argent, & enfuite
une lame de fer bien nette; on fait bouillir avec
cette dernière, jufqu’à ce qu’il ne fe précipite
plus rien. Le cuivre précipité ainfi eft féché à un
feu doux & non capable d’en favorifer l’oxidation,
ui en augmenteroit le poids. Si l’on craint que
u far ne foit mêlé au cuivre, on le rediffout dans
l’acide nitrique, & on opère fur cette feçonde
diffolution comme il a été dit pour le cuivre natif.
Dans ce procédé , Bergman remarque que le foufre
fe diflipe tout entier en vapeur, à caufe de la chaleur
violente qu’ on emploie pour évaporer à ficcité
la diffolution fulfurique ; mais, d’une part, le
poids du foufre eft donné par celui des autres
matières que l'on obtient; d’une autre part, on
peut faire une diffolution féparée d’une partie de
la même mine dans l’acide nitro-muriatique, pour
ifoler, recueillir & apprécier le foufre en particulier.
^ *
27. En parlant des mines en oxide rouge, bleu
ou vert, qu’il dit être très-bien & tout entiers
diffolubles dans l’acide nitrique, & même dans les
acides en général, il indique d’en précipiter le
cuivre par le fer ou par le carbonate de foude :
dans ce dernier moyen., cent quatre-vingt-quatorze
parties de précipité repréfentent, fuivant
lui, cent parties de cuivre. Si ces mines contiennent
du carbonate de chaux, il confeille de précipiter
leur diffolution par un carbonate alcalin ,
après en avoir fépare la portion métallique par le
prufliate de potaffe. Le fulfate de.cuivre natif doit
être effayé par le fer. Enfin, Bergman parle d’un
muriate natif de cuivre, d’un bleu tirant au vert ,
friable, diffoluble avec effervefcence dans l’acide
nitrique, donnant une diffolution verte , précipitant
en caillé blanc le nitrate d’argent. Il eft vrai
qu’il confondoit l’oxide vert d’urane avec le muriate
de cuivre , & qu’on peut penfer que le morceau
du cabinet d’ upfal n’étoit pas davantage du
véritable muriate de cuivre.
-28. Le travail métallurgique que l’on fait fur les
mines de cuivre pour en extraire ce métal pur, Sc
en réparer les autres métaux qui lui font unis, eft
aufli difficile à décrire & à bien faire concevoir,
qu’il l’eft à exécuter. La plupart des hommes
jouiffent fans ceffe des propriétés de ce métal, fans
fe douter de la peine qu’il a exigée pour fon ex-
trattion. Après avoir pilé & lavé, avec plus ou
moins de foin, la mine de cuivre fulfureufe, la
plu$ commune & la plus difficile à exploiter, on la
grille d’abord à l’air & prefque fans bois, parce
que dès que le foufre quelle contient eft une fois
allumé, il continue de brûler Spontanément, &r
fans qu’il foit néceffaire de lui fournir pour aliment
ou pour auxiliaire d’autres matières com-
buftibles. Lorfqu’elle eft éteinte par la diminution,
& non pas, comme on le pourroit croire, par la
deftrudtion de fon foufre, on la grille de nouveau,
en ajoutant alors du bois pour lui communiquer
une plus grande chaleur que celle qu’elle a produite
Spontanément dans fon premier grillage : on
recommence deux fois de fuite au moins cette
fécondé efpèce de grillage. Enfuite on la fond a
travers les charbons, & l’on donne à cette fonte
le nom de matte, parce que ce n’eft point encore
du cuivre ; elle n’en a ni la couleur, ni le brillant,
ni le grain, ni Surtout la duâilité : fa couleur eft
brune L noirâtre ou rouge foncé ; fon afpedt eft
comme vitreux, & fon tiffu très-caffant ; c’eft , en
un mot, la mine qui n’a encore perdu qu’une
partie de fon foufre, La fufion qu’on lui fait fubir
fert à faire préfenter au métal de nouvelles fur-
faces , & à favorifer les nouveaux grillages dont
elle a encore befoin. On lui en fait de fuite éprou*
ver encore fix ou fept fucceffifs, plus ou moins ,
fuivant la nature de la mine, fa dureté, la quantité
du foufre qu’elle contient, & alors une nouvelle
fufion fournit ce qu’on nomme le cuivre noir.
Cette fois la matière commence à être malléable :
il y refte cependant une portion de foufre qui ne
s’en fépare que par les opérations fucceflives auxquelles
on le foumet pour en extraire les autres
métaux qu’il contient. On allie le cuivre avec trois
fois fon poids de plomb, ce qui s’appelle rafraî-
ckijfement du cuivre y on donne à cet alliage la forme
de pains applatis, qu’on nomme pains de liquation.
On les place de champ au deffus de deux plaques
de fonte pofées au haut d’un fourneau, oc inclinées
entr’elles de manière qu’elles laiffent une
rigole ouverte dans leur partie inférieure, Des
barres de fe r , fituées horizontalement fur-ces
* plaques de fonte, foutiënnent les pains d’alliage
dans leur pofition verticale. Le fourneau terminé
par cet appareil eft nommé fourneau de liquation :
ion fond va en pente furie devant. Le feu qu’on y
allumé échauffe peu à peu les pains de cuivre argentifère,
allié de plomb : ce dernier métal, qui y eft
furabondant, le fond & tombe en gouttes par la
rainure des plaques à travers les charbons fous
lefquels il fe raflemble': en vertu d’une attraction
chimique, il entraîne avec lui l ’argent qu’il enlève
au cuivre y de laiffe ce métal feul & allez pur: c ’eft
à caufe de cette fufion lente du plomb ajouté au
cuivre tenant argent, que l’opération eft défignée
par le nom de liquation. Le plomb chargé de l’argent
eft enfuite fournis à la coupellation pour en
extraire ce métal précieux, comme je le dirai plus
en détail dans l’hiftoire de ce dernier. Quant au
cuivre qui refte en morceaux.irréguliers, ramollis,
informes, bourfouffiés au haut du fourneau de
liquation, après la réparation du plomb chargé
d’argent, on le purifie ou on le raffine en le faifant
fondre dans de grands creufets; on l’y tient fondu
un tems fuffifant pour qu’ il puiffe rejeter, fous la
forme d’écume ou de feories, tout ce qu’il contient
d’étranger. On l’effaie de tems en tems en y
trempant des baguettes de fer qui emportent un
peu de cuivre, & on juge de'l’état d’affinage de
celui-ci par fa couleur, fon grain ou fa mie, & par
fa duélilité. Quand ces propriétés annoncent qu’il
eft fuffifamment pur, on le coule en plaques ou
en tables, ou on le débite en lames arrondies
irrégulières, qu’on nomme rofettes.Voilà pourquoi
on dit fi fouvent du cuivre de rof tte quand on Veut
parler de ce métal pur. Pour fabriquer les rofettes
ou débiter le cuivre fondu fous cette forme, on
enlève avec foin les feories qui recouvrent le
cuivre en fufion dans le creufet, on laiffe figer la
furface de ce métal ; lorfqu’ellë eft folide j on
paffe deffus un balai humide qu’on y promène
rapidement. Le contaéfc de l’eau froide fait reffer-
rer fur elle-même la portion folidifiée, mais encore
molle du cuivre, qui s’élève dans fon milieu , fe
retire vers fes bords de la furface du creufet, &
fe détache alors très-facilement, non-feulement
des parois de ce vaiffeau, mais de la partie liquide
du cuivre : on enlève alors cette partie foulevée,
arrondie & comme,feftonnée fur fes bords , fous
le nom de rofette. On continue de la même manière
à débiter ainfi en rofettes la plus grande partie du
cuivre contenu dans le creufet. On regarde la portion
qui refte au fond dé ce vaiffeau comme la
plus pure. La feule fufion long-tems continuée fert
à purifier 1 e cuivre.
29. U y a quelques mines de cuivre , & fpécia-
lement celles qui font extrêmement fulfureufes ,
qu’on traite d’une autre manière pour en obtenir
le fulfate de cuivre par l’efflorefcence qu’elles fu-
biffent à l’air & à l’aide de l’ eau dont on les arrofe.
Dans quelques lieux , comme à Saint - Bel, pour
feparer du foufre de ces mines , on les grille & on
les chauffe dans des vaiffeaux fermés. Une partie
Chimie. Tome IK .
du foufre brûlé dans cette opération forme de
; l’ acide iuliurique, qui s’unit au cuivre oxide ; ce
qui refte de foufre brûle enfuite lentement par fon
expofition à l’air., & toute la maffe de la mine fe
convertit en fulfate de cuivre y qu’on en retire par
le lavage dans l’eau.
30. Le cuivre, expofé à l’air froid & furtbut
■ humide,y perdpromptement fon éclat; il fe ternit,
devient brun mat, fe fonce peu à peu,. prend la
couleur qu’on nomme de bronze antique / & finie
par fe couvrir d’une efpèce de tekite verte allez
brillante, que tout le monde connoît fous le nom
de vert-de-gris ou verdet gris, comme le veulent
quelques chimiftes modernes. Cette combuftion
affez lente, & qui même, lorfqu'eile eft affez
avancée pour conduire le cuivre jufqu’ à l’état
d’oxidation en vert, ne pénètre jamais profondément
, refte à la furface, & la recouvre même d’un
enduit folide qui défend le métal d’une altération
fdcceffive, dépend, dans ce dernier état, de plu-
fieurs effets compliqués. L’oxigène atmcfphérique
commence par oxider en brun la furface du métal :
l’eau favorife & accélère cette oxidation. L’acide
carbonique s’unit bientôt au cuivre ainfi oxidé :
en forte que l ’efpèce de vernis des médailles, des
ftatues, des uftenfiles antiques que'conques, vernis
que les antiquaires prifent dans ces morceaux &
qu’ils y nomment patine, n’ eft que du véritable carbonate
de cuivre furoxigéné, fort analogue à la
malachite ou au vert de montagne.
31. Cette altération du cuivre eft bien plus forte &
bien plus rapide quand on élève la température de
ce métal. Tout le monde a pu remarquer avec quelle
célérité les tuyaux de cuivre qui fervent à conduire
la fumée des poêles, changent de couleur dès le
premier moment qu’on les chauffe même légèrement
avec le contaél de l’air : ils prennent promptement
une teinte bleuâtre, orangée , jaunâtre ou
brune, qui finit par être en totalité d’un brun foncé
égal dans toute leur furface. On obtient même ces
différentes teintes très-belles, en expofant avec précaution
furies charbons les plaques ouïes lames de
cuivre minces, ainfi que celui qui eft en feuilles légères.
On fait par ce procédé des feuilles d’efpèct s
de clinquans de diverfes couleurs, qui font fpécia-
lement employées pour recouvrir, après les avoir
coupées en très-petits fragmens, les jouets d’en-
fans, fur lefquels on les applique à l’aide d’une forte
de mordant ou de maftic qu'on y paffe auparavant.
Dans cette fabrication, on remarque la fucceffion
du bleu , du jaune, du violet & du brun ; cVft
auffi cette dernière nuance qui refte & qui eft
permanente.
32. Quand on fait rougir une lame ou une barre
de cuivre dans l’air, elle fe brûle beaucoup plus
profondément; elle s’oxide dans fa couche extérieure,
elle perd entièrement Ton brillant, de-
1 vient d’une couleur brune foncée, & cette couche
d’oxide brun n’adhère plus au métal. Auffi quand
on le laiffe refroidir , on voit fa furface, Iiffe &
O