
plus commodes 8c les plus exaèts obtiendront
toujours nécefTairement la préférence dans la pra- !
tique j mais on ne pouvoit comparer les deux méthodes
ni choifir la meilleure tant que l’une ou
l’autre a été hériflee de difficultés : il eft donc
très-important de travailler à les écarter pour la
perfe&ion de l’analyfe. Si on parvenait à réparer
exaélement par la voie humide, les parties
hétérogènes que la docimafie fèche confond dans
fes produits, & à en déterminer la nature & la
quantité, il n’eft perfonne qui, verfé dans cet
art, ne voie, au premier coup d’oeil, quelle lumière
cette pratique répandroitfur la minéralogie
& fur la métallurgie. Le plus fouvent il eft quef-
tion de connaître non-feulement les fubftances
métalliques étrangères que contient le régule, 8c
qui font quelquefois au nombre de trois , de
quatre ou même davantage, mais encore la gangue
terreufe. O r , il n’y a que bien peu de cas où
l’on réuffîlTe parfaitement par la voie fèche. Il faut
avouer que les eiïais par la voie humide exigent
fouvent plus de tems & de foins ; mais fi les réfui
tats en font plus fûrs, on ne doit point prendre
confeil de la pareffe : il y a aufli des cas où ils font
plus expéditifs que par la voie fèche. Il arrive enfin
quelquefois que la voie fèche eft abfolument
impuiffante, comme lorfqu’il n’y a que très-peu
de métal, lorfqu’il eft volatil, 8c furtout fujet à
s’enflammer comme le zinc.
A moins qu’on n’indique expreffement une autre
quantité, on doit toujours entendre dans la fuite,
un quir.tal docimafiique fournis à l’effai. On peut,
à la vérité, tirer des tonféquences a fiez exactes
d’un efîai de vingt-cinq livres, 8c même quelquefois
moins.
Mais on prefcrit cette quantité parce qu’elle
s’adapte facilement aux formules d’un calcul dont
les bafes fe trouvent dans les proportions des parties
conftituantes des différens fels métalliques,
& dans les poids des précipités métalliques précédemment
déterminés. Si l’on ne veut employer
que la moitié ou le quart de ce quintal, on’pourra
également y appliquer ces formules par une fubf-
titution très-fimr'le.
La mine que l’on veut effayer doit être d’abord
réduite en poudre très-fine, par la pulvérifàtion
& la lévigation.
Les mines qui contiennent du foufre exigent
beaucoup de précaution pour leur diflolution. Il
faut, autant qu'il eft poffrble, employer les acides
vitvioliques & muriatiques, car l’acide nitreux le
détruit à la longue, à l’aide de la chaleur} il peut
auffï s’en volatilifer une partie quand I’acidé eft
bouillant, ou il fe fond en petites maffes globu-
Jeufes qui retiennent des matières hétérogènes : on
doit donc éviter, fi cela fe peut, de le faire
bouillir.
On conçoit que tous les précipités doivent être
lovés, recueillis, féchés 8c pefés avec foin : il
furfit d’en avertir une fois pour toutes. C ’eft
toujours de l’eau diftiilée qu’il faut employer, les
diffblvans les plus rectifiés qu’il eft poffible. On
appelle l’acide fulfurique délayé, quand fa pefan-
teur fpécifique eft au deffous de 1,300 , l’acide
nitrique au deffous de 1,200, 8c l’acide muriatique
au deffous de 1,100. - ' ;
Les précipitations doivent fe faire avec précaution
dans des bouteilles de verre, 8c de manière
qu’il ne refte rien dans la diffolution par ^défaut
ni par excès du précipitant. Quand le dépôt s’eft
formé, on décante la liqueur claire , on verfe de
l’eau fur le précipité, on l’agite, 8c on laiffe re-
pofer. La réparation faite, on décante de nouveau,
on remet de nouvelle eau, 8c on repète
cette opération jufqu’ à ce qu’elle n’occafionne
aucun changement dans les reaétifs , par lefquels
elle doit être éprouvée.
On recueille enfuite le précipité lur un filtre
pefé, de papier blanc non collé : on le fait fecher
d’abord à une douce chaleur, 8c on le tient après
cela , pendant cinq minutes,-dans un vaiffeau de
verre, au degré de chaleur de l’eau bouillante.
Quand il eft refroidi, on le pèfe avec le filtre,
dont on déduit le poids précédemment connu. Il
eft important de laver le précipité dans la bouteille,
autrement il eft très - difficile d’enlever
complètement au filtre la diffolution faline dont il
a été une fois imprégné, furtout fi on a laiffé pal-
fer quelques heures.
En parlant de précipitant alcalin, on entend
toujours le carbonate de foude, ou alcali minerai
fatùré de gaz acide carbonique.
Le prufliate de potaffe doit toujours être préparé
de la même manière. On fait brûler à l’ordinaire
un mélange de parties égales de nitre très-
pur 8c de tartre raffiné, ou crème de tartre , pour
obtenir après la détonation ce qu’on appelle flux
blanc. On en met une demi-once ( quatre quintaux
docimafiiqu.es ) dans une cucurbite : on verfe
deffus une demi - quarte d’eau diftiilée (1) : on
ajoute peu à peu, pendant la digeftion , deux onces
de prufliate de fer ou bleu de Prude , en évitant
qu’il n’y ait affez d’effervefcence pour difll-
per quelque partie du mélange ; ce qui arriverait
fi on en mettoit trop à la fois. Cette matière perd
bientôt fa belle couleur} elle ne devient pourtant
pas rouffe, mais noire ; ce qui annonce que la de-
compofition n’ eft pas complète. On en prend a
(1) Ce qui revient à huit pouces un quart cubiques
de France 5 mais pour retrouver tous les rapports de
cette compoficion, il faut prendre trois gros foixante-
quatre grains d’alcali , huit pouces un quart, ou cinq
onces cinq gros trois grains d’eau, & une once lept
gros trente-huit grains de bleu de Pruffe. Le produit
de-toute l’opération fera feize pouces & demi cubiques,
p u un volume égal à une once deux gros fix grains
d’eau j enfin, la dédu&ion à faire fur le poids des précipités
fera de onze (vingt grains par quintal fictirs, de
foixante-dix grains pour chaque volume de kffive de
feize pouces & demi cubiques ).
deffein plus qu’il n’en faut, pour que l’alcali foit
complètement faturé, autrement la partie qui fe
trouveroit libre occafîonneroit un précipité tout
différent. Le bleu de Pruffe du commerce n’eft pas
toujours le même : celui dont on s’eft fervi dans
•ces expériences tenoit au quintal foixante,-dix-fept
d’alumine, &,feulement vingt-trois de matière colorante.
Dès-lors, fi on prenoit du bleu de Pruffe
fait fans alun, deux cent vingt-un grains (ou
d’once) fatureroientplus furement une demi-once
d’alcali, que les deux.onces preferites ici. Mais
de quelque manière que l’on opère, le mélange,
après la dernière addition, doit être expofé pendant
une demi-heure à une fort;e chaleur de digeftion,
8c agité de tems en tems. avec une fpatule
de bois. Si la liqueur s’épaiffit, on y ajoute un peu
d’eau chaude : on la verfe enfin fur un filtre de
papier pour avoir la liquenr claire} on arrofe le
ré fi du. avec de l’eau-chaude, jufqu’à ce qu’il n’y
refte rién de foluble. Lorfque l’opération eft bien
faite, on a une quarte entière de liqueur claire,
d’iinjaune obfcur, 8c tellement faturée, qu’elle ne
fait pas palier au bleu le papier rougi par le fer-
nambouc.
La lelfive faturée de matière colorante contient
encore environ quatre livres de bleu de Pruffe
entier par quintal de fel alcalin, lequel fe précipite
lorfqu’on y verfe de l’acide. Il faut en con-
féquence déduire du poids-du précipité feize livres
docimafiiques par chaque quarte de leflive.
Lorfqu’il eft queftion de reçonnoître la couleur
du précipité, il eft indifpenfable d’employer une
leffive pure. Si on négligeoit cette précaution,
on pourroit croire que cette liqueur précipite tous
les métaux en bleu} au contraire, lorfqu’ il n’eft
queftion que du poids du précipité, on fe fert de
la liqueur encore chargée d’une portion de bleu
de Pruffe, & on en fait, comme on l’a dit, la fouf-
traétion. En effet, l’acide que l’on ajoute à la diffolution
de prufliate de potaffe , pour précipiter
cette portion de bleu, affoiblit fenfiblement fes
propriétés au bout d’un certain tems, 8c même
les détruit furtout à une température chaude. Le
carbonate de chaux, de même que la chaux vive,
peut enlever l’acide pruflique au fer 8c aux autres
métaux.
Dans la précipitation d’un métal par un autre
métal, il faut obferver qu’jl y ait un peu d’excès-
d’acide; mais s’il eft trop confîdérable on émouffe
fan aétion, fuivant les circônftances , par de l’alcali,
de l’eau ou l’efprit-de-vin.
§. III. Des mines d'or.
L’or fe trouve dans le ffin de la terre en deux
états, ou natif, ayant la forme métallique complète
, quoique fes parties foient quelquefois tellement
difféminées dans la gangue, qu’elles échappent
à la vue y-ou minéralifé 8c uni au foufre par
l’intermède du fer ou de quelqu’autre métal.
L’or natif n’eft jamais abfolument pur ; les fubftances
hétérogènes, qui lui font alliées le plus communément,
fo.pt le cuivre , l’argent & quelquefois
le fer. L’or étant diffous dans l’acide nitro-
muriatique, & enfuite précipité par le vitriol martial,
le cuivre refte dans le diffolvant, & peutêtie
recueilliféparément (§.VIII.). Le fécond fe fépare
pendant la diffolution, 8c donne du muriate d’a:-
gent, qui, étant lavé 8c féché, fait connoître par
fon poids celui de l’argent (§. V .) . On découvre
enfin le troifième par le prufliate de potaffe, 8c
on en détermine la quantité de la manière indiquée
(§. IX. )-. Le précipité par le fulfate de fèr ou
vitriol martial eft de l’or fin en forme métallique,
quoique divifé en poudre très-fubtile } ainfi il n’y
a aucune diminution à faire fur fon poids.
On verra encore dans ce qui fu it, la manière
de retirer une petite portion d’or contenue dans
d’autres minés. Une diffolution la moins chargée
d’or donne fur le champ le pourpre minéral par
l’addition d’une diffolution d’étain préparée convenablement.
Quand l'or eft adhérent 8c enveloppé dans les
parties terreufes, on en prend d’abord le poids,
on la réduit enfuite en poudre impalpable par la
trituration 8c les lavages.
On repèfe la poudre , on la fait bouillir dans
l’eau régale jufqu’à ce que ce diffolvant ne d l-
folve plus rien. On recueille foi-gneufement la gangue
dépouillée, on la lave, on la fait fécher au feu
jufqu’au rouge , 8c on en prend la poids.
On précipite la diffolution claire à la manière
ordinaire, par le fulfate de fer : le poids du précipité
lavé 8c féché indique la quantité d’or con*»
tenue, laquelle doit, avec la gangue, dépouillée,
repréfenter le poids primitif, à moins qu’il ne fa
foit perdu quelque chofe pendant la trituration ,
ou qu’une portion même de la gangue n’ ait été
diffoute. Le premier cas fe reconnoît par la conformité
ou l’égalité des poids, le fécond par les
réa&ifs.
Quand les grains d’or font mêlés à des parties,
terreufes lâches, l’emploi mécanique de l’eau fuff
fit quelquefois pour les féparer.
On prend un quintal docimafiique de pyrite martiale
aurifère , ou plufieurs quintaux fi elle eft très-
pauvre : après les avoir réduits en poudre , on les
fait bouillir doucement dans l’acide nitrique déblayé,
ou plutôt digérer à une chaleur de quarante
à foixante degrés de Réaumur, afin que le foufre
ne foit pas détruit ; il eft même néceflâire de donner
encore moins de chaleur, pour que les parties
fulfureufes, qui fe féparent infenfiblement,
demeurent à l’état pulvérulent, parce que fi elles
fe fondoient elles envelopperoient les matières
qui doivent en être féparées.
Dans cette opération le'diffolvant ne doit être
verfé que par parties 5 il attaque la pyrite avec èf-
fervefcence 8c dégagement de gaz nitreux. Quand
l’effet commence à eefler, on ajoute une nopvell$
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