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rite les parois des canaux qui le tranfportent : on
l’a reconnu dans l’urine des malades qui en ont
fait ufage pendant quelque tems : il refferre comme
les aftringens j il convient dans toutes les maladies
d’atonie & de langueur. On l’emploie fpéciale-
ment porphyrifé, en oxide noir très-divifé , en
carbonate de fer artificiel, fec ou diffous dans les
eaux j en teinture martiale alcaline, en fleurs ammoniacales
martiales, en oxide précipité & redif-
fous par le carbonate d’ammoniaque : quelques
oxides & quelques Tels, furtout le fulfate & le
muriate de fe r , font appliqués à l'extérieur ,
comme aftringens 8c deffechans. On a cherché
même dans le fer aimanté des propriétés dont on
ne connoît cependant encore ni la caufe ni les
véritables effets. On a prétendu qu’appliqué fur
la peau, l’aimant calmoit les douleurs, appaifoit
les convulfions, excitoit la rougeur, la lueur,
rendoit même moins fréquens les accidens épileptiques
: on a dit que, trempé dans l’ eau pendant
quelques heures , il lui communiquoit la
vertu purgative. Ces dernières propriétés paroif-
fent avoir été attribuées au fer 3 plutôt par l’en-
rh ou fia! me que par une obfervation exa&e, furtout
dans des maladies que leur propre nature rend variables
& inconftantes.
Fer aéré. C ’eft le nom que Bergman avoit
donné au fer combiné avec l’acide carbonique ,
foit dans les mines, foie dans la rouille , foit dans
les eaux, foit enfin dans la eombinaifon artificielle.
On le nomme aujourd’hui carbonate de fer, parce
que l’acide aérien de Bergman a été nommé.acide
carbonique. 11 eft parlé de cette efpèce de fel à
l ’article du Fer.
Fer arsénié. Une des mines de fer porte ce
nom : on l’a auiîî donné à une eombinaifon artificielle
du fer 8c de l’arfenic. (Voyei l ’article Y ER.)
Fer blanc. On appelle ainfi de minces plaques
de tôle, revêtues d’un enduit d’étain. ( Voyeç
l'article Fer , pag. 33 1, n°. 78 j & , pour plus de
détails, au mot Ferblantier, tome II des Arts-
& Métiers, pag. 748.)
Fer d’eau. Bergman & quelques autres miné-
ralogiftes ou chimiftes avoient nommé fer d’eau-ou
fidérite une prétendue efpèce de mine de fer 3 ou
même de métal particulier, quia été reconnu depuis
pour une eombinaifon de fer 8c de phofphore,
ou pour un fer phofphuré. Il en eft queftion à
l ’article du Fer.
Fer limoneux. C ’eft une des dénominations
les plus fréquentes & les plus répandues d’une
efpèce de mine de fer très-abondante, dont la nature
eft prodigue dans beaucoup de lieux, 8c qui
n’cft qu’un oxide de fer fouvent mêlé d’un peu de
phofphate.On en a traité à l’article du Fer. On ne
rappelle ce mot ici qu’à caufe de l’ ufage fréquent
qu’on en fait dans le commerce & les fabriques.
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Fer spathique. Voici encore une de ces dénominations
très-employées, & qu’on doit rencontrer
dans un ouvrage par ordre alphabétique,
puifqu’elle eft fans ceffe prononcée dans le commerce,
les fabriques, les arts qui s’occupent du
fer. Le fer fpathique eft un carbonate de fer mêlé de
plus ou moins de carbonate de chaux, 8c devant
à celui-ci la forme de lames chatoyantes & de
caflure fpathique. On en a fait l’hiftoire à l’article
du Fer j auquel je renverrai.
Fer spéculaire. On donne en hiftoire naturelle
le nom de fer fpéculaire à une mine de fer
oxidulé, d’un noir brillant, dont les lames, d’un
poli très-vit, réfléchiffent les objets comme des
miroirs. Tel eft le fer de l’île d’Elbe. On en a
parlé à l’article Fer.
FERMENT. On nomme depuis long-tems ferment
une^natière qui, mêlée avec une autre, a la
propriété d’exciter dans celle-ci une fermentation
quelconque.
• Les anciens chimiftes, qui admettaient beaucoup
le s fer mens y croyoient qu’il en exiftoit un
pour chaque efpèce de fermentation , un , par
exemple, pour la vineufe ou fpiritueufe, un autre
pour la fermentation acide, & un particulier pour
la fermentation putride. A la vérité, ils n’avoienc
pu donner aucune preuve réelle ni aucune con-
noiffance pofitive de la nature & des ca radie res de
chacun de ces fermens en particulier ; de forte que
leur opinion fur cè point pouvoit être regardée
comme une idée purement hypothétique.
Audi lorfque la chimie, devenue prefqu’entié-
rement phyftque depuis Boerhaave , commença à
rejeter des hypothèfes, à ne plus invoquer que
l ’expérience, on s’empreffa de ranger la théorie
des fermens parmi les opinions erronées & les
fyftèmes hypothétiques. Ce parti étoit fage & très-
propre à repouffer le débordement des théories
imaginaires, qui menaçoit d’envahir.tout le domaine
de la fciënce.
Déjà en effet, peu de tems avant Boerhaave,
& quelques années encore après lui, les médecins
chimiftes avoient étrangement abufé de l’application
des fermens dans l’explication des phénomènes
de l’économie animale , des caufes des
maladies, 8c même de l’a&ion des remèdes. Plu-
fieurs fonctions s’exerçoient, fuivant eux, par des
fermentations : la digeftion, la fècrétion, ne con-
fiftoient que dans ce mouvement fpontané.
' Les maladies avoient pour origine des fermens
ui développoient telle ou telle humeur morbi-
que : il y avoit un ferment dans les fièvres putrides
, un ferment ou un levain dans les fièvres
exanthématiques. On diftinguoit le levain ou ferment
de la pefte : tous les virus animaux n’étoient
plus que des fermens qui altéroient 8c tournoient
vers leur nature toutes les humeurs animales:
Voilà comment l’abus d’une théorie conduifit à
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la faire rejeter entièrement. Mais il y a peut-être
autant de danger à renoncer entièrement à une
idée qui a de la vraifemblance quoiqu'elle ne foit
pas appuyée fur des preuves très-fortes, qu’à l’admettre
trop promptement, & à l’appliquer trop
vite à un grand nombre de phénomènes.
On commence, depuis quelques années, à revenir
à l’exiftence des fermens z on y a été ramené
par les expériences faites, de 1784 à 1788, fur la
fermentation vineufe par Lavoifier. Comme, pour
faire fermenter les liqueurs fucrées, les décoctions
végétales, on eft obligé d’y ajouter de la levure
de bière j comme, pour faire lever la pâte du pain,
il faut y mêler de la pâte déjà levée, nommée levain
ou de la levure de bière, & comme, du moment
où cette matière eft mêlée à de l’eau fucrée, celle-
ci , échauffée jufqu’à douze ou quinze degrés,
paffe à la fermentation, on en a conclu que la
levure difpofoit la liqueur à prendre la nature
vineufe, 8c étoit par conféquent un véritable
ferment.
Quelques chimiftes modernes ont même recherché
9 non fans fuccès, la nature du ferment alcoolique
, 8c cela conduit à penfer que chaque fer-
mentafon pourroit bien avoir fon ferment particulier.
On pourfuivra ces notions dans les articles
fuivans.
FERMENTATION. 1. Comme les changemens
qui arrivent aux végétaux, dans leurs altérations
fpontanées, font prefque toujours accompagnés
,d’un mouvement inteftin qui agite , foulève &
femble tourmenter leur maffe, on a nommé le
phénomène même par lequel les matières végétales,
foumifes à l’oeil de l’obfervateur dans l’air
ou dans des vaiffeaux ouverts ou tranfparens, fu-
biffent ces changemens, des fermentations; en forte
qu’aucune modification , dépendante de leur nature
intime & fufceptible de changer cette nature
.même , n’a lieu fans qu’il n’y ait une fermentation.
1. On n’a pas été long-tems à reconnoître dans
la feience, que cette altération fpontanée varioit
finguliérement dans les matières végétales, fui-
va,nt leur nature différente ; & comme toute variation
ou tout changement intérieur, dépendant
de la natur,e même de ces matières & ayant lieu
.fans l’intervention néceffaire d’un agent étranger,
a par cela même le caraélère d’une fermentation,
il étoit naturel que les chimiftes diftinguaffent différentes
efpèces de fermentation.
3 . Boerhaave a le premier reconnu trois fermentations
, qu'il a nommées, la première 3 fermentation
fpiritueufe j la fécondé, fermentation, acide ou acé-
,teufe i la troifième , fermentation putride. Il les a
regardées comme établies par la nature dans un
ordre confiant, & fe fuivant régulièrement dans
.celui que je viens d’énoncer. Ainfi la fécondé ne
pouvoit avoir lieu, fuivant lui, qu’après la première
8c la troifiè me qu’après la fécondé : d’où
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il eft aifé de voir qu’il les concevoit comme une
férié de mouvemens inteftins enchaînés l’un à
l’autre par une caufe égale & intime, fe fuccédant
par une néceffité indifpenfable, & fe provoquant
réciproquement.
4. Quoique plufieurs chimiftes aient propofé.
quelques modifications à ce fyftème ingénieux de
Boerhaave, la plupart des phyficiens ont adopté
l’enfemble de fes idées, & l’on a long-tems fuivi
cette marche dans les écoles. Celle de Rouelle
furtout a beaucoup contribué à le propager &
même à l’étendre. On diftinguoit chacune de ces
fermentations à fon produit. Celle qu’on nommoit
fpîiitueufe avoit pour produit Yefprit-de-vin ou
Yefpric ardent, que l’on nomme aujourd’hui alcool ;
celui de la fécondé ou de la fermentation acide
étoit le vinaigre, 8c voilà pourquoi on la nommoit
acéteufe> d’après Boerhaave} enfin h fermentation
putride portoit le nom d’alcaline, parce que l’alcali
volatil ou l’ammoniaque étoit regardé comme
fon produit eflentiel ou confiant.
y . Quelques chimiftes, & fpécialement Bucquet
dans les dernières années de fa vie & dans fes dernières
leçons, depuis 1776 jufqu’ en 1779, crurent
que cette diftinétion en trois efpèces ne fuffifoit
. pas pour renfermer toutes les altérations ou fermentations
que les végétaux pouvoient fubir. Ils
citoient, pour preuve de leur opinion, la levure
de la pâte de farine ou la fermentation panaire j
mais celle-ci tend manifeftement à former un acide,
& rentre dans la fécondé efpèce de Boerhaave, la
fermentation qui développe des parties colorantes ,
telles que celles de l’inaigofère & du paflel, 8cc. 6. En confidérant cet objet dans toute fon étendue
& fous toutes fes faces, j’ai reconnu qu’il y a
en effet plufieurs efpèces de mouvemens fermen-
tatifs , qui font différens des trois fermentations
diftinguées par Boerhaave, foit par leurs phénomènes,
foit par leur produit 5 qu’il étoit néceffaire
d’en ajouter au moins deux bien diftindtes aux trois
efpèces reconnues depuis le célèbre profeffeur de
Leyde, & qu’à mefure qu’on étudiera, avec plus
de foin èc d’exa&itude, les circonftances, les conditions
8c les effets de ces altérations fpontanées
qu’éprouvent les matières végétales diverfes, on
fera ralfonnablement conduit par la fuite à multiplier
encore leurs efpèces , & à reconnoître leurs
différences réelles.
7. J’admets donc cinq efpèces de fermentations
végétales : la première eft la fermentation faccha-
rine y la feconae, la fermentation vineufe i la troifième
, la fermentation acide y la quatrième, la fermentation
colorante y & la cinquième, la fermentation
putride. Leur difpofition annonce qu’elles fe
fuivent dans 1,'ordre où elles font énoncées } qu’il
y en a une qui précède celle que Boerhaave comp-
toit être la première, 8c une autre placée entre la
fermentation acide & la putride. Je les traiterai ici
fucceffivement dans des articles féparés ; mais je
dois préfenter auparavant quelques vérités corn