
expériences fur la combufiion par rapport à l’air , ’
fur ce qu'on nommoic la calcination des métaux,
& qu'il a fi ingénieufement rapprochée de la com-
• buftion ordinaire , que tous les regards, toutes
les attentions , fe font portés fur ce phénomène,
. & qu'on y a vu tout ce qu’on n'y avoit pas
même foupçonné jufque-là.
On a déjà tant parlé des cailles, des effets &
des réfui ta ts de la combufiion , foit de la part
des corps combuflibles, foit de celle de l’air
qui fert à les briller, dans une foiile d’articles
oe ce Diélionnaire ; on a déjà donné tant de
détails fur c e . fujet aux mots axiôme , air ,
chimie, &c. qu’ il doit paroître à ceux qui auront
lu ces articles , ouà ceux qui voudront les
confulter au moment de la leéture de celui-ci
prefqu’entiérement fuperflu de. traiter encore cet
objet j ou au moins d’en offrir les développemens
qui ont déjà fait la matière de plufieurs de ces <
articles. Il fera donc fufKfant- de vpréfenter ici
dans un cadre beaucoup plus étroit, & feul convenable
au point où l’on eft parvenu dans, cet
ouvrage, après tout ce qui précède, les principaux
..réfultats de ce. qu’on fait de mieux fur
la combufiion, & de fuppofer connus, puifqu’ils
ont été difcutés ailleurs, & les faits hiftorj-
ques , .& les nombreufes difcuffions qui appartiennent
à ce point d e là fcience, traité dans ;
les ^articles cités avec un foin auquel on ne j
pourroit rien ajouter ici.-
i. On entend en général par combufiion tout
. phénomène dans lequel un corps quelconque,
nommé combuftible , s unit à l’oxigène ou à la bafe
de l’air vital. ( V&yeÿ Oxigène. )
i . Ce phénomène confifte effentiellement dans
cette combinaifon de l'oxigène : le dégagement
du calorique , l’exiftence de la " flamme , 1 du
mouvement, de l’ardeur n’en font que des phénomènes
acceffoires, & qui peuvent ne pas Raccompagner.
3. Cela eft fi vrai , qu’il y a une foule de
faits chimiques où il fe dégage beaucoup de
calorique, où il fe forme de la flamme , ou plutôt
où il fe- met en liberté beaucoup de lumière
, fans qu’il y ait véritablement une coin-
buftion.
' 4. Ainfi, de ce qu’ il y a chaleur & lumière ,
il ne faut pas conclure qu’il y a eflentiellemenr
une combufiion ; & de cè qu’il n’y a ni chaleur
lênfible ni lumière vifible dans Une opération , il
ne faut pas non plus en conclure qu'il n’y a pas
de combufiion.
_ y. Un fécond caractère effentiel à la combuf-
ùon , après celui de la fixation ou de la combinaifon
de l’oxigène, c’eft le changement gé-‘
héral de nature du corps combuftible , qui a
lieu de telle forte, que le corps une fois brûlé
ne peut plus brûler davantage , ou que le corps
combuftible eft devenu plus ou moins incom-
buftible.
p. Toute combufiion fuppofe donc une affinité
chimique , une attraction relative entre le corps
qui brûle, & l’oxigène qui doit fervir à le brûler
, & elle confifte véritablement fous ce point
de vue dans la combinaifon chimique de deux
corps, le combuftible & le comburant.
7., Le corps qui brûle peut s’unir à l’oxigène
dgn^ deux circonftances différentes, relatives à
ce dernier, ou bien ce principe comburant eft
foijdu dans la matière du feu & fous forme dé
fluide élaftique ; ou bien il eft fixé plus ou moins
liquide ou folide dans quelques combinaifons
auxquelles le corps combuftible l'arrache ou
l’enleve.
8. Lorfque le corps qui brûle, fe trouve dans
If première .de ces circonftances par rapport à
1 oxigène, c eft-a-dire , qu’il eft plongé-dans du
Sj1-*!oxigène, il faut, pour qu’il s’y combine,
c eft-a-dire,, pour qu’il brûle , ou bien qu'il fé-
pare l'oxigène de . la matière du feu qui tient
celui- ci fondu en fluide élaftique, & alors-il
précipite ce principe en le folidifiant ou le liquéfiant,
ou bien qu il fe fonde lui-même dans le
gaz oxigène, & qu’il partage fa fluidité élaftique.
On a un exemple du premier cas dans la como
buftion du phofphore 8c des métaux , & du .fécond
dans.celle du charbon.
9. Mais pour que le corps combuftible fé-
pare ainfi l'oxigène du calorique & de la lumière
qui le tient fondu en gaz, & lui faffe
prendre U forme liquide ou folide, il faut qu’il
ait plus d’affinité avec ce principe , l’oxi»enè
que celui-ci n’en a avec la matière du feu? ’
10. Le plus fouvent cette .affinité plus forte
ne s’établit, & conféquemment la combufiion n’a
réellement lieu que lorfque le corps corobuf-
tible eft préalablement plus ou moins élevé dans
fa température.
. , 11. Chaque corps combuftible variant dans fa
tendance pour s’unir, à l'oxigène , . & pour le
féparer de fon diffolvant , ou de la matière du
feu,, il faut divers degrés de température pour
ravonfer leur, combufiion refpeélive , depuis celle
de quelques degrés au deffus de o de l’échelle
de Reaumur, comme on le voit dans l’hydro-
gene folide & dans le phofphore, jufqu’à des-
températures fort fupérieures. à celle de l’eau
bouillante. .
ï i . A mefure qu’ un combuftible abforbe ainfi
1 oxigene, en le féparant de la matière du feu
qui le rendoit invifibie & élaftique , cette ma
tière fe .préfente en état de liberté fous la forme
de calorique & de lumière : de-Ià vient la cha-
leur & la flamme que . l'on apperçoit dans les
combuftions rapides.
13. La rapidité, djverfe avec laquelle le calorique
& la lumière fe dégagent, fait varier le
degre de chaleur & de lumière qui accompagnent
chaque combuflion.
,1 4 . Les corps combuflibles divers, s'unifiant
I 'd'ailleurs,
d’ailleurs, foit à des quantités diverfes d’oxi- !
gène , foit à ce principe dans un plus ou moins
grand état de concentration ou de folidifica-
tion , de là vient la différente proportion de
chaleur & de flamme qu’on obferve dans les
combuftions comparées.
1 c. Ce font les précédens phénomènes qui ont
fait avancer aux chimiftes modernes, que la chaleur
& la flamme des combuftions provenoient
de l’air qui leur eft néceffaire.
16. Cependant on ne peut pas nier qu’il n’y
ait des corps combuflibles qui fourniffent du calorique
& de la lumière , dégagés en même tems
que le gaz oxigène qui fert à les brûler. En forte
que dans ces cas , comme dans celui de la combustion
du gaz hydrogène , la fource de la chaleur
& de la flamme eft double.
17. Il eft évident, d’après ce qui a été expofé
jufqu’ic i, que fi l’on brûle des corps eombuftibles
de la nature de ceux qui folidifient l'oxigène
en la précipitant de fon diftolvant, dans du gaz
oxigène bien pur, celui-ci doit difparoître en
entier, être'abforbe complètement, & devenir
tout-à-fait liquide ou folide. Les expériences
exaétes prouvent en effet cette affertion comme
toutes les précédentes.
18. Il doit s’etifuivre encore que le corps
combuftible , en abforbant ainfi l’ oxigène liquide
ou folide, doit augmenter de poids dans un rapport
parfaitement correfpondant à celui du gaz
oxigène employé , car le calorique & la lumière
n’ayant pas de pefanteur appréciable, tout ce qui
s’en dégage n’eft fenfible qu’à l’oeil ou au taét,
fans l ’être à la balance.
je). Mais, dans les cas les plus fréquens de la
combuflion, les corps combuflibles ne font pas
plongés dans i’air vital ou gaz oxigène pur $ c’eft
dans l’air ordinaire , dans l’ air atmofphérique que
s’opère le plus communément la combufiion. Alors
Pair de l’atmofphère n’étant pas entièrement com-
pofé de gaz oxigène , il ne doit y avoir que la
portion de celui - ci qui pourra feivir à la comufiion.
ic . Il arrive de là que les corps combuflibles
brûlent moins vite , avec moins d’ éclat, & moins
abondamment dans l’air atmofphérique que dans
une quantité égale de gaz oxigène. Il arrive encore
que la portion fluide élaftique qui eft mêlée
avec le gaz oxigène , enveloppant pour ainfi dire
celui-ci de toutes parts , & le défendant en quël-
que forte du contaét de ce principe comburant,
rend la combuflion beaucoup plus lente, & ,
toutes chofes égales d’ailleurs, beaucoup moins
vive qu’elle ne le feroit dans une quantité de gaz
oxigene pur, égale à celle qui eft contenue dans
le volume d’air ordinaire employé.
21. Cette gêne, apportée dans la combufiion
par la préfence d’une autre matière que le gaz
oxigène qui l’ accompagne dans l’ atmofphère,
eft telle , que le plus ordinairement toute la
Chimie, Tome IV ,
quantité d’oxigène atmofphirique n’eft pas enlevée
par les corps eombuftibles , & qu il en
refte une portion quelconque d’autant plus difficile
à féparer , que fes dernières molécules
font, plus profondément enveloppées 8c défendues
par le gaz , qui ne peut pas fervir à l’entretien
de la combuflion.
22. Malgré ce dernier obftacle, à force de
multiplier les efiais , de varier l’emploi de dif-
férens corps eombuftibles , de comparer les phénomènes
de la combuflion par rapport à l’air
atmofphérique qui l’entretient, on eft parvenu
à faire par ce moyen l’analyfe de cet air , & à
trouver qu’il eft le plus fouvent compofé de 0,23
de gaz oxigène, & de 0,77 d’un autre gaz qui
éteint les corps en combuflion , qui ne peut être
abforbe par eux, & qu’on a nommé ga% a^ote.
( Voyei Us mots ÀzorE & Gaz. Voye[ aujjt Us
mots Air & A xiomes. )
23. Cette analyfe de l’air , l’un des chefs-
d’oeuvre des nouvelles découvertes , a conduit
à un réfultat non moins important, & qui eft
aujourd’hui compté parmi les faits les plus remarquables
de la météorologie ; c’eft de pouvoir
déterminer avec exactitude la proportion
diverfe des deux principaux gaz qui conftituent
l’air atmofphérique dans toutes les circonftances
de climats , de faifons , de localités , & qui varient
fuivant ces circonftances. Telle eft la bafe
de l’eudiométrie. ( Voye^ ce mot. ) <
24. En même tems que les phénomènes de la
combuflion, mieux connus, ont conduit les chimiftes
à faire une analyfe exaête & comparative
de l’air , cette analyfe les a réciproquement
éclairés fur la nature des divers corps com-
buftibles. C ’eft par elle qu’ils ont diftingué les
eombuftibles fimpîes & les eombuftibles’ com-
pofés , qu’ils ont connu la compofition des
huiles, leur différence , celle de l’alcool, la formation
de l’eau, & en général les plus beaux
phénomènes de la nature. ( Voye% les mots
A lcool , E au & Huile. )
25. Il eft un genre de sombuftion dans laquelle
les corps qui l’éprouvent , au lieu d’abforber
l’oxigène & de le liquéfier ou le folidifier en le
féparant de fon diffolvant igné , fe fondent au
contraire dans le gaz oxigène , partagent fa
fluidité élaftique , perdent conféquemment leur
forme folide ou liquide , & deviennent vraiment
invifibles. Le carbone, qui jouit éminemment
& prefque exclufivement de cette propriété
, la communique à toutes les fubftances
eombuftibles compofées dont il fait partie conf-
tituante. C ’ eft en partie pour cette caufe que
les huiles , les graiffes , les cires, le bois &: le
charbon difparoilfent en brûlant dans l'air , &
ne laiffent aucune trace de leur primitive exif-
tence comme corps folides. ( Voye% tous ces
mots,. )
16, Prefque tous les cas de combuflion dont
G