
Maret j médecin & profeffeur de Dijon , a eft-
feigne de préparer Yétkiops martial en précipitant
les diffolutions de fe r , & furtout le nitrate de
fer par l'ammoniaque , & en féchant promptement
à l'étuve l’oxide noir précipité, qui fe convertit
promptement en carbonate ocracé lorlqu on le
fait fécher à l’air.
J'ai fait voir en 1780, que l’oxide de fer à l’état
de carbonate, qui fe forme à la furface de ce
métal dans l’air, & que tout le monde connoît
fous le nom de rouille de fer 3 fe réduit en oxide
noir lorfqu’on le chauffe jufqu'à le faire rougir
dans des vaiffeaux fermés, & qu’on obtient,par
ce moyen un très-bel éthiops martial. Beaucoup de
pharmaciens le préparent en effet en faifant rougir
\efafran de mars apéritif ou rouille de fer fabriquée
avec foin, dans une cornue de grès.
M. Vauquelin, à l’imitation du procédé par lequel
j’avois propofé , en 175)0, de raffiner ie métal
de cloche en le chauffant avec une portion du
même alliage oxidé, de manière à ce que le cuivre
de celui-ci pût céder facilement fon oxigène à l'étain
de celui-là, a donné un moyen fort ingénieux
& fort fimple de préparer dè Yétkiops martial
très-beau en très-peu de tems. Ce moyen confite
à prendre du fer .oxidé au rouge, & contenant
au moins quarante-huit parties d’oxigène fur
cent ; à le mêler avec parties égales de fer en-
limaille , & à chauffer ce mélange dans un creufet
couvert: une portion de l'oxigènede l'oxide rouge
fe porte furlè fer , de manière que celui-ci s’oxi-
dant dans la même proportion que le premier fe
défoxide , le tout eft porté à l’état d'oxide noir
ou d'éthiops 3 contenant 0,25 à o,27d'oxigène.
Voilà le plus fimple & le meilleur des procédés.
Tous les pharmaciens éclairés doivent le préférer
à tous les autres.
Les propriétés & les caraêtères chimiques de
l’éthiops martial ou de l'oxide noir de fer feront
expofés à.l’articlé de ce métal.
Éthiops minéral. C’eft le nom qu'on donne
en pharmacie au fulfuré de mercure hoir : on le
prépare, foit à froid & en broyant du mercure & j
du foufre , foit à chaud & par la fufion du foufre ]
dans lequel on .fait tomber, en l’agitantfur le feu, j
le mercure pafle à travers une peau de: chamois.
Dans l’un 8c l’autre cas, on obtient une poudre
noire, combuftible y, nommée éthiops minéral, à
caufe de fa couleur & de fes deux-compofans minéraux,
/’àr/Ze/e Mer cure.} •
Éthiops per se. Boerhaave avoit ainfi nommé
la poudre noire qu’on obtient en divifant & en agitant
le mercure ; de forte qu’il fémble que c’eft
par le mercure même què fe forme cette pouf-
fière : de là kt dénomination à3éthiops perfe. Boen-
haave penfoit qu il n étoit que du mercure très-
divifé; mais j’ai fait voir que cette poudre étoit
un Yérirable oxide de mercure, au premier degré j
de fon oxidationi (Voye^Varticle Mercure, où
cet objet eft traité avec tous les détails fuffifans.)
; ‘ ÉTIOLEMENT. étiolement eft dans les plantes'cette
difpofition où elles font fans couleur,
fans,faveur, fans odeur, blanches, fades, aqueu-
fes, molles, alôngées, filamenteufes par l’abîènce
de la lumière. On obferve cet état dans les petites
plantes qui croiffent fous les pierres, dans les végétaux
dont les feuilles s’engaînent & fe recouvrent
de manière à empêcher celles qui font fituées
vers le centre de recevoir le contaéfc du foleil,
& qui, faute de ce contact, croiffent pâles, fans
aucune coloration,alôngées-, prefque fans feuilles
ou avec des feuilles repliées, contournées les unes
fur les autres; en un mot, avec une forme & des
caractères très - différens de ceux qu’ils avoient
dans l’intérieur de leurs femences. C ’eft une maladie
des plantes, qui influe néceffairement fur les
propriétés qui les diftinguent : elle change entièrement
leur nature & leur compofition. ( Voye%
les mots Plantes, Végétation , Sucs.)
EUCLASE, pierre du Pérou , nommée ainfi
par M. Haüy à caùle de fa fragilité : elle eft en
criftaux verts & tranfparens, ayant un grand nombre
de facettes ; elle raie le quartz , quoiqu’elle
foit fufceptible de fe divifer en feuillets ou lames
minces, nombreufes & très-brillantes.
Sa pefanteur fpécifique eft de 3,062y.
Traitée, au chalumeau, elle devient d’abord
opaque, & fe fond enfuite en une efpèce d’émail
blanc.
Elle a fourni à M. Vauquelin, qui en a fait
l’analyfe :
De filic e ................................. ........... 5c à $6.
D'alumine.. . ....................................... 15 à 10.
G l u c i n e ........ ................14 a if.
Fer........ ................................................ l'a 3.
Perte ............ .................., . . . . ;. ; ; 31 à 27'.
31 eft évident que plus d’un quart ou près d'un
tiers de perte annonce que cette analyfe n’eft pas
encore complète, car on ne peut pas croire que
cette perte foit due à l’eau feule : on y foupçonne
un alcali. Il faudroit donc recommencer ce travail ;
mais. Yeuclafe eft très-rare, 8c il n’en exifte point
ou prefque point dans les cabinets. Dombey eft
le feul na titra lifte qui l’ait trouvée au Pérou &
rapportée de.ce pays.
Elle a de l’analogie avec l’émeraude par fa nature,
quoique la filice y foit plus abondante; mais
elle en différé” fingùîrérement par fa fragilité > qui
doit s’oppofer à fa taillé & à fon emploi.
EUDIOMETRE. On appelle de ce nom us
inftrument' dont fe fervent les .chimiftes pour déterminer
le rapport des principes de l'air. C’eft
en général un tuyau de verre parfaitement cylindrique
, fermé par un bout, & adapté par l'autre
à un pied de cuivre ou d'autre matière, creufé en
forme d’entonnoir évafé. Quelquefois ce tuyau eft
fcellé à demèure avec .le pied au moyen d'un maf-
tic, & le plus fouvent, en reftant mobile, il eft
affujëtti, fur l’ouverture de l’entonnoir, par une
fourchette en cuivre, qui s’appuie fur fon rebord
à l’aide du reffort dont elle jouit.
Pour pouvoir évaluer de petites fra&ions du
volume total de l'^ir employé , on a divifé le
cylindre de verre en cent parties les plus égales
qu’il eft poffible, & pour arriver encore à une plus
grande précifion on prend l’efpace qu’occupe une
de ces aivifions, & on la tranfporte, à l’aide d'un
compas, fur une lame de cuivre, où on la divife
en dix parties égales, de manière qu’on a par ce
moyen des millièmes du volume de l’air employé
dans l’opération. Cette lame de cuivre, à laquelle
on a donné la même courbure que celle du cylindre,
porte à chaque extrémité un anneau dans
lequel paffe le corps de Yeudiom'etre : c’eft ce qu’on
appelle nonius. Poiir qu’il puiffe s’arrêter fur tous
les points de l’inftrument, on garnit l'intérieur des
anneaux avec du cuir, qu’on y affujettit par du fil
au moyen de quelques trous dont ces anneaux font
percés. Le cuir, par fa compreflibilité, permet de
fixer le divifeur ou nonius à l'endroit de l’inftru-
ment que l’on defire. -
La divifion du cylindre qu’on appelle échelle,
& dont les degrés font renfermés entie deux lignes
parallèles, portent deux numérations difpofées en
fens inverfe ; l’une a fon zéro en bas, & l’autre
en haut, en forte que l’on voit d’un feul coup
d’oeil quel eft le nombre de parties d’air qui refte
après l’opération.
Souvent le corps de l’inftrument n’ eft divifé
qu’en dix parties .ou en tout autre nombre, & le
nonius en cent ; ce qui revient au même, & ce qui
eft plus facile à exécuter, parce que le cuivre fe
laiffe plus aifément entamer que le verre.
Les eudiométres ont changé de forme à mefure
que la chimie a fait des progrès, & fuivant la nature
des corps que les favans ont cru devoir employer
pour remplir leurs vues particulières.
Celui dont Scheele s’eft fervi pour faire l’analyfe
de l’air atmofphérique étoit un fimple cylindre
de verre, dont les bords de l’ouverture,
faifant un angle .droit avec l’axe du tuyau y lui
fervoient de piéd, & qui étoit divifé, à l’aide du
compas, en cent parties égales lorfque fon diamètre
étoit le même dans toute fa longueur, ou
que l’on divifoit en un même nombre de. degrés-,
avec une mefure remplie d’air, quand il n’étoit pas
parfaitement cylindrique.
Voici la manière de faire cette divifion. On
remplit d'eau le cylindre fur lequel a été préliminairement
collé, dans toute fa longueur, une
bande de papier ; on le renverfe fur la table d’ une
cuve pneumatc-chimique ; on y introduit de l’air
avec uns mefure dont la capacité doit être contenue
au moins dix fois dans celle du cylindre, 8c
l'on marque par un point ou un trait fur le papier
le lieu ou l’air & l'eau fe touchent; ce que l'on
répète à chaque opération. Il faut avoir foin de
mouiller l’intérieur du vafe, & de le fecouer avant
de s’en fervir, fans quoi la première mefure feroic
plus grande que les autres. On divife enfuite au
compas chacune de ces dix mefures en cent parties,
dont la différence en capacité ne peut pas être
très -confidérable fi l’on a eu foin de choifir un
tube paffablement calibré. On conçoit que, pour
rendre la divifion de l’eudiom'etre plus facile à exécuter,
plus exaéle & en même tenas plus fenfihie
à la vue, il faut employer des tubes alongés &:
étroits. Les dimenfïonu qu’on leur donne le plus
ordinairement font un demi-mètre de longueur ,
& environ deux à trois centimètres de diamètre.
On voit cet eudiométne figure X X , fécondé claffe des
infirumens._
Fontana a ajouté à cet appareil un perfectionnement
qui en rend l’ufage plus commode; c ’eft
une efpèce dlentonnoir en cuivre, à la pointe
duquel eft foudé un difque de même matière,
percé à fon milieu d’un trou qui répond à celui
de l’entonnoir. Sous ce difque eft attaché , au
moyen de deux vis, une branche de cuivre pa-
ralléiipipède, fur laquelle eft fixée à vis une lame
de cuivre courbée à fa bafe pour lui donner du
reffort, & portant à fon extrémité un croiifanc ou
fourchette latérale, deftinée , comme je l’ai déjà
dit, à embraffer ie cylindre eudiométrique, 8c X
appuyer fon rebord pour le tenir en pofition fo-
lide. Cette fourchette jouit d’un mouvement demi-
circulaire , qui facilite le placement & le déplacement
du cylindre. De l’extrémité de la branche
fixée fous le difque de l’entonnoir s’élève perpendiculairement
une autre branche carrée, courbée,
à angle droit, à la hauteur de quatre à cinq pouces,
& qui fe recourbe une fécondé fois fous le même
angle dans la longueur d’environ deux pouces, de
manière que la branche defeendante forme, avec
une partie de la branche montante, les trois côtés
d’un carré parfait. La branche defeendante porte
vers le bas une vis qui, Iorfqu’elle eft entièrement
viffée , achève le carré. Cette efpèce de main ou
crochet fert à fixer fur le bord d’une cuve pneu-
mato-chimique, au moyen de. la vis, tout l’appareil
eudiométrique. La figure X X I t fécondé clajfe
des infirumens, montre cet eudiom'etre tout monté.
M. de Volta a imaginé un eudiometre fondé fur
d’autres principes que ceux dont je viens de parler,
parce que le corps qu'il emploie pour l’analyfe de
l'air exigeant l’influence de l’électricité, il nécef-
fite aiiffi une difpofition particulière dans l’appa-
rèil. Il eft compofé, tel qu'il exifte aujourd'hui,
de fix pièces mobiles , 8c qui peuvent facilement
fe détacher. La première eft un entonnoir en cuivre
renverfé: 8c très-évafé, qui fert de pied 8c de fup-
port à toutes les autres,