
talliques : on les remplit aux deux tiers , les uns
d'alcali , les autres de fel marin , & les troifièmes
d'oxide de plomb : on les fait chauffer par degrés,
on pouffe à la fonte,& on foutient la fufion pendant
deux heures. Si au bout de ce tems il n'eft rien
coulé au dehors, fi l'intérieur du creufet n’a pas
été trop ni trop inégalement rongé, c'eft une
preuve que-la matière du creufet eft de bonne
qualité , qu'elle a été bien comprimée 8c fortement
cuite.
Quant à la qualité réfraélaire des creufets, il
ne s'agit, pour la connoître , que de les expofer
à l’aélion du feu, en plaçant dedans une boule
pyrométrique , & en augmentant l'intenlité de la
chaleur jufqu'à ce qu'ils commencent à fé ramollir
& à fe déformer.
Les creufets de métal dont on fe fert en chimie,
font, comme je l'ai dit plus haut., d'argent, de
platine & d'or ; ce dernier n'eft guère d'ufage.
Les creufets d'argent font très-utiles pour l'a-
nalyfe des pierres par les alcalis ; ils doivent être
d'argent fin forgé, & munis d'un couvercle 8c
d’une fpatule de la même matière ; ils exigent
beaucoup de ménagement dans l’adminiftration
de la chaleur, fans quoi ils fe fondroient; mais
ces creufets ne peuvent pas fervir lorfqu'il faut
employer des acides minéraux concentrés , ni
lorfque, dans le traitement des corps , il s'en développe
par l’aâion du feu ou autrement.
Les creufets de platine réunifient un plus grand
nombre de qualités, ils réfiftent à la fois à l'action
d'une grande chaleur, & à celle des acides
puiffans; cependant les alcalis fixes 8c plufieurs
fels les attaquent même plus que l'argent, en lorte
qu’il n’ëft guère polhble , dans un laboratoire de
recherche», de le paffer de ce dernier.
La contenance des creufets d'argent & de pla-
tine eft ordinairement d'environ quinze centièmes,
leur epaiffeur de deux millimètres à leur bord , 8c
de quatre à leur fond, 8c leurs couvercles portent
trois pointes pour les empêcher de gliffer de def-
fus les creufet* : leurs fpatules doivent avoir au
moins'én décimètre de long pour pouyoir remuer
les matières en fufion fans fe brûler.
On emploie ces creufets pour l’analyfe des pierres,
dans laquelle il-eft néceffaire d'éviter la prélence
des terres dont font formés les creufetsordinaires.
Les creufets de platine peuvent de plus fervir à l’analyfe
de ces mêmes, fubftances, au moyen des
acides minéraux Amples, ou à des calcinations ou
torréfa&ions qui exigent un degré de feu que
l’argent ne pourroit fupporter.
Mais, comme je l’ai dit plus haut, on ne peut
traiter dans ces fortes de creufets les fubftances métalliques,
furtout celles qui demandent une grande
chaleur pour fe fondre, car indubitablement ils s'y
combineroient & les feroient fondre.
Le creufet d'argent doit être préféré à celui de
platine toutes les fois qu’on emploie des alcalis
fixes pour les opérations , parce qu’ils ont fur ce
dernier métal uneattion beaucoup plus énergique
que fur l’argent, 8c que d'ailleurs il fe trouvé
toujours une portion de platiné dans les produits
du corps analyfé.
Les figures X IX , X X , X X I , XX II & X X II I ,
clajfe première , repréfentent différens creufets 8c
tuttes. (V .)
CRISTAL. On nomme en chimie criftal tout
polyèdre régulier qui fe trouve dans la nature , 8c
dont il y a une foule de variétés parmi les minéraux,
ou qui fe forment dans les diffolutions lorf-
qu’on les évapore avec les précautions convenables.
( Voyeç les mots CRISTALLISATION
Cristallotechnie.)
Cristal d'étain. Ce nom eft fouvent donne
à la mine d'étain , parce qu'elle affeéte ordinairement
la forme régulière & criftalline. ( Voye%
r article Et AIN.)
Cristal d’Islande. On a nommé criftal
d’Jflande le carbonate de chaux rhomboïdal, parce
que cette belle variété a d’abord été trouvée en
Iflande, & a frappé l’attention des naturaliftes.
( Voye£ Iarticle CARBONATE DE CHAUX.)
Cristal minéral. Le crifiahminéral des
pharmacies eft du nitrate de potaffe fondu, fur lequel
on projette quelquefois un peu de foufre
qui forme du fûlfate de potaffe. ( Voye^ Vart)cle
Nitrate dépotasse.)
Cristal de roche. Le criftal de roche eft
une pierre filiceufe, dure, fcintillante , infu-
fible, rayant le verre, très-tranfparente, que les
minéraiogiftes modernes nomment quart% hyalin
crifiallijê3 ordinairement en prifme hexaèdre, terminé
par deux pyramides également hexaèdres ,
variable dans fa forme, fa couleur, quelquefois
roulé & ufé par les eaux. Il eft compofé de illice
& d'une très petite quantité 'alumine. ( Voyeç
le mot Quartz. )
Cristallisation, i . La crifiallifadon eft , en
chimie, ou la propriété qu’ont les corps de prendre
une forme régulière, ou l’art de la, leur faire
prendre. On la leur donne à l’aide de certaines
circonftances dont la réunion paroït être néceffaire
pour favorifer l'arrangement des molécules. Pref-
que tous les minéraux jouiffent de cette propriété;
mais il n'y a point de corps dans lefquels elle foit
aufti énergique que les fubftances falines. Les cir-
cohftances qui la favorifent, & fans lefquelles elle
ne peut avoir lieu , fe réduifent toutes pour les
fels aux deux lui vantes : i° . il faut que leurs, molécules
foient divifées 8c écartées par un fluide,
afin qu’elles puiffent enfuite tendre les u-âes vers
les autres-, ou s’attirer réciproquement par les
faces qui ont le plus-de rapport entr'elles ; i° . il
eft néceffaire, pour que ce rapprochement ait
lieu , que le fluide qui écarte leurs parties intégrantes
, foit enlevé peu à peu, 8c ceffe de les
tenir écartées.
2. Il eft aifé de concevoir, d’après ce fîmple
expofé, que la criftallifation ne s’opère qu’en
vertu de l’attra&ion entre les molécules , ou de
l'affinité d'aggrégation qui tend à les rapprocher
& à |es .faire adhérer les unes aux autres. Ces
confîdérations conduifent à penfer que les parties
intégrantes d'un fel ont une forme qui leur eft
particulière, & que c’eft de cette forme primitive
des molécules que dépend la figure différente que
chaque fubftance faline affeéte dans fa crifialltfa-
t i o n elles portent également à croire que les figures
polyèdres, appartenantes aux molécules des
fels, ayant des côtés inégaux ou des faces plus
étendues les unes que les autres , ces molécules
doivent tendre à fe rapprocher & à fe réunir par
celles de ces faces qui l'ont les plus larges. Cela
pofé, l’on concevra facilement qu'en enlevant le
fluide qui tient ces molécules difperfées, elles fe
réuniront par les faces qui fe .conviennent le plus
ou qui ont le plus de rapport entr’elles. Si ce fluide
ne les abandonne que peu à peu & de manière à
laiffer pour*ainfi dire aux parcelles falines le tems
de s'arranger, de fe préfenter convenablement les
unes aux autres , alors la crifiallifadon fera régulière
; & qu'au contraire une fouftraélion trop
prompte du fluide qui les écarte, les forcera de le
rapprocher fubitement, &rpour ainfi dire par les
premières faces venues : dans ce cas la crifiallifa-
tion fera irrégulière , & la forme difficile à déterminer.
Si même l'évaporation eft touc-à-fait
fubite, le fel ne formera qu'une maffe concrète,
qui n’aura prefque rien de criftallin.
3. Il faut aufli faire entrer, comme élément de
la crifiallifadon, l’attraélion des molécules falines
pour l'eau 8c pour le calorique, & les variations
de cette attradion, qui ont lieu en raifon.de la
quantité de ces deux fluides, comparée à celle de
la matière faline ; le rapport & la différence entre
cette attra&ion 8c celle qui a lieu entre les molécules
du fel ; enfin , l'attradion exercée par les
parois du vafe fur les molécules de ce fel : ce font
autant de caufes qui font naître des formes fe-
condaires variées dans les fels, en produifant des
décroiffemens divers & plus ou moins réguliers
dans les rangées de leurs molécules réunies.
4. C'eft fur ces vérités fondamentales qu'eft
fondé l'art de faire criftallifer les matières falines.
Tous les fels en font fulceptibles , mais avec plus
ou moins de facilité : il en eft .qui fe criftallifent
fi facilement, qu'on réuffit conftarriment à leur
faire prendre à volonté la forme régulière ; d'autres
demandent plus de foins & de précautions 3
enfin, il y en a plufieurs qu'il eft fi difficile d'obtenir
dans cet état, qu'on n'a pas encore pu y parvenir.
C'eft en étudiant bien les circonftances particulières
à chaque fe l, qu’on réuffit à le faire
criftallifer. Une première condition pour réuffir
dans ces opérations, c'eft de diffoudre les fubftances
falines dans l'eau ; mais il y en a qui font fi
peu foin blés par nos moyens, qu'il eft prefqu’im-
poffible enfuite d’en obtenir le rapprochement
régulier: tels font le fulfate, le carbonate, le
fluate de chaux, le fulfate de barite. La nature
nous préfente tous les jours ces fels neutres terreux
criftallifés très-régulièrement , & l'art ne
peut l'imiter qu'à l'aide d'un tems très-long. Il y
ja même plufieurs favans diftingués qui ne croient
point encore à la poffibilité du procédé indiqué
par M. Achard de Berlin, & à l’aide duquel il a
dit avoir produit des criftaux de carbonate calcaire.
Ce procédé ingénieux confifte affaire paffer
l'eau qui a féjourné long-tems fur des fels très-
peu folubles, à travers un canal très-étroit, &
à en procurer l'évaporation avec beaucoup de
lenteur.
y. Il y a au contraire d'autres matières falines
qui font fi folubles , 8c qui ont tant d'adhérence
avec l'eau , qu'elles ne l’abandonnent qu'avec
beaucoup de difficulté , 8c qu'il eft auffi très-difficile
de les obtenir fous des formes régulières ,
comme cela a lieu pour tous les fels déliquefeens,
tels que les nitrates 8c les muriates calcaires 8c
magnefiens. On ne peut vaincre qu'avec une très-
grande difficulté la tendance que ces fels ont pour
l'eau ; 8c fi l'on parvient à les en ifoler par un
grand effort, ce n’eft que pour quelques inftans
que cet ifolement a lieu , car cej fels perdent
promptement leur état criftallifé. jj 6. On ne peut douter que chaque fel n’ait f i
manière propre & particu’ière de fe criftallifer,
o u , ce qui eft la même chofe, qu'il n'ait dans
fes dernieres molécules une forme déterminée 8c
différente de celle de tous les autres. Telle eft
fans doute la première caufe des différences remarquables
qui exiftent entre les criftaux qu'on
obtient. Les bafes & les acides qui les conftituent,
depuis les fubftances falino-terreufes, jufqu'aux
acides les plus puiflans, n'ont pour la plupart
aucune figure déterminée : il n’y a que quelques
circonftances qui, fans détruire tout-à-fait leurs
propriétés diftinétives, leur fontaffe&er une forme
criftalline, comme cela a lieu dans l’acide muriatique
oxigéné, & dans l’acide fulphurique conr
cret. Cependant les alcalis cauftiques fe criftallifent
en lames, fuivant l'obfervation de M. Ber-
tholet , & l’acide du borax préfente la même
forme lame lieu fe à tous les chimiftes. La plupart
de ces compofâns falifiables ou falifians ne prennent
point de forme régulière dans nos laboratoires
, foit parce qu’en effet ils n’en font pas
réellement fufceptibles, foit parce que nos moyens
font infuffifans pour la leur donner ; mais leurs
compofés ou les fels affe&ent tous une formé régulière
, & l’art eft parvenu à la reproduire & à la
faire difparoître à volonté dans la plupart d'entre
eux. En confidéranr cette propriété, bien diffé»